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Forum consacré à l'étude historique et culturelle de la guillotine et des sujets connexes
 
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 Emile Ferfaille - 1918

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Javier
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MessageSujet: Re: Emile Ferfaille - 1918   Emile Ferfaille - 1918 - Page 2 EmptyJeu 7 Mai 2009 - 12:22

Je reviens sur ce sujet. J'ai encore des doutes sur le nom exact du condamné et la raison du crime. Emile Ferfaille - 1918 - Page 2 Liztor

Dans le récit suivant, d'après une publication ancienne et que j'avais posté sur un autre sujet, le nom de l'individu est Camille, comme dans le livre de Delarue. La raison du crime est aussi la même.

Emile Ferfaille - 1918 - Page 2 Verfeillie2
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Ananke
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MessageSujet: Re: Emile Ferfaille - 1918   Emile Ferfaille - 1918 - Page 2 EmptyJeu 7 Mai 2009 - 17:06

Une article sur le sujet publié dans le journal "La Libre"


http://www.lalibre.be/index.php?view=article&id=11&subid=118&art_id=338209
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MessageSujet: Re: Emile Ferfaille - 1918   Emile Ferfaille - 1918 - Page 2 EmptyJeu 7 Mai 2009 - 22:26

Merçi Ananke,
Moi aussi, j'avais visité le site que vous citez, et d'autres qui parlent sur cet affaire, avant de poster mes messages. Il me semble qu'il y a assez d'eux qui se sont copié les uns de les autres.
Emile, Emiel, sont les noms que j'avais trouvé mais pas Camille. Mais pourquoi le livre de Delarue et le récit ci-dessus citent Camille? Viennent-ils de la même source erronée?
C'est pour tout ça que j'ai des doutes.
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MessageSujet: Kageorgis   Emile Ferfaille - 1918 - Page 2 EmptyDim 5 Juil 2009 - 13:04

Kageorgis
Après avoir été condamné à mort par un jugement en première instance, confirmé par un procès en appel, Kageorgis peut encore être gracié par le chef de l'État belge, pays qui pour quelques jours encore, exerce sa tutelle sur le Burundi. Le ministre belge des affaires étrangères, Paul-Henri Spaak, déconseille au roi Baudouin de commuer la peine, en raison du risque de troubles et de représailles envers les Belges présent sur place que pourrait entrainer une telle mesure, laquelle serait difficile à admettre par la population locale. Kageorgis est donc le dernier condamné à mort dont la grâce à été refusée par un chef de l'État belge.
Le 30 juin 1962 : Kageorgis est fusillé
(source: Jean Stengers: L'action du roi en Belgique depuis 1831, éditions Duculot, Bruxelles, 1992, 310 p., )
la peine de mort et sont application resteront de vigueur dans les colonies belge jusqu'à leurs indépendances ,independance du Burundi le 01 juillet 1962
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Nemo
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MessageSujet: Re: Emile Ferfaille - 1918   Emile Ferfaille - 1918 - Page 2 EmptyLun 6 Juil 2009 - 12:02

Même une référence comme le livre de Jacques Delarue ne peut être exempte d'erreurs. Il s'est bien inspiré de cet article de Détective pour raconter l'histoire du guillotiné de Furnes, ainsi que François Foucart. Il y a vingt ans, l'affaire Ferfaille n'avait pas été étudiée dans le détail, donc on s'est fié à ce qui avait été écrit par le passé pour raconter le crime. Et d'ailleurs, comment agir autrement ? Nul journal français n'a rapporté en détail les précisions entourant ce meurtre, ce procès et cette exécution, on avait autre chose à penser. Seule la participation de Deibler, à titre anecdotique, a été relatée dans la presse.

Alors, Ferfaille ou Verfeuille ? Ferfaille, bien sûr. Deibler l'a bien noté dans ses carnets : rappelons qu'il disposait d'un ordre d'exécution où le nom du futur étêté, administration oblige, est toujours correctement écrit. J'ignore exactement d'où vient cette erreur patronymique, mais j'ai mon idée.

