Rencontrer des témoins d'exécutions ?

Bonsoir
dans le même ordre d'idées que j'ai exprimé dans mon message, je souhaiterais savoir s'il est possible de rencontrer des témoins des dernières exécutions ou des descendants des derniers bourreaux? J'espère que ma question ser a bien perçue.
Je souhaiterais en savoir vraiment plus sur les derniers bourreaux.

j'entends bien, mais ma demande n'est pas liée à du voyeurisme. Je souhaiterais en savoir plus

Bonsoir.
des Desfourneaux dans mon arbre généalogique... la plus récente : ma grand mère Jacqueline Desfourneaux (DCD en 1955, je n'ai donc pas connue).
mon arbre généalogique est assez bien renseigné grâce aux mises en lignes des archives départementales, mais il reste un chainon manquant pour faire le lien direct entre cette Jacqueline et la macabre dynastie.

...ceci expliquant ma fascination / répulsion pour les thèmes discutés sur ce forum.

Parmi les avocats en vie et ayant assisté à une exécution, on peut citer :

Paul Lombard (Ranucci)
Marie Anne Donsimoni  (Ranucci ?) : avocate stagiaire en 1976, il semble qu'il ait assisté à l'exécution
Robert Badinter (Bontems)
Thierry Levy (Buffet)
Jean Bouly (Jean-Laurent Olivier)

Il y a aussi les autres personnes assistant aux exécutions :
- les procureurs
- les directeurs de prison et matons
- les greffiers
- ...

Sans vouloir vous décourager, je pense que vos chances sont assez faibles d'obtenir un RDV pour discuter de ce sujet.
Tenez nous néanmoins au courant !

Et ne tardez pas trop, car le temps faisant son oeuvre,
ces témoins sont de moins en moins nombreux ...

Permettez-moi quelques questions ;


Était-il obligatoire que tous les témoins viennent assister à l'exécution ?

Je suppose que ce n'était pas un plat de bon goût pour certains d'entre eux.

S'ils décident de ne pas y aller....Que leur arriverait-il ?


J'ai vu dans certains films, comme l'avocat étreint, et embrasse avec effusion le condamné à la sortie de sa cellule....

Était-ce aussi une pratique courante ?


J'ai aussi pu voir comment on prend ses empreintes pendant ' la toilette '   j'ai trouvé ça très étrange.

Merci pour vos réponses

Pour les témoins seuls les personnes assignées sont présentes Obligés ? je ne pense pas vu que dans certains cas c'était un substitut du proc qui venait ou un avocat désigné par le cabinet qui assistait , mais cela restait moindre. De toutes ces personnes n'étaient obligée de suivre jusqu'à la guillotine et restaient aux greffes si elles le désiraient .

Filomatic a écrit:

Permettez-moi quelques questions ;


Était-il obligatoire que tous les témoins viennent assister à l'exécution ?

Je suppose que ce n'était pas un plat de bon goût pour certains d'entre eux.

S'ils décident de ne pas y aller....Que leur arriverait-il ?


J'ai vu dans certains films, comme l'avocat étreint, et embrasse avec effusion le condamné à la sortie de sa cellule....

Était-ce aussi une pratique courante ?


J'ai aussi pu voir comment on prend ses empreintes pendant ' la toilette '   j'ai trouvé ça très étrange.

Merci pour vos réponses

La loi précisait que certaines personnes étaient tenues d'assister à la mise à mort.

24 JUIN 1939. DÉCRET SUPPRIMANT LA PUBLICITÉ DES EXÉCUTIONS CAPITALES
Le Président de la République française,

Sur le rapport du président du conseil, ministre de la défense nationale et de la guerre, du garde des sceaux, ministre de la justice, et du ministre de l’intérieur,

Vu la loi du 19 mars 1939 accordant au Gouvernement des pouvoirs spéciaux ;

Le conseil des ministres entendu,

Décrète :

Art. 1er . - L’article 26 du code pénal est modifié ainsi qu’il suit :

Art. 26. - L’exécution se fera dans l’enceinte de l'établissement pénitentiaire qui sera désigné par l’arrêt de condamnation et figurant sur une liste dressée par arrêté du garde des sceaux, ministre de la justice.

Seront seules admises à assister à l’exécution les personnes indiquées ci-après :

1° Le président de la cour d’assises ou, à défaut, un magistrat désigné par le premier président ;
2° L’officier du ministère public désigné par le procureur général ;
3° Un juge du tribunal du lieu d’exécution ;
4° Le greffier de la cour d’assises ou, à défaut, un greffier du tribunal du lieu d’exécution ;
5° Les défenseurs du condamné ;
6° Un ministre du culte :
7° Le directeur de l'établissement pénitentiaire ;
8° Le commissaire de police et, s’il y a lieu, les agents de la force publique requis par le procureur général ou par le procureur de la République ;
9° Le médecin de la prison ou, à son défaut, un médecin désigné par le procureur de la République.

