Combien reste-il d'avocats ayant assisté à une exécution ?

Il semblerait que ce soit pour l'exécution de Jean-jacques Liabeuf, Bd Arago, le 01-07-1910, que l'avocat du condamné fut présent pour la première fois.

Journal le matin.

D'où l'expression chère à la bouche des avocats: "Nous avons été condamnés".

Bonsoir à toute l'équipe !
Ce post m'est inspiré par ceux sur Max Bloch, qui a été assisté jusqu'au bout
par une avocate, M° Georgie Myers-Auburtin.
Une autre avocate, M° Renée Jardin, accompagna Weidmann à la "bécane", 15 jours après l'exécution de Bloch, pour la dernière sortie en public de feu Jules-Henri...
Je crois me souvenir que M° Ginette Synave, accompagnée du bâtonnier Planty, assista J.C. Vivier lorsque celui-ci fit connaissance avec A. Obrecht dans la cour de la Santé
Avez-vous connaissance d'autres cas d'avocates ayant assisté à des exécutions, "publiques" ou "privées" ?

Il y a entre autres Germaine BRIERE, qui assisita Henri NICOLAS (Le Mans, 1932), et Me ERLICH, qui était aux côtés de ZINCZUK (Paris, 1928).

niavlys a écrit:

Il y a entre autres Germaine BRIERE, qui assisita Henri NICOLAS (Le Mans, 1932), et Me ERLICH, qui était aux côtés de ZINCZUK (Paris, 1928).

Merci, Niavlys
Compte-tenu du fait que la première femme ayant accédé au barreau fut M° Jeanne Chauvin, en 1900, à Paris, les recherches sont donc limitées de cette année-là à 1981...Ai l'impression qu'il y a dû avoir très peu de cas en dehors des 5 retrouvés à ce jour !
Bonne journée !

Bonjour,
Hors la Veuve, il y a maître Drieu (je ne sais plus son prénom) qui accompagna Henri Lafont-Chamberlin, de la sinistre Carlingue / Lauriston au fort de Montrouge, en 1944.

pierrepoint a écrit:

Compte-tenu du fait que la première femme ayant accédé au barreau fut M° Jeanne Chauvin, en 1900, à Paris,

Petit rectificatif (qui ne change toutefois rien à la discussion) :

En fait, le titre de première femme avocat revient à Olga PETIT, qui prêta serment le 6 décembre 1900, tandis que pour Jeanne CHAUVIN, cette prestation date du 19 du même mois :

http://www.parisenimages.fr/fr/popup-photo.html?photo=4229-3

Me suis fait piéger par Wikipédia...

Bonjour à tous !
Viens de découvrir grâce à Criminocorpus qu'Elizabeth Ducourneau, guillotinée le 08/01/1941 à Bordeaux, avait été défendue par une avocate, M° Odette Angelmann, du barreau de Paris.On peut donc raisonnablement penser, sans certitude absolue toutefois, qu'elle a dû assister à l'exécution de sa cliente.Obrecht, qui faisait partie des exécuteurs, et qui relate les faits dans le "Carnet Noir", reste muet sur ce point.
Bonne soirée.

pierrepoint a écrit:

Bonjour à tous !
Viens de découvrir grâce à Criminocorpus qu'Elizabeth Ducourneau, guillotinée le 08/01/1941 à Bordeaux, avait été défendue par une avocate, M° Odette Angelmann, du barreau de Paris.On peut donc raisonnablement penser, sans certitude absolue toutefois, qu'elle a dû assister à l'exécution de sa cliente.Obrecht, qui faisait partie des exécuteurs, et qui relate les faits dans le "Carnet Noir", reste muet sur ce point.
Bonne soirée.

Il eut été curieux que des femmes avocates se défilassent devant un tel pénible devoir après s'être battues pour obtenir l'accès à la profession!

Cela dit, peut être que la condamnée avait plusieurs conseils et que seul l'un d'entre eux fut délégué...

