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Sujet: Philippe Maurice Lun 14 Sep 2009 - 15:38
Sywan a écrit:
Philippe Maurice a vécu une situation assez similaire : une nuit, alors qu'il attendait la décision présidentielle, des gardiens sont venus le réveiller en lui disant "Allez, Maurice, on y va..."
Blague de très gros cons, si je puis m'exprimer ainsi. Aucun détenu, pas même ceux qu'on a vraiment exécutés, et pas même Patrick Henry, ne méritait qu'on lui inflige une chose pareille.
Point de vue parfaitement juste, cher Sywan Le bouquin de Philippe Maurice "De la haine à la vie"est très intéressant . Il mérite une lecture ou une relecture , que j'ai faite récemment.
Nombre de messages : 82 Age : 59 Localisation : Bruxelles Emploi : Cheminot Date d'inscription : 16/04/2007
Sujet: Re: Jacques Fesch - 1957 Mer 30 Sep 2009 - 20:30
Sywan a écrit:
Philippe Maurice a vécu une situation assez similaire : une nuit, alors qu'il attendait la décision présidentielle, des gardiens sont venus le réveiller en lui disant "Allez, Maurice, on y va..."
Blague de très gros cons, si je puis m'exprimer ainsi. Aucun détenu, pas même ceux qu'on a vraiment exécutés, et pas même Patrick Henry, ne méritait qu'on lui inflige une chose pareille.
D'accord a 100% avec Sywan! Indigne et honteux!
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Sujet: Re: Jacques Fesch - 1957 Mar 13 Oct 2009 - 13:53
pierrepoint a écrit:
foudurail a écrit:
Un détail qui a aussi joué en faveur de Patrick Henry. Si mes sources sont exactes, pendant le procès, Christian Ranucci à été executé. A mon sens, ca a du aussi jouer et faciliter le travail de Badinter.
Bonjour, Foudurail, et content de vous revoir sur le forum ! Ranucci a été exécuté le 28/07/1976, et Patrick Henry n'est passé devant les assises de l'Aube qu'au début de l'année suivante, soit 1977, je n'a pas retrouvé la date exacte. Ce qui, par contre, est à peu près établi, c'est que les gardiens de la prison où P. Henry était détenu, vraisemblablement celle de Troyes, se sont fait un malin plaisir ( assez douteux, à mon sens ! ) de lui annoncer en le réveillant ce matin-là que Ranucci venait d'y passer, et qu'il était le suivant sur la liste d'Obrecht...On sait ce qu'il en advint. Bonne journée.
bonjour, le procès de patrick henry a debuté le 18 janvier 1977.
petite lucarne Bourreau de village
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Sujet: Re: Jacques Fesch - 1957 Jeu 22 Oct 2009 - 19:31
Ce qu'il faut remarquer lorsque l'on évoque le combat de Badinter contre la peine de mort, c'est que, dans son esprit, l'abolition n'était pas forcément définitive, ni sans exception.
Il dit dans son livre, l'abolition, qu'il songeait que la peine de mort pourrait être réintroduite dans le cas de crimes graves contre la nation (ou contre l'humanité) en temps de guerre. Mais il n'a pas voulu mettre cette exception dans la loi pour ne pas atténuer la force symbolique de l'abolition de la peine de mort. Il considérait qu'il serait toujours temps de la réintroduire le cas échéant.
Les mentalités évoluent vite. Aujourd'hui envisager que la peine de mort puisse être réintroduite, même dans un cas très précis nous semble un peu réactionnaire.
Invité Invité
Sujet: Re: Jacques Fesch - 1957 Jeu 22 Oct 2009 - 19:51
Ne pas oublier que la France est aujourd'hui liée à des accords internationaux en ce qui concerne la peine de mort. Elle n'est donc plus souveraine en ce domaine.