A part les gens précisés, nul n'avait besoin d'assister à une exécution capitale après 1939, mais ceux qu'on considérait comme "admis" étaient tenus d'être présents.
Ceci dit, s'ils refusaient d'y aller, ils pouvaient cependant demander à quelqu'un de les remplacer en leur nom... mais s'ils s'étaient absentés sans raison valable, je pense que cela pouvait leur être reproché, et éventuellement sanctionné (blâme, voire amende).

L'avocat de la défense n'était pas forcément obligé d'étreindre son client : cela dépendait de leur relation avant ce matin-là... mais la situation était si terrible qu'un peu de chaleur humaine ne pouvait pas faire de mal. De là à dire que c'était courant... ce serait exagéré.

Les empreintes durant la toilette, c'est pour la levée d'écrou : le détenu condamné à mort devait être libéré officiellement de prison avant d'être confié aux exécuteurs, et plutôt que de lui remettre un stylo (et risquer qu'il s'en serve comme d'une arme de fortune sur lui-même ou sur un des officiels présents), on se contentait de lui faire signer à l'aide de son doigt trempé sur un tampon d'encre.

Depuis quand la cérémonie de la toilette à t'elle lieu , quelle loi ou règle la régie t'elle ?

Ca n'a jamais été une "cérémonie", et il n'y a à ma connaissance aucune loi qui la gère.
Tout a été une question d'habitudes et de bon sens.

Avec tout le respect que je vous dois , de bon sens , hum ! permettez moi d'en douter , plutôt un façon de rabaisser un peu plus le condamné ?

Bonjour,

Pourriez-vous développer votre point de vue Vivier, svp ?

vivier a écrit:

Avec tout le respect que je vous dois , de bon sens , hum ! permettez moi d'en douter , plutôt un façon de rabaisser un peu plus le condamné ?  

O.K.
On va développer.
Rabaisser le condamné ?
Si c'était la dernière heure que vous passiez sur terre, est-ce que vous en auriez quelque chose à faire des tralalas, des courbettes, du "respect" tellement galvaudé de nos jours qu'on en a oublié le sens premier ?
Le but de la manœuvre, initiée au fond à partir de la création de la guillotine, c'était que la peine de mort aille VITE.
Parce qu'on a toujours eu honte d'elle.
C'était l'ultime sanction auquel personne n'aurait souhaité avoir recours.
Alors, on a cherché à précipiter le mouvement.
C'est vrai qu'il y avait de la lâcheté dans l'affaire.
Il y avait aussi un but humanitaire.
Car la loi de 1791 disait que la peine de mort ne devait pas s'accompagner de tortures.
Au sens physique, bien entendu, mais aussi psychologique.
C'est en partie pour cela qu'au milieu du XIXe siècle, on a progressivement arrêté d'exécuter dans les villages ou les villes où le crime avait été commis, histoire de ne pas rajouter toute la durée du trajet à l'agonie du condamné.
C'est en partie pour cela que sous la IIIe République, on a décidé d'exécuter à l'entrée des prisons et de tenir la foule, trop souvent bruyante, haineuse, irrespectueuse, et incontrôlable, à quelques centaines de mètres de là.
C'est en partie pour cela qu'on a finalement choisi d'exécuter dans la cour des prisons, pour réduire encore les distances séparant le condamné de sa fin et le laisser mourir sous les yeux de témoins sachant faire preuve de décence professionnelle.

C'est ainsi également qu'on a accéléré le processus du réveil.
On n'insistait plus pour que le condamné passe sa tenue civile, on le lui proposait simplement.
La messe était réduite à son strict minimum, une simple bénédiction, une prière.
On proposait toujours la cigarette et le verre d'alcool pour le côté "apaisant".
Une demi-heure entré réveil et mort... le plus court, à ma connaissance, ce fut pour Luzeau, à Auxerre en 1947 : huit minutes entre réveil et décès.

Ensuite, en ce qui concerne la "toilette" elle-même :
- on aurait pu, selon moi, mettre dans la tenue règlementaire du condamné un débardeur, un marcel bien décolleté qui aurait dispensé la découpe du col. Mais ce ne fut pas le cas. La découpe du col demeurait une chose indispensable pour éviter que le tissu ne fasse obstacle au couperet. Idem, au besoin, pour le rasage de la nuque.
- le ligotage des chevilles : fait pour empêcher le condamné de tenter un acte désespéré, de chercher à s'enfuir, mais aussi de donner un coup de pied aux officiels ou aux bourreaux (du moins, un coup de pied avec de l'élan).
- le ligotage des bras : technique initiée, apparemment, sous Roch ou Louis Deibler, qui tirait les bras du patient vers l'arrière, en une position inconfortable, mais très brève, et qui permettait de dégager la nuque pour... enfin, vous voyez.

