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Sujet: Re: La garotte - supplice du garrot Ven 3 Juin 2011 - 12:57
Brrrr... Je ne sais pas pourquoi, mais le garrot m'a toujours épouvanté, plus que la guillotine.
Je crois que c'est le souvenir d'un film où l'on voyait un condamné mourir étouffé à petit feu, sous d'affteuses convulsions. Cela m'avait horrifié.
Avec le temps je crois que cet étouffement "lent" était plus dû à la vision du cinéaste qu'à la réalité, car il semble que la mort soit aussi immédiate que pour la guillotine.
Il n'empêche: cette vision d'horreur m'est restée.
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Adelayde Admin
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Sujet: Le garrot - Velasquez et Goya Jeu 18 Aoû 2011 - 20:22
Eugenio Lucas y Padilla, dit Eugenio Lucas Velázquez
Un Garrotté (entre 1778 et 1785) - Eau-forte et travaux de brunissoir, 33 x 21 cm Madrid, Biblioteca Nacional
Au XVIIIème siècle, en Espagne, le supplice du garrot était un mode d’exécution rarement appliqué, car il était réservé aux nobles. Toutefois, la noblesse espagnole comptait nombre d’hidalgos impécunieux. Certains, d’entre eux incapables de travailler mais sachant manier l’épée, se seraient reconvertis en bandits de grand chemin. Dans la deuxième des Lettres d’Espagne, José Maria Blanco White (1775-1841) fournit une relation détaillée du garrottage de l’un d’entre eux. La « cérémonie » se déroule dans la région de Séville. Pour éviter la honte de voir un bandit hidalgo condamné à la peine capitale pendu au milieu de ses comparses roturiers, sa famille sollicite et obtient une mise à mort conforme à son rang, sous réserver de payer les frais de la cérémonie. On dresse alors un échafaud plus élevé que les autres, drapé de noir, au centre duquel est placé « une sorte de siège dont le dossier est un madrier doté … d’un collier de fer actionné par une vis avec sa manivelle et qui sert pour étrangler la victime ». Le condamné est accompagné d’un prêtre qui administre les derniers sacrements et d’un greffier chargé de consigner l’évènement.
Une fois la sentence exécutée, quatre candélabres d’argent de cinq pieds de haut sont disposés aux quatre coins de l’échafaud et les cierges allumés. Trois heures plus tard, les amis posthumes du défunt lui offrent de dignes funérailles. Et l’auteur de conclure : » S’ils avaient employé à l’aider à ordonner sa vie la moitié de l’argent dépensé dans un spectacle aussi absurde et désagréable, ils l’auraient peut-être sauvé de son triste destin. » Mais ces honneurs constituent ce qui s’appelle « un acte de positif de noblesse », pour lequel les proches survivants obtiennent un certificat qui se conservent avec les autres preuves légales de la noblesse de la famille. Les journaux madrilènes des années 1780 ne relatant aucun cas de condamnation au garrot, on suppose donc que l’artiste se souvint, pour réaliser sa gravure, d’une mise à mort de nature à frapper durablement son imagination. Les raisons pour lesquelles Goya entreprit de graver ce motif sombre et, a priori, invendable, restent inconnues. Il s’agit de sa première incursion dans le réalisme noir, surprenant à cette étape de sa carrière où il peint des cartons de tapisserie.
Le Garrotté porte une robe blanche avec l’emblème des Carmélites sur la poitrine et non la tenue infamante des victimes de l’Inquisition (le sambenito, casaque jaune marquée d’une croix et la coraza, haute mite conique de papier). Il s’agit donc d’un condamné de droit commun. L’homme est seul. Il vient de mourir, semble-t-il, puisqu’un cierge a été déposé à ses côtés. Le graveur dessine, d’une pointe précise, le visage congestionné par l’étranglement, les mains étroitement liées et les pieds crispés dans les affres de l’agonie. La lumière vacillante du cierge projette des ombres aléatoires sur le fond nu, traduites par des traits hachurés d’eau-forte qui renforcent l’effet vibratoire.
Goya décrit avec une objectivité empreinte de compassion cette scène poignante où le criminel, devenu la victime de barbarie de ses bourreaux, étreint un crucifix. Il reviendra sur ce sujet dans sa maturité avec les planches 34 et 35 des Désastres de la guerre, images plus complexes mais moins émouvantes, peut-être, que la bouleversante solitude de ce supplicié. Un dessin sans doute réalisé après la guerre d’indépendance est récemment réapparu sur le marché de l’art: il représente un homme en prière devant un crucifix, bras tendus et mains étroitement serrées, dont la posture et l’intensité douloureuse rappellent celles du Garrotté.
Cette estampe va devenir une icône moderne, image archétypale du « terrible sublime », maintes fois rééditée, copiée et pastichée au cours du XIXè siècle.
Source : Marilyne Assante di Panzillo, conservateur des peintures au Petit Palais.
