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 Affaire Tejerons

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mitchou34
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MessageSujet: Affaire Tejerons   Affaire Tejerons EmptySam 16 Jan 2021 - 9:36

Depuis peu j'ai attaqué la lecture des "Grandes affaires criminelles de l'Aude" de José Lagorce,et j'avoue avoir été quelque peu surpris que l'auteur classe cette affaire parmi les erreurs judiciaires.D'après lui,Tejerons,sujet espagnol a été condamné et exécuté(le 8 février1924 à Carcassonne) a tort pour l'assassinat d'un de ses compatriotes.Peut-etre,quelqu'un,sur le forum,a t-il quelques infos qui pourraient accréditer cette thèse?
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Nemo
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Nemo


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MessageSujet: Re: Affaire Tejerons   Affaire Tejerons EmptyVen 22 Jan 2021 - 16:06

Rien ne permet de l'accréditer, en effet. L'affaire a été précédemment mentionnée dans un autre ouvrage au titre similaire, écrit par Me Clément Cartier et publié par les éditions Privat : à sa lecture, on voit qu'Ibanez, qui était le logeur de la victime, Torrès, et de "Saragosse" Téjéron, a reconnu aussitôt sa participation active au crime, en désignant Téjéron, compagnon de chambre de Torrès, comme étant le commanditaire et le principal auteur du crime ; cependant, l'auteur laisse planer un doute : "Les deux compères, avec la complicité de la femme Ibanez, décidèrent-ils de supprimer José Torrès pour le voler ? Ou bien l'aubergiste eut-il seul l'initiative du crime et la responsabilité de son exécution ?"
Lors du procès, Ibanez avoue avoir attiré Torrès dans un piège, la nuit, sous couvert de piller un champ de fèves ; Téjéron passa à l'action, bondissant de la nuit une massette à la main, frappant Torrès puis l'étranglant, avant de demander à Ibanez de lui tendre des pierres pour lui briser le crâne. Téjéron niera tout au long du procès : le témoin qui l'a vu, le soir précédant le crime, sur la route proche du lieu où Torrès fut tué, se trompe de jour. Le couteau récupéré sur place, au milieu du sang, n'est pas le sien. Le sang sur ses vêtements et récupéré sous ses ongles, les égratignures de son visage ? Rien à voir avec des traces de lutte : il était tombé, ivre, dans des ronces le samedi précédent... Et s'il n'a pas d'alibi, s'il n'est pas revenu à la pension Ibanez les jours du crime, c'est simplement qu'il logeait ailleurs durant ces trois jours-ci...
Ses explications, pour logiques qu'elles soient, ne seront confirmées par personne, et l'avocat d'Ibanez, Me Colondre, saura se montrer plus convaincant que son confrère, Me Riart.
Pourtant, Ibanez, suivant la loi, était tout aussi passible de la peine de mort, en raison de sa participation reconnue à un homicide volontaire avec préméditation avec circonstances aggravantes de vol... Accuser Téjéron n'allait pas à coup sûr lui sauver la vie.

JOsé Lagorce, lui, a foi en la théorie de l'accusation mensongère pour se dédouaner, ne serait-ce qu'un peu, et les protestations d'innocence de Téjéron paraissent suffisamment sincères pour conclure à l'erreur judiciaire... mais tous les condamnés à mort ne sont pas forcément passés aux aveux (même si la majorité, oui) et les éléments parlent contre Téjéron... alors...

Petite note finale : tout en laissant un doute s'instiller dans l'esprit du lecteur, ni Me Cartier ni M.Lagorce n'ont pris la peine de vérifier l'exactitude de leurs dires concernant l'affaire Bos et Castan, jugée en 1880 et se concluant par une double condamnation capitale. Tous deux affirment que les deux condamnés à mort ont été guillotinés, alors qu'il était simple de constater, ne serait-ce qu'en se fiant à l'état-civil et à la presse de l'époque, qu'ils avaient tous deux bénéficié d'une mesure de grâce présidentielle signée par Jules Grévy, et qu'ils furent envoyés au bagne de Nouvelle-Calédonie, où Bos mourut en 1883 et Castans en 1911.

