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 Jean-Claude Charton – Double assassinat de la rue de Clairvaux - 1892

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Adelayde
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Adelayde


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Jean-Claude Charton – Double assassinat de la rue de Clairvaux - 1892 Empty
MessageSujet: Jean-Claude Charton – Double assassinat de la rue de Clairvaux - 1892   Jean-Claude Charton – Double assassinat de la rue de Clairvaux - 1892 EmptyMar 19 Avr 2016 - 14:09

JEAN-CLAUDE CHARTON
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LE FEU N'AVAIT PAS EFFACÉ LES TRACES DU DOUBLE ASSASSINAT DE LA RUE DE CLAIRVAUX À DIJON

Dans la nuit de jeudi 31 décembre 1891 au vendredi 1er janvier 1892, un modeste couple de loueurs de voitures était sauvagement assassiné à coups de hache rue de Clairvaux à Dijon. L'auteur des crimes devait être arrêté le 2 janvier avenue Victor-Hugo, mais il n'habitait pas précisément ce beau quartier de la ville.

Voici reconstitués, d'après les diverses pièces de l'enquête, les faits et gestes des personnages ayant intervenu dans ce fait divers qui, on peut l'imaginer, a mis sens dessus dessous le quartier de la préfecture et ses alentours immédiats.

QUI ÉTAIENT CES LOUEURS DE VOITURES ?

Benjamin Roy, 54 ans et son épouse Antoinette, née Juquel, 51 ans, originaires de l'Orléanais, habitaient au n°4 de la rue de Clairvaux où ils exerçaient la profession de loueurs de voitures publiques. Ils assuraient notamment un service régulier entre Dijon et Messigny deux fois par jour et employaient quatre personnes. Leur seul fils "qui arrivait à majorité" travaillait comme épicier près de Paris. Voici la description exacte des lieux sans laquelle on ne peut comprendre l'horrible crime de la nuit de la Saint-Sylvestre. On trouve une vaste cour, ayant accès sur la rue de Clairvaux par une large porte cochère en bois ; en y pénétrant, on découvre à gauche un bâtiment qui sert de dépôt de marchandises et une remise, et à droite un grand hangar dans lequel sont remisés les voitures et le matériel d'exploitation. Les écuries, où il y a de dix à douze chevaux, ainsi qu'un poulailler, les cabinets d'aisances et la cave sont au fond. Sur la gauche et adossé à une partie des écuries, il y a un bâtiment construit en briques et bois. C'est là qu'habite le couple.

On entre d'abord dans une pièce éclairée sur la cour par une large baie vitrée ; c'est le bureau. De là on pénètre, à gauche, dans une cuisine ; du bureau, on accède dans une chambre à coucher. Le couple, qui avait exploité auparavant une épicerie, s'était lancé dans cette nouvelle activité parce que M. Roy aimait les chevaux. Mais ni l'un ni l'autre n'était préparé à gérer une entreprise de transport, fut-elle modeste. Pour le public, les Roy roulaient carrosse ; en vérité leurs comptes d'épargne se trouvaient complètement dégarnis dès que les salaires des domestiques leur étaient virés en fin de mois. La date choisie par le criminel pour voler les garagistes n'était pas innocente comme on le verra plus loin. Bien entendu, les Roy habitaient sur place. Ils n'étaient plus tout jeunes et leur santé laissait à désirer.

CRÂNES FRACASSÉS

Ce 31 décembre 1891, les Roy ne réveillonnent pas. Ils se couchent même de bonne heure dans une grande chambre où chacun a son lit. Une femme de ménage vient leur faire de menus travaux chaque matin et le 1er janvier est un jour comme les autres. Un peu avant 7 heures, les employés de la maison s'occupent à garnir les chevaux et à préparer la voiture qui part vers Messigny. Quelques voyageurs attendent dans le bureau le départ de la voiture. L'un d'eux, le Dr. Morlot, lit son journal adossé à la cloison séparative de la chambre. Le personnel est étonné de ne pas voir les patrons mais, en ce matin du 1er janvier, ils se disent qu'ils font la grasse matinée après leur réveillon en tête à tête. Fouette cocher ! Et la voiture s'en va pour Messigny.

