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| Poètes, vos papiers | |
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Auteur | Message |
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Invité Invité
| Sujet: Re: Poètes, vos papiers Jeu 12 Mar 2009 - 16:01 | |
| - Olympe de Gouge a écrit:
- Bonsoir, Albert. Merci pour votre billet doux !
Si je vous suis, où me conduirez-vous ? Bonjour, Olympe ! Mais je vous conduirai volontiers à la potence de Sa Gracieuse Majesté, suivant en cela les traces de mon bon maître - virtuel - feu Albert Pierrepoint,qui mena quelques jolies femmes dans l'autre monde de façon expéditive...la dernière étant la très belle Ruth Ellis... A ce propos, avez-vous vu le remarquable film " Pierrepoint ", avec Timothy Spall et Juliet Stevenson ? Sinon, on le trouve en DVD aux USA sans problèmes. Bonne journée. |
| | | Olympe de Gouge Bourreau de village
Nombre de messages : 52 Age : 71 Localisation : USA Emploi : comptabilité Date d'inscription : 04/03/2009
| Sujet: Re: Poètes, vos papiers Jeu 12 Mar 2009 - 20:04 | |
| Rebonsoir, Albert !
Oui, j'ai vu ce bon film. Je trouve que Timothy Spall a très bien joué le rôle de ce grand bourr -
Ouf ! Pardon ! Ce mot-là lui déplaisait. Je me reprends donc: A mon avis, Spall a bien joué le rôle de cet exécuteur qui faisait ses offices d'une manière discrète et compatissante.
J'ai aussi lu ses mémoires. Il me semble que M. Pierrepoint était un homme convenable et sympathique. | |
| | | Emka Aide confirmé
Nombre de messages : 33 Age : 49 Localisation : Finistère Emploi : en recherche d'emploi Date d'inscription : 09/02/2009
| Sujet: Bel écrit Lun 23 Mar 2009 - 17:33 | |
| Il est magnifique ce poème , Olympe , j'aime particulièrement le troisième couplet : [quote]Comme des fleurs flétries, les étoiles s'étiolent. Un nain rouge s'éteint dans un rond de fumée. J'embrasserai la mort avec mes bras liés. La lune vole bas comme une luciole. , et je me demande : Qui est , ou qu'est-ce donc , ce nain rouge qui s'éteint dans un rond de fumée ? | |
| | | Olympe de Gouge Bourreau de village
Nombre de messages : 52 Age : 71 Localisation : USA Emploi : comptabilité Date d'inscription : 04/03/2009
| Sujet: Re: Poètes, vos papiers Lun 23 Mar 2009 - 20:24 | |
| Bonsoir, Emka.
Je vous remercie de vos commentaires.
Pour répondre à votre question, ce vers fait allusion à la dernière cigarette que l'on offrait aux condamnés à mort juste avant leur exécution. Le "nain rouge" est le petit feu qui brûle au bout de la cigarette. Le mégot, donc, s'éteint avec les étoiles. | |
| | | Emka Aide confirmé
Nombre de messages : 33 Age : 49 Localisation : Finistère Emploi : en recherche d'emploi Date d'inscription : 09/02/2009
| Sujet: Nain rouge Lun 23 Mar 2009 - 21:13 | |
| Merci ... Je ne pensais pas du tout à cela , c'est joli et très bien tourné , ainsi ce poème serait l'oeuvre de votre illustre homonyme ? je ne connais pas son histoire , il me semble qu'un écrivain , Michel Bourguignon , l'évoque dans un sympathique petit roman intitulé " La première avocate " , qui raconte l'histoire de Victoire de Villirouet ( il y a un tréma sur le E du nom de cette dernière , mais je ne sais pas le faire au clavier ) , la première femme en France à avoir endossé le rôle d'avocate afin de défendre son mari , menacé de l'échafaud . | |
| | | Olympe de Gouge Bourreau de village
Nombre de messages : 52 Age : 71 Localisation : USA Emploi : comptabilité Date d'inscription : 04/03/2009
| Sujet: Re: Poètes, vos papiers Lun 23 Mar 2009 - 23:10 | |
| Rebonsoir, Emka.
Olympe de Gouge (personnage historique) n'est pas l'auteur de ce poème. C'est moi qui l'ai composé. Quand j'étais à l'université, j'ai suivi des cours de littérature française. Comme j'ai toujours bien aimé la poésie, j'ai fait très attention aux leçons concernant la versification. Par conséquent, j'arrive (plus ou moins) à composer des alexandrins classiques.
