Sujet: Souvenirs d'un directeur de prison Lun 24 Nov 2014 - 9:29
Dabat B. et P. Souvenirs d’un directeur de prison. Editions et publications contemporaines, Paris, 1929. 164 pages. Avec illustrations et fac-similés.
M. Dabat.
Quotidien Le Journal, du 03-11-1926. (source : gallica.bnf.fr)
" LEURS PRISONS " ou trente-cinq ans de la vie d’un directeur du Dépôt
M. Dabat, directeur du Dépôt, va prendre sa retraite. De toutes les personnes qui ont passé leur existence dans les prisons, il y en a peu qui puissent dire comme M. Dabat : « Sans peur et sans reproche, je serai regretté de tous ceux qui m'ont connu. » Cet éminent fonctionnaire entra pour la première fois à la Tour pointue en qualité de commis-grefier ; à titre d'avancement on l'envoya comme économe adjoint à Saint-Lazare, puis économe à Fresnes, enfin, économe central des prisons de Paris. Il fit preuve de tant de qualités professionnelles qu'on l'envoya directeur à la centrale de Riom ; de là il vint diriger la Santé et, enfin, le Dépôt et la Conciergerie. Cela fait, au total, trente-cinq années de présence permanente dans les coulisses du drame . Il serait bien extraordinaire qu'au bout d'une pareille vie un homme n'eût point gardé contre la société une pointe d'humeur.
Chez M. Dabat, cette humeur n'est heureusement point grave; elle ne se manifeste guère que contre les journalistes. Il leur interdit rigoureusement sa porte et comme c'est une porte de prison, il est inutile d'insister. Aussi n'est-ce point de M. Dabat lui-même que nous avons connu les projets qu'il caresse pour le jour prochain où, muni de sa levée d'écrou, il franchira la grille du Dépôt et entrera dans le monde pour y rencontrer certainement quelques flgures déjà vues.
M. Dabat écrira ses Mémoires : un volume, peut-être deux, qui pourraient s'intituler : Leurs prisons. Ce livre nous apprendra des choses curieuses, touchantes, navrantes et peut-être terribles, car l'auteur aura connu tous les voleurs, les criminels, les passionnés, les ambitieux vaincus, les révoltés, qui ont peuplé la chronique de ces vingt dernières années. Il a assisté aux minutes ultimes d'une trentaine de condamnés, depuis le trop fameux Liabeuf dont l'exécution mouvementée marqua la « rentrée » de la Veuve jusqu'aux fusillés de Vincennes qui firent un stage à la Santé ; il a vu mourir le bandit Lacombe qui se jeta du toit de la prison (5 avril 1913. Anarchiste, auteur de plusieurs meurtres) ; il a réglé la triste mise en scène du supplice de Duchemin, le parricide ; il a connu la bande à Bonnot, et particulièrement l'énigmatique Dieudonné, — aujourd'hui bagnard modèle, — qui, dans une lettre a M. Dabat, abjura sa foi anarchiste ; il sait bien des choses sur Duval, Almereyda et leurs amis ; il hébergea des hommes politiques célèbres et nous dira, à propos de l'un d'eux, comment son avenir administratif faillit être compromis. Oh ! peu de chose. Un baiser, un tout petit baiser.
C'était à l'époque où il y avait foule à la Santé ; les gardiens étaient surmenés. Un jour, ils laissèrent entr'ouverte la porte de la cellule d'un ancien président du Conseil qui attendait la visite du juge d'instruction. Mais Mme la présidente arriva et, circulant dans la prison avec une certaine habitude, entra dans la cellule pour embrasser son mari. Or, le juge entra à son tour. et vit la touchante scène. L'histoire faillit tourner mal. M. Dabat eut d'autres ennuis : il arriva à la Santé à l'époque où l'on pratiquait, avec une aisance qui faisait la joie des humoristes, « l'évasion par substitution ». Mais M. Dabat mit bon ordre à cela, et il nous racontera comment. Son œuvre sera agrémentée de la plus pittoresque collection de poésies, d'aquarelles et de dessins exécutés, c'est bien le mot, « dans les prisons » ; on y lira des couplets que Bruant n'eût pas désavoués et on y admirera des peintures fort sages qui se tiennent à une égale distance du genre pompier et de la façon douanier (Henri Rouseau, ancien employé de l’octroi de Paris, peintre amateur devenu mondialement célèbre).
Ajoutons que le directeur du Dépôt fût un fonctionnaire à la fois sévère, courtois et juste, du moins tous les gens qui ont eu affaire à lui, et particulièrement ses subordonnés, l'affirment. Il est bon de n'avoir là-dessus aucun avis personnel. Son livre sera lu certainement avec plaisir, notamment par ceux qui n'y trouveront point leur nom. — L. B.