Invité Invité
Sujet: Re: La garotte - supplice du garrot Ven 19 Aoû 2011 - 8:37
Quand je pense qu'un rendez-vous matinal avec la "veuve" était considéré comme un supplice inhumain ! Au moins le supplicié n'avait-il pas le temps de souffrir.
Invité Invité
Sujet: Re: La garotte - supplice du garrot Ven 19 Aoû 2011 - 18:10
Celà me rappelle une épreuve du Bac il y a quelques années. La question etait: Citez 3 grands Démocrates du XX° siécle. La majorité des péponses fait froid dans le dos: 1°) Staline 2°) Hitler 3°) Franco
Ahurissant !
Adelayde Admin
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Sujet: Le supplice du garrot Ven 19 Aoû 2011 - 19:33
Garrot : appareil de supplice employé en Espagne pour l’exécution des peines capitales. La garrotte fait mourir le patient par strangulation. La garrotte est composée d’une plateforme au centre de laquelle est fixé un poteau et, à ce poteau, un siège sur lequel est assis le condamné. Celui-ci a le cou pris dans un collier de fer réuni à une vis qui traverse le poteau. En serrant cette vis on ramène le collier vers le poteau et le condamné meurt étranglé. La garrotte est un supplice horrible.
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Sujet: Re: La garotte - supplice du garrot Mar 1 Nov 2011 - 6:17
Michel, aucune de tes photos ne s'affiche, quelque soit la rubrique.
Montfaucon Aide confirmé
Nombre de messages : 43 Age : 57 Date d'inscription : 26/10/2011
Sujet: Re: La garotte - supplice du garrot Mar 1 Nov 2011 - 11:35
Peut-être simplement que ces photos sont déclarée "privées" sur ton compte flickr... En tout cas, on ne peut voir que 3 photos sur le compte, ce sont 3 scans d'article de journaux : "Procés 1", "Procés 2", "Procés 3".
Adelayde Admin
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Sujet: L'exécution des anarchistes de Xérès Lun 2 Jan 2012 - 18:30
L'exécution des anarchistes de Xérès
A la suite du mouvement anarchiste qui s'est produit à Xérès, il y a deux mois, de nombreuses condamnations ont été prononcées par la justice espagnole, et quatre des individus les plus compromis ont été condamnés à la peine de mort : Busiqui, Lamela, Lebrijano et Zarzuela.
Ils ont subi le supplice du garrot le 10 février. Les formalités d'usage qui procèdent en Espagne les exécutions capitales avaient commencé la veille, à 7 heures du matin, par la lecture de la sentence. Puis, on a mis les menottes aux condamnés qui, dans l'après-midi, ont pu recevoir leurs parents et leurs amis.
Le lendemain, à partir de 10 heures et demie, personne n'a plus été admis auprès des condamnés qui sont restés seuls avec les prêtres. A ce moment, une grande agitation se produit aux alentours de la prison. Des groupes se forment sur la place, sombres et silencieux. Les troupes viennent se masser autour de l'échafaud. Les gendarmes à cheval repoussent la foule qui grossit d'instant en instant et font la haie de la prison à l'échafaud.
Des chants religieux lentement psalmodiés s'élèvent. La porte de la prison s'ouvre, laissant d'abord le passage aux prêtres en surplis et aux moines. Ceux-ci ont la tête recouverte de la cagoule. Chacun tient en main un cierge fumeux. Une charrette traînée par des mulets vient se ranger devant la porte.
Les bourreaux de Madrid, de Séville et de Grenade pénètrent ensuite dans la prison. Le bourreau de Grenade se dirige vers les condamnés en leur disant : « Je suis l'exécuteur de la justice, pardonnez-moi ! » Zarzuela répond qu'il ne pardonne à personne. Les exécuteurs veulent ensuite revêtir de la tunique des condamnés les quatre prisonniers qui leur résistent. Busiqui, Lamela et Lebrijano cèdent presque aussitôt, mais Zarzuela se débat énergiquement on criant qu'il ne veut pas se laisser faire. Il faut de longs et vigoureux efforts pour venir à bout de sa résistance et lui faire endosser la tunique.
L'heure est venue de conduire les condamnés à l'échafaud. La garde civile et la cavalerie font reculer la foule.
