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Sujet: José Giovanni, un cinéaste qui revient de loin... Dim 29 Oct 2023 - 14:39
Le 10 juillet 1948, le futur romancier et cinéaste Joseph Damiani (1923-2004), dit José Giovanni, est condamné à la peine de mort par la cour d’assises de la Seine. De ce fait, on le transféra dans le quartier des condamnés à mort de la prison de la Santé. En novembre 1951, Vincent Auriol, président de la République signe sa grâce.
On peut lire le journal de José Giovanni (1952, anonyme à l’époque). C’est un récit très prenant. Il a été mis en ligne par le très intéressant site CriminoCorpus : Huit mois, face à la tombe. Journal d’un condamné à mort. : https://criminocorpus.org/media/filer_public/46/2f/462f3fcb-7872-43b8-bc36-63edcaf43a18/bnc-giovanni-01.pdf
En 1959, le cinéaste Claude Sautet tourne Classes tout risques, avec Lino Ventura en premier rôle, d’après le livre de José Giovanni. Un autre de ses livres, Le trou, (récit autobiographique) avait déjà été transposé à l’écran peu de temps auparavant par Jacques Becker (excellent film, méconnu à sa sortie, et même encore aujourd’hui. A voir absolument).
Le succès, la notoriété, acquis par José Giovanni, ont contribué à occulter certains de ses agissements collaborationnistes pendant la guerre. En 1993, deux journaux suisses, et en 2013 l’écrivain et historien français Franck Lhomeau (dans la revue française n°16 Temps Noir, journal des littératures policières), les ont ramenés à la surface. Malgré ses dénégations, José Giovanni n’a pas porté l’affaire devant la justice. En le réhabilitant, celle-ci la lui a accordé son pardon. Tant mieux pour lui. Déclaration de José Giovanni : « J’ai payé, j’ai droit au pardon et à l’oubli » (condamné, à 20 ans d’incarcération, il effectua 11ans de peine).
Romans de José Giovanni (liste non exhaustive).
- Le Trou (1957). Editions Gallimard. - Le Deuxième souffle (1958). Editions Gallimard (collection Série Noire) - Classes tous risques (1958.) Editions Gallimard (collection Série Noire) - L’excommunié (1958). Editions Gallimard (collection Série Noire) - Histoire de fou (1959). Editions Gallimard (collection Série Noire) - Les aventuriers (1960). Editions Gallimard. - Les Ruffians (1960)]. Editions Gallimard (collection Série Noire) - Ho (1964). Editions Gallimard - Meurtre au sommet (1964). Editions Gallimard (collection Série Noire - Mon ami le traître (1977). Editions Gallimard - Un vengeur est passé (1982). Editions Jean-Claude Lattès. - Les loups entre eux (1985). Co-écrit avec Jean Schmitt. Editions Jean-Claude Lattès - [/b]Le tueur du dimanche[/b] (1985). Editions Gallimard. (collection Série Noire) - Mon ami le traître (1988). Editions Gallimard (collection Folio) - Il avait dans le coeur des jardins introuvables (1995) Editions Robert Laffont. - La mort du Poisson rouge (1997). Editions Robert Laffont. - Le prince sans étoile (1998). Editions Jean-Claude Lattès - Les chemins fauves (1999). Editions Robert Laffont - Les gosses d’abord (2001). Editions Jean-Claude Lattès - Mes grandes gueules (2002). Editions Fayard - Comme un vol de vautours (2003). Editions Fayard. - Le pardon du grand nord (2004). Editions Fayard (Posthume).
- Films réalisés par José Giovanni, d’après ses romans.
- La loi du survivant (1967). Adapté de la deuxième partie de Les aventuriers. Avec Michel Constantin, Roger Blin… - Dernier domicile connu (1970). Lino Ventura, Marlène Jobert, Michel Constantin, Alain Mottet… - Où est passé Tom (1971). Avec Rufus, Jean Gaven… - La scoumoune (1972). Adapté de L’excommunié. Avec Jean-Paul Belmondo, Michel Constantin, Claudia Cardinale, Gérard Depardieu… - Le Gitan (1975). Adapté de Histoire de fou. Avec Alain Delon, Annie Girardot, Paul Meurisse, Bernard Giraudeau, Marcel Bozzuffi, Renato Salvatori, Maurice Barrier, Maurice Biraud… - Une robe noire pour un tueur (1980). Avec Clause Brasseur, Bernard Giraudeau, Bruno Cremer, Jacques Perrin
- Le Rufian (1983). Adapté de Les Ruffians. Avec Lino Ventura, Bernard Giraudeau, Claudia Cardinale… - Les loups entre eux (1985). Avec Claude Brasseur, Jean-Luc Anglade, Niels Arestrup, Gérard Darmon, Bernard-Pierre Donnadieu, Daniel Duval…) - Mon père, il m’a sauvé la vie (2001) Adapté de Il avait dans le coeur des jardins introuvables. Avec Bruno Cremer, Vincent Lecoeur, Rufus…
Autres films réalisés par José Giovanni et non adaptés de ses romans. :
- Le Rapace (1968). D’après le roman de John Carrick, The vulture, éditions Gallimard (collection Série Noire). Avec Lino Ventura. Excellente musique de François de Roubaix, innovateur de musique de films, disparu tragiquement.