L'histoire de Victoire de Villirouët paraît être très intéressante. Il faudra que je cherche le roman dont vous avez parlé. | |
| | | Emka Aide confirmé
Nombre de messages : 33 Age : 49 Localisation : Finistère Emploi : en recherche d'emploi Date d'inscription : 09/02/2009
| Sujet: Entendez-vous Lun 23 Mar 2009 - 23:46 | |
| Houp's ... Désolée j'avais compris de travers en tous cas , félicitations , c'est un bel écrit . Concernant le livre , peut-être pourrez vous le trouver sur le site Amazon . fr , je vous rappelle les références : Auteur : Michel Bourguignon , Titre : La première avocate , l'édition que je possède est apparemment un cadeau d'une société de magazines* ( * Bonne soirée , j'ignore si ça existe toujours ) , tenez-moi au courant , et si vous ne le trouvez pas je vous le prêterai | |
| | | Olympe de Gouge Bourreau de village
Nombre de messages : 52 Age : 71 Localisation : USA Emploi : comptabilité Date d'inscription : 04/03/2009
| Sujet: Re: Poètes, vos papiers Lun 23 Mar 2009 - 23:58 | |
| Merci, Emka ! Je ferai tout effort de trouver ce livre moi-même. Il sera difficile de me prêter votre exemplaire, comme je suis aux USA et vous, vous êtes en Finistère. | |
| | | Emka Aide confirmé
Nombre de messages : 33 Age : 49 Localisation : Finistère Emploi : en recherche d'emploi Date d'inscription : 09/02/2009
| Sujet: Entendez-vous Mar 24 Mar 2009 - 0:15 | |
| Oui , vous avez raison , je vous souhaite de trouver ce livre , et de vous délecter lors de la lecture , sur ce , bonne continuation . | |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Poètes, vos papiers Mar 24 Mar 2009 - 7:49 | |
| - Olympe de Gouge a écrit:
- Merci, Emka ! Je ferai tout effort de trouver ce livre moi-même. Il sera difficile de me prêter votre exemplaire, comme je suis aux USA et vous, vous êtes en Finistère.
Bonjour, belle Olympe ! Le livre est disponible sur Abebooks, pas cher en plus En fait, je crois qu'il y aura pour plus cher de frais d'expédition que le prix du livre lui-même... Bonne journée ! |
| | | Invité Invité
| Sujet: Maurice Rollinat - la guillotine Mer 30 Déc 2009 - 15:52 | |
| Maurice Rollinat (1846-1903) Poète et fin musicien, il monte de son Berry pour Paris, fréquentant d'importants salons littéraires mais aussi les brasseries et cabarets où il se produit s'accompagnant au piano, notamment au célèbre "CHAT NOIR" , de Salis, et impressionne fortement son auditoire par son interprétation et les thèmes de ses poésies.
Malgré le soutien d'écrivains renommée qui apprécient son oeuvre, il retourne dans le Berry où peu à peu s'accentue un état maladif, latent depuis longtemps. Pessimisme et omniprésence de la mort hante son esprit. Refusant de se soigner, il est transporté à l'hospice des incurables à Ivry-sur-Seine où il meurt en 1903. Son ouvrage le plus célèbre reste «Les névroses». Voici un de ses poèmes, où tout est dit, en peu de mots, sur un thème difficile à traiter. LA GUILLOTINE
Flac ! Le rasoir au dos de plomb Vient de crouler comme une masse ! Il est tombé net et d'aplomb : La tête sautille et grimace, Et le corps gît tout de son long.
Sur le signe d'un monsieur blond, Le décapité qu'on ramasse Est coffré, chargé : c'est pas long ! Flac !
Le char va comme l'aquilon, Et dans un coin où l'eau s'amasse Et que visite la Limace, Un trou long, argileux, oblong, Reçoit la boîte à violon : Flac ! |
| | | Pibrac Bourreau de village
Nombre de messages : 91 Age : 67 Localisation : Guyane française Date d'inscription : 14/12/2009
| | | | Invité Invité
| Sujet: Re: Poètes, vos papiers Mer 30 Déc 2009 - 19:59 | |
| La vie se compose de toutes sortes d'êtres et sa place est plutôt ici que sur le site "JEMEMARRE". |
| | | Pibrac Bourreau de village
Nombre de messages : 91 Age : 67 Localisation : Guyane française Date d'inscription : 14/12/2009
| | | | Invité Invité
| Sujet: Pour les sentimentaux: Une très belle chanson Jeu 28 Oct 2010 - 16:43 | |
| Ce petit post pour se remémorer ou faire connaître une magnifique chanson, de Georges Brassens pour la musique, et de Antoine Pol pour le texte. Georges aimait chiner aux puces de Vanves (en fait situées dans le 14ème arrondissement de Paris, à sa limite sud) et il y remarqua un bouquin de poésies, daté de 1913, "Émotions poétiques", qu'il acheta ". Une perle s'y cachait : "Les passantes".
C'est la grande force de certains artistes-compositeurs de parvenir à mettre une musique en osmose quasiment parfaite sur un texte de qualité qui serait resté confidentiel ou complètement inconnu du public sans leur intervention. Hormis Georges, on peut citer par exemple Léo Ferré pour le poète Rutebeuf, bien antérieur à François Villon, avec "Pauvre Rutebeuf" (Que sont mes amis devenus), ou du même Ferré "Merde à Vauban", de Pierre Seghers, "Sous le pont Mirabeau", de Guillaume Apollinaire etc..
Je connais peu d'hommes qui ne se soient reconnus dans "Les passantes" et c'est à coup sûr un texte qui traversera le temps.— Interprétation par Georges Brassens : https://www.youtube.com/watch?v=l4Q7urIVYAE — Interprétation par Maxime Leforestier : https://www.dailymotion.com/video/x5texv_maxime-le-forestier-les-passantes_music — Interprétation en duo de Brassens et Leforestier: https://www.dailymotion.com/video/xk1un_les-passantes-live-duo_music * Les avis sont partagés sur les interprétations. Maxime Leforestier a un nombre non négligeable de fervents qui le préfèrent à Brassens. LES PASSANTES (version Georges Brassens) Je veux dédier ce poème A toutes les femmes qu'on aime Pendant quelques instants secrets, A celles qu'on connaît à peine, Qu'un destin différent entraîne Et qu'on ne retrouve jamais.
