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 François Salvador, l'artificier sanglant - 1925

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Gaëtane
Monsieur de Paris
Gaëtane


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MessageSujet: François Salvador, l'artificier sanglant - 1925   François Salvador, l'artificier sanglant - 1925 EmptyVen 1 Avr 2011 - 18:03

Comment un Poilu décoré de la Croix de Guerre, fils d’une honorable famille de Prades, instruit, intelligent, a-t-il pu se transformer en un odieux criminel ?


En 1914, la guerre est déclarée. A l’âge de 18 ans, François SALVADOR s’engage au 5ème Régiment d’Artillerie de Campagne basé à Besançon. Il sert dans une batterie de mortiers de tranchées. Blessé à la tête le 27 juin 1915 en Argonne, il refuse d’être évacué pour continuer à se battre, ce qui lui vaut d’être cité à l’ordre du régiment.
Le mois suivant, avec courage et héroïsme, il s’approche à quelques mètres de la tranchée ennemie et balance un projectile meurtrier. Cette fois, il est cité à l’ordre de la Division.
Courant octobre, lors des combats sur la butte de Souain, une grave blessure le contraint à accepter l’évacuation. A peine remis, il repart au front début 1916 et participe aux terribles combats de Verdun, se faisant remarquer par ses audaces et son efficacité.
En 1917, Salvador se retrouve au camp de Coudray, près de Chartres. Valeureux soldat, il est promu brigadier pour sa tenue au feu.
Après l’armistice, il est mitrailleur dans un régiment d’infanterie. Démobilisé le 1er septembre 1919, il suit une formation d’artificier, puis est nommé chef artificier.

C’est à Chambley qu’il dirige un groupe d’artificiers, parmi eux, Casimir Doladille, Jacques et Louis Roussel. Une bonne équipe qui effectue avec courage et compétence un travail dangereux dans une contrée truffée d’explosifs.

Le dimanche, Salvador aime se distraire. Bien souvent, il est plutôt gêné en argent et emprunte de petites sommes aux artificiers placés sous ses ordres. Il n’ignore pas que Doladille possède des économies qu’il garde dans un portefeuille sur lui en permanence.

Le dimanche 8 février 1920, Salvador entraîne Doladille à Saint-Julien-Les-Gorze où la fête bat son plein. C’est l’occasion de se détendre en s’amusant au jeu de massacre et au tir. Ils boivent quelques bouteilles de bière. A la sortie du café, Salvador propose à Doladille de se rendre dans le bois situé pas loin de là, où se trouve un stock d’obus.
De cette jolie forêt d’avant-guerre, il ne reste plus que des arbres mitraillés, des trous d’obus, des sapes remplies d’eau, des tranchées sinistres.

Ils pénètrent dans un abri où Casimir recherche un éventuel trésor avec lequel il pourra faire des affaires. Profitant que Doladille est absorbé dans ses investigations, Salvador sort de sa poche, son révolver de gros calibre. Il vise la tête et tire sur Doladille qui s’écroule, le crâne fracassé. Il n’a rien vu venir.
Salvador prend le portefeuille et l’arme de la victime, recouvre le cadavre de gravats et s’en retourne à la fête comme si de rien n’était. Après avoir dansé au bal, il rentre à Chambley tardivement dans la nuit.
Le lendemain, le meurtrier revient sur les lieux, fait sauter l’abri à la mélinite, ensevelissant le corps du pauvre Casimir sous des mètres cubes de débris et de béton.

Les jours suivants, on s’interroge sur la longue absence de Doladille, mais sans plus. Quant à Salvador, il se débarrasse de son arme, tout en gardant le révolver de sa victime. Il dépense le pécule en vêtements et frivolités, ce qui en surprend plus d’un.
La gendarmerie fait plusieurs enquêtes, mais faute de preuves, elles sont abandonnées. Peu à peu, cette disparition mystérieuse tombe dans l’oubli.

Salvador part à Montauville près de Pont-à-Mousson pour une nouvelle mission. Il est sous les ordres d’un ancien lieutenant d’artillerie. C’est toujours avec compétence qu’il effectue son travail d’artificier.
Quelque temps plus tard, il retrouve Jacques Roussel venant de Chambley. Au cours d’une conversation, Salvador apprend que Jacques possède de bonnes économies qu’il porte toujours sur lui. Très intéressant pour Salvador.