Le Rapace
- Dernier domicile connu (1970). D’après le roman de Joseph Arrington (Last known adress). Avec Lino Ventura, Marlène Jobert, Michel Constantin, Alain Mottet, Paul Crauchet… - Un aller simple (1971). Adapté du roman The chair for Martin Rome, de Henry Edward Helseth. Avec Jean-Claude Bouillon, Nicoletta, Jean Gaven, Alain Mottet, Maurice Garrel, Rufus… - Deux hommes dans la ville (1973). Scénario de José Giovanni Avec Jean Gabin, Alain Delon, Michel Bouquet, Gérard Depardieu… - Comme un boomerang (1976). Scénario de José Giovanni et Alain Delon. Avec Alain Delon, Carla Gravina, Dora Doll, Charles Vanel, Suzanne Flon, Pierre Maguelon… - Les égouts du paradis (1979. Inspiré de l’affaire des égouts de Nice/Albert Spaggiari). Avec Francis Huster, Jean-François Balmer, Bérangère Bonvoisin
Vidéo. Extrait : Les égouts du paradis https://www.google.com/search?client=firefoxd&sca_esv=574836027&q=giovanni+le+egouts+du+paradis&tbm=vid&source=lnms&sa=X&ved=2ahUKEwi2yOKrnIKCAxXUU6QEHaxjAbMQ0pQJegQIDBAB&biw=1296&bih=698&dpr=2.22#fpstate=ive&vld=cid:1ac775cd,vid:e-lQSLhfH58,st:0 3mn.07
Films adaptés de romans de José Giovanni :
-LE TROU (1957). Un grand Jacques Becker. * Histoire véridique. En 1947, cinq détenus préparent une évasion dans la prison de la Santé. Avec Roland Barbat (Roland Darbant dans le film), initiateur du projet d’évasion, joue son propre rôle (sous son nom d’acteur, Jean Kéraudy - 1920-2001), Philippe Leroy-Beaulieu (Manu Borelli dans le film), joue le rôle de José Giovanni (Joseph Damiani), Raymond Meunier, Marc Michel…
Ce film a été louangé par des cinéastes, aux dents pourtant longues, François Trufault, Jean-Pierre Melville, un critique redoutable Georges Charensol. Etonnement, il n’a bénéficié d’aucun prix cinématographique (à ma connaissance). Présenté en 60, au Festival de Cannes, il est à peine remarqué. Le jury comprend pourtant, entre autres, Georges Simenon, Henry Miller, Marc Allégret… Jacques Becker est mort jeune, à 53ans, Le Trou a été son dernier film, et Casque d’or, l’un se ses précédents, est resté dans beaucoup de mémoires. Il était marié à la classieuse comédienne Françoise Fabian (après la mort celui-ci, elle épousera Marcel Bozzuffi, le rital, un grand second rôle du cinéma français).
Acteurs : Michel Constantin (Jo), Marc Michel (Claude Gaspard), Raymond Meunier (Monseigneur), Philippe Leroy-Beaulieu (Manu), Jean Kéraudy (l’instigateur du réel projet d’évasion, en 1947, compagnon de cellule de José Giovanni à cette époque).
Quelques séquences du film, malheureusement courtes :
Présentation pour les USA : https://www.google.com/search?client=firefox-b-d&q=-+https%3A%2F%2Fwww.youtube.com%2Fwatch%3Fv%3Dg2Sbo6JpDsY+#fpstate=ive&vld=cid:757cbb31,vid:g2Sbo6JpDsY,st:0 1mn.47.
Et aussi : https://www.youtube.com/watch?v=06rD1YHz-wk /1mn.07 - https://www.youtube.com/watch?v=oK7fZrSC6VA / 2mn.56 - https://www.youtube.com/watch?v=lFnO64XINQg / 1mn.56 - https://www.youtube.com/watch?v=Y_cmKpEsH8g / 2mn.45 - https://www.youtube.com/watch?v=fIWILE11vPg / 2mn.04 - https://www.youtube.com/watch?v=06rD1YHz-wk /1mn.07 - https://www.youtube.com/watch?v=ay1l7osaB9I / 2mn.44 - Le lien ci-dessous est la fin du film. Si vous ne connaissez pas le film ne le suivez pas. - https://www.youtube.com/watch?v=nGuKZm8WlwI / 0mn.38
Le cinéaste Jean-Pierre Melville considérait ce film comme le meilleur film français de tous les temps.
Suite des films adaptés de romans de José Giovanni. - Jean-Pierre Melville : Le deuxième souffle (1958). Avec Lino Ventura, Raymond Pellegrin, Christine Fabréga, Marcel Bozzuffi, Paul Frankeur, Denis Manuel, Michel Constantin, Jean Négroni… - Claude Sautet : Classes tous risques (1958). Avec Lino Ventura, Jean-Paul Belmondo, Sandra Milo, Marcel Dalio… Lino Ventura incarne Abel Davos (l’allusion est claire), un truand recherché par la police avec son complice Raymond Naldi. Ce dernier, joué par Stan Krol, rappelle Raymond Naudy, (ancien combattant dans la Résistance) complice d’Abel Danos dans leur cavale meurtrière en Italie, en 1946.
