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Le 24 octobre 1937, à la Rivière des Roches (Saint-Benoit), une commerçante, Mme veuve Liotaud, née Marie Emma Lambert, âgée de 78 ans, était sauvagement assassinée dans sa boutique.
Le 26 octobre, les gendarmes chargés de l’enquête arrêtent un premier suspect à Saint-André, identifié comme Mariaye Candassamy. Le lendemain, un sescond suspect est interpellé à Saint-Denis par les gendarmes. Il a pour nom Govindin Ramassamy. Rapidement, les deux hommes passent aux aveux et reconnaissent être les auteurs du crime perpétré sur la personne de Mme Liotaud.
Le 4 février 1939, les deux hommes comparaissent devant la cours d’assises de Saint-Denis alors que l’île connaît un climat d’insécurité aggravé par deux crimes commis dans la région dans un climat d’insécurité qui prévalait dans plusieurs communes de l’île, alors que deux autres crimes, commis dans la région de Saint-André,dont les victimes étaient également des femmes âgées, restaient impunis, les auteurs n’ayant pas été retrouvés.
Malgré le talent de leurs avocats, Me Raoul Nativel et Picaud, les deux accusés sont condamnés à mort, leur comportement durant le procès ayant passablement indisposé l’assistance et le jury populaire.
Le 10 avril 2940, à quatre heures du matin, c’est le procureur général Duhamel qui vient annoncer à Mariaye et à Govindin que leur recours en grâce a été rejeté et qu’ils vont être exécutés.
La guillotine a été montée depuis plusieurs heures déjà au Barachois, en face de l’actuelle rue Juliette Dodu. Simon Lucas, instituteur révoqué par le gouvernement de Vichy, gagnait sa vie comme cultivateur et…pigiste au journal « la Démocratie » et c’est en qualité de journaliste qu’il a suivi l’exécution des deux suppliciés ce matin du 10 avril 1940.
Dans un livre intitulé « Un petit créole et ses souvenirs », il raconte : »J’ai donc assisté à l’exécution de ces deux criminels. J’en avais franchement envie d’ailleurs. Quand j’étais gosse, mes frères m’avaient raconté l’exécution à Saint-Pierre, en 1912, de Sitarane et Fontaine, à laquelle ils avaient assisté. »
Simon Lucas poursuit ainsi son récit : « Vers quatre heures du matin, la foule des curieux était déjà nombreuse. L’administration judiciaire avait prévu cette éventualité et avait fait venir un détachement de militaires de la caserne Lambert, commandé par le lieutenant Jean Hinglo. Les soldats firent reculer la foule à une trentaine de mètres de la guillotine. Comme journaliste, je fus autorisé à me placer là où je pouvais le mieux observer l’exécution. »
Simon Lucas voulait voir l’exécution, il n’allait pas être déçu ! Il écrit : « Un déclic ! Un bruit sourd et sec ! Un claquement ! Horreur ! Abomination ! Une tête tombe lourdement dans une caisse remplie de son. Le sang gicle assez loin puisque, à quatre mètres de la guillotine, j’en ai reçu quelques gouttes sur le bas de mon pantalon ! J’ai vu des yeux s’ouvrir grand en clignotant plusieurs fois avant de s’éteindre à jamais… J’ai vu la bouche sanglante grimacer, s’ouvrier et se tordre, comme si elle voulait parler ! J’ai vu tout le reste du corps se raidir, se débattre, trembler sur la table malgré les sangles, pendant quelques secondes avant de s’immobiliser. Le sang coulait partout, par terre, sur la table, sur la caisse. J’ai vu les bourreaux venir désangler la victime et faire rouler son corps dans la caisse à côté…J’ai vu…ce que je voulais voir depuis longtemps. EN y pensant, aujourd’hui, un demi-siècle plus tard, j’en suis encore malade ! » (L’ouvrage de Simon Lucas est paru en novembre 1992)
Gabriel Govindin Ramassamy Catamoutou et Mariaye Candassamy furent les derniers criminels à être exécutés en place publique à la Réunion.
Un décret du 24 juin 1939 portant les signatures du président de la République Albert Lebrun, du Président du Conseil Edouard Daladier et des ministres de l’intérieur et de la justice Marchandeau et Sarraut avait supprimé les exécutions publiques. Mais à la Réunion, ce n’est que le 6 novembre que ce décret fut promulgué par arrêté du gouverneur Aubert paru dans le bulletin officiel de la colonie.