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 Les premiers guillotinés politiques

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Titange
smic77230
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MessageSujet: Les premiers guillotinés politiques   Les premiers guillotinés politiques EmptyMer 1 Sep 2021 - 20:38

Les premiers guillotinés politiques Durozo11

Les premiers guillotinés politiques Durozo10


Dernière édition par smic77230 le Jeu 2 Sep 2021 - 5:00, édité 1 fois
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Titange
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MessageSujet: Re: Les premiers guillotinés politiques   Les premiers guillotinés politiques EmptyJeu 2 Sep 2021 - 3:53

Trois-dans-un d'une valeur inestimable.

Sur Collenot d'Angremont ou «Dégremont», Laporte et Durosoy acheminés au Carrousel des Tuileries par «un officier et dix gendarmes des brigades montées» de la Première Division de la Gendarmerie nationale du Département de Paris pour y être louisonnés à tour de rôle le 21 août 1792 à 22 heures, le 24 à 22 heures et le 25 à 21 heures, «dans le plus grand ordre et aux vives acclamations du peuple».

D'une manière générale, on affirme que la guillotine a d'abord fonctionné en Grève, à partir de l'exécution de Nicolas-Jacques Pelletier le 25 avril, et au Carrousel, après le 10 Août, avant de déménager en mai 1793 sur la place de la Révolution, mais je m'interroge un peu sur la linéarité de cette chronologie, porté de plus en plus à croire que jusqu'en mai 1793 les condamnés de droit commun étaient liquidés en Grève et les seuls politiques au Carrousel, comme le soutient Robert Margerit dans ses Autels de la peur.

Ainsi par exemple périssent en Grève les faux-monnayeurs Vimal, Sauvade et Guillot, le 27 août, tandis que le major des gardes suisses Bachmann et l'ex-gouverneur de Saint-Domingue Blanchelande sont immolés au Carrousel le 3 septembre et le 15 avril 1793, mais cette typologie elle-même peut semble-t-il être mise en cause par certaines exécutions que notre Veuve situe sur la place de la Révolution dès 1792, celles des quidams Pierre Bardol le 10 octobre et Joseph Picard et Anne Leclerc le 24.

À l'intellect qui a tendance à la simplifier, la réalité ne se dérobe-t-elle pas souvent par sa complexité ?

Compte tenu de la prodigieuse accélération de l'histoire en cours à la date du 26 août 1792, il ne sera sans doute pas facile d'identifier le destinataire et le signataire de cet inestimable trois-dans-un, le procureur à qui il s'adresse, peut-être François-Marie Botot, et, en remplacement du commandant de la garde nationale Mandat tué d'une balle dans la tête devant l'Hôtel de Ville le 10, le «maréchal des logis» nommé «par intérim» à ce poste avant qu'il ne soit confié au brasseur Santerre.

Bonne chance à ceux qui seraient tentés d'éclaircir la question !


Dernière édition par Titange le Ven 10 Sep 2021 - 19:49, édité 2 fois
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Nemo
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MessageSujet: Re: Les premiers guillotinés politiques   Les premiers guillotinés politiques EmptyJeu 2 Sep 2021 - 13:54

J'évoque ces détails précis dans "Le couperet de l'éternité".

La chronologie est assez particulière...

La guillotine a bien fonctionné du 25 avril au 18 août place de Grève.

Ensuite, on a dressé un second échafaud place de la Réunion/Carrousel pour les exécutions politiques... sans retirer celui de Grève : on se contentait de démonter la guillotine et de la déplacer d'un point à un autre.

C'est ainsi qu'on a vu se dresser la guillotine, selon les crimes, à la même période en Grève et au Carrousel : l'argument de Robert Margerit est tout à fait exact.

Pour compliquer la tâche, rappelons que nous sommes à la période où l'on considère que la peine de mort doit être appliquée à proximité immédiate du lieu du crime..