A celle qu'on voit apparaître Une seconde à sa fenêtre Et qui, preste, s'évanouit, Mais dont la svelte silhouette Est si gracieuse et fluette Qu'on en demeure épanoui.
A la compagne de voyage Dont les yeux, charmant paysage Font paraître court le chemin, Qu'on est seul, peut-être, à comprendre, Et qu'on laisse pourtant descendre Sans avoir effleuré sa main.
A celles qui sont déjà prises Et qui, vivant des heures grises Près d'un être trop différent, Vous ont, inutile folie, Laissé voir la mélancolie D'un avenir désespérant.
Chères images aperçues Espérances d'un jour déçues Vous serez dans l'oubli demain, Pour peu que le bonheur survienne Il est rare qu'on se souvienne Des épisodes du chemin.
Mais si l'on a manqué sa vie On songe avec un peu d'envie A tous ces bonheurs entrevus, Aux baisers qu'on n'osa pas prendre, Aux coeurs qui doivent vous attendre, Aux yeux qu'on n'a jamais revus.
Alors, aux soirs de lassitude Tout en peuplant sa solitude Des fantômes du souvenir, On pleure les lèvres absentes De toutes ces belles passantes Que l'on n'a pas su retenir. Antoine POL (1888-1971)* A noter : la suppression par Brassens de deux strophes du poème originel. |
| | | Adelayde Admin
Nombre de messages : 5716 Localisation : Pays d'Arles Date d'inscription : 02/03/2009
| Sujet: Mes 3 B Jeu 28 Oct 2010 - 18:15 | |
| Mes 3-B ? Beethoven, Brassens et Baudelaire. Merci Mercattore pour cette pensée à la veille du 29 octobre. | |
| | | Adelayde Admin
Nombre de messages : 5716 Localisation : Pays d'Arles Date d'inscription : 02/03/2009
| Sujet: La Ballade de la geôle de Reading Ven 3 Déc 2010 - 19:25 | |
| La Ballade de la geôle de Reading (Oscar Wilde - 1854-1900)
7 juillet 1896
1 Plus d’uniforme d’écarlate Car rouges sont le sang, le vin, Quand on le prit près de la morte, Du sang et du vin sur les mains, La pauvre morte qu’il aimait Et dont il devint l’assassin. Il marchait, habit gris râpé, Parmi les Hommes en Procès, Une casquette sur la tête. Son pas semblait gai et léger, Mais dans ses yeux ouverts au jour Jamais ne vis tant de regret. Tant de regret jamais ne vis Dans les yeux d’un homme, levés Vers la petite tente bleue Qu’est le ciel pour les prisonniers, Vers chaque nuage qui passe Toutes voiles d’argent gonflées. Parmi d’autres âmes en peine, Dans l’autre cercle je marchais, En me demandant si cet homme Avait commis un grand forfait, Quand une voix a dit tout bas : « Ce gars-là va se balancer ». Mon Dieu ! Les murs de la prison Soudain se mirent à tourner ; Le ciel au-dessus de ma tête Brûla comme un casque d’acier. Et bien qu’étant une âme en peine Ma peine cessai d’éprouver. Et je savais quelle hantise Animait son pas et levait Son regard vers le jour brutal Tout habité par le regret : Il avait tué son amour, Aussi, pour cela, il mourrait. *** Pourtant chacun tue ce qu’il aime, Salut à tout bon entendeur. Certains le tuent d’un oeil amer, Certains avec un mot flatteur. Le lâche se sert d’un baiser, Et d’une épée l’homme d’honneur. Certains le tuent quand ils sont jeunes, Certains à l’âge de la mort, L’un avec les mains du Désir, Et l’autre avec les mains de l’Or. Le plus humain prend un couteau : Sitôt le froid gagne le corps. Amour trop bref, amour trop long, On achète, on vend son désir. Certains le tuent avec des larmes Et d’autres sans même un soupir. Car si chacun tue ce qu’il aime, Chacun n’a pas à en mourir. *** A en mourir de mort honteuse Par un sombre jour de disgrâce. Chacun n’a pas la corde au cou Ni de chiffon dessus la face. Sous lui ses pieds ne tombent pas Dans le grand vide de l’espace. Il ne s’assied pas avec ceux Qui restent pour le surveiller, Au cas où il voudrait soustraire A la prison son prisonnier, Quand il laisse couler ses larmes Ou quand il essaie de prier. Il ne s’éveille pas pour voir L’effroi dans le petit matin, Un aumônier en robe blanche, Un gendarme dur et chagrin, Le gouverneur vêtu de noir, Visage jaune du Destin. Il ne se lève pas en hâte Pour se vêtir en condamné, Sous le rire gras du docteur Qui note ses tics affolés, Lui dont la montre fait le bruit De coups de marteau assénés. Et il ne ressent pas la soif Qui vient lui sabler le gosier, Quand le bourreau pousse la porte Avec ses gants de jardinier, Pour l’attacher de trois courroies Qui tuent la soif de son gosier. Point ne s’incline pour entendre L’office funèbre qu’on lit, Pas plus qu’il ne voit son cercueil Quand son âme angoissée lui dit Qu’il n’est pas mort, et qu’il pénètre Au cœur de cet horrible abri. Il ne regarde pas le ciel Au-delà de ce toit de verre, Et pour que meure son angoisse, Lèvre d’argile sans prière, Point ne sent sur sa joue qui tremble De Caïphe un baiser de pierre.