En tout cas, selon Obrecht, cette exécution fut affreusement pénible après la terrible méprise de la condamnée sommée de "payer sa dette à la société" et qui croyait pouvoir le faire avec l'argent qu'elle avait au greffe...

PS: au vu de ce que je lis plus haut... toujours se défier de Wikipédia qui ne saurait être utilisé sans vérification ailleurs!

Bonjour à tous !
Je viens de découvrir (Source : M. Cieutat ) que M° Georgie Myers-Auburtin, qui accompagna Max Bloch à la guillotine, était aussi l'avocate de Raymond Schleich, exécuté à la Santé le 04/05/1951.

http://www.dna.fr/fr/france/info/5396892-Justice-Une-grande-voix-du-barreau-de-paris-M-e-Lemaire-n-est-plus

Un grand avocat, un vrai pénaliste. Et un homme ouvert et généreux, que j'ai eu l'honneur de rencontrer.

Il reste peu d'avocats en vie à avoir eu le triste privilège d'accompagner leur client jusqu'au pied de la veuve.

Afin de pouvoir échapper au spectacle de l’exécution,
les avocats seront désormais plus motivés pour sauver la tête de leurs clients.

Tu imagines le baveux, "je n'ai pas réussi à le défendre, qu'il se dém**** pour payer l'addition à la société"! En sachant qu'il s'est arrangé pour que se honoraires lui soient payés !

Tu es dur Panoramix. Je ne crois pas qu'il y ait eu beaucoup d'avocats qui se souciaient plus de leurs honoraires que de leur client quand celui-ci risquait sa tête.

Je crois même que Badinter n'avait rien gagné dans le procès Bontems. Alors que par ailleurs il gagnait très bien sa vie il avait accepté de défendre Bontems gratuitement uniquement parce qu'il était contre la peine de mort et qu'il voulait sauver Bontems.

Oui, mais tous ne s'appelaient pas Badinter !

Je crois que pour l'exécution de Ranucci, les avocats du condamné étaient accompagnés d'une avocate stagiaire, Me Marie-Anne Donsimoni, qui exerce toujours aujourd'hui au barreau de Marseille.
Je ne sais pas trop quoi penser de la présence d'un stagiaire à cet instant; du moins ne lui ont-ils rien caché du métier d'avocat...

J'ai beaucoup lu sur l'affaire Ranucci mais j'avoue humblement n'avoir jamais entendu parler de cette avocate qui l'aurait assisté dans ses derniers instants.Une info à vérifier…...

Plus précisément, ayant assisté à l'exécution de leur (s) client.

Le plus âgé est peut-être Robert Badinter, 93ans ?
Ont disparu les médiatisés, Jean-François Le Forsonnay, décédé brutalement à 60ans, en 2007, Paul Lombard en 2017, à 89ans, Emile Polak, en 1974, à 64ans, René Floriot, en 1975, à 73ans, Vincent de Moro-Giafferri, en 1956, à 78ans, Albert Naud, en 1977, à 72ans.
D’autres ?

Plus anonymes ?

- Monique Mabelly est la seule femme magistrate (décès en 2012) ayant assistée à une exécution par la guillotine (Djandoubi, Marseille, prison des Baumettes, 9 septembre 1977). La relation de cette exécution, écrite immédiatement après cette dernière, est restée longtemps ignorée. Ce n’est qu’en 2013 que son fils en a transmis la teneur à Robert Badinter.
Carnifex l’avait reproduit cette relation, le 16 juillet 2020 (topic Djandoubi). Voici un autre lien - Lire :
https://www.lagbd.org/index.php?title=Vingt_minutes_avant_la_mort:_r%C3%A9cit_de_la_derni%C3%A8re_ex%C3%A9cution_fran%C3%A7aise_(fr)&mobileaction=toggle_view_mobile
Brosman avait indiqué le lien (audition) relatif à cette relation. Je le replace - Lecture de la relation, 30/10/2020. Ecoutez : : https://www.youtube.com/watch?v=3j7g34NHuhk