"L'une des affaires judiciaires les plus célèbres jugées par ce tribunal reste celle concernant les voleurs du Garde-Meuble, ce musée où l'on expose le mobilier et les objets d'art de la famille royale. Dans la semaine du 10 au 17 septembre y eut lieu un incroyable larcin, au cours duquel on emporta notamment les bijoux de la Couronne, parmi lesquels le fameux diamant Régent... Au total, pendant deux mois, on jugera les pillards et leurs receleurs avec une grande sévérité, avec une petite différence toutefois par rapport aux autres verdicts : le lieu d'exécution est encore changé... Le 10 octobre, Sanson a fait déplacer l'échafaud place de la Révolution, entre l'ancienne statue de Louis XV et les escaliers des Tuileries, pour supplicier Bardol, auteur d'un assassinat commis sur les Champs-Elysées : toujours ce principe de punir au plus près des lieux du crime. Or, le Garde-Meuble donnant sur cette même place de la Révolution, à quoi bon le ramener au Carrousel ? Le 13 à 10h30 du soir, Louis Lyre est le premier de la bande à expier en ce lieu. Il sera suivi par Joseph Picard et sa femme Anne Leclerc le 24, par Meyran le 1er novembre, et enfin par Cottet le 8."
Il y aura à cette période une nonuple exécution en Grève - celle de neuf émigrés - même si des sources disent que cela s'est déroulé au Carrousel.
Ce sera la seule de ce quatrième trimestre de 1792. Pourquoi ? Parce que presque tous les condamnés à mort de droit commun jugés en juillet et en août ont été tués au cours des Massacres de Septembre.

La suppression du "Tribunal du 10/17 août" fera qu'on laissera l'échafaud place de la Révolution, en le déplaçant un peu plus vers l'Ouest pour le supplice de Louis XVI - histoire d'avoir une position plus centrale et d'attirer davantage de monde. Puis celui-ci retournera au Carrousel, suite à la création du Second tribunal criminel extraordinaire (le tristement célèbre Tribunal révolutionnaire) pour y servir pendant un gros mois, à compter du 6 avril 1793... jusqu'à ce qu'une situation provoque pour de bon son déménagement politique.

"Cherchant à quitter la salle du Manège, étroite et malcommode, en septembre 1792, l'Assemblée nationale avait désigné un lieu tout proche, la "salle des Machines", ancien théâtre des Tuileries, offrant jusqu'à 1700 places à sa fermeture en 1789, pour accueillir ses représentants. Les travaux d'aménagement durent, et ce n'est que le 10 mai que les députés de la Convention peuvent enfin prendre place dans leurs nouveaux gradins. L'endroit paraît idéal, si ce n'est qu'en se rendant à leur première séance de travail ce matin-là ces messieurs arrivant par le Carrousel assistent aux premières loges à une double exécution. Hors de question de tolérer pareil voisinage ! Dans l'après-midi, ils décrètent que les condamnations dépendant du tribunal révolutionnaire seront exécutées place de la Révolution, décision appliquée dès le 17."

Et la Grève, alors ?
Comme vous le mentionnez, Titange, les exécutions de droit commun ont bel et bien continué à s'y dérouler. Dès le 25 janvier 1793, et ce jusqu'au printemps, on relève une dizaine de faux monnayeurs décapités devant l'Hôtel-de-Ville... Mais l'augmentation du nombre de supplices politiques ne va pas pour autant provoquer la désertion de la Grève. Ainsi, selon quelques sources de presse de l'époque, il semble que ce soit au moins jusqu'en décembre 1793-janvier 1794 qu'on ait différencié les styles de crimes entre Grève et Révolution - même si, pour des questions de commodité, on ait déjà intégré des faux-monnayeurs au milieu de condamnés politiques. Après, avec la cadence quotidienne effrénée, c'était un peu trop difficile de démonter les bois d'un jour sur l'autre... J'ai relevé la mention d'une exécution d'assassins PLACE SAINT-MICHEL en septembre 1793, mais d'autres documents officiels m'ont fait douter de l'authenticité de l'information, et faute de documentation judiciaire survivante à cette période, cela reste plus ou moins un mystère.