Nombre de messages : 81 Age : 45 Date d'inscription : 27/08/2009
Sujet: Re: Jacques Fesch - 1957 Lun 26 Oct 2009 - 0:22
Si je ne me trompe, c'est Jacques Chirac, qui avait, d'ailleurs, voté l'abolition de la peine de mort, qui a fait inscrire dans la constitution qu'elle ne pourrait plus jamais être réintroduite, suivant en cela les traités européens qui marquèrent l'achèvement dans la zone européenne du combat abolitionniste. Le clivage autour de la peine de mort ne recoupe donc pas le clivage gauche-droite (heureusement, car il ne repose pas sur des conceptions politiques dictées par une idéologie, mais sur des questions plus profondes qui touchent à la conception de l'humain).
Or, Badinter a voté cette modification, ce qui indique que sa position a évolué entre 1981 et 2007 et qu'il exclu maintenant l'idée, même théorique, de circonstances qui justifieraient de faire des exceptions à l'abolition. Probablement que parmi les députés qui ont voté en 2007 beaucoup étaient, d'ailleurs, des opposants au combat de Badinter en 1981 ou étaient de cette frange hésitante de l'opinion qui, sans être partisane de la peine de mort, ne se serait pas croisée pour défendre l'abolition. L'on est ainsi passé en 20 ans d'une position plutôt minoritaire dans un contexte hautement polémique à un large consensus.
Toutefois, plus encore que les hommes qui sont porteurs d'un combat, c'est l'évolution des mentalités sur une longue durée qui doit être soulignée. Sans vouloir minimiser l'action d'un Badinter, qui a précipité les choses et contribué à mettre le débat sur la peine de mort au premier plan, il n'a pu aboutir que parce que le "terrain", que des penseurs et des hommes politiques travaillaient depuis plus deux siècles, était mûr et que la société était en pleine évolution sur le temps long autour de ces problématiques. S'il suffisait de la détermination et de l'éloquence d'un grand homme, Hugo serait le père de l'abolition. Il en va de même pour tous les sujets de société. Qui pourrait imaginer aujourd'hui qu'il y a un 60 ans on guillotinait les avorteuses ? Même les opposants à la loi Weil en 1975 n'auraient plus imaginé de condamner à mort celles qu'on appelait joliment des "faiseuses d'anges". L'abolition était dans le sens de l'histoire, elle était inscrite dans une dynamique historique et sociale dont les racines remontent aux lumières. L'abolition si l'on prend en considération la longue durée est progressive. L'on commence par exclure du champ d'application de la peine de mort les mineurs, les fous, les femmes (avec un retour durant et juste après la Seconde Guerre mondiale), puis enfin les hommes, en 1981. Dans le même temps, la peine de mort n'est plus prononcée pour des crimes pour lesquels on la prononçait et l'exécution, d'un spectacle public, se cache progressivement aux yeux de la foule, ce qui peut être interprété comme le signe d'une gêne... C'est certainement forcer le trait mais l'on peut également considérer l'abolition comme une succession d'exceptions introduites dans l'application de la peine de mort.
Quoi qu'il en soit, Badinter et Mitterand ont osé aller à l'encontre d'une opinion publique encore majoritairement hostile, chauffée par des faits divers récents. Leur conviction (du moins dans le cas du premier, les intentions du second étant peut-être tactiques) mérite l'admiration. À l'opposé un Giscard qui, personnellement, était opposé à la peine de mort, n'a jamais voulu courir le risque de brusquer son électorat.
fouche Exécuteur cantonal
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Sujet: Re: Jacques Fesch - 1957 Lun 26 Oct 2009 - 20:37
Entièrement d'accord avec votre analyse, petite lucarne. Je pense aussi qu'aujourd'hui, ceux qui étaient contre l'abolition ne voteraient pas tous, loin s'en faut, son rétablissement. Il faut évidemment compter avec les réflexes concervateurs qui, dans ce cas, jouent en faveur du statu quo.
Et on a bien vu que l'abolition n'avait eu aucun impact quantifiable sur la criminalité (sinon, les partisans du rétablissement auraient avancé leurs chiffres !).
Quant à l'attitude de VGE, on pourrait y consacrer un post !
chogokinman Aide confirmé
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Sujet: Re: Jacques Fesch - 1957 Mar 27 Oct 2009 - 16:24
Ce qu'il faut voir aussi dans ces 2 affaires se passant quasimment en même temps, cest que : - P. Henry a tué et il sauve sa tête - C. Ranucci a "peut-être" tué et il est guillotiné
C'est vraiment du grand n'importe quoi !