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mitchou34
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MessageSujet: Re: Affaire Tejerons   Affaire Tejerons EmptySam 23 Jan 2021 - 8:34

Merci Nemo pour les précisions relatives à l'affaire Tejerons,et ma conviction est qu'il était coupable.Pour l'affaire Bas et Castan,je n'en suis pas là de ma lecture.Par contre,et d'après ce que vous en dites,je note une analogie avec l'affaire Joseph Mirepoix en ce sens que,d'après J.Lagorce,ce Mirepoix a été condamné à mort et exécuté en 1851 alors que je n'ai trouvé aucune trace de cette exécution dans le Palmarès!Encore une approximation semble t-il?
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mitchou34
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MessageSujet: Re: Affaire Tejerons   Affaire Tejerons EmptyDim 24 Jan 2021 - 9:09

Pour ce qui est de Bos et Castans,dont je viens de lire l'histoire dans "Les Grandes Affaires Criminelles de l'Aude",J.Lagorce,en effet, les fait périr sur l'échafaud le 26 mars 1880 alors qu'ils ont fini leurs jours au bagne.Rajouté à l'affaire Mirepoix,je trouve que celà fait beaucoup d'erreurs pour considérer  cet ouvrage comme sérieux.Je crois que je vais arrêter là cette lecture.....
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Nemo
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MessageSujet: Re: Affaire Tejerons   Affaire Tejerons EmptyDim 24 Jan 2021 - 20:33

Je pense, sans remettre en question son travail, que José Lagorce s'est fié un peu vite à des écrits pré-existants comme beaucoup d'auteurs sans vérifier leur parfaite authenticité. Après tout, si un avocat pénaliste éminent comme l'était Clément Cartier a dit que Bos et Castans avaient été suppliciés, pourquoi mettre sa parole en doute ?
En ce qui concerne Mirepoix, après vérification, c'est un peu moins pardonnable : ce dernier a été acquitté et non condamné à mort...
Ceci dit, n'abandonnez pas trop vite cet ouvrage !

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guillaumet
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MessageSujet: Re: Affaire Tejerons   Affaire Tejerons EmptyJeu 28 Jan 2021 - 10:51