C'est au final le 22 août 1794 qu'ont lieu les deux dernières décapitations aux portes des Champs-Elysées ; dès le lendemain, la guillotine fait son retour définitif en Grève, pour y demeurer jusqu'en 1830 - en bougeant de quelques dizaines de mètres en 1803, là encore suite à la plainte de politiciens qui n'apprécient pas d'avoir l'échafaud dressé sous leurs fenêtres pendant qu'ils travaillent.

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MessageSujet: Re: Les premiers guillotinés politiques   Les premiers guillotinés politiques EmptyDim 19 Sep 2021 - 0:21

À en juger par cette illustration insérée à l'époque par Louis-Marie Prudhomme dans ses Révolutions de Paris, les Sanson n'auraient-ils pas voulu profiter de leur première fournée nombreuse du 23 octobre 1792 en place de Grève pour expérimenter la possibilité d'un tombereau installé non pas aux abords de leur plate-forme mais carrément en-dessous, et dans lequel auraient été versés au fur et à mesure, à travers une trappe, les débris de nos neuf émigrés? Comme il n'existe chez les contemporains aucun autre témoignage d'une telle trappe, il faut croire que l'essai de ce système, si tant est qu'il a réellement eu lieu, s'est avéré insatisfaisant même s'il évitait d'avoir à convoyer les restes sanguinolents des décapités le long de l'escalier qu'ils avaient emprunté à tour de rôle pour marcher à leur supplice - on n'ose penser que les respectables Sanson aient envisagé de balancer carrément ces restes du bord de leur plate-forme dans le tombereau après l'en avoir rapproché au maximum...


Les premiers guillotinés politiques Rzovol13


Autre estampe étonnante et qui montre une exécution double qui ne se serait jamais déroulée au Carrousel des Tuileries le 13 août 1792 quatre jours avant la création du Tribunal du 17 et une semaine avant qu'il n'y expédie Collenot d'Angremont le 21 en guise de prélude à sa série de réprouvés solos incluant Delaporte le 24, Durosoy le 25, Bachmann le 3 septembre, Jacques Cazotte le 25, etc.

Mais peut-être que je me trompe et que cette image dépeint plutôt une exécution simple, le réprouvé à l'air abattu dans la charrette représentant le guillotiné de la plate-forme tel qu'il était antérieurement au coup fatal qui lui a été porté, et que son dessinateur, qui avait à l'esprit Collenot ou Delaporte ou Durosoy ou Bachmann ou Cazotte, l'a tout simplement mal datée par erreur ?


Les premiers guillotinés politiques Carrou12


All in all beaucoup d'hypothèses et bien peu de réponses fermes!


Dernière édition par Titange le Mar 21 Sep 2021 - 2:23, édité 1 fois

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MessageSujet: Re: Les premiers guillotinés politiques   Les premiers guillotinés politiques EmptyDim 19 Sep 2021 - 11:48

Triste période de notre histoire .
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MessageSujet: Re: Les premiers guillotinés politiques   Les premiers guillotinés politiques EmptyLun 20 Sep 2021 - 12:50

On s'est toujours posé la question de cette fameuse trappe.

Si je comprends très bien l'avantage (masquer les corps et le sang), j'entrevois également les inconvénients: nécessité d'un échafaud beaucoup plus haut, obligation de rentrer le tombereau à la main en détachant les chevaux et de l'en faire sortir également à la main, détacher/rattacher les chevaux, etc...

Si j'avais été à la place de Sanson j'aurais privilégié la facilité.

En outre, je pense que Sanson, personne éduquée ne se percevant pas comme un boucher, ne souhaitait pas masquer la boucherie qu'on lui ordonnait de faire et voulait ainsi que tout le monde soit bien imprégné de l'horreur qu'on lui commandait. Mais il s'agit là bien sûr d'un simple ressenti.

