Images de la Grande et de la Petite Roquette

Oui, j'ai moi-même ce numéro du Petit Journal.

Il s'agit de Monseigneur Richard, cardinal-archevêque de Paris, qui est "venu donner la confirmation à ces pauvres petits dont presque tous sont beaucoup plus malheureux que coupables".

Bien d'accord avec vous, et les archives pour leur mémoire, ENVOLÉES...

tOma de l'Est a écrit:

Par dépôt légal, on conserve toutes les publications, sans discrimination (même les revues pornographiques) car on ne sait pas ce qui intéressera l’historien de demain ; alors avoir détruit ces archives, c’est criminel, on devrait les rogner les gens qui prennent des décisions comme ça!

J'ai retrouvé un autre exemple, encore relatif au Ministère de la justice (décidément, un multi récidiviste), tiré des Archives Nationales :

N’insistons pas sur les éliminations qui sont d’usage courant et parfaitement AUTORISÉES par la Chancellerie. Ainsi, par lettre du 15 novembre 1919, le garde des sceaux acceptait que 634 liasses de grâces accordées pour 1804-1867, 128 liasses de grâces collectives pour 1800- 1850, 714 liasses de rejets de grâces pour 1813-1863, fussent mises au pilon.

Edifiant, non ?

Oui, bien sûr, nous sommes d'accord sur le dépôt légal ne concernant pas les archives, je ne faisais que comparer les revues olé olé à des documents, pour moi inestimables, sur la Petite Roquette.

Votre exemple de 1919, fait également mal au coeur, mais en 1974, quand même, on aurait pu faire des microfilms ou quelquechose, enfin c'est bien lamentable!

j'avais bien compris que vous aviez compris pour le dépôt légal mais je l'ai resouligné parce que ce dépôt est d'une importance capitale, même, si comme vous le précisez, il est obligatoire pour des revues qui n'en valent peut être pas la peine. N'oublions pas non plus que ce dépôt sert également pour la surveillance des écrits - dépôt au Ministère de l'intérieur -

Ah pauvres petits rebels envoyés par leur parents à "la Petite", je me demande bien ce qu'ils avaient pu faire! Je suis sûr que ça nous ferait sourire aujourd'hui! (et qu'à l'époque, vu les c*nneries que j'ai pu faire, j'y aurais sans doute fait un petit séjour. Ah, il faut bien que jeunesse... j'ai ajouté mon âge à mon profil, histoire que chacun voit à qui il a à faire).

Exemple d'archives pour lesquelles on en comprend bien la destruction:

Le Nouveau Paris. Emile de Labédollière, 1860, p. 170.
"Par une sage prévoyance, le législateur a voulu que, dans le cas où la mesure serait ordonnée, la requête adressée au président [du tribunal] et les papiers constatant la mise à exécution de l'ordre d'arrestation seraient anéantis, afin qu'il n'en subsiste aucune trace. On comprend que, parmis les détenus à titre de correction paternelle, il en est un grand nombre qui reviennent promptement à de bons sentiments et comptent plus tard parmis les hommes honorablement placés dans la société. Il eût été tout à la fois injuste et illogique de laisser peser sur leur avenir le souvenir de cette mesure qui a eu seulement pour but de réprimer le plus souvent des actes d'insurbodination passagère et d'éviter pour l'avenir des écarts d'une nature plus grave. (Art. 376 et suivants du Code Napoléon.)"

Oui, cela peut se comprendre, bien sûr dans ces cas là, mais pour le petit bonhomme qui a été incarcéré pour seul délit de vagabondage à-t-on pilonné aussi son dossier ?

Dont un petit bonhomme de 15 ans; son nom...: Jean Genet.

(je viens seulement de 'tilté' sur votre référence à J. Genet dans votre signature)

Et oui, le petit Jean fera un séjour de 3 mois pour vol, à partir de mars 1926, à la Petite Roquette.

Autre petit bonhomme de 16-17 ans incarcéré la même année à la Petite Roquette. Ce jeune vagabond, arrêté pour avoir dormi sous le Pont de Sully, deviendra chansonnier; son nom...: Léo Malet.

C'est vrai que Genet a eu un parcours chaotique. Il a connu aussi la colonie agricole de mettray, réputée de mauvaise façon pour sa dureté disciplinaire, la prison de Fresnes et cie...