* Le livre est en ligne sur ENAP : http://data.decalog.net/enap1/liens/fonds/T13A35.PDF (Le chapitre VI est consacré à la Veuve. Page 53 à 61).
Invité Invité
Sujet: Re: Reférences livres Mer 28 Jan 2015 - 18:13
PARU AUJOURD'HUI :
Scènes de crimes. Sous la direction de Philippe Charlier. Editions du Rocher. Une centaine de photographies parvenant des archives de la Préfecture de police de Paris.
L'affaire du bois de Vincennes. Homme trouvé ligoté dans le lac Daumesnil. (Préfecture de police)
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Sujet: La guillotine au secret Ven 17 Juil 2015 - 14:15
Je viens de commander, pour 12.00 €, cet ouvrage, d'occasion, qui est en état "Comme neuf".
Quelqu'un parmi vous connait-il ce livre ? Quel est votre avis ?
Merci et bon week-end.
CARNIFEX Admin
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Sujet: Re: Reférences livres Sam 18 Juil 2015 - 18:37
Je ne l'ai pas lu. Merci de me dire ce qu'il vaut quand vous l'aurez fini.
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viking Bourreau de village
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Sujet: Re: Reférences livres Mer 19 Aoû 2015 - 15:36
Bonjour à toutes et tous.
Je viens de terminer "La guillotine au secret".
Très instructif, mais un peu rébarbatif à lire. (A mon humble avis). Ou alors, pas des heures d'affilées. (C'est pour cela que je donne mon sentiment aussi tard). A part 2 ou 3 anecdotes, vous n'y trouverez rien comme dans "Le carnet noir du bourreau", Anatole Deibler, profession: Bourreau" ou "Paroles de bourreau" Comme expliqué plus bas, ce n'est pas le but de cet ouvrage. J'ai pour habitude de relire de temps en temps, certains livres que j'apprécie particulièrement. Ce ne sera pas le cas pour celui-ci. Une chose très désagréable: Les renvois obligent à aller en fin de livre pour lire les notes s'y rapportant. Sur la liste des exécutions de 1870 à 1939, nombreuses erreurs de dates. (Il ne semble pas que l'auteur se soit renseigné réellement sur les exécutions de cette période, et qu'il a copié simplement une liste trouvée sur internet, recopiant en même temps les erreurs de cette dite liste...)
Voici un article sur ce livre, parmi d'autres, mais qui résume bien, à mon avis, le contenu de cet ouvrage. Il sera bien plus éloquent que moi... A acheter si vous le trouvez d'occasion pour une somme modique, comme moi (12.00 €).
Emmanuel Taieb publie ici une version remaniée de sa thèse de science politique soutenue en 2006. L’ouvrage conserve de son origine universitaire un certain nombre de pesanteurs, comme de multiples références aux autorités (en premier lieu Norbert Elias et Michel Foucault), de nombreuses discussions historiographiques très pointues et parfois un style un peu jargonnant. Il reproduit aussi des tableaux aussi utiles qu’instructifs (sur les principaux lieux d’exécution en France, les dates d’abandon des principales pratiques punitives, une comparaison entre l’abolition de la peine de mort et celle de sa publicité dans les différents pays occidentaux, et last but not least, la liste nominale des 566 personnes exécutées entre 1870 et 1939 – parmi elles, quatre femmes seulement). L’auteur retrace avec précision les étapes qui mènent à la suppression de la publicité des exécutions capitales, et donc la mise au secret de la guillotine – d’où le titre, qui semble pour le coup prêter à confusion. Cette question, qui n’est pas celle de l’abolition mais qui évidemment lui est liée, relève à la fois d’enjeux juridique, sociologique, politique et culturel : l’éventail des sources (l’auteur a privilégié la presse et les archives judiciaires) et des auteurs (de Durkheim à Corbin) convoqué par E. Taieb donne une idée de l’ampleur de ce travail. Elle lui permet aussi, à côté de considérations plus structurelles, de faire une histoire riche en récits – y compris en sollicitant la littérature avec Hugo, Thackeray, Tourgueniev, Villiers de L'Isle-Adam – et en portraits, que ce soit celui du condamné ou du bourreau. Malgré un certain nombre d’initiatives parlementaires, la publicité de la peine capitale ne sera jamais abolie par la chambre des députés (puisque c’est finalement par un décret du gouvernement qu’elle le sera) au motif que cette mesure soit interprétée comme « un adoucissement pénal ». Pourtant, et l’auteur le détaille avec précision, les autorités politiques tendent à en rogner progressivement les aspects les plus spectaculaires : suppression de l’échafaud surélevé, généralisation des abords de la prison