2 Le soldat, habit gris râpé, Fut six semaines à marcher, Une casquette sur la tête. Son pas semblait gai et léger, Mais dans ses yeux ouverts au jour Jamais ne vis tant de regret. Tant de regret jamais ne vis Dans les yeux d’un homme, levés Vers la petite tente bleue Qu’est le ciel pour les prisonniers, Vers chaque nuage qui traîne Sa toison blanche échevelée. Sans mains tordues, comme ces hommes, Ces pauvres hommes sans espoir, Qui osent nourrir l’espérance Dans le caveau du désespoir : Il regardait vers le soleil Et buvait l’air frais jusqu’au soir. Sans mains tordues, sans une larme, Sans un regard ni un soupir, Il buvait l’air comme l’on boit, Pour oublier, un élixir ; La bouche pleine de soleil Comme de vin ou de désir. Et les âmes en peine et moi, Dans l’autre cercle nous marchions. Etions-nous maudits et coupables D’un crime, d’un forfait ou non ? Et nous regardions d’un oeil las Le promis à la pendaison. Etrange de l’apercevoir, Passer d’un pas gai et léger. Etrange ce regret surpris Dans ses yeux vers le jour levés. Etrange de penser enfin Qu’il aurait sa dette à payer. *** Le chêne et l’orme ont un feuillage Qui pousse au temps des primevères ; Lugubre est l’arbre du gibet, Racine mordue des vipères. Mais sec ou vert, l’homme y mourra Avant les fruits que l’on espère. Là-haut est le siège de grâce, Où tous nos efforts veulent tendre. Mais qui, à la corde de chanvre, Du haut d’un échafaud veut pendre, Ou par le col du meurtrier Veut voir en dernier le ciel tendre ? Danser au son des violons, La Vie et l’Amour sont précieux. Au son des luths, au son des flûtes, Danser est rare et délicieux. Mais pas de douceur quand on danse En l’air, d’un pied souple et gracieux. Nous l’observions, jour après jour, Lourds de questions, l’œil indiscret, En craignant que chacun de nous Ne finisse sur le gibet, Car qui sait vers quel rouge Enfer L’âme aveugle peut s’égarer. Bientôt le mort ne marcha plus Parmi les Hommes en Procès, Et je sus qu’il était debout Dans le banc noir des accusés, Et que, par bonheur ou malheur, Jamais je ne le reverrais. Tels des vaisseaux dans la tempête, Nos deux chemins s’étaient croisés, Sans même un signe et sans un mot, Nous n’avions mot à déclarer ; Nous n’étions pas dans la nuit sainte Mais dans le jour déshonoré. Entourés d’un mur de prison, Nous n’étions que deux réprouvés, Chassés tous deux du cœur du monde, Et de Dieu même abandonnés : Nous étions pris aux dents de fer Du piège tendu au péché.
3 Dans la cour les pavés sont durs, Le mur suintant est élevé. C’était ici qu’il prenait l’air Sous le ciel de plomb, escorté (Car on craignait que l’homme meure), Par deux gardiens à ses côtés. Ou il s’asseyait avec ceux Qui jour et nuit le surveillaient, Au cas où il voudrait soustraire A l’échafaud son condamné, Quand il se levait pour pleurer, Quand il se baissait pour prier. Le gouverneur se montrait ferme Sur le règlement, la pratique. Le docteur expliquait la mort Comme un simple fait scientifique. L’aumônier laissait chaque jour Un opuscule en viatique. Deux fois par jour un pot de bière Et une pipe qu’il fumait, Et dans son âme résolue La peur ne pouvait se cacher. Souvent il se disait heureux Que le jour du bourreau soit près. Pourquoi cette parole étrange Qu’aucun gardien ne demandait ? Car celui qui a pour destin D’être gardien, de surveiller, Doit avoir pour visage un masque Et garder les lèvres scellées. Sinon il pourrait s’émouvoir, Essayer de réconforter. Que ferait la Pitié Humaine Dans le Trou clos des Meurtriers ? Quel mot de grâce en un tel lieu Dire à son frère pour l’aider ? Nous nous traînions dans notre cercle Comme des Fous à la Parade ! Peu importait, car nous étions Du Diable la triste Brigade : Tête rasée et pieds de plomb, Quelle joyeuse mascarade ! Rompre la corde goudronnée En étoupe, les doigts en sang. Récurer portes et planchers, Puis frotter les barreaux brillants, Sur deux rangs savonner le sol, Et cogner nos seaux bruyamment. Coudre des sacs, casser des pierres, Et, dans la poussière, forer. Hurler un cantique en heurtant Nos quarts, et au moulin suer. Au fond de nos cœurs, immobile, Une terreur veillait cachée. Comme une mer alourdie d’algues Les jours se traînaient lentement. On oublia le lot amer De la dupe et du chenapan. Mais un soir, rentrant de corvée On passa près d’un trou béant. La gueule jaune de la tombe Une proie vivante attendait, Et la boue réclamait du sang Au cercle d’asphalte assoiffé. Nous sûmes qu’avant l’aube claire Un homme se balancerait. La Mort, la Peur et le Destin, Nous laissèrent l’âme occupée. Le bourreau et son petit sac Traversèrent l’obscurité : Chacun trembla en se glissant Dans sa tombe numérotée. *** Ce soir-là, des formes de peur Remplirent les