Les ultimes minutes au greffe devaient être des instants innommables, terrifiants.
Autant qu'ils ne se prolongent pas outre mesure.
Certes, pour le condamné, ça restait la vie.
Mais souffrir n'est pas une vie.
Et la douleur psychologique de ces derniers instants...
Ca ferait presque avoir pitié de ces hommes qui, pourtant, n'étaient pas des hommes de bien.

En effet, Nemo. Après toutes ces nuits d'angoisses, il y avait presque un soulagement du condamné pour qu'on en finisse et que ce jour maudit soit enfin arrivé. Car ainsi, sa torture psychologique arrivait enfin à son terme.

Merci Némo , tu as répondu ce que je voulais dire , c'est à dire que pour moi , une fois pour toute , le condamné était quoiqu'il ait fait , ou pas fait , le désigner comme une infamie , lui faire comprendre, qu'il était plus bas que terre .
La toilette , était de la torture psychologique qui n'aurait jamais du exister , c'était bassement inhumain . La justice , ce comportait alors d'une façon pire parfois que celle quelle avait condamné .

La toilette était une chose nécessaire vu la méthode d'exécution employée.

Peut-être Vivier préfère t-il que l'exécution tourne à la boucherie après tout.

vivier a écrit:

La toilette , était de la torture psychologique qui n'aurait jamais du exister , c'était bassement inhumain

Euh, faire en sorte que l'exécution ne tourne pas à la boucherie pour le condamné, est-ce pour vous inhumain ???

Très franchement, je n'arrive pas à vous comprendre Vivier, ou alors vous n'avez pas clairement compris en quoi consiste ce qu'on appelle la "toilette".

Comme Némo vous l'a pourtant très clairement expliqué, la toilette du condamné n'est pas un bizutage, mais une série d'opérations pratico-pratiques absolument nécessaires pour que l'exécution soit menée sans incidents et le plus rapidement possible, tant pour celui qui va mourir que pour les exécuteurs, le personnel et les officiels présents. C'est forcément un moment très pénible psychologiquement pour le condamné, certes, mais en aucun cas il ne s'agit de vouloir le rabaisser.

Pas de rasage de la nuque et des cheveux , pas d'échancrure du col de chemise = risque que le cou soit imparfaitement tranché (un dessin est-il nécessaire ? )

Bras et jambes non attachés = risque de fuite du condamné (même si très peu faisable), de suicide, de lutte, (Relisez le cas de Claude Montcharmont (1851), Laprade (1879) ou Cipierre  (1930), entre autres).

Ce qui pourrait paraitre rabaissant, ce serait plutôt le port du voile et le trajet pied nus jusqu'à l'échafaud réservés aux parricides. Là, oui ce n'était pas techniquement nécessaire évidemment, mais une aggravation de peine prévue par le législateur.

Est-ce qu'on n'aurait pas pu éviter la toilette au dernier matin en coupant les cheveux régulièrement avant ?
Et avec une lunette plus étroite, est-ce qu'on n'aurait pas pu laisser le découpage du col ? Est-ce que le bourreau a vraiment gardé le col coupé en souvenir, comme décrit dans le livre de Folco ?

Reichhart a écrit:

Est-ce qu'on n'aurait pas pu éviter la toilette au dernier matin en coupant les cheveux régulièrement avant ?
Et avec une lunette plus étroite, est-ce qu'on n'aurait pas pu laisser le découpage du col ? Est-ce que le bourreau a vraiment gardé le col coupé en souvenir, comme décrit dans le livre de Folco ?

Les condamnés gardaient les cheveux coupés court, et même rasés, notamment avant 1939, mais faute de savoir quand l'exécution avait lieu, on ne pouvait pas prendre de risque non plus...
La taille de la lunette reste "standard", si on me passe l'expression, et la réduire aurait été hasardeux (la lunette du prototype de 1868 fut réduite au XXe siècle, mais elle était plus évasée que les lunettes des modèles de 1872 et postérieurs) au risque de ne pouvoir fermer celle-ci.
Mieux valait ne pas tenter le diable.
C'est là la base, à propos d'une exécution capitale : toute initiative pouvait provoquer un accident, et l'idée-même était intolérable.
Donc, on faisait de manière à limiter les possibilités de "casse".
On découpait donc le col et on rasait la nuque, c'était l'affaire d'environ une minute pour parer le maximum de risques.

Le col de chemise ?
Nul ne sait vraiment ce qu'il en advenait. L'exécuteur en chef pouvait, le cas échéant, le récupérer sans en référer à quiconque, mais qu'un aide le conserve sans demander était mal vu.
Sans doute la majorité finissait à la poubelle.
Le col de Saunier, exécuté en 1940, est toujours exposé au musée de Saint-Cyr-au-Mont-d'Or.
Et s'il faut croire Obrecht, Chevalier avait empoché celui de Rapin en 1960.