Adelayde Admin
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| Sujet: Basile Gouczouliakoff - 1937 Sam 12 Mar 2011 - 18:30 | |
| Triple meurtre dans le Châtillonnais
En 1936, Le hameau de la Montagne, situé à une petite soixantaine de kilomètres de Dijon, a été le théâtre d’une sordide affaire criminelle.
Gouczouliakoff, Basile Gouczouliakoff. À son tableau de chasse, cet homme affiche un triple meurtre. Pour quelques centaines de francs de l’époque, il va tuer ses anciens patrons et leur valet de chambre. À aucun moment il n’éprouvera le moindre remords, le moindre regret. Lors des auditions il se délectera même à raconter son forfait.
Jeudi 9 janvier 1936. Au hameau de la Montagne tout près de Bellenod-sur-Seine, les habitants sont inquiets. Voilà deux jours que la ferme des frères Bonnot semble déserte. Les volets sont clos. Personne n’a aperçu Lucien et Jules, ni le commis. Les trois hommes se sont comme volatilisés. Et dans le petit village, leur disparition ne passe pas inaperçue. Tout le monde connaît les deux septuagénaires et leur employé, Pierre Triolaire. Peu probable qu’ils soient partis à l’improviste, laissant la bâtisse inoccupée, et les bêtes sans surveillance. Cela ne leur ressemble pas du tout. Dans la matinée, une voisine donne l’alerte. Le maire et les gendarmes d’Aignay se rendent sur place. La disparition est en effet du genre… inquiétant.
Les gendarmes font le tour de la ferme. Tout est verrouillé. Et toujours aucune réponse des occupants. Un carreau de la chambre des frères est brisé pour pénétrer la maison. Et visiblement quelqu’un est déjà passé par là. Tout est sens dessus dessous. Le brigadier Dumont fait une première découverte. Macabre. Sur le lit, Jules est étendu, mort. Il a la gorge tranchée. Il avait 79 ans. Au pied du lit, Lucien, 71 printemps, baigne dans une marre de sang. La crispation de ses derniers instants a marqué son visage. L’autopsie dira qu’il a reçu deux balles en pleine tête avant d’être égorgé lui aussi… à trois reprises. Au rez-de-chaussée d’autres gendarmes découvrent le cadavre du jeune employé, Pierre Triolaire. Même sanction, deux balles de revolver en pleine tête, et un égorgement pour finir le travail. La maréchaussée n’en revient pas. L’enquête débute immédiatement et à ce stade, le mobile du vol semble largement privilégié. De prime abord, on pense à un vulgaire crime de rôdeur. Sauf que tout ne colle pas dans cette hypothèse. Seuls quelques meubles semblent avoir été véritablement fouillés. Un peu comme si l’assassin savait ce qu’il allait trouver. Et puis, à aucun moment le jour du triple meurtre le voisinage n’a entendu les aboiements du chien de berger, pourtant du genre soupe au lait avec les étrangers…
Le nom d’un homme va bientôt venir sonner aux oreilles des policiers. Il s’agit de Basile Gouczouliakoff, employé chez les frères Bonnot entre novembre 1933 et mars 1934. Et c’est une certitude, Gouczouliakoff était au hameau la veille du crime. Mieux, la nuit précédant la découverte des cadavres. Plusieurs témoins le confirment. En décembre 1935, il était même revenu vider quelques verres avec ses anciens patrons. Et à cette époque tout le monde avait été très étonné de voir l’ancien domestique rouler en voiture, bien habillé et fumant le cigare. Lui qui avait quitté son emploi chez les Bonnot pour s’engager dans la Légion…
Les policiers apprennent également que le 7 janvier Gouczouliakoff avait quitté précipitamment la région pour se rendre à Paris… où il dépensait sans compter. Les policiers se forgent une intime conviction sur la culpabilité de l’ancien domestique. Un faisceau de présomptions selon le langage policier. Le 13 janvier 1936 il est interpellé à la sortie du métro Clignancourt. Embarqué dans les locaux de la sûreté, Gouczouliakoff ne tarde pas à se mettre à table. Il raconte avec précision la nuit du 8 au 9 janvier 1936 : « J’étais dans la plus noire misère le jour où j’ai décidé de les expédier dans l’autre monde. Je connaissais l’emplacement de leur cagnotte. » Il poursuit : « Je savais que ces deux péquenots avaient l’habitude de se coucher tôt. Armé d’un revolver et d’un couteau, j’ai pénétré à pas de