Georges-Alexandre Sarrejani, dit « Sarret »Source : « Anatole Deibler’s 400 customers », le site de Bois de justice
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Georges-Alexandre Sarrejani dit « Sarret » (23 septembre 1878 - 10 avril 1934), était un avocat d'affaires, mais aussi un escroc et un assassin. Il sera guillotiné à Aix-en-Provence, le 10 avril 1934.
Né à Trieste en Italie, le 23 septembre 1878, il immigre en France au cours de son adolescence. Il fait de brillantes études de droit et devient l'un des avocats d'affaires les plus en vue de Marseille. Ayant installé son cabinet d'avocat au 45, rue de la Palud à Marseille, il vit avec son épouse et ses enfants dans un riche appartement non loin de là. Mais ce ne sont que des apparences d'honorabilité : M° Sarret mène une vie très dissolue, de fêtes, de jeux, d'alcool et de femmes de passage.
Escroquerie et meurtre
Dans les années 1920, il fait la connaissance de deux sœurs allemandes, culottières, Catherine et Philomène Schmidt. Il les séduit bien vite, et elles deviennent toutes deux ses maîtresses. Les amants ont pour habitude de se retrouver dans une villa de campagne que loue Sarret, baptisée "L'Ermitage", dans la banlieue d'Aix-en-Provence.
Mais bientôt, la relation prend un tournant inquiétant. Habile escroc, Sarret décide de faire participer ses maîtresses à ses trafics à l'assurance-vie. Le plan n'est pas compliqué : d'abord, il leur fait épouser deux hommes à la santé plus que fragile. Ensuite, il engage un complice à la santé parfaite qui, habilement grimé, passe un examen médical impeccable en vue de souscrire une assurance-vie au nom du mari impotent ! Enfin, on attend le décès de l'époux, quitte à la précipiter un peu, avec du poison, du gaz, etc.
Tout se déroulait bien mais le 20 août 1925, Sarret abat au fusil de chasse un complice trop gourmand, l'abbé défroqué Chambon-Duverger, et sa maîtresse, Noémie Ballandraux. Crime banal, sauf par une chose : la disparition des corps. Après le double meurtre, Sarret acheta cent litres de vitriol (c'est-à-dire d'acide sulfurique) et versa tout l'acide dans une baignoire contenant déjà les deux corps. Au bout de trois jours de dissolution, il s'en fut avec les sœurs Schmidt jeter la colle infecte et noirâtre dans l'herbe. Le crime resta inconnu pendant six ans.
En 1931, les trois complices lanceront une nouvelle escroquerie à l'assurance-vie, en faisant croire au décès de Catherine Schmidt, et en lui substituant le corps d'une femme tuberculeuse fraîchement décédée. Catherine se réfugie à Nice, mais y fait la connaissance d'un jeune homme dont elle tombe amoureuse et qu'elle suit à Marseille, sans réfléchir. Quelqu'un remarque dans la rue la prétendue morte, et s'en va avertir les autorités.
Arrêtées, les soeurs dénoncent Sarret. Mais l'homme est malin. Avec tout son talent d'avocat-conseil, il fera, deux ans durant, retarder le procès, en remarquant les erreurs et autres défauts. Néanmoins, la justice finira par trancher, dans tous les sens du terme, le 31 octobre 1933, aux assises des Bouches-du-Rhône. Les jurés, impressionnés par l'affreuse méthode de dissimulation, firent preuve de sévérité. Les sœurs Schmidt sont condamnées chacune à 10 ans de réclusion. L'avocat-conseil est condamné à mort.
Le 10 avril 1934, Georges-Alexandre Sarrejani sera guillotiné en public à l'entrée de la prison d'Aix-en-Provence. Ce fut la dernière exécution capitale qui eut lieu à Aix.
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Sylvain Larue - Nemo : Les grandes affaires criminelles du VaucluseOn peut lire un aperçu de l’affaire à partir de la page 206
http://books.google.fr/books?id=lnA8FjCaG_YC&pg=PA206&lpg=PA206&dq=Georges+Sarrejani+Sarret&source=bl&ots=snhjrgtfcN&sig=HpEnQgBTltzgMfsG7gLgj7Cj2FA&hl=fr&ei=tNXsTdfkN4WD-wbl9bzKDw&sa=X&oi=book_result&ct=result&resnum=10&ved=0CGIQ6AEwCQ#v=onepage&q=Georges%20Sarrejani%20Sarret&f=false
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Le jury des Bouches-du-Rhône a rendu son verdict contre le « Trio infernal »Georges Sarret est condamné mort – Dix ans de réclusion à Philomène Schmidt et à sa sœur Catherine - Leurs cinq coaccusés sont acquittés
[De notre envoyé spécial]
Aix-en-Provence, 31 octobre. - Par télégramme. - Bien que trois cents personnes à peine aient accès dans la salle d'audience et qui n'abandonneraient leur place pour rien au monde, toute la ville, heure par heure, est au courant de ce qui s'y passe et la défense n'avait pas plus tôt dit son dernier mot que les curieux, en foule, inondaient les portiques du palais de justice, escaladaient les fenêtres de la cour d'assises, emplissaient peu à peu la place jusqu'aux bords.