En janvier 1921, il s’arrange pour attirer Roussel dans le bois de Bois-le-Prêtre, loin de tout témoin. Salvador prétend qu’ils doivent aller reconnaître des réseaux de fils de fer et de treillage vers la Croix des Carmes.
Ils avancent dans un dédale de ruines, d’arbres mitraillés, et arrivent au lieu dit « les Acacias » où se trouve un abri renfermant un stock d’obus anglais. Salvador fait rentrer Roussel sous prétexte de les compter. Profitant du fait qu’il a le dos tourné, il dégaine son arme et vise la tête. Il tire. Jacques meurt sur le coup, sans un cri. Salvador dépouille sa victime de son portefeuille et va le cacher sous un tas de branches situé à bonne distance.
Il allume la mèche d’explosif qu’il a talentueusement préparé et tout explose. S’étant éloigné suffisamment, il est, malgré tout, sonné par l’explosion et reste inconscient pendant deux heures.
Revenant à lui, il rejoint les autres artificiers et leur raconte que Jacques a voulu déplacer un obus, malgré ses recommandations de ne pas le faire. C’est un accident.

Mais les hommes ont des doutes. On s’étonne que Salvador n’ait pas été tué ou blessé par l’explosion. Le frère de la victime, Louis Roussel a bientôt des soupçons. Il retourne plusieurs fois sur les lieux de l’explosion, et se rend compte qu’il y a des invraisemblances dans la version de Salvador. Il se souvient de la mystérieuse disparition de Doladille et des nombreuses dépenses effectuées par Salvador après la mort de ce dernier.

L’enquête menée par le Commissaire Marin s’avère délicate. Des fouilles sont organisées sur le lieu de l’explosion auxquelles participe Salvador. Un des artificiers trouve une douille de révolver. Salvador déclare s’être entraîné au tir dans le bois. Rien ne prouve, pour l’instant, que cette balle ait tué Roussel.

Dans les jours qui suivent, Salvador fait de nombreuses dépenses et part au Creusot. Il ne travaille pas, car il a suffisamment d’argent pour subvenir à ses besoins. Pendant un an et demi, il mène une petite vie sans histoire jusqu’au jour où il encaisse un des bons du Trésor trouvé dans le portefeuille de Jacques Roussel. Le Ministère des Finances avertit Louis Roussel, lui-même prévenant le Commissaire Marin.

Nous sommes en décembre 1922, la machine judiciaire se met en route. L’enquête est ouverte, les dossiers sont repris et revus par le Commissaire Buffet de Nancy. Il s’avère que la douille retrouvée à Bois-le-Prêtre a été tirée avec le révolver de Salvador. Nul doute sur sa culpabilité.

Le 15 février 1923, Salvador est arrêté au Creusot par le Commissaire Buffet. Il passe aux aveux.
Le procès en Cour d’Assises se déroule à Nancy les 24 et 25 octobre 1924. L’accusé discute pied à pied les charges de l’accusation. Salvador cherche à faire du crime de Chambley, un drame passionnel et la mort tragique au Bois-le-Prêtre, un terrible accident.

La défense met toute son ardeur à tenter de sauver la tête de Salvador, en insistant sur sa bonne conduite pendant la guerre « ne mérite-t-il pas d’être admis au bénéfice des circonstances atténuantes ?"

Aucune circonstance atténuante n’est accordée par les jurés, lorsqu’ils rendent leur verdict. C’est la peine de mort. Ainsi, il perd le droit de porter la Croix de Guerre.

François Salvador est incarcéré à la prison Charles III où il est enfermé dans la cellule des condamnés à mort. Son recours en grâce est refusé par Gaston Doumergue.

Le 21 janvier 1925, réveil à 6 h du matin. Il termine quelques lettres pré-rédigées et les remet à son avocat. Se laisse couper les cheveux et le col de la chemise par le bourreau Anatole Deibler et ses aides puis assiste à la messe. Le petit groupe franchit la cour de la prison. Les lourdes portes s’ouvrent sur la Veuve. Salvador embrasse le crucifix que lui tend l’Abbé Baillot.

"J’ai eu du courage à Verdun, j’en aurai devant la guillotine ! "

Il s’avance d’un pas ferme vers sa mort. Les aides le ligotent et le basculent. La tête dans la lunette. Le couperet tombe. François Salvador a payé sa dette envers la société. La foule se tait, se disperse, et la vie continue.

Sources :
Est Républicain 1923
GAC de Meurthe et Moselle de F. Volot
Palmarès des condamnés à mort de 1871 à 1977 de nemo Wink


François SALVADOR


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MessageSujet: François SALVADOR, l'artificier sanglant   François Salvador, l'artificier sanglant - 1925 EmptyVen 1 Avr 2011 - 18:29

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Gaëtane
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MessageSujet: Re: François Salvador, l'artificier sanglant - 1925   François Salvador, l'artificier sanglant - 1925 EmptyVen 1 Avr 2011 - 19:19




Merci Adelayde, c'est mon avatar Smile
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MessageSujet: Re: François Salvador, l'artificier sanglant - 1925   François Salvador, l'artificier sanglant - 1925 Empty

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