Marie Bourgeois, femme Driguet est là vers huit heures et quart pour aider Mme Roy. Elle entre dans la cuisine, personne ; puis elle gagne la pièce qui fait office de bureau, vide. Un étrange silence règne dans les lieux et Marie Driguet n'aime pas ; elle s'attend au pire lorsqu'elle va pousser la porte de la chambre car à ses appels répétés, elle n'a que le silence comme seule réponse. Dès qu'elle passe sa tête par l'entrebâillement de la porte, elle est d'abord surprise par une épaisse fumée qui avait envahi la pièce, puis horrifiée lorsqu'elle aperçoit les corps de M. et Mme Roy : lui gît par terre dans une mare de sang, le crâne ouvert par deux larges blessures ; elle est morte comme son mari, mais est couchée dans son lit, dans une position montrant qu'elle avait été surprise dans son sommeil. La mâchoire est brisée et le sommet du crâne est fracassé par un coup tellement violent qu'une partie de sa cervelle est tombée sur le sol. Marie Driguet quitte précipitamment les lieux en criant. Elle donne l'alarme. Les voisins vont se précipiter à leur tour. Parmi eux, un magistrat professionnel qui habite à peu de distance de la rue de Clairvaux, le substitut du procureur de la République Driot lui-même. Dès lors, l'enquête va être menée selon les règles de l'art : rapidement et efficacement. Avec les auxiliaires de la justice puisque tel est leur métier.

PERDU PAR SES SABOTS

Les agents de police, qui en ce début d'année 1892 ont leur poste place d'Armes (aujourd'hui place de la Libération) sont immédiatement prévenus et, après avoir présenté leurs respects à Monsieur le substitut, lancent un regard très professionnel dans la chambre et la disposition des corps. Puis tandis qu'un agent sort son carnet de notes, son collègue se dirige vers le hangar où il découvre, dans les cabinets d'aisance, une paire de sabots bordés d'un liséré rouge et une paire de chaussettes très usées. A qui appartiendraient-ils ces sabots ? On avance des noms à demi-mot, quitte à mettre en cause des innocents jusqu'à ce qu'un quidam, manifestement ravi de ses dons d'observateur lance : M’sieur l'agent, je sais à qui sont ces sabots, même que le propriétaire a été domestique ici, chez les Roy... Et les autres de renchérir : "Peut-être bien que c'est le Charton, oui..."

Et, tandis que l'on commence à tailler un costume sur mesure à ce Charton dont on dit déjà pis que pendre, l'agent observe qu'à l'intérieur des sabots il y a de la paille et... quelques pépins de raisins ; il découvre ensuite dans une caisse l'arme du crime, une hache ensanglantée. Manifestement, l'assassin est comme le petit Poucet, en moins innocent cela s'entend. Car on avise aussi dans un coin du hangar une bouteille de pétrole vide. Le lecteur habitué à lire ces chroniques du temps passé a déjà compris que l'assassin a voulu effacer toutes traces de son forfait en mettant le feu aux lits des époux Roy, aux meubles. Et comme le bâtiment était en bois, il avait prévu que tout allait brûler comme un fétu de paille. Le moins que l'on puisse dire est qu'il n'a pas su s'y prendre. Le feu resta étouffé dans le crin du matelas et le lit de plume de Mme Roy. Entre consumer et brûler il y a une différence, n'est-ce pas ? Notez que le criminel aggrave son cas : assassinats, incendie la nuit... il ne manque désormais plus que le vol pour expliquer le mobile et compléter un beau dossier à présenter aux jurés de la cour d'assises. On y arrivera dès que le suspect n°1 se fera alpaguer.

IL CONNAISSAIT LES LIEUX

Car, de déduction en déduction, les enquêteurs constatent qu'effectivement l'auteur des crimes ne peut être que quelqu'un connaissant parfaitement les lieux et les habitudes des Roy. Il a dû rester longtemps sur place car les deux chiens qui étaient dans la cour n'ont même pas aboyé. On va donc s'intéresser au nommé Charton qui traîne souvent vers la place Darcy. Jean-Claude Charton, dit "Lucien", est né le 1 janvier 1849 à Chaussin (Jura) et vécut avec sa mère à Dijon jusqu'à l'âge de 13 ans. Il fut alors placé dans une ferme comme petit domestique, et à 19 ans il vint retrouver son frère, alors employé comme cocher dans l'entreprise du service de Saint-Jean-de-Losne. Il y reste un an puis, en 1870 il s'engage au 1er Zouaves à Dole et fit la campagne.