Il ne reste plus, je crois, que Robert Badinter et Maître Marie-Anne Donsimoni, aujourd'hui avocate au barreau de Marseille et qui, le jour de l'exécution de Ranucci à laquelle elle a assisté, était avocate stagiaire chez Lombard. Je la mentionne car à l'époque un avocat stagiaire était "presque" un avocat de plein exercice.
Pierre Lefranc, avocat de Jérôme Carrein, qui avait été profondément affecté par l'exécution de son client, est mort à la fin de l'année 2019.

Je pense qu'il faut arrêter tout de suite la diffusion de cette information qui, à mon grand désarroi, figure déjà sur plusieurs sites référencés par Google.

Même dans Le Pull-Over Rouge, pas une fois la présence de Me Donsimoni n'a été évoquée.

Je constate qu'une des premières mentions (voire la toute première mention) de cette avocate remonte à un article de La Provence paru en juillet 2009, rédigé par Floriane Barthez (laquelle est devenue par la suite attachée d’administration au ministère de la Justice à Paris et secrétaire de la section de l’administration centrale de la CGT chancelleries et services judiciaires).
On retrouve ce fait en 2010 dans un livre auto-édité de Guy Delœuvre, Tu n'es jamais revenu, que GoogleBooks présente comme un ouvrage de fiction (l'auteur semble être un touche-à-tout, surtout spécialisé dans les biographies de chanteurs, mais tous en auto-édition, et la lecture de plusieurs commentaires distincts sur Amazon laisse entendre que ce prolifique auteur méconnu pille allègrement Wikipedia pour ses livres et utilise Google Translate pour en faire des versions anglophones ; tiens, encore un...).
On retrouve ce fait, repris quasiment à l'identique, sur un site de faits divers, http://dossiers-criminels.blogspot.com/2010/12/affaire-christian-ranucci.html via un texte de Thomas Csinta, visiblement partisan de l'innocence de C.R.
Plus quelques sites dont les niveaux d'écriture et de présentation sont à frémir, tel celui-ci, https://databac.fr/pdf/le-procees-de-ranucci/, qui précise également que C.R. a été exécuté à 4h13 , par une guillotine construite et élaborée selon les plans de Sergio Bonano. Si ce n'est pas de l'information inédite, ça...

Bon, si on fait le bilan, ça fait très peu. Mais ça fait quand même trop.
Parce que j'ai beau chercher, je ne vois aucun "spécialiste" digne de ce nom ayant prêté foi à ce détail. J'aimerais bien contacter Mme Barthez pour savoir où elle est allée pêcher cette information.
Parce que ça vient se greffer, encore une fois, à une affaire qui n'a pas besoin d'être débattue encore et encore et encore - comme s'il y avait des éléments encore totalement inconnus à ce jour à ramener à la surface -, et à propos de laquelle on peut très légitimement reconnaître qu'un nombre effarant de conneries ont été déblatérées et le seront encore (C.R. le dernier guillotiné ou le dernier condamné à mort, notamment)... Cette affaire, c'est décidément un trésor pour pisse-copie sans talent en mal de reconnaissance et de sujet porteur.

Honnêtement, si on prend le temps de s'accorder un minimum de réflexion, vous pensez sérieusement qu'au matin d'une exécution capitale, un des moments les plus difficiles à vivre pour un avocat de la défense AGUERRI - et un moment devenu rarissime à l'époque -, Me Lombard allait songer à convier une avocate STAGIAIRE à assister à la mort d'un homme ? C'est vrai que c'est idéal, comme apprentissage... Un avocat ayant siégé au procès et défendu activement le condamné pouvait même s'abstenir de participer à ce pénible cérémonial - aucun ne le faisait, par solidarité envers leur client qui allait se retrouver seul et sans soutien en leur absence - mais là encore, pensez-vous vraiment que Mes Lombard, Le Forsonney et Fraticelli n'auraient pas préféré être ailleurs que dans les sous-sols des Baumettes ce matin-là ?