couloirs déserts ; Des pas glissèrent en silence Dans toute la cité de fer ; Près des barreaux, nuit sans étoiles, Des visages blêmes guettèrent. Il reposait comme on repose Et rêve, en un plaisant jardin. Les gardiens l’observaient dormir Et se demandaient incertains : Comment peut-on rester si calme Quand le bourreau vient au matin ? Point de sommeil quand vont pleurer Ceux-là qui n’ont jamais pleuré : Car nous - escrocs, dupes, fripons - Toute la nuit avons veillé. Nos esprits et nos mains de peine Vivaient la peur du condamné. *** Eprouver le remords d’un autre ! Comment supporter cette horreur ? Percés de l’épée du Péché Jusqu’à sa garde de malheur. Le sang que nous n’avions versé Coulait dans le plomb de nos pleurs. Et les gardiens chaussés de feutre Venaient aux portes verrouillées Pour observer, l’œil plein d’effroi, Des hommes gris agenouillés, Etonnés de voir en prière Ceux qui n’avaient jamais prié. Nuit de prières à genoux, Comme les veilleurs fous d’un mort ! Les plumets troublés de minuit Plumets de voiture des morts. L’éponge trempée de vinaigre Avait l’âcreté du remords. Chant du coq gris, puis du coq rouge, Mais le jour ne s’est pas levé. Les formes tordues de la peur Rampaient où nous étions couchés. Les esprits malins de la nuit Par devant nous semblaient jouer. Ils passaient et repassaient vite, Tels des voyageurs dans la brume, En délicats tours et détours D’un rigodon devant la lune. Au rendez-vous vinrent les spectres, Grâce formelle, inopportune. On les vit s’enfuir grimaçants, Ombres frêles, main dans la main ; Ici et là, troupe fantôme Qui menait le bal du Malin. Arabesques, damnés grotesques, Le vent sur le sable au matin ! Pirouettes de marionnettes, Danse des pieds, danse des corps, Et leurs flûtes soufflaient la peur. Un chant si long, un chant si fort, Pour une affreuse mascarade, Un chant à réveiller le mort. Ho ! Criaient-ils. Le monde est vaste ! Boiteux sont les pieds entravés ! Jeter les dés une ou deux fois Est un jeu des plus distingués. Dans la triste Maison de Honte, Perd qui joue avec le Péché. *** Ces bouffons étaient bien réels Qui folâtraient avec gaîté. Pour ceux qui étaient dans les fers, Dont les vies souffraient enchaînées, Plaies du Christ ! Ils étaient vivants Et terribles à regarder. Ici, là, ils valsaient, tournaient ; Ceux-là, en couple, minaudant ; Dans l’escalier, une cocotte A pas menus, allait devant ; Ricanement, oeillade en coin, Dans nos prières nous aidant. *** Le vent du matin a gémi Mais la nuit poursuivit sa veille, Car sur son métier géant, l’ombre Tissait sa trame de merveille. Et en priant, nous prenions peur De la justice du Soleil. Le vent du chagrin vint rôder Aux murs de la prison des pleurs, Et une roue d’acier grava Chaque minute en notre cœur. Vent du chagrin ! Qu’avions-nous fait Pour mériter tel commandeur ? Puis je vis l’ombre des barreaux Comme un treillis de plomb fondu, Devant mon lit fait de trois planches, Trembler sur le mur blanc et nu. Et, sur le monde, la terrible Aurore de Dieu répandue. *** A six heures, grand nettoyage, A sept heures, tout se calmait. Mais l’envol d’une aile puissante Dans la prison sembla vibrer. Souffle glacé, le Dieu de Mort, Venait d’y entrer pour tuer. Il n’avait pas l’éclat du pourpre, Ne montait pas de blanc coursier. Rien qu’une corde et une trappe Que la potence réclamait ; Le Héraut du lacet de honte Accomplissait l’acte secret. *** Comme des hommes qui tâtonnent Dans l’ordure d’un marais noir, Nous n’osions dire une prière Ni montrer notre désespoir. Une chose était morte en nous Et cette chose était l’Espoir. La sinistre Justice humaine Suit droit sa route rigoureuse. Fauche le fort, fauche le faible, D’une démarche malheureuse. D’un talon de fer tue le fort, La parricide monstrueuse ! *** Et nous attendions les huit heures, La langue de soif épaissie ; Les huit coups sont ceux du Destin Par lequel un homme est maudit. Le Destin prend un nœud coulant Pour le meilleur et le bandit. Car nous n’avions rien d’autre à faire Qu’attendre que l’heure ait sonné. Comme des rochers solitaires Nous restions sans bouger, muets, Mais chaque cœur battait très fort Comme un tambour de forcené ! *** Puis l’horloge de la prison A fait vibrer l’air brusquement, Et la geôle émit une plainte Dans son désespoir impuissant, Cri de lépreux dans son repaire Au fond de marais effrayants. Comme on voit des choses horribles Dans le cristal d’un rêve enfui, Nous vîmes la corde de chanvre Fixée à la poutre noircie, Et le bourreau qui étranglait Une prière dans un cri. Cette douleur qui l’étreignit, Jusqu’à pousser ce cri hanté, Regrets violents, sueur de sang, Nul mieux que moi ne les connaît : Qui a vécu plus d’une vie, Plus d’une mort doit éprouver.