Il n'est pas rare de voir les noms mal orthographiés dans la presse d'antan. Quand un crime était commis, le premier jour où il est mentionné dans les faits divers, c'est presque inévitable, puisque on se contentait de retranscrire une information venue du bouche à oreille... Cela peut être simplement une absence de lettre finale (Ex : dans l'affaire Relut, condamné en 1892, on écrit d'abord Relu). Mais dans d'autres cas, c'est de la mécompréhension orale.

Ainsi, Deibler a souvent été marqué "Debleir" ; Desfourneaux est devenu "Dufourneau" et Obrecht "Obreck", entre autres. Et dès que l'affaire comporte des patronymes étrangers, alors là, ca devient grandiose. Dans le cas de l'affaire Jouroucheff (exécuté en 1934 à Auch), j'ai lu "Yourousseff", mais aussi "Jourouchef", "Jouroutsseff" ou encore "Jouroutchef"...

D'ailleurs, essayez de prononcer "Emile Ferfaille" avec l'accent belge, vous verrez qu'un chroniqueur des années 1910 pouvait entendre "Camille Verfeuille".

Bref , j'ignore quelle feuille de chou (mais probablement un journal important) a pondu le nom de Camille Verfeuille, mais à cause d'elle, dans l'inconscient collectif des connaisseurs de guillotine, le doute s'est installé quand à l'identité exacte du guillotiné de Furnes.

_________________
"Les humains, pour la plupart, ne se doutent de rien, sans envie ni besoin de savoir, ça leur va comme ça, ils croient avoir de l'emprise sur les choses.
- Mh... pourquoi en avoir fait un secret ? Ils peuvent comprendre, ils sont intelligents...
- Une personne, sûrement, mais en foule, on est cons, on panique comme une horde d'animaux, et tu le sais."


Dernière édition par Nemo le Lun 29 Jan 2018 - 19:53, édité 1 fois

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MessageSujet: In Dutch   Emile Ferfaille - 1918 - Page 2 EmptySam 12 Sep 2009 - 7:34

http://www.verzet.org/content/view/995/69/
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foudurail
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MessageSujet: Re: Emile Ferfaille - 1918   Emile Ferfaille - 1918 - Page 2 EmptyLun 14 Sep 2009 - 10:48

ce qui est sur et certain c'est que ce fut la dernière fois que la guillotine fonctionna en Belgique!
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MessageSujet: Cinema   Emile Ferfaille - 1918 - Page 2 EmptyDim 22 Nov 2009 - 21:08

http://jeanbotquin.blogspot.com/2008/12/le-voyage-de-la-veuve.html
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MessageSujet: Re: Emile Ferfaille - 1918   Emile Ferfaille - 1918 - Page 2 EmptyJeu 26 Nov 2009 - 10:03

Une BD sur ce sujet sortira bientôt (ou est déjà sortie ?)

http://www.bdselection.com/php/chronique.php?rub=pagesbd&id_bd=10366
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MessageSujet: Re: Emile Ferfaille - 1918   Emile Ferfaille - 1918 - Page 2 EmptyJeu 10 Juin 2010 - 22:55

C'est simplement une question, pas une énigme.
Est-il certain ou non que Ferfaille assassina un homme, comme on lit dans Le Petit Journal ?
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Javier
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MessageSujet: Re: Emile Ferfaille - 1918   Emile Ferfaille - 1918 - Page 2 EmptyMer 22 Sep 2010 - 13:08

Emile Ferfaille

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MessageSujet: Re: Emile Ferfaille - 1918   Emile Ferfaille - 1918 - Page 2 EmptyMer 22 Sep 2010 - 13:47

Super, Javier :cheers: et merci pour cette photo inédite du dernier guillotiné belge.

http://www.lesoir.be/actualite/belgique/2010-08-13/le-bourreau-des-curs-perdit-la-tete-786909.php

C'est Boisdejustice qui va être content !
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Javier
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MessageSujet: Re: Emile Ferfaille - 1918   Emile Ferfaille - 1918 - Page 2 EmptyMer 22 Sep 2010 - 15:00

hdesmorest a écrit:
Super, Javier :cheers: et merci pour cette photo inédite du dernier guillotiné belge.

http://www.lesoir.be/actualite/belgique/2010-08-13/le-bourreau-des-curs-perdit-la-tete-786909.php

C'est Boisdejustice qui va être content !