On se flattait évidemment que la consigne strictement observée depuis dix jours allait fléchir à l'approche du verdict, de même qu'au dernier acte on peut entrer sans contre-marque. Mais le service d’ordre, au contraire, en un clin d’œil, s’était vu renforcer ; la garde mobile occupait le péristyle et si l’on pouvait à grand’peine sortir de la salle des Pas-Perdus; il était, au bout d'une heure, si malaisé d'en approcher, que personne n'osa sortir pour aller dîner.
Cent quatre-vingt-dix-sept questions étaient proposées à la délibération du jury; elles l'occuperont trois heures quarante exactement, la seule lecture des réponses qu'il y faisait ne dura pas moins de dix minutes et la cour, avant qu'il fût donné connaissance de celle-ci aux accusés, se retira pour examiner attentivement si la feuille avait été remplie dans toutes les règles.
A mesure que tombaient, les « oui » et, « à la majorité », les « non », on connaissait le sentiment qui les avait dictés.
Dès la sixième, on savait le principal accusé condamné à mort, sauf admission des circonstances atténuantes ou de la provocation ; la complicité des sœurs Schmidt écartée en ce qui concernait les assassinats, retenue quant aux ; faux les cinq autres accusés hors de cause et, en fin de compte, les circonstances atténuantes accordées aux sœurs Schmidt, refusées à Sarret.
Personne enfin n'est coupable de la mort de la pauvre Magali, même pas le champagne au phosphure de zinc.
On introduit d'abord, pour leur notifier l'acquittement et les remettre en liberté, Luffeaux, Brun, Siotis, Andrée Sarret et le docteur Guy. Ils accueillent cette heureuse nouvelle sans un geste, sans un mot, fût-ce du bout des lèvres. Seulement la jeune fille se penche vers son avocat, qui la pousse doucement pour hâter sa sortie ; on comprend qu'elle a demandé : « Et papa ? » et que personne n'aurait la cruauté de lui répondre ; elle descend, silencieuse, l'escalier que son père gravit escorté des deux Allemandes et il se range pour la laisser passer.
Vingt longues minutes le trio misérable a subi la lecture du greffier énonçant le texte des questions avec chaque réponse et quand c'est fini, tombe de la bouche du président la question rituelle : qu'ont-ils à dire sur l'application de la peine ?
- Rien, fait Sarret d'une voix calme en exprimant, les mains levées, qu'il ne sait que trop à quoi s'en tenir. Et les deux sœurs secouent la tête, hargneuses.
L'avocat général demande pour elles le maximum de la peine dix ans de réclusion ; M° M° Grisoli et de Moro-Giafferri, bien entendu, le minimum : deux ans de prison.
- Elles sont, dit ce dernier, meilleures que leur destinée et elles méritent votre miséricorde.
Le jury et la cour ensemble vont délibérer une demi-heure et, comme le président, M. Gesta, pousse le souci de la forme jusqu'à s'infliger à lui-même une troisième lecture des questions dans leur texte complet, ce n'est que deux heures après le verdict que, dans un grand silence, l'arrêt tombera.
Sarret est condamné à mort et à 100 francs d'amende. L'exécution aura lieu à Aix-en-Provence.
Philomène Schmidt est condamnée à dix ans de réclusion, 100 francs d'amende et dix ans d'interdiction de séjour, et Catherine aux mêmes peines.
Au prononcé de l'arrêt de mort, Sarret a conservé son impassibilité. Les deux sœurs n'ont pas davantage bougé.
M° Francheschi, au nom des compagnies d'assurances, partie civile, dépose des conclusions demandant aux condamnés la restitution des sommes payées et un franc de dommages et intérêts.
Au nom des héritiers Chambon, partie civile, M° Magnin demande 50.000 francs de dommages et intérêts.
L'audience est levée à 22 h. 5 et renvoyée à vendredi pour les questions civiles. […]
Le Matin, n° 18 123 du 1er novembre 1933
Sarret espère encore sauver sa tête
Aix-en-Provence, 1er novembre. - Sarret, hier soir, dès qu'il eut regagné la maison d'arrêt d'Aix, a été placé dans la cellule des condamnés à mort.
A ce moment, il était très calme. Comme le veut la coutume, on lui passa les fers aux pieds et c'est sous la surveillance de deux gardiens qui ne le quitteront plus jusqu'au jour où le président de la République aura fait connaître sa décision suprême, que Sarret a passé la nuit. Il a eu un sommeil agité.
Au réveil, il a confié à ses gardiens qu'il espérait obtenir la grâce présidentielle. On lui prête d'ailleurs l'intention de se pourvoir en cassation.