4 Pas d’office dans la chapelle Le jour où un homme est pendu. L’aumônier a le cœur trop faible Ou le visage trop tendu, Ou ce qui s’écrit dans ses yeux Par aucun ne doit être lu. On nous boucle jusqu’à midi, Puis on sonne la cloche vive. Des gardiens la clef sonore ouvre Les cellules trop attentives. Pour prendre l’escalier de fer De son Enfer chacun s’esquive. Dans l’air pur de Dieu nous sortons, Mais pas comme à l’accoutumée, Car un visage est blanc de peur, Gris l’autre visage levé, Mais dans des yeux ouverts au jour Jamais ne vis tant de regret. Tant de regret jamais ne vis Dans les yeux des hommes, levés Vers la petite tente bleue Qu’est le ciel pour les prisonniers, Vers chaque nuage qui passe Dans une heureuse liberté. Parmi nous, il y avait ceux Qui avançaient tête baissée. Ils savaient qu’une vraie justice Aurait dû les exécuter. Il n’avait tué qu’un vivant. Eux, c’est le mort qu’ils avaient tué. Car celui qui pèche deux fois Livre une âme morte aux tourments, L’extrait de son linceul taché, Fait à nouveau couler son sang, Fait couler d’énormes caillots, Et la fait saigner vainement ! *** Singes, clowns, habits monstrueux Marqués de flèches étoilées, Nous tournions, sans fin, en silence, Glissant dans le cercle asphalté, Nous tournions, sans fin, en silence, Sans qu’un seul mot soit prononcé. Nous tournions, sans fin, en silence, Et soufflait le terrible vent, Dans l’esprit vide de chaque homme, De ses souvenirs effrayants. Car si l’Horreur rampait derrière, La Terreur paradait devant. *** Surveillant leur troupeau de brutes, Tous les gardiens se rengorgeaient, Avec leur tenue du dimanche, L’uniforme qui reluisait ; Mais la chaux vive de leur bottes Nous disait ce qu’ils avaient fait. Il n’y avait que sable et boue Où s’était ouverte la tombe. Le long des murs de la prison On ne voyait aucune tombe. Un petit tas de chaux ardente Servait de linceul à cette ombre. Ce misérable a un linceul Que peu pourraient revendiquer : Au fond d’une cour de prison, Et pour sa honte dénudée, C’est là qu’il gît, les fers aux pieds, D’un drap de flamme enveloppé. Très lentement, la chaux ardente Ronge chair et os tour à tour ; Pendant la nuit, les os cassants, La chair tendre pendant le jour ; Ronge chair et os lentement, Mais ronge les cœurs pour toujours. *** Pendant trois ans, on ne pourra Ici, ni planter ni semer. Pendant trois ans, l’endroit maudit Sera stérile et désolé, Et, sans reproche, il fixera Le ciel d’un regard étonné. Un cœur d’assassin souillerait, Croient-ils, le grain semé ici. Faux ! La tendre terre de Dieu Est plus tendre qu’on ne le dit. La rose rouge y est plus rouge, Et la rose blanche y fleurit. Pour sa bouche une rose rouge Et une blanche pour son cœur. Qui peut savoir comment le Christ Nous dit son chemin de Sauveur ? Le bâton sec du pèlerin Devant le pape ouvre ses fleurs. *** Les roses blanches de lait ou rouges, Ici, jamais ne fleuriront. Car on ne veut nous accorder Que cailloux, silex et tessons. Ils savent que les fleurs apaisent Le désespoir de la prison. Et des roses rouges ou blanches, Jamais pétales ne tomberont Sur ce sable et sur cette boue, Près de l’affreux mur de prison, Pour dire à ceux qui tournent là : Christ est mort pour votre pardon. *** Aussi, bien que le mur affreux L’entoure de tous les côtés, Bien qu’un esprit ne puisse errer La nuit avec les fers aux pieds, Bien qu’il ne puisse que pleurer Qui repose en terre damnée, Il est en paix - ce misérable - Ou la paix sera vite en lui : Plus rien ne peut le rendre fou, Pas de Terreur en plein midi, Car il n’est ni Soleil ni Lune Dans la Terre obscure où il gît. *** Ils l’ont pendu comme une bête : Le glas n’a même pas sonné, Un requiem qui eût offert La paix à son âme angoissée. Puis ils l’ont emporté très vite Et dans un trou ils l’ont caché. Ils lui ont ôté ses habits, Aux mouches l’ont abandonné : Ils ont raillé son regard fixe Et sa gorge rouge et enflée, Puis ont jeté avec un rire Leur linceul sur leur condamné. Et l’aumônier n’a pas prié Sur sa tombe déshonorée, Ne l’a pas marquée de la Croix Qu’aux pécheurs le Christ a donnée ; Pourtant cet homme était de ceux Que Jésus descendit sauver. Mais tout est bien ; il a franchi La borne à la Vie assignée : Les larmes d’autrui empliront L’urne brisée de la Pitié ; Des réprouvés le pleureront ; Toujours pleurent les réprouvés.