Dès qu'il fut libéré, il gagna la capitale où il habita jusqu'en 1884, travaillant comme cocher. Puis il revint à Dijon où il est condamné pour vol à un mois de prison. Dès sa sortie de prison il repart pour Paris où trois nouvelles condamnations pour vols et filouterie sont prononcées contre lui. Il repart en pension cette fois à la maison centrale de Loos le 20 septembre 1888 et, après avoir purgé sa peine de treize mois, revient à Dijon où il se fait embaucher comme manœuvre d'une façon plus ou moins régulière.

C'est vers le mois de mars 1890 qu'il est employé pour la première fois "en CDD", comme on dirait aujourd'hui, chez les époux Roy. C'est alors que Charton est victime d'un accident. Il se trouvait aux Docks, vers la gare, en train de décharger une voiture de paille, lorsqu'il glissa et se cassa le poignet. Très ennuyé, M. Roy l'emmena à l'hôpital où il resta douze jours. Pour tenir compte de cet accident survenu à leur service, les époux Roy le prirent dans leur entreprise de façon définitive au prix de 1,58 F par jour.

ÉLÉMENT CAPITAL : UN PANTALON ENSANGLANTÉ

Malheureusement, Charton n'a pas su apprécier le geste somme toute généreux de ses patrons. Ceux-ci n'ont pu le garder longtemps, son ivrognerie les ayant conduits à le congédier. La goutte qui a fait déborder le vase ? Charton ayant sorti sans raison et en état d'ivresse la voiture du cimetière, il avait failli renverser le véhicule dans un fossé. Le 19 août 1891 il quittait donc la maison Roy pour retourner chez son frère Joseph qui habitait 10, rue des Pépinières, dans le vieux Talant comme on dit aujourd'hui.

C'est là que les enquêteurs se dirigent dans l'espoir d'interroger Charton afin de savoir où il avait passé la nuit de la Saint-Sylvestre. Mais il n'est pas là. Ils y retournent le lendemain matin et découvrent sur place les sabots avec lesquels le suspect travaillait aux Docks, plus une paire de souliers ayant appartenu à Victor Sasse, domestique des Roy. Enfin les gendarmes - n'oublions pas que Talant se trouve dans le secteur gendarmerie - apprennent que la veille du crime, Charton avait travaillé avec un certain Pentin chez un distillateur de marc de raisin et qu'ils étaient rentrés ensemble à Dijon vers 19 heures. Pour les enquêteurs, plus de doute. Un mandat d'arrêt, avec le signalement de Charton, est envoyé à tous les parquets.

Dans la soirée du 1er janvier, le magistrat instructeur Pierre-Édouard Tondut ordonne une nouvelle perquisition chez Charton dans le but d'étoffer davantage son dossier. Bon réflexe. On trouve sur une poutre, dans un fenil, un pantalon en velours ensanglanté appartenant à Charton. Voilà un élément capital pour les recherches. Les journaux ont donné son signalement et Charton le sait et se considère désormais perdu. Il avait quitté Talant pour aller à Dijon dépenser les sous qui lui restait lorsqu'il s’est fait interpeller avenue Victor-Hugo : "Eh, Charton", lui lance le commissaire Taburet après l'avoir croisé et reconnu. L'autre fait le sourd. "Charton, tu es fait !" Lui crie le sous-brigadier Gibourg.

Il n'y a pas eu de troisième interpellation, d'autant que l'agent Thibault était prêt à bondir au cas où le suspect tenterait de fuir. Celui qui jusque-là jouait les indifférents, n'ouvrit la bouche que pour demander aux policiers de ne pas le faire passer par la place Darcy, où il connaît beaucoup de monde, mais de le conduire dans une voiture de ville jusqu'au poste de la place d'Armes. Trop contents d'avoir arrêté le suspect et de peur de le voir filer, les fonctionnaires acceptent.

IL N'A PAS EU LA TREMBLOTE

Voilà Charton maintenant devant le commissaire Arthème Vuillaume, qui attend le magistrat instructeur. On lui fait les poches : elles contiennent encore 7F 50 et... les bijoux appartenant à Mme Roy. La nouvelle s'est déjà répandue comme une traînée de poudre. Une foule énorme a envahi la place et, par mesure de précaution, on ne transfère pas le suspect dans le bureau du juge au palais de justice. Il est interrogé sur place. Et ses aveux furent complets, au point de dire qu'il n'avait pas eu la tremblote lorsqu'il frappa les Roy. "La patronne, dit-il, je lui ai foutu son affaire la première. Quant au client (c'est ainsi qu'il désigne M. Roy) il a voulu se regimber, je l'ai alors attrapé par les guibolles et je lui ai foutu un coup d'épaule ; puis quand il a été à terre, je lui ai foutu un coup de taillant sur le cerveau".