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MessageSujet: Re: Les premiers guillotinés politiques   Les premiers guillotinés politiques EmptyLun 20 Sep 2021 - 18:10

et si cette fameuse trappe , soit faite pour passer les morceaux de la guillotine, au montage et démontage , au moins les plus grands morceaux , pour éviter l'escalier ? le reste étant que de l'invention des romanciers de l'époque , car rien nous le prouve vraiment ?
je sais c'est tiré par les cheveux , mais l'autre version aussi ?
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MessageSujet: Re: Les premiers guillotinés politiques   Les premiers guillotinés politiques EmptyLun 20 Sep 2021 - 19:54

vivier a écrit:
et si cette fameuse trappe , soit faite pour passer les morceaux de la guillotine, au montage et démontage , au moins les plus grands morceaux , pour éviter l'escalier ? le reste étant que de l'invention des romanciers de l'époque , car rien nous le prouve vraiment ?
 je sais c'est tiré par les cheveux , mais l'autre version aussi ?

Idée intéressante, mais non, ça ne faciliterait en rien le montage/démontage : il suffisait qu'un aide soit au pied de l'échafaud et un autre en haut, et même les jumelles auraient été aisées à manipuler !

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MessageSujet: Re: Les premiers guillotinés politiques   Les premiers guillotinés politiques EmptyDim 26 Sep 2021 - 0:13

Quelques mots de plus pour souligner la dimension scénique exceptionnelle de l'exécution de Rouxel de Blanchelande le 15 avril 1793.

Dans une forme splendide à 58 ans, ce gouverneur déchu de Saint-Domingue aurait, d'après la Gazette générale de l'Europe du 2 mai, réussi à «sauter» directement, d'un bond, «de la charrette sur l'échafaud».

Les premiers guillotinés politiques Philib15

À son procès lui avait été reproché en particulier d'avoir astreint au supplice de la roue, le 25 février 1791 au Cap-Haïtien, ses détracteurs mulâtres Jean-Baptiste Chavannes et Vincent Ogé.

Ces deux roues tardives furent les seules de la Révolution avec une troisième infligée par le marquis de Bouillé à André Soret du régiment rebelle de Châteauvieux, le 4 septembre 1790 à Nancy, au milieu d'un ensemble de vingt-deux pendus.

Les premiers guillotinés politiques 23244110


P.S. - Ai reçu jeudi Le Couperet de l'éternité. Après Robert Margerit, des heures de plaisir en perspective.

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MessageSujet: Re: Les premiers guillotinés politiques   Les premiers guillotinés politiques EmptyDim 26 Sep 2021 - 3:05

Heureux que vous ayez reçu Le couperet de l'éternité !

Ceci étant, je dois vous détromper : d'après mes recherches, on a sans doute utilisé la roue à Paris pour la dernière fois fin mai début juin 1791, et je suis quasiment certain qu'on a roué en province jusqu'à l'automne de cette année-là.

Voici un texte que j'avais à l'origine prévu d'insérer dans Le couperet... mais auquel j'ai renoncé faute de place.

"Faute de documents aisément accessibles car anciens et souvent perdus au fil du temps, il est difficile d’être formel sur les dates et les lieux des derniers supplices précédant l’adoption de la guillotine en France. En 1791, certains supplices étaient déjà tombés en désuétude : ainsi, nul n’avait été écartelé depuis Damiens en 1757, on ne brûlait plus vif depuis environ quatre-vingts ans – même si, par mesure d’aggravation de la peine, il arrivait encore qu’on mit des suppliciés au bûcher une fois pendus ou décapités -.

En ce qui concerne la pendaison, on peut tout de même signaler, le 8 février 1790 en place de Grève, la double mise à mort des frères Agasse, faux-monnayeurs, suivis de près par le marquis Thomas de Favras, le 19 du même mois ; le 17 juillet suivant, à Marseille, l’Italien Paolo Figeri finit la corde au cou sur la plaine Saint-Michel à Marseille et enfin, le 6 octobre 1791, au même endroit, la fin du sergent de la garde nationale Sollar, assassin d’un autre soldat, « pendu et étranglé » après avoir été dégradé. La loi instaurant la décapitation comme seule méthode d’exécution datant du même jour, une possibilité existait qu'il fût le dernier pendu de France.
Cependant, même si la chose n'a pas fait les gros titres de la presse, c'est plus tard durant l'automne que la potence de la place de Grève fit ses dernières victimes : le 14 novembre, les brigands Antoine Baugelet et André Dupont - auteurs, comme Pelletier, d'une agression nocturne, mais dont la victime avait péri - y précèdent le faux-monnayeur Benoît Gazon, accroché à la hart le 1er décembre.