Pour résumer : qui a eu l'esprit assez creux pour oser inventer une telle foutaise ?

Pour revenir sur le sujet, j'ai eu l'occasion assez récente d'interviewer deux avocats encore en vie qui ont assisté à l'exécution de leurs clients, et un autre qui a défendu un condamné non exécuté à la même période.
Je ne citerai pas leur nom ici, même s'ils ne sont au fond pas difficiles à trouver, car ces interviews entrent dans le cadre d'un prochain ouvrage que je tiens préalablement à achever. C'est peut-être une attitude mesquine de ma part, mais je tiens à conserver la primeur de leurs témoignages pour mes écrits avant que quelque journaliste ayant la bonne idée de fouiner sur le forum ne les débusque et ne me prive prématurément d'un "scoop", si j'ose dire.

Par le passé, voici près de vingt ans, je suis allé avec désinvolture rendre visite à un avocat auscitain, Louis Rio, qui avait été l'avocat de mon propre grand-père maternel (garde-chasse départemental en chef et volontiers procédurier). J'avais appris, en faisant mes recherches, qu'il avait été l'avocat de la partie civile lors du procès des trois frères Javelot, auteurs d'un double assassinat en décembre 1946 et tous trois condamnés à mort en octobre de l'année suivante - les deux cadets furent les derniers suppliciés du Gers le 21 avril 1948.
Quand j'ai mentionné leur nom, j'ai vu cet octogénaire blêmir et se fermer subitement. Je crois me souvenir lui avoir présenté mes excuses pour le dérangement et être parti deux minutes maximum après... Jamais je n'ai osé le recontacter, et il est décédé depuis : je le répète, il n'avait pas été avocat des condamnés, mais le souvenir même de cette affaire a suffi pour le bouleverser...

En 2018 est décédé Léon-Laurent Valère qui, de mémoire, a défendu l'un des deux - peut-être même les deux - condamnés à mort martiniquais suppliciés par Obrecht en 1964 et 1965.

Je citerai toutefois, pour compléter effectivement cette liste, le nom de Me Camille Giudicelli, toujours de ce monde à 95 ans ; doyenne du barreau de Marseille, elle a dû assister à au moins trois exécutions alors qu'elle avait environ 25 ans : elle était l'une des avocates de la défense lors de l'affaire de la tuerie du fort de l'Estaque en 1950 - les deux auteurs, Djaoui et Chaïbeddera, ont été suppliciés le 27 juillet 1950 - et aussi lors de l'affaire Ythier, ce dernier exécuté le 13 novembre 1951. Elle a donc "vu" exercer Desfourneaux et Obrecht. J'ai déjà essayé de rentrer en contact avec elle, sans succès pour l'instant.

Il est possible qu'il y en ait d'autres, mais j'en doute : les criminels de sang risquant l'échafaud bénéficiaient plus souvent de l'assistance d'avocats réputés au parcours déjà long que de très jeunes défenseurs commis d'office et inexpérimentés, et cela influe sur l'âge moyen des défenseurs. Tous sont au minimum septuagénaires désormais.

Ceci dit, je déconseille de tenter l'expérience de les contacter, sauf si cela relève de la stricte recherche professionnelle, car il est trop simple de passer aux yeux d'honorables défenseurs pour un voyeur en quête de sensations fortes en leur demandant de se remémorer dans le détail de si horribles moments qu'ils n'ont, de toute évidence, jamais pu oublier.

bonjour a tous ,
Nemo a raison jamais une stagiaire aurait pu assister a une éxecution ,les seuls je pense ( avis perso )
sont Me Fraticcelli et Me C. Eglie-richters qui a assister Ben Yanes et aussi le Dr Louis Tosti qui etait le medecin des baumettes
Cdt

Effectivement, une exécution a de quoi aguerrir un avocat stagiaire.