Il tente de faire croire que la vengeance constitue le mobile de ses crimes mais cela ne tient pas. Le 31 décembre Charton était à sec. Pas un kopeck dans la poche. Il imagine que le montant de la paie des domestiques se trouve dans une armoire, dans la chambre des Roy. Vers minuit et demi, il va escalader la porte cochère, entre dans la sellerie où il change ses sabots contre des souliers, appartenant à un domestique des victimes, qui s'y trouvent afin d'être plus d'aplomb. Puis, sachant où se trouve la hache, il a pu s'apercevoir que les Roy dormaient. Il entre dans la chambre à coucher dont il referme rapidement la porte derrière lui. Aussitôt il se précipite sur Mme Roy et lui fend la tête. Son mari se réveille, sort de son lit, glisse et comme il tente de se relever et cherche à saisir les jambes du meurtrier, celui-ci le renverse d'un coup de poing et lui porte deux violents coups de hache, l'un sur le sommet du crâne, l'autre sur le front.

Après avoir commis son forfait, Charton se met à fouiller les poches de ses victimes pour chercher les clefs des meubles, brise un coffre et s'empare de 80 F, de divers bijoux et notamment d'une montre et de deux chaînes en or. Puis il s'assied, boit de la liqueur qu'il ne trouve pas assez forte à son goût, se lave les mains après avoir nettoyé une goutte de sang qui souillait sa moustache. Il se rend ensuite dans la cuisine, prend une bouteille de pétrole, revient dans la chambre et, depuis la porte, il asperge les lits et les cadavres. Il met ensuite le feu au lit de Mme Roy et en constatant que ça brûlait, convaincu qu'un incendie va bientôt effacer toutes traces de son triple crime, il sort en fermant la porte derrière lui, replace la hache et franchit à nouveau la porte cochère.

LES DEUX DERNIÈRES JOURNÉES DE LIBERTÉ

À lui la belle vie... pour deux petites journées que nous avons reconstituées grâce aux divers témoignages des gens que Charton a croisés. Après le triple crime donc, Charton remonte le boulevard de la Trémouille jusqu'à la place Darcy. Puis il monte vers Talant, chez son frère, par la route de Troyes. Il se couche sur le fenil, au-dessus de l'écurie. A 7 heures de CE 1er janvier 1892 il se lève, change de pantalon, descend à Dijon. Au marché couvert il retrouve Alexandre Pentin, avec lequel il a fait de l'eau-de-vie à Talant. Il achète pour 2 F une paire de galoches au 9, rue Odebert, chez, Mme Mitot, va un peu plus loin au 11, chez Mme Veuve Forge, y boit un verre d'eau-de-vie mêlée de cassis. Ensuite il prend la direction de la rue du général Fauconnet, chez l'aubergiste Mme Gauthier. Il y boit un marc, paie une tournée à des copains trouvés sur place, repart ensuite rue des Perrières, monte à Talant déjeuner chez son frère mais repart une demi-heure après sans rien dire. On retrouve sa trace vers 16 heures chez Verjus (!), aubergiste rue des Perrières ; il passe le reste de la journée à boire et à jouer aux cartes. En rentrant chez son frère, vers 19 h 30, il apprend que des agents sont venus et le cherchent. Ils s'enferment alors dans l'écurie. Craignant sans doute d'être arrêté il se sauve pendant la nuit.

CONDAMNÉ À MORT ET EXÉCUTÉ

Le 2 janvier, on le retrouve à 9 h 30, dans une maison de tolérance chez Donzeau, 8, rue Louis-Blanc, où il monte avec des pensionnaires à qui il offre deux tournées de vermouth. Il repart dans une autre maison du même genre au 9, impasse Saussier (aujourd'hui rue Philibert-Papillon). Puis il va manger pour 1,69 F chez Montagnon, restaurateur 14, rue Odebert. Il continue à boire rue des Perrières, chez un épicier de la rue de l'Arquebuse, dans un tabac de la rue de l'Hôpital... Il ne lui reste plus que 7F 50, avec lesquels il pensait boulotter dans un cabaret de la rue des Perrières, et vendre les bijoux volés lorsqu'il est arrêté vers 21 h 45. En sortant du poste de police pour la reconstitution des crimes rue de Clairvaux, la foule crie sur son passage : "A mort ! A l'Ouche !" Près de 2 000 personnes qui l'attendent rue de Clairvaux crient vengeance.