Merçi hdesmorest. Je vois que vous aussi auriez pu nous faire contents.
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MessageSujet: Emile Ferfaille   Emile Ferfaille - 1918 - Page 2 EmptyDim 15 Mai 2011 - 20:14

Le bourreau des cœurs perdit la tête

Emile Ferfaille - 1918 - Page 2 5723341154_f424b991a4

Le 26 mars 1918, la Conférence franco-britannique de Doullens, décide de confier au maréchal Ferdinand Foch le commandement unique des forces alliées confrontées à la dernière saillie de l'armée allemande dont les canons tonnent de Somme en Champagne. Anatole Deibler, le « Monsieur de Paris », « exécuteur en chef des arrêts criminels de la République », ignore encore que cette décision va mener à la capitulation allemande ; que ces obus qu'il voit tomber sur Furnes, dans ce moignon de Belgique préservé de l'Occupation, seront sans doute les derniers de cette maudite Grande Guerre qui dure déjà depuis quatre ans.

Sa préoccupation, à l'aube de ce 26 mars, est de s'assurer que les bois de justice de la guillotine de campagne qu'il a fait monter par train depuis Paris, sont bien ajustés. Que les deux lames de la « Veuve » sont, comme à l'habitude, à suffisance aiguisées. Que ses deux aides, Henri Desfourneaux (son parent par alliance) et Louis Rogis (« Le Gros Louis », son beau-frère), n'ont rien oublié à l'Hôtel des Arcades, à la Panne, où ils ont été logés pour éviter les bombes qui tombent encore et encore sur Ypres : le seau dans lequel la tête du condamné viendra cogner dès la lame tombée, la paille pour éponger le sang, les sangles pour contraindre le supplicié sur la planche basculante. Anatole n'a qu'une idée en tête : en finir rapidement.

Quelques jours plus tôt, il avait été mandé par le gouvernement français pour procéder à l'exécution à Furnes « au nom du peuple belge » d'un sous-officier flamand, Emiel Ferfaille. Dans son carnet il avait soigneusement annoté : 187-91, la 187ème exécution à laquelle il participerait ; la 91ème à laquelle il officierait comme bourreau en chef ; une fonction dont il avait appris tous les secrets en officiant déjà auprès de son grand-père, le bourreau d'Alger. Deibler avait fait charger sa « Veuve » le 23 mars dans un train de marchandises au départ de Paris-Nord. La ligne vers les côtes était encore libre, quoique périlleuse. A Amiens, des obus avaient failli avoir raison des bois de justice, menacés par un incendie. Son convoi s'était arrêté à Dunkerque. Un camion de l'armée belge l'avait pris en charge, lui, ses aides et sa machine à tuer pour remonter vers Furnes, embrumée par les charges lancées depuis les lignes teutonnes. Cette ville lui rappelait le gredin belge Zwaertweger, né à Furnes, dont il avait décollé la tête en 1905 à Dunkerque. Celui-là avait sauvagement assassiné la batelière Knockaert, patronne de la péniche « La Flèche ».

Mais son « client » du jour (il en eut 395 au cours de sa carrière !), lui, était exceptionnel. Pourquoi donc, se demandait Deibler, les Belges l'avaient-ils requis pour faire passer de vie à trépas un soldat alors que partout sur le front les bombes tombaient, les balles fusaient. Pierre Nieuwland, le bourreau officiel de la Belgique, qui n'avait jamais exécuté personne, était retenu à Bruxelles, ne pouvant passer les lignes allemandes. Deibler, surtout, était pour la première fois de sa vie, lui-même menacé de mort par toute cette grenaille qui s'abattait sur cette ville flamande ralliée au terme d'un éprouvant et périlleux voyage.