Ce qui est publié passe souvent pour Evangile et des erreurs ou approximations sont alors reprises d’ouvrages en ouvrages par des auteurs sérieux. Tel est le cas par exemple de Joseph DEIBLER, grand père d’Anatole « Monsieur de Paris ». Dans tous les récits consacrés à cette famille, il est repris de livre en livre que ce Joseph DEIBLER descendant d’une famille d’exécuteurs du Wurtemberg en Allemagne (ce qui est exact) était arrivé à Lyon comme soldat de l’armée d’occupation en 1815. L’intéressé se serait alors fixé dans la région de Villeurbanne où il s’installa cultivateur. C’est d’ailleurs dans cette ville qu’il prit épouse en 1822. Toujours selon ces divers ouvrages, c’est là qu’il fit la connaissance de l’exécuteur de Lyon Claude CHRETIEN qui habitait le même hameau et c’est par lui qu’il apprit qu’une place d’aide était vacante à Dijon. Ses affaires étant mauvaises, il sollicita la place et fut embauché vu ses origines. C’est ainsi qu’il serait entré dans les hautes œuvres en France (Voir « Le métier de Bourreau » de J. DELARUE, « Anatole DEIBLER, profession bourreau » de François FOUCART et « Anatole DEIBLER , l’homme qui trancha 400 têtes » de Gérard A. JAEGER)..On trouve cependant dans les documents figurant dans la succession de la fille d’Anatole DEIBLER morte célibataire et sans enfants, une attestation du Procureur Du Roi près la Cour d’Assises de Mende département de la Lozère datée du 19 octobre 1821 attestant « à qui il appartiendra que Joseph DOUBLER (sic) porteur du présent est venu à Mende, qu’il y a rempli le mandat pour lequel il était appelé et que protection doit lui être donnée pour son retour au Puy département de la Haute Loire ». (Il y eut effectivement une exécution à Mende le 19 octobre 1821 : Joseph CHAREYRE, 2 ans, tailleur auteur d’un assassinat à Ste Eulalie (Ardèche).L’intéressé était donc déjà aide de l’exécuteur de la Haute Loire en 1821 et sans doute aide de l’exécuteur du département du Rhône Claude CHRETIEN l’année suivante, (La profession de cultivateur figurant sur l’acte de mariage n’étant que l’habituel subterfuge destiné à masquer son appartenance aux hautes œuvres) lorsqu’il postula pour Dijon.
Je me suis beaucoup intéressé aux exécuteurs belges et c’est ainsi que j’ai été amené à vérifier l’anecdote racontée par Georges de FROIDCOURT dans son livre sur le bourreau de Liège et reprise de son propre aveu sans aucune vérification par Jacques DELARUE dans son livre « Le métier de bourreau ».
« … En 1840, un assassin fut condamné à mort à Bruxelles. On constata alors qu’il n’y avait pas de bourreau à Bruxelles, mais on découvrit qu’il en existait encore un à Liège, François HAMEL… On fit appel à ses bons offices pour décapiter le condamné bruxellois. Mais il avait alors soixante-quinze ans, il était faible et malade, il n’avait plus opéré depuis très longtemps. Bref le cœur lui manqua pour faire son ouvrage. Un refus aurait sûrement entrainé sa révocation et la perte du traitement qui le faisait vivre. Par bonheur, il avait une femme beaucoup plus jeune que lui et en parfaite santé. HAMEL lui expliqua donc comment il fallait s’y prendre et le procureur du Roi à Bruxelles eut la surprise de voir arriver Mde HAMEL, qui pleine d’assurance et de détermination se déclara prête à exécuter son client. Effarés les magistrats conférèrent puis avertirent le ministre. Finalement le condamné fut gracié et la bourrelle renvoyée dans ses foyers sans avoir pu montrer son savoir-faire… ».
Cette histoire comme toute rumeur repose sur un fonds de vérité. Les faits se passent en 1894 et non pas en 1840, au moment où le bourreau n’était plus chargé que des affichages des condamnations par contumace. Le dernier survivant de l’équipe nationale constituée vers 1853 François Jean BOUTQUIN étant décédé en 1892, il ne restait plus qu’un seul exécuteur encore en vie, François HAMEL à Liège.
On fait mention de l’événement fin avril 1894, dans le journal « La Liberté » :