Après un nouveau passage par le poste de police, en attendant que la foule se calme, Charton est conduit à la maison d'arrêt où il va occuper la cellule n°1. Un autre détenu est chargé de le surveiller la nuit, mais il n'a aucune envie de se suicider... Entre-temps ont eu lieu à Notre-Dame puis aux Péjoces les obsèques et l'inhumation des victimes. Le préfet Michel, le maire Bordey, le député Largy, des membres du conseil municipal ont assisté à la cérémonie funèbre. Traduit devant la cour d'Assises de la Côte-d'Or, Charton a été condamné à mort le 24 février 1892. Le 24 mars la Cour de cassation rejetait son pourvoi. Le 16 avril, il était exécuté à 5 heures du matin. Son corps devait être transporté à l'École de médecine où l'attendaient divers professeurs, des internes et des étudiants.

Le fourgon arriva mais un léger incident l'empêcha d'entrer dans la cour de l'École ; il fallut transporter à bras le panier funèbre... Le corps fut immédiatement soumis à l'autopsie. Les médecins constatèrent que Charton avait une robuste constitution, aucune lésion organique. Le cœur était un peu graisseux, ainsi qu'il arrive chez les alcooliques. La boîte crânienne fut ouverte et la masse cérébrale examinée avec la plus grande attention ; elle était dans un état parfait, les circonvolutions larges et développées ; elle pesait 1,280 gramme. Dans l'après-midi, on procéda au moulage de la tête. L'exécuteur des hautes oeuvres, ses aides et sa machine avaient déjà repris la direction de Paris par le train de 14 h 40.

Note : La rue de Clairvaux n'existe plus aujourd'hui. Elle reliait autrefois le boulevard de la Trémouille à la rue Joseph-Magnin. En 1967, le conseil municipal décidait de la déclasser et d'aliéner aussi une partie du sol au profit du département. Celui-ci fit aménager par la suite le siège du nouveau conseil régional et le parking souterrain.

Le Bien Public - Les Dépêches. Charles MARQUES

http://www3.bienpublic.com/dossiers/decouverte/crime10.html

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MessageSujet: Re: Jean-Claude Charton – Double assassinat de la rue de Clairvaux - 1892   Jean-Claude Charton – Double assassinat de la rue de Clairvaux - 1892 EmptyMer 20 Avr 2016 - 13:57

LA GUILLOTINE A DIJON
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L'exécution de Charton - Les derniers
moments du condamné


DIJON, 16 avril. - D'un correspondant, - Ce matin, a eu lieu, à Dijon, l'exécution de Charton, l'assassin des époux Roy.
À quatre heures et demie, MM. Vieillard-Baron, avocat général ; Fonfrède, procureur de la République ; Fouchère, juge d'instruction, et le greffier de la cour pénètrent, avec le directeur de la prison, dans la cellule du condamné.

L'aumônier et M. Deibler entrent ensuite mais, contrairement aux précédents et par ordre du préfet, les journalistes ne sont pas admis.

Charton dormait ; on le réveille :
- C'est bien, dit-il en apprenant le rejet de son recours en grâce. À propos, quel jour sommes-nous ?
- Samedi, la veille de Pâques,
lui répond le directeur de la prison.
- Je finis bien ma semaine, alors, réplique Charton.

Le condamné est très calme il s'entretient quelques instants avec l'aumônier qui lui donne un verre d'eau-de-vie de marc.

On le mène ensuite à la salle du greffe où on procède au ligotement et à la toilette.

À cinq heures précises, les portes de la prison s'ouvrent ; un long frémissement parcourt la foule qui est considérable et que les détachements de cavalerie et d'infanterie ont peine à maintenir.

Le cortège funèbre paraît. En tête marche Deibler derrière lui, soutenu par les aides, s'avance le condamné ; il regarde la guillotine et sourit.

Arrivé devant la bascule, il est embrassé par l'aumônier. Les aides du bourreau le couchent sur la planche, la lunette s'abat avec un bruit sec et le couteau accomplit son œuvre foudroyante.

La tête est retirée du baquet et mise dans le panier qui est bouclé et placé dans le fourgon.

Entourée de quatre gendarmes, la voiture se dirige au grand galop vers l'École de médecine où doivent avoir lieu des expériences sur le corps et la tête du supplicié.

Le Matin, n° 2 970 du 17 avril 1892

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