Emiel Ferfaille apparut dans l'arrière-cour de la prison de Furnes où l'échafaud avait été dressé. La Grand-Place, sous les bombardements, offrait trop de risques. L'homme portait une chemise échancrée et des moustaches dressées en crocs. Il était précédé d'un prêtre portant haut une croix. Seules trente personnes assistaient aux préparatifs de l'exécution : voilà qui le changeait des assistances immenses qui l'applaudissaient dans toutes les villes de France où il officiait. Il y avait là des soldats, des magistrats et quelques badauds égarés ou repoussés là par le ciel qui crachait le feu des lignes ennemies. Lorsque la lame eut fait son œuvre, l'officier présidant à la mortelle cérémonie rappela aux soldats chargés d'inhumer le corps décapité qu'il convenait d'enterrer la dépouille de l'exécuté au cimetière d'Adinkerke, et non à celui de Furnes, pourtant plus proche, où avait été inhumée sa victime. La morale ne permettait pas de faire cohabiter pour l'éternité les corps de l'assassin et de l'assassinée.

Rachel Ryckewaert, 20 ans, était une jeune femme aux traits un peu rustres. Depuis l'âge de 14 ans, elle travaillait comme ouvrière agricole à la ferme de Florimond Seru, un marchand de légumes de Furnes. La guerre et l'impérieuse nécessité d'alimenter les troupes massées derrière les plaines inondées par l'Yser, avaient apporté à l'exploitation un supplément de labeur. Et dès 1915, la jeune fille, alors âgée de 18 ans, n'avait pu échapper au charme d'Emiel Ferfaille, l'ancien garçon boucher de Menin, devenu artilleur à la forteresse d'Anvers avant d'être nommé « maréchal des logis fourrier » sur le front de l'Yser. Il l'appelait dans ses lettres enflammées « mijn Rachelje liefde » (« ma très chère Rachel »). Il payait la solde des troupiers. Il visitait les fermes et les commerces, toujours à la recherche du nerf de la guerre, de la nourriture pour les soldats. Il écumait la campagne, juché sur son vélo qui lui permettait de ramener au casernement des cageots de légumes, quelques volailles. Il ne se plaignait pas d'être un soldat d'intendance : pour rien au monde il n'aurait voulu s'aventurer dans les tranchées meurtrières.

Ce joli cœur, bourreau des cœurs, à l'embonpoint naissant, savait aussi que sa fonction de fourrier lui permettait d'inonder de commandes telle ou telle ferme. Il était craint et respecté. Il avait ses habitudes au café du « Coq » et celui « de la Station » où il buvait souvent plus que de raison. Il menait aussi une double vie : en plus de sa relation avec Rachel Ryckewaert, il s'était aussi amouraché d'Augusta Ameloot, une jeune fille de 27 ans, elle aussi fille d'agriculteurs exploitant une ferme proche de Furnes, à Hoogstade. Il lui avait promis le mariage, tout comme à Rachel. Mais à Augusta, il avait réservé une préférence. En ce début septembre 1917, il lui avait offert une bague en or achetée à Calais. Et, revêtu de son plus bel uniforme, il avait demandé la main de la belle à ses parents. Depuis lors, Emiel délaissait Rachel. Mathilde Vandamme, la logeuse de Ferfaille, la voyait houspiller le sous-officier : « C'était une fille fort nerveuse, elle lui faisait des scènes. Elle venait assez souvent dans sa chambre. » Mais voilà, la légumière de la ferme Seru savait qu'elle était enceinte des œuvres de son maréchal des logis fourrier. Son ventre se faisait rond. A quatre mois et demi de grossesse, elle ne pourrait plus dissimuler longtemps sa maternité visible. Et Emiel lui avait promis le mariage, l'assurant d'avoir demandé à ses chefs la permission de convoler.

Le 27 octobre 1917, les parents de Rachel ne s'inquiètent pas trop. Leur fille n'est pas rentrée chez eux. Il lui arrive de dormir chez les Seru, car la ferme est moins exposée aux bombardements. Deux jours plus tard, Florimond, le maître des lieux, découvre dans son jardin une parcelle nouvellement retournée. Des traces dans la terre prête à recevoir les semis suggèrent qu'un corps a été traîné sur une longueur de 20 mètres. Les gendarmes, conduits par le 1er maréchal des logis chef Auguste Frenelle, retirent d'une fosse hâtivement creusée le corps de Rachel. Elle a été étranglée et frappée à la tête à coups de marteau. Elle est entravée à l'aide de liens servant habituellement à emballer les poireaux. Ferfaille, dont la relation avec Rachel est connue, est immédiatement soupçonné. Et un luxe de moyens est mis à la disposition des enquêteurs. Des attachés du ministère des Sciences effectuent des moulages des empreintes de pas retrouvés dans le champ. Le pharmacien Ruytens photographie la scène du crime. L'identité judiciaire de Paris est requise pour analyser les traces de sang. Des pontonniers sondent le canal de Furnes.