Il a souvent été mentionné que le dernier rompu de France était le soldat suisse André Soret, qui fut ainsi supplicié place de Grève à Nancy le 4 septembre 1790, entouré par vingt-deux camarades qu’on pendit à ses côtés. Raffinement de cruauté, on lui avait d’abord coupé les deux poings ! Soret avait été précédé de quelques heures à peine par un autre soldat révolté, le matelot Asselin, exécuté la veille à Paris ; arrêté pour avoir, dans une lettre à ses supérieurs, réclamé « un uniforme et des armes pour combattre les ennemis du Roi, de la Nation et des Députés », conduit depuis Brest jusqu’à la capitale pour être incarcéré au Châtelet, cette injustice l’avait tellement mis hors de lui qu’il avait assassiné à coups de couteau le cocher Maurice sitôt parvenu à destination !

Cependant, au moins plusieurs criminels furent brisés et exposés durant les mois suivants… dont deux à nouveau à Paris et à Nancy !

Après Denis Saulnier, exécuté à Lyon en octobre 1790 pour avoir lynché le soldat suisse Antoine Lagier à Perrache, citons Pierre Riquier Gavois. Cet élève architecte de vingt ans, originaire d’Abbeville, avait été pris en sympathie par le jeune Madoré, et invité régulièrement à son domicile, rue du Petit-Carreau. Le 8 novembre 1790, il y égorgea Marie-Antoinette Boucault, épouse Madoré, la mère de son ami, pour lui voler une tabatière en or. Condamné dix jours après son crime, et sa peine confirmée en appel le 20 décembre, il fut exécuté avant l’an neuf devant l’Hôtel-de-Ville.

Le 3 février 1791, place du Grand-Monarque à Boiscommun (Loiret), même sort pour le berger Hubert Grimpereau, auteur d’un sextuple assassinat commis à Nesploy sur sa patronne et les enfants de cette dernière.

Un mois et demi plus tard (NOTE DE NEMO - J'AI DU FAIRE UNE ERREUR DE DATE, MAIS IL EST UN PEU TARD CETTE NUIT POUR QUE JE PROCEDE A LA VERIFICATION ) , à nouveau sur la place de Grève à Nancy, le 17 février 1791, un homme condamné pour assassinat et vol – il pourrait s’agir d’Antoine Brocquère - subit à son tour le supplice.

Le dernier Parisien rompu pourrait être un certain Dumergues, condamné en mai 1791 pour avoir tué de quatre coups de couteau son amant Richard, lequel avait eu le malheur de le tromper, mais à part un article du 31 mai évoquant la confirmation de sa sentence en appel, rien ne permet de confirmer son exécution, ni de la démentir, au vu des probabilités - ou plutôt de l'improbabilité d'une grâce royale.
"

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MessageSujet: Re: Les premiers guillotinés politiques   Les premiers guillotinés politiques EmptyMer 29 Sep 2021 - 1:39

Les premiers guillotinés politiques Angel-16


Que de science, que de science !

Incroyable.

À 38 ans à peine, que de savoir accumulé !

De quoi embarrasser, en effet, tous les diplômés du «petit noyau» qui ont confisqué le documentaire audiovisuel et l'édition «savante» à leur usage exclusif.

Mais trêve de compliments Nemo, voici les réflexions que je me permets de vous formuler à ce stade-ci de nos échanges sur le passage de l'Ancien au Nouveau Régime, en espérant que nos lecteurs bénévoles y trouvent leur compte :

1) Je crois que vous datez prématurément d'octobre 1791 «la loi instituant la décapitation comme seule méthode d'exécution» : au terme de longs palabres initiés par Ignace Guillotin, au futur, en janvier 1790 («dans tous les cas où la loi prononcera la peine de mort contre un accusé, le supplice sera le même, le criminel aura la tête tranchée»), la guillotine n'a définitivement été adoptée qu'après le dépôt de l'Avis motivé sur le mode de décollation d'Antoine Louis à la Convention le 20 mars 1792, ce qui accroît de beaucoup l'intervalle pendant lequel peuvent encore s'appliquer dans la pratique les châtiments de la pendaison et de la roue que nous évoquons ici.