Quant à Léo Mallet c'est ma jeunesse, il avait habité dans le 13ème arrondissement, où j'ai passé mon enfance et mon adolescence, c'était un anar, un rebelle, je me souviens de ses bouquins de la série des "NOUVEAUX MYSTÈRES DE PARIS", j'en ai lu pas mal.

Je me souviens aussi d'Alphonse Boudard, qui a passé beaucoup d'années dans le quartier Maison-blanche, toujours dans le 13ème, le 1er bouquin que j'ai lu de lui était "La Cerise", que j'avais trouvé excellent, et puis "La Métamorphose des cloportes", et la suite...

Genet est mort dans le 13ème, seul, dans une chambre d'hôtel de la place d'Italie, au milieu de ses bouquins.

Mais ce 13ème a disparu, il n'y a plus que des shadows.

Bonsoir,
Voici une photo aérienne de la Petite Roquette:

Vous avez pris la photo de votre avion, Javier ?

Oui! Après mon évasion!

Votre évasion, avec cet avion ?

Non, non, mieux que ça. Il y avait de bonnes proffeseurs dédans. À propos, savez-vous plus de choses sur cette affaire?

Oui, Javier, je posterai demain les détail sur cette évasion.

Merci pour ces photos,

la vue aérienne de la Petite Roquette est tirée de Surveiller et punir de Foucault.

La coupure de presse vient du journal l'Aurore et concerne l'évasion d'Hélène Cuénat, et cinq autres FLN ou sympathisantes, en Février 1961.
Cuénat a d'ailleurs écrit un livre, que j'ai lu, à ce sujet: La porte verte.

Bonjour,
Merçi bien Toma et Mercattore pour tous ces détails que je ne connaisais pas.
J'ai trouvé, pour vous tous, cette photo de l'intérieur de la prison:

Photo de l'intérieur de la Petite-roquette, Javier ?

Tout d'abord, MERCI Javier!
de toutes les images postées, c'est la première que je n'avais pas encore vue. (où l'avez-vous trouvée?)

Comme Mercattore, j'avoue avoir eu un doute, je n'étais pas convaincu qu'elle soit de la Petite Roquette. Cependant, deux éléments penchaient pour la "Petite": les tomettes au sol + les grilles de judas des portes à 4 trous sur 4.

Les ailes radiantes, donnant sur cour, avaient des cellules de chaque côté du couloir, mais les ailes extérieures n'avaient qu'une rangée de cellules donnant sur cour et des fenêtres sur l'extérieur. Alors après petite comparaison, je pense qu'il s'agit bien de la "Petite" (belle trouvaille!).
C'est peut-être une photo de la série Henri Manuel, fin des années 1920, en tout cas avant l'arrivée des femmes en 1932, vu la présence du gardien homme.


Au sujet de l'évasion,
des camarades leur avaient balancé une corde par dessus le mur mais elles ne pouvaient pas l'atteindre, les murs étant éffectivement très hauts. Elles se sont alors servies d'un banc de jardin pour grimper sur un cabanon adossé au mur auquel certaines ont ensuite pu se hisser. Elles ont marché sur le mur jusqu'à la corde pour aider les autres qui n'avaient pas pu les suivre.
Pour tomber dans les chemins de ronde, elles avaient éffectivement scier les barreaux des toilettes, mais ce qui a fait penser à des complicités intérieures est le fait qu'elles aient pu sortir de leurs cellules.

Hélène Cuénat l'explique noir sur blanc dans son livre, mais l'exploit n'en demeure pas moins incroyable: Micheline Pouteau aurait scié la grille du judas, passé le bras à travers pour ouvrir la porte à l'aide d'une clef confectionnée avec un cintre en fer, et libéré les autres.
Ce qui m'embête, ce n'est pas tant la clef mais la distance judas-serrure; mais après tout, pourquoi pas? J'imagine qu'à l'époque on puisse couvrir certaines personnes, mais en 2001, date de publication du livre...?

D'accord avec vous tOma de l'Est, très belle découverte de javier, limier hors-pair, il va falloir encore le décorer...

Pour la clef confectionnée en fer de cintre j'ai toujours un peu tiqué, mais bon, je ne vais pas mettre en doute les dires d'Hélène Cuenat.

A bientôt.

Bonsoir,
Merçi pour ces précisions Toma. La photo est visible sur ce site et on peut l'acheter:

http://www.paulfrecker.com/pictureDetails.cfm?pagetype=home&typeID=5&ID=4911

Merçi Mercattore pour tous ces honneurs. Je devriais dire que je les mérite mais je ne le dis pas.