5 Je ne sais si la Loi a tort Ou si la Loi est équitable ; En prison on sait seulement Que le mur est infranchissable ; Que chaque jour est une année Dont les jours sont interminables. Mais je sais que la Loi conçue Par l’homme pour l’homme, depuis Qu’un homme osa tuer son frère Et que ce triste monde vit, Jette le grain, garde l’ivraie Dans le fond de son van maudit. Je sais aussi - il serait sage Que chacun en soit informé - Que les prisons bâties par l’homme Sont de briques d’iniquité, De barreaux pour cacher au Christ L’homme par l’homme mutilé. Des barreaux la lune est confuse Et le bon soleil aveuglé ; Ils ont bien raison de cacher Leur Enfer, car ce qu’on y fait Le fils de Dieu, le fils de l’homme Ne doivent pas le contempler ! *** Les viles actions, comme l’herbe Empoisonnée s’y épanouissent ; Seules les qualités de l’homme S’y épuisent et s’y flétrissent ; Au lourd portail l’Angoisse veille Et le Désespoir aux supplices. Parce qu’ils affament l’enfant Effrayé, pleurant jour et nuit, Flagellent le faible et l’idiot, Raillent le vieux aux cheveux gris, Certains deviennent fous ou pire Et cela sans qu’un mot soit dit. La cellule étroite où l’on vit Est latrine obscure et souillée ; Le souffle puant de la mort Obstrue la lucarne grillée ; Et tout est réduit en poussière Dans la machine Humanité. Ils nous donnent une eau saumâtre Troublée de limon répugnant ; Un pain dur, lourd de craie, de chaux, Que l’on pèse soigneusement ; Le Sommeil, hagard, ne dort pas, Il marche en implorant le temps. *** La faim maigre et la verte soif Luttent tels vipère et aspic ; Mais peu importe la pitance, Ce qui nous glace et nous détruit, C’est la pierre levée le jour Qui devient notre cœur la nuit. Minuit au cœur dans la cellule Sombre, nous tournons le foret, Nous rompons la corde en étoupe, Chacun dans son Enfer privé, Et le silence est plus affreux Que la cloche d’airain sonnée. Et jamais une voix humaine Ne nous dit un mot d’amitié ; Car l’œil derrière le judas Reste sévère et sans pitié. Là nous pourrissons dans l’oubli, Le corps et l’âme saccagés. Et ainsi, nous rouillons la chaîne De la vie, seuls et dégradés. Certains jurent et d’autres pleurent, Lui ne s’est jamais lamenté. Mais les lois de Dieu sont clémentes, Un cœur de pierre y est brisé. *** Dans la cellule ou dans la cour, De chacun se brise le cœur, Comme le vase qui donna Son trésor à notre Seigneur, Livrant dans l’antre du lépreux Du nard les précieuses odeurs. Ah ! Heureux l’homme au cœur brisé Qui gagne du pardon la paix ! Comment sans réformer sa vie Laver son âme du péché ? Comment, sans un cœur qui se brise, Le Seigneur pourrait-il entrer ? *** L’homme à la gorge enflée et rouge, L’homme aux yeux fixes et meurtris, Attend la main sainte qui s’ouvre Pour le larron en Paradis ; Pour le cœur contrit et brisé, Le Seigneur n’a aucun mépris. L’homme en rouge qui lit la Loi Laissa trois semaines de calme. C’est un temps bien court pour soigner Son âme en lutte avec son âme, Et laver les gouttes de sang Sur la main qui tenait la lame. Et ses larmes de sang lavèrent La lame et la main qui la tint ; Seul le sang peut laver le sang, Et les larmes donner les soins. Le sceau du Christ blanc comme neige Devint la marque de Caïn.
6 Dedans la geôle de Reading Est une tombe d’infamie. Dévoré par des dents de flamme, C’est là qu’un misérable gît, Il gît dans un linceul ardent Aucun nom sur sa tombe écrit. Laissons cet homme reposer. Que le Christ appelle les morts ! Nul besoin de gâcher vos larmes Ni d’exhaler de vains remords. Il avait tué son amour Aussi pour cela il est mort. Pourtant chacun tue ce qu’il aime, Salut à tout bon entendeur. Certains le tuent d’un oeil amer, Certains avec un mot flatteur, Le lâche se sert d’un baiser, Et d’une épée l’homme d’honneur.
Dernière édition par Adelayde le Mer 18 Avr 2012 - 15:55, édité 2 fois | |
| | | Adelayde Admin
Nombre de messages : 5716 Localisation : Pays d'Arles Date d'inscription : 02/03/2009
| Sujet: Ballade des pendus Ven 3 Déc 2010 - 19:31 | |
| Ballade des pendus
Frères humains, qui après nous vivez, N'ayez les coeurs contre nous endurcis, Car, si pitié de nous pauvres avez, Dieu en aura plus tôt de vous mercis. Vous nous voyez ci attachés, cinq, six : Quant à la chair, que trop avons nourrie, Elle est piéça dévorée et pourrie, Et nous, les os, devenons cendre et poudre. De notre mal personne ne s'en rie ; Mais priez Dieu que tous nous veuille absoudre !
Se frères vous clamons, pas n'en devez Avoir dédain, quoique fûmes occis Par justice. Toutefois, vous savez Que tous hommes n'ont pas bon sens rassis. Excusez-nous, puisque sommes transis, Envers le fils de la Vierge Marie, Que sa grâce ne soit pour nous tarie, Nous préservant de l'infernale foudre. Nous sommes morts, âme ne nous harie, Mais priez Dieu que tous nous veuille absoudre !
La pluie nous a débués et lavés, Et le soleil desséchés et noircis. Pies, corbeaux nous ont les yeux cavés, Et arraché la barbe et les sourcils. Jamais nul temps nous ne sommes assis Puis çà, puis là, comme le vent varie, A son plaisir sans cesser nous charrie, Plus becquetés d'oiseaux que dés à coudre. Ne soyez donc de notre confrérie ; Mais priez Dieu que tous nous veuille absoudre !