Les prisonniers apparaissent escortés par des gendarmes et sont conduits à l'échafaud dans l'ordre suivant : Busiqui, Lamela, Zarzuela et Lebrijano. Busiqui et Lamela sont deux jeunes gens de vingt-cinq ans, le premier extraordinairement petit, mais vigoureux ; Lamela, celui qui a montré depuis le jugement de la cour martiale le courage le plus farouche, aurait été pris le matin, à cinq heures, d'une faiblesse. Busiqui, en montant les degrés de l'échafaud, a dit : Adieu mes enfants. Zarzuela, vrai type de l'Espagnol, coureur de posadas et joueur de couteau, se tourne vers la foule et prononce ces mots : Fils de Xérès, martyrs du travail... , mais le bourreau l'arrête. Le plus âgé des quatre, Lebrijano, d'une maigreur extrême, s'écrie : Je suis innocent ! Le bourreau de Grenade et ses aides s'emparent de Busiqui et de Lebrijano ; celui de Madrid prend Lamela, celui de Séville, Zarzuela. Avec un terrible ensemble, ils font asseoir les condamnés et les lient au poteau. En même temps le cou des quatre condamnés est saisi dans l'anneau de fer, les quatre bourreaux font mouvoir les leviers qui font mouvoir eux-mêmes la vis de strangulation, en même temps, ils font tomber sur la tête des malheureux le capuchon noir qui doit cacher aux spectateurs les hideuses convulsions de leurs traits et qui indique que justice est faite. Et sur la charrette qui attend, les moines de la Charité emportent peu d'instants après les quatre cadavres qu'ils vont mettre en terre dans le coin du cimetière réservé aux suppliciés.
21 février 1892
RVIZCAIN Aide confirmé
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Sujet: UNE DES RARES PHOTOS DU VRAIE GARROT... Sam 18 Fév 2012 - 10:57
C'est celui que les bourreaux appelait "garrot d'artichaut". Ce modèle est diferent de l'autre nommé "de Madrid".
Si je trouve une bonne photo de celui "de Madrid", je le posterais pour que vous voyez les diferences; toujours que le but soit exactement le même.
Adelayde Admin
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Sujet: Re: La garotte - supplice du garrot Sam 18 Fév 2012 - 11:17
Garrote vil, Ramón Casas,1894. Exécution publique par le garrot à Barcelone. Huile, 127x166.2 cm. Museo Nacional Centro de Arte Reina Sofia, Madrid
"L’art est le cordon ombilical qui nous rattache au divin" - Nikolaus Harnoncourt
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Benny Monsieur de Paris
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Sujet: Re: La garotte - supplice du garrot Sam 18 Fév 2012 - 18:49
RVIZCAIN a écrit:
C'est celui que les bourreaux appelait "garrot d'artichaut". Ce modèle est diferent de l'autre nommé "de Madrid".
Si je trouve une bonne photo de celui "de Madrid", je le posterais pour que vous voyez les diferences; toujours que le but soit exactement le même.
Et effectivement, on comprend rapidement qu'il faut une poutre, sinon on n'étrangle pas mais on fait un gros trou dans la colonne.
Le bourreau breton Exécuteur cantonal
Nombre de messages : 124 Age : 30 Localisation : Plonévez-Porzay (à coté de Douarnenez), Finistère (29) Emploi : Etudiant dans les Métiers de l'Enseigne et de la Signalétique (MES) Date d'inscription : 23/02/2012
Sujet: Re: La garotte - supplice du garrot Jeu 23 Fév 2012 - 21:16
Bonsoir Carnifex,
Le film horrible que tu évoques, ne serais-ce pas ''1492-Christophe Colomb'', avec Gérard Depardieu ?
Je me rappelles effectivement que plusieurs hommes accusés d'avoir maltraité les indiens furent comdamnés à mort et exécutés de cette manière. Sans cagoule. Avec bave et bruits des cervicales brisées. Une horreur, comme tu l'indiques si bien.
CARNIFEX Admin
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Sujet: Re: La garotte - supplice du garrot Dim 26 Fév 2012 - 17:47
Bonjour bourreau breton et bienvenue!
Je ne me souviens plus dans quel film c'était. Je revois juste un public nombreux et très silencieux, ce qui permettait de percevoir les râles d'agonie du supplicié qui bavait.
Beurk...
D'après mes souvenirs cela devait avoir lieu au XVIème-XVIIème siècle car les costumes correspondaient.
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Adelayde Admin
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Sujet: Re: La garotte - supplice du garrot Dim 2 Sep 2012 - 17:11
Le 20 août 1897, exécution de l'anarchiste italien Michele Angiolillo, au garrot vil, dans la cour de la prison de Vergara (Guipúzcoa), Pays Basque, pour son attentat du 8 août 1897 contre le président du Conseil espagnol Antonio Cánovas. Son exécution, photographiée par la presse, est l'un des premiers témoignages visuels de cette barbarie étatique.
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Filomatic Monsieur de Paris
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Sujet: Les crimes du Jarabo Dim 10 Mar 2013 - 22:18
José María Jarabo Pérez Morris, tueur en série a été exécuté avec la Garotte Vil à Madrid le 4 Juillet 1959, pour le meurtre de quatre personnes de sang-froid, deux hommes et deux femmes.
José María Jarabo, le Tueur.
Les victimes.
Amparo Alonso Bravo, avec une balle dans la tête.
Son époux, Felix Lopez Robledo, une autre balle dans la nuque.
José María Jarabo fut le dernier exécuté avec la garotte dans l'Espagne de 1959. Le dernier du crime de droit commun.