loup dans la chambre des frères. D’un coup sec j’ai allumé l’électricité, ce qui a réveillé le vieux Jules ». Gouczouliakoff n’épargne aucun détail : « Je ne lui ai pas laissé le temps de réagir. De mon couteau, je lui ai saigné la gorge, comme à un gros porc. Après je suis passé au Lucien et je l’ai aligné à son tour, en lui logeant un coup de revolver en pleine tête. » Aucune émotion ne vient perturber son morbide récit. Les policiers sont bouche bée. « Je suis descendu à la cuisine. J’ai tiré deux balles de revolver dans la tête de Triolaire. Pour l’achever, je lui ai tranché le cou à l’aide de mon couteau. Il n’a pas eu le temps de réaliser ce qui lui arrivait. » Gouczouliakoff récupère les économies, 500 francs. Avant de quitter les lieux, il prend même le temps de manger un bout. Placé en détention, Gouczouliakoff fait des siennes et se rétracte. Il charge deux Polonais et un Russe qu’il aurait rencontrés à Paris. Il minimise son rôle, tente de convaincre le magistrat instructeur qu’il n’était qu’un guetteur, qu’à aucun moment il n’est rentré dans la ferme. Une version qui ne persuade personne. Il n’y aura d’ailleurs aucune reconstitution du triple meurtre avant le début de son procès devant la cour d’assises de Dijon, qui s’ouvre le 28 novembre 1936. Et comme de rigueur, les débats vont s’intéresser à son parcours professionnel et à sa vie privée.
Basile Gouczouliakoff est né à Kiev le 21 décembre 1900. Et son parcours est du genre tumultueux. On le voit dans les rangs de l’armée Wrangel, il dit avoir servi aux Dardanelles sur un bateau russe. Il parle de ses errances à travers l’Europe. Il vit de petits boulots, de menus larcins. Les témoignages de ses anciens employeurs ne le dépeignent pourtant pas comme un monstre. On dit même de lui qu’il est un garçon intelligent, plutôt serviable. Sa vie privée ne laisse pas non plus transparaître l’assassin qui sommeillait en lui. On lui prête une relation platonique avec une jeune infirmière d’origine russe. Les courriers qu’il lui adressait sont du genre poli…
Au cours des débats le « Cosaque » ne manifeste aucune compassion pour les victimes. Arrogant, cynique, il sourit à la moindre occasion. Il ne réitère d’ailleurs pas ses aveux prononcés lors de son interpellation. « Je suis innocent », clame-t-il à l’auditoire, remettant sur le tapis la théorie des complices.
Dans son réquisitoire il ne faisait aucun doute que l’avocat général allait demander la peine capitale. Ce qu’il obtint à l’issue des délibérations des jurés, qui ne traînèrent pas plus de trente minutes. Gouczouliakoff accueille la sanction sans manifester la moindre émotion. Le pourvoi en cassation formé à la sortie de l’audience n’y changera rien. Ni d’ailleurs la grâce présidentielle, refusée manu militari par Albert Lebrun.
Le 18 février 1937, à 5 h 20, Basile Gouczouliakoff est extirpé de sa cellule pour être conduit à la guillotine, installée pour l’occasion devant la prison de la rue d’Auxonne. Il faudra plusieurs centaines d’hommes du 27 RI pour maintenir les milliers de curieux venus voir le monstre du Châtillonnais. La vue de la guillotine déstabilise Gouczouliakoff. Il résiste, vocifère deux trois insultes au passage. Il faudra le porter jusqu’à l’échafaud. Peine perdue… À 6 h 10, le bourreau Anatole Deibler actionne le couperet de ce qui devait être la dernière exécution capitale en public en Côte-d’Or.
23/02/2011 - La Gazette de Côte d'Or n° 237, pages 22 et 24 - Par Roald Billebaulthttp://www.gazette-cotedor.fr/numeros/pdf/237_LAGAZETTE.pdf
Dernière édition par Adelayde le Ven 30 Mar 2012 - 17:19, édité 1 fois | |
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fred Aide confirmé
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| Sujet: Re: Basile Gouczouliakoff - 1937 Dim 13 Mar 2011 - 12:44 | |
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smic77230 Monsieur de Paris
Nombre de messages : 1444 Age : 44 Date d'inscription : 04/12/2019
| Sujet: Re: Basile Gouczouliakoff - 1937 Mar 23 Aoû 2022 - 23:02 | |
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| Sujet: Re: Basile Gouczouliakoff - 1937 | |
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