« Monsieur de Liège devait opérer vendredi matin dans la capitale. Bruxelles on le sait, depuis la mort du « regretté » M. BOUTQUIN ne possède plus de bourreau en titre, l’autorité compétente ayant jusqu’ici négligé de pourvoir au remplacement de cet aimable fonctionnaire. L’exécuteur des hautes œuvres avait à procéder à l’affichage public, sur la Grand-Place, de récents arrêts de la Cour d’Assises du Brabant, qui a condamné par contumace les nommées Charles HERCKELLBROECK, Henri WILLEMS et Jean TORDEUR fugitifs poursuivis pour avoir édité ou publié en Belgique les journaux anarchistes « Le Libertaire » et l’Antipatriote » ou avoir édité en public le livre de Jean GRAVE « La société mourante et l’Anarchie ».
Monsieur de Liège ayant eu le malheur de se blesser en montant en wagon à la gare des Guillemins, avait cru, comme un artiste en renom pouvoir se faire remplacer par une doublure qui, au pied levé, aurait repris son rôle ; dans ce but, il avait envoyé en ses lieux et place une remplaçante amateur.
On conçoit l’ahurissement de tous lorsque, vendredi matin, l’on vit arriver à la Permanence centrale une femme d’une quarantaine d’années, correctement vêtue de noir, accompagnée d’un commissionnaire qu’elle avait envoyé aux magasins de la ville chercher les « bois de justice » affirmant qu’elle était désignée par l’exécuteur des hautes œuvres ,malade, pour agir en son nom. Cette dame ajoutait que plusieurs fois en province, elle avait eu l’honneur de remplacer, coram populo le bourreau officiel.
A la suite d’ordres envoyés téléphoniquement par M. VAN SCHOOR, procureur général, cette aimable dame, sans qu’il lui eût été permis d’exercer son sacerdoce, a été poliment priée de reprendre le train en même temps qu’on lui signifiait que le Parquet se refusait absolument à taxer ses frais de voyage et de vacation.
Et voilà pourquoi le « poteau d’infamie » n’a pas été dressé vendredi 27 avril en face de l’hôtel de ville » ; Il s’agissait en fait de l’épouse de François HAMEL qui avait près de trente ans de moins que son époux ».
Michel DESMORET, dans « Bourreaux et Parentèle » confond BOUTQUIN Pierre exécuteur de Bruges, vieux et malade, et BOUTQUIN Pierre le fils de l’exécuteur de Bruxelles postulant malheureux du poste de Namur, issu d’une lignée collatérale et l’envoie par erreur en lieu et place de celui-ci exercer les fonctions d’exécuteur à Mende, en Lozère. On trouve en effet aux archives de Paris la nomination en date du 20 septembre 1797 (4e jour complémentaire de l’an V) de BOUTQUIN Pierre ancien aide exécuteur à Bruxelles, âgé de 23 ans, comme exécuteur des arrêts criminels du département de la Lozère, ainsi que le certificat médical et la demande de pension en date du 1 juin 1798 (13 Prairial de l’an VI) de BOUTQUIN Pierre, exécuteur à Bruges depuis 45 ans, âgé à l’époque de 68 ans, atteint de paralysie suite à une congestion cérébrale. Il est indéniable que l’auteur avait pris l’un pour l’autre.
Enfin, on ne peut pas toujours se fier sans vérifications et recoupements aux documents officiels ou aux archives de l’époque.
DUCPETIAUX par exemple, premier directeur de l’administration pénitentiaire belge après l’indépendance de 1830, qui me semblait être une source fiable ne fait mention dans sa « statistique de la peine de mort en Belgique, en France et en Angleterre » que de huit exécutions entre 1796 et 1833 dans la province de Namur. Le registre des exécutés de la Confrérie de la Miséricorde de la ville quant à lui mentionne trente-six exécutions entre 1797 et 1825. Il faut ajouter que les dates figurant sur ce registre sont elles-mêmes sujettes à caution, celles-ci différent des dates figurant sur les actes de décès. Parfois même, ces dates se trouvaient en contradiction avec des documents originaux.
CHANSON, premier guillotiné à Namur sous le régime français, est répertorié « exécuté » sur le registre de la Confrérie le 13 juin 1797 (25 Prairial de l’an V) tandis qu’il figure aux actes de décès de la ville de Namur en date du 5 septembre 1797 (19 Fructidor de l’an V). Cette date est sans doute plus vraisemblable car on trouve aux archives de Paris une lettre datée du 2 septembre 1797 (16 Fructidor de l’an V) d’ESMENGAUD Substitut du commissaire du pouvoir exécutif près le tribunal criminel du département de Sambre et Meuse signalant que pour l’exécution du nommé CHANSON, il n’avait pas l’instrument ad hoc et qu’il avait requis son collège de Liège de lui envoyer la guillotine et l’exécuteur du lieu.
Comme quoi, comme on dit en bonne police, « vérifications vérifications …).
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