Nemo Fondateur
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Sujet: Re: Jacques Fesch - 1957 Mar 27 Oct 2009 - 18:55
Du grand n'importe quoi, oui, mais on ne peut pas accuser VGE d'avoir quelque chose à voir avec l'affaire Patrick Henry, vu qu'il n'avait son mot à dire qu'en cas de condamnation à mort.
Inutile de re-re-relancer ce débat qui me fatigue chaque fois un peu plus. Faut-il le répéter ? La peine de mort est une loterie. Pour un crime similaire, on condamnait à mort à Metz, mais à vingt ans de prison à Carcassonne... Dès que le facteur humain est pris en compte, ce n'est hélas qu'une partie de hasard qu'un procès. C'est un défaut qu'on peut reprocher à la France, par rapport à la Grande-Bretagne où l'on est soit coupable et condamné lourdement, soit innocent et acquitté, sans échelonnement des peines pour raisons diverses et variées.
Ranucci, même s'il était innocent, a été jugé et condamné à mort par un jury populaire. Henry, coupable, a été jugé et condamné à mort par un jury populaire. Le même genre de personnes dans les deux cas : des gens normaux, c'est à dire influençables. Une atmosphère excessivement lourde, un comportement trop hautain, des avocats peut-être pas assez préparés à la peine capitale (aucun d'eux n'avait du accompagner un client à l'échafaud) ont eu raison de Ranucci. Henry, même si son procès semblait conclu d'avance, n'a pas joué les méprisants, et son défenseur a su trouver les mots qu'il fallait, par rapport à son précédent échec dans l'affaire Bontems, pour éviter que l'histoire ne se reproduise.
J'ai toujours dit que je n'aurais jamais condamné à mort Ranucci si j'avais été juré. Mais dans l'ambiance électrique de ce tribunal d'Aix - et dieu sait que les provençaux ont la colère violente -, puis-je affirmer que j'aurais eu cette sagesse ? Qui le peut, de fait ?
_________________ "Les humains, pour la plupart, ne se doutent de rien, sans envie ni besoin de savoir, ça leur va comme ça, ils croient avoir de l'emprise sur les choses. - Mh... pourquoi en avoir fait un secret ? Ils peuvent comprendre, ils sont intelligents... - Une personne, sûrement, mais en foule, on est cons, on panique comme une horde d'animaux, et tu le sais."
Dauner aime ce message
fouche Exécuteur cantonal
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Sujet: Re: Jacques Fesch - 1957 Mer 28 Oct 2009 - 11:17
Oui, la peine de mort était une lotterie, à l'époque, Sywan a raison. Mais l'exécution et la grâce aussi, et cela rajoutait au jeu du hasard.
Revenons sur VGE: à l'été 1976, il avait deux recours en grâce sur son bureau:
1° ) celui de Ranucci, sans antécédents judiciaires, agé de 22 ans, qui a tué sans préméditation, sous le coup de l'affolement, une enfant qu'il avait emmené avec lui en promenade, avec des intentions certes pas claires, mais pas pour en réclamer une rançon.;
2°) Celui de Moussah BENZARA, proche de la cinquantaine, avec un gros casier de violences, vieux cheval de retour de la délinquance, qui avait massacré pour lui voler quelques francs une vielle dame, avec préméditation, qui n'a jamais manifesté le moindre regret, et avait ouvertement méprisé la Cour d'Assises de la Cote d'Or qui l'avait condamné.
VGE n'aimait pas la guillotine, mais à l'époque, politiquement, ça allait mal: l'opposition redressait sérieusement la tête, son premier ministre, CHIRAC, était sur le point de claquer la porte. Je pense, comme d'autres, que VGE avait décider de laisser la justice suivre son cours pour au moins un condamné, pour regagner des points de popularité dans l'opinion en donnant une image de fermeté.
Mais lequel des deux allait se faire trancher le cou ?