comme lieu des exécutions, restriction des prises de vue, avancement de l’exécution à une heure de plus en plus matinale… La publicité n’est abolie qu’avec le décret-loi du 24 juin 1939, passé inaperçu en raison du contexte, alors qu’elle l’avait été dès 1860 aux Pays-Bas, en 1868 en Angleterre… La IIIe République a repris donc sans le modifier le code pénal de 1791 qui stipule la nécessité d’exécuter en public. Un tel retard de la France républicaine à accomplir ce « saut démocratique » (p. 254) ne manque pas d’interroger – comme toutes proportions gardées, la répugnance à accorder le droit de vote aux femmes. A ce titre, la démonstration de l’auteur n’est pas totalement convaincante : à opposer symétriquement une sensibilité humanitariste républicaine à un rétentionnisme assimilé à la droite (p. 68, 78), elle rend mal une attitude plus complexe de la gauche patriote à l’égard de la guillotine, au-delà de triviales considérations électoralistes. De même, l’absence d’étude du discours religieux, réduit au rang de simple outil du politique, aurait peut-être permis d’amener davantage de nuances – en partant des récits laissés par les aumôniers, figure obligée du rituel. Surtout, et c’est là que réside l’intérêt du livre, la publicité de la peine de mort est présentée comme un « rituel politique de violence », une démonstration de pouvoir, au sens où la peine sert la souveraineté avant tout (p. 12). Dans cet esprit, on lira avec ravissement l’aparté consacré au « chauvinisme du mode d’exécution » (p. 203-204). L’exécution publique, de plus en plus concurrencée par d’autres cérémonies publiques, est un rituel d’obéissance par lequel s’exerce la légitimation politique du pouvoir (avec, selon les calculs de l’auteur, 5800 spectateurs en moyenne dans les villes de province). La réduction du nombre d’exécuteurs à un seul pour le territoire métropolitain comme le dessaisissement de la cour d’assises de désigner une place publique particulière disent bien la volonté de faire de l’exécution une démonstration de la centralité du pouvoir. La contestation puis l’abandon de la publicité, ainsi que la disqualification de la présence de la foule, relèvent d’une mutation des sensibilités, d’un processus de civilisation, où la violence d’Etat est dissimulée, renfermée ou, pour mieux dire l’ambiguïté du processus, refoulée. En bref, un livre qui donne un regard à la fois neuf1, acéré et complet sur un point significatif de notre histoire collective.
CARNIFEX Admin
Nombre de messages : 1823 Age : 52 Localisation : Angers(Maine et Loire) Emploi : Justice Date d'inscription : 20/02/2006
Sujet: Re: Reférences livres Mer 19 Aoû 2015 - 18:27
Merci de votre avis. Du coup, je ne pense pas lire ce livre.
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viking Bourreau de village
Nombre de messages : 61 Age : 66 Localisation : IDF, Normandie Date d'inscription : 13/05/2015
Sujet: Re: Reférences livres Jeu 20 Aoû 2015 - 18:28
Je mets ici la table des matières, des fois que:
Bonne soirée à toutes et tous...
Phil Exécuteur cantonal
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Y a ça qui est sorti. J'ai commencé à lire l'affaire Fualdès. Et reconnaissons que c'est plutôt bien fait. Je vous invite donc à vous le procurer au plus vite.
smic77230 Monsieur de Paris
Nombre de messages : 1097 Age : 43 Date d'inscription : 04/12/2019
Sujet: Guillotine en Haute-Loire Sam 10 Juil 2021 - 10:59
Bonjour,
Sylvain/Némo m'a fait connaitre l'existence du livre de Marie-Martine Laulagnier de Barba, intitulé "Mémoires de la 1ère guillotine de Haute-Loire (Louison et ses Charlots, 1792-1840)".Qu'il en soit chaleureusement remercié
Nemo aime ce message
CARNIFEX Admin
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Sujet: Re: Reférences livres Sam 1 Avr 2023 - 14:18
Donne le livre de Jean-Claude Choffet Au pied de l'échafaud - Les dernières exécutions capitales en Suisse romande 1834-1902. A prendre sur Paris ou à expédier.
172 pages, édition de 1980 Encart de 24 documents. Bon état.
smic77230 Monsieur de Paris
Nombre de messages : 1097 Age : 43 Date d'inscription : 04/12/2019
Sujet: Re: Reférences livres Dim 2 Avr 2023 - 8:24
Bonjour,
Il doit vous manquer certaines pages au niveau des documents, mon bouquin en a 30.
mercattore Exécuteur régional
Nombre de messages : 491 Age : 82 Localisation : Paris Emploi : Retraité de l'édition du livre Date d'inscription : 13/03/2019
Sujet: Re: Reférences livres Dim 2 Avr 2023 - 10:31
Oui, il y a bien 30 docs. Des pages étaient collées.