Prince Jésus, qui sur tous a maistrie, Garde qu'Enfer n'ait de nous seigneurie : A lui n'ayons que faire ne que soudre. Hommes, ici n'a point de moquerie ; Mais priez Dieu que tous nous veuille absoudre !
François Villon | |
| | | Adelayde Admin
Nombre de messages : 5716 Localisation : Pays d'Arles Date d'inscription : 02/03/2009
| Sujet: Bal des pendus Ven 3 Déc 2010 - 19:33 | |
| Bal des pendus
Au gibet noir, manchot aimable, Dansent, dansent les paladins, Les maigres paladins du diable, Les squelettes de Saladins.
Messire Belzébuth tire par la cravate Ses petits pantins noirs grimaçant sur le ciel, Et, leur claquant au front un revers de savate, Les fait danser, danser aux sons d'un vieux Noël !
Et les pantins choqués enlacent leurs bras grêles: Comme des orgues noirs, les poitrines à jour Que serraient autrefois les gentes damoiselles, Se heurtent longuement dans un hideux amour.
Hurrah! les gais danseurs, qui n'avez plus de panse ! On peut cabrioler, les tréteaux sont si longs ! Hop! qu'on ne sache plus si c'est bataille ou danse ! Belzébuth enragé racle ses violons !
O durs talons, jamais on n'use sa sandale ! Presque tous ont quitté la chemise de peau; Le reste est peu gênant et se voit sans scandale. Sur les crânes, la neige applique un blanc chapeau:
Le corbeau fait panache à ces têtes fêlées, Un morceau de chair tremble à leur maigre menton: On dirait, tournoyant dans les sombres mêlées, Des preux, raides, heurtant armures de carton.
Hurrah! la bise siffle au grand bal des squelettes ! Le gibet noir mugit comme un orgue de fer ! Les loups vont répondant des forêts violettes: A l'horizon, le ciel est d'un rouge d'enfer...
Holà, secouez-moi ces capitans funèbres Qui défilent, sournois, de leurs gros doigts cassés Un chapelet d'amour sur leurs pâles vertèbres: Ce n'est pas un moustier ici, les trépassés !
Oh! voilà qu'au milieu de la danse macabre Bondit dans le ciel rouge un grand squelette fou Emporté par l'élan, comme un cheval se cabre: Et, se sentant encor la corde raide au cou,
Crispe ses petits doigts sur son fémur qui craque Avec des cris pareils à des ricanements, Et, comme un baladin rentre dans la baraque, Rebondit dans le bal au chant des ossements.
Au gibet noir, manchot aimable, Dansent, dansent les paladins, Les maigres paladins du diable, Les squelettes de Saladins.
Arthur Rimbaud
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| | | Gaëtane Monsieur de Paris
Nombre de messages : 916 Age : 69 Localisation : Vosges Date d'inscription : 04/08/2010
| Sujet: Au-delà des mots Mer 8 Déc 2010 - 21:29 | |
| Au-delà des mots
Plus fort que les mots, Les silences ;
Plus vide que des mots, L'absence ;
Plus tranchant que des mots, Un regard ;
Plus cruel que des mots, L'indifférence ;
Plus apaisant que des mots, Un sourire ;
Plus précieux que les mots, La fidélité ;
Plus suave que des mots, Le parfum des roses après l'orage . Marie Sora Vukzanovic | |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Poètes, vos papiers Mer 8 Déc 2010 - 23:45 | |
| Chouette, des poésies, Gaëtane... Je ne connais pas l'auteur. |
| | | Gaëtane Monsieur de Paris
Nombre de messages : 916 Age : 69 Localisation : Vosges Date d'inscription : 04/08/2010
| Sujet: Au-delà des mots Jeu 9 Déc 2010 - 10:42 | |
| Bonjour à tous, Bonjour mercattore, Cette petite poésie fait partie d'un recueil de poèmes de différents auteurs, que je possède. Marie Sora Vukzanovic est sur un blog, dans lequel se trouve d'autres poésies signées de sa plume. Allez dans le moteur de recherche Google et tapez "marie sora vukzanovic". Je vous laisse le soin de partir à la découverte de ce site qui est charmant. | |
| | | poulain Exécuteur cantonal
Nombre de messages : 144 Age : 61 Localisation : france Date d'inscription : 08/10/2010
| Sujet: Re: Poètes, vos papiers Jeu 9 Déc 2010 - 12:35 | |
| http://www.blogg.org/blog-22449-glossaire-3067.html | |
| | | Gaëtane Monsieur de Paris
Nombre de messages : 916 Age : 69 Localisation : Vosges Date d'inscription : 04/08/2010
| Sujet: Petit intermède... Lun 17 Jan 2011 - 11:49 | |
| Bonjour à tous Une petit intermède consacré au chamois des Vosges Le chamoisL'été, là-haut dans un alpage Dans l'herbe ou bien sur rocher N'essayer pas de m'approcher Rester bien loin de mon sillage Je fais partie du paysage Comme un chalet ou un clocher Des chasseurs veulent m'embrocher Alors moi, je reste sauvage L'hiver, en vallée je descends Dans les sous-bois caché, j'attends Je serai là pour quelques mois Attendant que la neige fonde Pour me nourrir, je vagabonde Voilà ma vie de vieux chamois. Chamois du Hohneck Poème de aiglequatrePhoto de Jacques Pierrot photographe nature Vosges Gaëtane | |
| | | Invité Invité
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| Sujet: Re: Poètes, vos papiers | |
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