2) Aurait précédé les Agasse, Favras, Figeri, Sollar, Baugelet, Dupont et Gazon de 1790 à la potence, le 21 août 1789 à Rouen où il poussait à l'émeute, l'ex-acteur des Variétés parisiennes François Bordier qui, selon les Goncourt dans leur Histoire de la société française pendant la Révolution, aurait en l'occurrence été houspillé de «Monterais-je t'y, monterais-je t'y pas» empruntés aux arlequinades dont il avait l'habitude.

3) Nous confirment que Jean-Baptiste Asselin et Denis Saulnier ont bel et bien été roués en septembre et octobre 1790 Jacqueline Lucienne Lafon (La Révolution française face au système judiciaire d'Ancien Régime, Librairie Droz, 2001, p. 96-97), et Albert Metzger et Joseph Vaësen (Lyon en 1790, Librairie générale Henri Georg, 1882, p. 175-176), et il est probable que Pierre Riquier Gavois, mentionné en 1791 par le polygraphe Pierre-Jean-Baptiste Nougaret dans le troisième tome de ses Anecdotes du règne de Louis XVI (p. 124-125), l'ait également été en décembre suivant en place de Grève, mais à l'heure actuelle, sans une enquête plus approfondie, il n'est malheureusement pas possible d'affirmer que les dénommés Grimpereau, Brocquère et Dumergues ont subi un sort identique en 1791.

À +.


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MessageSujet: Re: Les premiers guillotinés politiques   Les premiers guillotinés politiques EmptyMer 29 Sep 2021 - 10:29

Reprochant à d'autres auteurs leur manque de sérieux en matière de recherches, je ne puis qu'appliquer une sévérité plus grande encore envers mes propres travaux, et toute erreur de ma part, je la perçois comme un inacceptable échec personnel. Si je commets des erreurs, je ne mérite aucun compliment.

Il semble pourtant que c'est bien le décret du 25 septembre 1791, rendu officiel le 6 octobre, qui ait précisé, bien prématurément puisqu'aucune méthode précise n'avait été sélectionnée pour l'appliquer, "tout condamné à mort aura la tête tranchée".

https://ledroitcriminel.fr/la_legislation_criminelle/anciens_textes/code_penal_25_09_1791.htm

http://www.senat.fr/leg/1977-1978/i1977_1978_0343.pdf

J'ai établi la date de sa mise en application effective au 31 janvier 1792, peut-être un peu plus légèrement, mais en me fiant à un court article du Courrier des LXXXIII départemens de ce jour précis, dont la teneur me semblait tout à fait digne de foi.

Les premiers guillotinés politiques 31019210

Je puis cependant vous certifier, pour votre troisième paragraphe, que je ne me suis pas contenté d'à-peu-près sur les roués de 1790-91.

Gavois a été roué le 22 décembre 1790 (s'il faut en croire le Journal de Rouen du 25 décembre 1790)

Les premiers guillotinés politiques Frad0710

Pour Grimpereau, dont voici un compte-rendu du crime paru dans Le Courrier de Lyon, ou Résumé général des révolutions de la France et également dans Le lendemain ou l'Esprit des feuilles de la veille du 27 décembre 1790, sa mort est confirmée dans l'état-civil de la commune de Boiscommun.

Les premiers guillotinés politiques Grimpe11

Les premiers guillotinés politiques Grimpe10

Les premiers guillotinés politiques Dc_gri10

Pour Brocquère, tout part d'un article du Journal de Provence du 08 mars 1791, où l'identité du supplicié n'est pas mentionnée. Cependant, une recherche assez laborieuse dans l'état-civil nancéen, paroisse Saint-Epvre - dont dépend apparemment la place de Grève de Nancy où eut lieu la mise à mort - avait abouti à la découverte de ce nom, dont la date correspond bien, ainsi que l'absence de mention de domicile et la note "sacrement du pénitent".