Raymond Naldi - Abel Davos.
Le braqueur Raymond Naldi (Stan Krol),
- Jean Becker (fils de Jacques) : Un nommé La Rocca (1961). Adapté du roman L’excommunié. Avec Jean-Paul Belmondo, Pierre Vanek, Christine Kaufmann…
- Robert Enrico : Les aventuriers (1967). Adapté de la première partie du roman Les aventuriers. Avec Lino Ventura, Alain Delon, Joanna Shimkus, Serge Réggiani…
- Alain Corneau (2007) : Le deuxième souffle ( deuxième adaptation). Avec Daniel Auteuil, Monica Bellucci, Michel Blanc, Jacques Dutronc, Eric Cantona, Daniel Duval…
- Rachid Bouchared : La voie de l’ennemi (2014. Américain). Adapté de Deux hommes dans la ville. Avec Forest Whitaker, Harvey Keitel…
Un film à revoir : Dernier domicile connu, de José Giovanni. Lino Ventura, Marlène Jobert, en tête d’affiche. Un bon polar, malgré ses cinquante années de bouteille. Ce n’est pas du tout l’avis du blog Libre Critique + Medito, critique à la limite de la méchanceté : https://librecritique.fr/dernier-domicile-connu-giovanni-lino-ventura-marlene-jobert-4-10/ Marlène Jobert incarne une femme-flic, plutôt rare à cette époque. Est-elle crédible ? Cerise sur le gâteau : le compositeur François de Roubaix a mis sa patte sur le film. Musique : https://www.youtube.com/watch?v=mJ2 FURhZgy8
- Bande-annonce : https://www.youtube.com/watch?v=k_2ln072tOI 4mn. -Extrait : https://www.youtube.com/watch?v=COBkWvqkTg8 Dans un cinéma, Lino et Marlène recherchent un obsédé sexuel. 1mn.50.
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Alecto Bourreau départemental
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Sujet: Re: José Giovanni, un cinéaste qui revient de loin... Dim 29 Oct 2023 - 20:43
Un grand merci pour cette compilation des oeuvres de José Giovanni, cela a dû vous prendre un temps fou. Je ne vais pas aborder le sujet des faits qui lui ont été reprochés, bien que certains me soulèvent le coeur. D'habitude je ne suis pas capable de séparer l'homme de l'oeuvre, mais je suppose qu'il y a ici exception car j'apprécie énormément les romans et films de José Giovanni. Je pense en tout cas que cette entrée m'apprendra des choses que j'ignore, voire attirera mon attention sur des oeuvres que je ne connaissais pas.
Pour ne parler que d'un seul film, Deux hommes dans la ville m'a toujours énormément impressionnée. Le personnage paranoïaque et revanchard de l'inspecteur Goitreau, qui n'aura de cesse que de pousser le truand repenti Gino à la faute est-il crédible? Je ne sais pas. Mais la réflexion sur la peine de mort que ce film provoque est remarquablement amenée: pas de culpabilisation du spectateur, rien que les faits dans leur froideur. Les derniers instants du comdamné, la peur, le rituel implacable, et la machine. On vous montre les faits, après vous vous débrouillez avec votre conscience de personne adulte. Abolitionniste ou non, c'est à vous de voir. Je déteste la tendance actuelle qui est à donner des leçons et à culpabiliser les gens. Ce film évite ces travers d'une façon très adroite.
Merci encore pour ce post détaillé sur un écrivain et cinéaste remarquable.
PS: Positionner les grandes images à l'extrême-gauche de votre entrée, sans espace, évite que toute la mise en page ne soit déformée et dépasse la largeur de l'écran ;-)
mercattore Monsieur de Paris
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Sujet: Re: José Giovanni, un cinéaste qui revient de loin... Dim 29 Oct 2023 - 21:58
Alecto, c'est un mystère pour moi. Sur Safari le post s'étale largement, par contre sur Firefox tout est bien cadré. Alors ? Oui, j'ai surtout voulu mentionner l'oeuvre de Giovanni et ne pas m'étendre sur son vilain passé.
Alecto Bourreau départemental
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Sujet: Re: José Giovanni, un cinéaste qui revient de loin... Lun 30 Oct 2023 - 15:39
Ah, cela dépend donc du navigateur également? Je suis sous Microsoft Edge et la page est déformée. Mystère et boulle de gomme. Enfin, peu importe les soucis techniques, grâce à vous je replonge avec plaisir dans l'univers de José Giovanni. J'ai revu avec plaisir la scène d'évasion dans "Une robe noire pour un tueur", où le condamné s'évade sous les yeux ébahis de l'exécuteur et de ses aides. Lequel de s'exclamer "bon, ben je fais quoi moi, je démonte?" en désignant la Veuve privée de son promis. J'ai beaucoup ri même si cette scène est assez improbable.
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Sujet: Re: José Giovanni, un cinéaste qui revient de loin...
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