Tout désignait BENZARA, dans l'échelle de la gravité et de la dangerosité. Ce fut Ranucci. pourquoi ?
La fameuse lotterie !
- Comme l'a dit LOMBARD à plusieurs reprises, un enfant s'est fait enlever à Marseille ou Toulon à ce moment, et l'émotion populaire était forte et se retournait contre le meurtrier d'enfant qu'était CR,
- VGE a sans douté été ému et influencé, comme il l'a écrit dans ses mémoires (Le Pouvoir et la Vie, T 1) par la lettre de Monsieur RAMBLA qu'il a reçu à ce moment là, demandant justice pour sa fillette,
- Il a aussi été sans doute influence par la mauvaise prestation de Paul LOMBARD dans son bureau (voir aussi les mémoires) lorsqu'il est venu demander la grâce de CR
- enfin et surtout, BENZARA était un ancien Harki, vraissemblablement soutenu discrètement, mais réellement, par les associations d'anciens combattants algériens, et VGE préparait une visite d'état importante en Algérie, et voulait ménager BOUMEDIENNE en évitant de couper le cou d'un de ses compatriotes.
Voilà ce que je pense.
piotr Monsieur de Paris
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Sujet: Re: Jacques Fesch - 1957 Ven 20 Juil 2012 - 20:24
Filomatic Monsieur de Paris
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Sujet: Re: Jacques Fesch - 1957 Ven 19 Avr 2013 - 5:54
Deux images du Jacques Fesch:
Image:http://www.tipsimages.it
Adelayde Admin
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Sujet: Les dix commandements Mar 10 Juin 2014 - 16:34
Cette émission de la série "Les dix commandements" est consacrée à l'affaire Jacques Fesch (vidéo de 52 mn)
Qu'en pensez vous ? Pour moi cela est impossible ,Fesch est bien coupable donc une réhabilitation est impossible
CARNIFEX Admin
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Sujet: Re: Jacques Fesch - 1957 Mer 28 Sep 2016 - 12:59
Juridiquement cela me parait impossible car la demande est basée sur une attitude positive du condamné après les faits.
Jacques FESCH a commis une faute. Il a payé sa dette à la société par sa condamnation à mort et s'est racheté aux yeux de son dieu en acceptant son sort. Le réhabiliter signifierait que l'on considère que son crime ne mérite plus la mort. Or, à l'époque des faits pareil crime méritait la mort d'après nos lois d'alors.
Si mes convictions privées m'incitent à penser (et à souhaiter) qu'il a été réhabilité "là-haut", je suis opposé à une réhabilitation ici-bas car ce serait revenir sur une décision judiciaire prise sur des éléments qui ne souffrent pas de remise en cause (la culpabilité et le libre arbitre au moment des faits).
Sinon cela me parait être la porte ouverte à tout et n'importe quoi.
De toute façon, pour un chrétien, la rédemption est plus importante que la réhabilitation.
_________________ Potius mori quam foedari
TomAix Bourreau de village
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Sujet: Re: Jacques Fesch - 1957 Mer 28 Sep 2016 - 17:07
De plus ses avocats ont déposé une QPC (car selon eux il existe une rupture d'égalité car selon le CPP un condamné à mort ne peut pas être réhabilité ).Ce point me semble très étrange (les avocats de Ranucci ,Lombard en particulier n'ont jamais abordé cette question juridique )
CARNIFEX Admin
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Sujet: Re: Jacques Fesch - 1957 Jeu 29 Sep 2016 - 17:27
La QPC est assez récente dans notre droit. Ceci explique peut-être cela.
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TomAix Bourreau de village
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Sujet: Re: Jacques Fesch - 1957 Jeu 29 Sep 2016 - 20:40
En effet 2008 ,toutefois des soldats fussilés pour l'exemple ont pu avoir une réhabilitation (mais c'était il y a un siècle , le CPP n'était pas le même ,c'etait des tribunaux militaires et non une cour s'assises).
Pour les juristes ou personnes s'interessant au droit français il y a avec la QPC de l'affaire Fesch un élément très passionnant.Hâte de savoir le résultat de cette QPC