Les premiers guillotinés politiques Nancy110

Les premiers guillotinés politiques Brocqu10

Enfin, en ce qui concerne Dumergues, le cas est plus particulier et imprécis.

Voici l'article qui en fait mention dans La Feuille du Jour du 31 mai 1791.

Les premiers guillotinés politiques Dumerg10

Le fait que le jugement ait été confirmé laisse peu de place au doute quant à l'issue de l'affaire, mais c'est le seul article que j'aie trouvé qui en parle.

Ceci étant, la mort ayant eu lieu à Bicêtre, j'ai pris la peine d'aller consulter là encore l'état-civil de l'hospice.

Je n'y ai trouvé aucun Richard décédé. Mais j'y ai trouvé un Dumergues, décédé le 11 mai 1791.
S'agirait-il d'une interversion entre identités de la victime et du criminel ?
C'est possible.
Et bien qu'un délai de vingt jours entre crime et exécution paraisse court, il n'a pourtant rien de très extravagant pour l'époque...

Les premiers guillotinés politiques Dc_dum10

Evidemment, ce n'est là qu'une conjecture, faute d'état-civil pour confirmer que le supplicié s'appelait Richard.

Après cela, il serait utile de fouiller les archives de département en département afin d'y dénicher l'existence de procès capitaux jugés entre 1791 et janvier 1792. Je parie volontiers qu'il y eut d'autres roués en France jusqu'en décembre 1791, mais c'est là le maximum que j'aie pu faire derrière mon écran d'ordinateur.

Merci en tout cas d'avoir apprécié mes investigations !


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"Les humains, pour la plupart, ne se doutent de rien, sans envie ni besoin de savoir, ça leur va comme ça, ils croient avoir de l'emprise sur les choses.
- Mh... pourquoi en avoir fait un secret ? Ils peuvent comprendre, ils sont intelligents...
- Une personne, sûrement, mais en foule, on est cons, on panique comme une horde d'animaux, et tu le sais."

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MessageSujet: Re: Les premiers guillotinés politiques   Les premiers guillotinés politiques EmptyMer 29 Sep 2021 - 11:08

Merci à toi Sylvain pour ce travail de longue haleine, qui relève quasi du détective. Les premiers guillotinés politiques 348277

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MessageSujet: Re: Les premiers guillotinés politiques   Les premiers guillotinés politiques EmptyJeu 30 Sep 2021 - 19:03

smic77230 a écrit:
Merci à toi Sylvain pour ce travail de longue haleine, qui relève quasi du détective. Les premiers guillotinés politiques 348277

Je confirme. C'est très méritoire.

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MessageSujet: Re: Les premiers guillotinés politiques   Les premiers guillotinés politiques EmptyVen 1 Oct 2021 - 11:10

J'imagine les trajets et le temps mis à cette recherche , bravo Némo et merci

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MessageSujet: Re: Les premiers guillotinés politiques   Les premiers guillotinés politiques EmptyDim 3 Oct 2021 - 1:13

Prouvées, donc, Nemo, les roues de Gavois, Grimpereau et Brocquère.

Si je prétends m'y connaître un peu en littérature - les Goncourt, etc., - quel homme de terrain vous faites avec vos listes d'écrou, vos pièces d'état civil, vos procès-verbaux et toute cette presse régionale que vous explorez à fond.

Épaté par votre capacité de travail et votre sens holmesien de la déduction (le bas de vignette sur Chomet en Guyane), je crains cependant que vous ne soyez trop sévère vis-à-vis de vous-même, jusqu'à imputer à vos propres limites l'insuccès inévitable de certaines recherches, jusqu'à les percevoir à tort comme des «échecs personnels» et vous déprécier en conséquence.

Quand j'étais enfant j'ai rempli de chiffres cinq ou dix de mes cahiers d'écolier dans l'espoir de trouver le dernier chiffre au-delà duquel il n'y en a pas d'autre; il faut faire de son mieux et ne pas se mettre martel en tête parce que l'on achoppe parfois sur l'opacité du réel.

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