Ferfaille, emprisonné, craque le 13 novembre. Oui, avoue-t-il, il a tué sa maîtresse dont la grossesse interdisait son mariage avec Augusta. Oui, admet-il encore, il a volé les 65 francs que possédait la pauvresse pour faire croire à un crime motivé par le vol. Oui encore, il s'est rendu chez la légumière le soir tombé après avoir offert du porto aux gens de son cantonnement. Oui, enfin, il admet avoir fait signer à Rachel une reconnaissance de dettes en blanc qu'il compléta par la suite : « J'ai reçu en consignation une somme de 600 francs d'Emiel Ferfaille, fourrier, 2 RAL3/1 Furnes, le 16 décembre 1916 ».

Emiel Ferfaille est privé de ses habits militaires pour cause d'indignité. Il comparaît le 15 janvier 1918 devant le Conseil de guerre qui le condamne à mort sur réquisitions de l'auditeur militaire Florent Everard. La Cour militaire, saisie de l'appel et siégeant au couvent des Sœurs Bleues, confirme la sentence qui s'exécutera à la guillotine : « dans le souci d'une juste répression ». Au cours de la Grande Guerre, 12 soldats belges (sur 200 condamnations prononcées par des tribunaux militaires) furent passés par les armes, dont 3 reconnus coupables de meurtres. Le roi Albert Ier refusa sa grâce, ne voulant point accorder à cet assassin sordide le privilège d'une retraite en prison alors que l'armée payait sur le front un lourd tribut à la guerre. En laissant la guillotine faire œuvre de justice, il excluait en même temps Ferfaille des rangs de l'armée. En 1922, le ministre de la Défense, fit encore vérifier à ses services si la tombe du fourrier Ferfaille se trouvait bien dans l'enceinte civile du cimetière d'Adinkerke et non dans le parterre honorable des « morts pour la patrie »…

Histoire basée sur un dossier préparé par Xavier Rousseaux et Benoît Amez, Centre d'histoire du droit et de la justice (UCL).
Le dossier judicaire, augmenté de l'histoire locale, a fait l'objet d'un ouvrage documenté de Siegfried Debaeke, De laatste onthoofding, Coxyde, Ed. De Klaproos, 1996.
La fiction s'est aussi inspirée librement de l'affaire Ferfaille : L'Obéissance, roman de François Sureau (Gallimard, 2007) et Le voyage de la Veuve, film de Philippe Laïk (2008).


http://www.lesoir.be/actualite/belgique/2010-08-13/le-bourreau-des-curs-perdit-la-tete-786909.php
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MessageSujet: Ferfaille   Emile Ferfaille - 1918 - Page 2 EmptyVen 26 Aoû 2011 - 20:21


Bonsoir Ancien sunny

Voici le lien concernant E. Ferfaille

https://guillotine.1fr1.net/t371-emile-ferfaille

Bonne lecture study
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MessageSujet: Re: Emile Ferfaille - 1918   Emile Ferfaille - 1918 - Page 2 EmptyLun 16 Aoû 2021 - 19:21

Document extrait de l'ouvrage de Siegfried Debaeke: "De laatste onthoofding")

Emile Ferfaille - 1918 - Page 2 Ferfai11
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MessageSujet: Re: Emile Ferfaille - 1918   Emile Ferfaille - 1918 - Page 2 EmptyMer 17 Aoû 2022 - 17:23

Emile Ferfaille - 1918 - Page 2 Acte_n17
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MessageSujet: Re: Emile Ferfaille - 1918   Emile Ferfaille - 1918 - Page 2 EmptyDim 30 Oct 2022 - 22:42


Rachel Ryckewaert et Émile Ferfaille

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MessageSujet: Re: Emile Ferfaille - 1918   Emile Ferfaille - 1918 - Page 2 Empty

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