Quant aux sœurs Schmidt, qui ont été condamnées à dix ans de réclusion et à dix ans d'interdiction de séjour, elles ont été de nouveau placées dans le quartier des femmes. Ce matin, on déclarait qu'elles avaient très peu dormi et que leur nuit avait été fort troublée.
L’Ouest-Eclair, n° 13 510 du 2 novembre 1933Le procès Sarret-Schmidt - Les compagnies d'assurances ont satisfaction
Aix-en-Provence, 3 novembre. La Cour d'assises des Bouches- du- Rhône, siégeant en audience civile pour le procès Sarret-Schmidt, a donné satisfaction aux compagnies d'assurances.
Quant aux héritiers Chambon, la Cour a décidé de statuer ultérieurement quand ceux-ci auront justifié de leurs qualités de seuls ayants droit.
L’Ouest-Eclair, n° 13 512 du 4 novembre 1933
A Aix-en-Provence, Sarret a expié hier matin ses crimes monstrueux
Aix-en-Provence, 10 avril. - L'exécution de Sarret, dont la nouvelle s'était rapidement répandue hier, a provoqué dans le courant de la nuit une affluence considérable de curieux devant la prison d'Aix.
Vers 4 heures, le fourgon contenant la guillotine arriva devant la prison. A la même heure, au palais de justice, les magistrats se réunirent à l'effet de se rendre à la prison pour procéder au réveil du condamné.
Depuis deux mois environ l'assassin de « L'Ermitage » passait des nuits blanches. Il se plaignait amèrement des entraves qu'il était forcé de porter et qui le gênaient dans le lit. Il ne pouvait s'endormir qu'aux premières heures de l'aube lorsqu'il était sûr que Deibler ne viendrait plus le chercher.
Sarret avait passé une nuit très agitée. Vers minuit, malgré les précautions prises, il avait été réveillé par les bruits qui montaient de la rue. Il se rendait compte que son exécution était proche. Dès lors, il manifesta une vive nervosité et son gardien qui le veillait pour la dernière fois eut toutes les peines pour le réconforter.
Un peu avant 5 heures, M. Roll, procureur général, accompagné de M. Lacaux, avocat général qui requit contre l'accusé la peine de mort au cours du procès ; M. Léon, juge d'instruction ; M. Roux, greffier, pénétrèrent dans la cellule du condamné.
« Sarret, lui dit le procureur général, votre recours en grâce est rejeté. Le moment est venu d'expier. »
Sarret ne broncha pas. Le condamné fut invité à s'habiller. On lui demanda s'il désirait les secours de la religion. Il refusa.
Pendant que le condamné se rendait de sa cellule au greffe de la prison, on achevait au dehors de dresser les bois de justice. L'aube ne s'était pas encore levée que déjà la guillotine était dressée devant une foule de plus en plus dense.
L'avocat de Sarret lui demanda s'il avait une déclaration à faire. Sarret se borna à remercier son défenseur. Puis il manifesta le désir que l'on fit vite.
Cependant, comme le jour ne s'était pas encore levé, force fut d'attendre l'heure réglementaire. Sarret refusa la cigarette et le verre de rhum traditionnels. Il accepta cependant une tasse de café.
De nouveau, le juge d'instruction, à son tour, demanda à Sarret s'il avait des déclarations à faire. Sarret déclara qu'il était victime d'une injustice et pour ses filles il sollicita une révision du procès.
Il était à ce moment 5 heures 30. Le condamné apparut livide, le col de la chemise largement échancré, les mains ligotées derrière le dos, les jambes entravées et, poussé par les aides, il fut rapidement projeté sur la bascule. Le couteau déclenché aussitôt par le bourreau tomba avec un bruit sourd. Il était 5 heures 35.
Les restes du supplicié furent transportés au cimetière.
L’Ouest-Eclair, n° 13 670 du 11 avril 1934L’exécution de Sarret
Le 10 avril 1934, Georges Alexandre Sarrejani, ancien avocat d’affaires et assassin, est le dernier prisonnier à être exécuté publiquement devant l’entrée de la prison. Cet événement marque la fermeture progressive de l’établissement carcéral.
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Au cinémaL'affaire Sarret fut contée par Solange Fasquelle dans le livre « Le trio infernal », lequel fut adapté au cinéma en 1974 par Francis Girod, avec Michel Piccoli dans le rôle de Sarret et Romy Schneider dans le rôle de Philomène Schmidt.
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Pour le fun...Echos et propos - Vitriol antérieur
Un de, nos lecteurs, romancier par surcroît, M. de Rienzi, nous écrit pour protester contre nos lignes de l'autre jour.
Il avait, en effet, inventé, avant les sisters Schmidt et Sarret, là baignoire à acide sulfurique pour dissolution discrète de cadavres encombrants. Mais, heureusement, dans un roman seulement… Alors nous n'avons rien dit, les auteurs n'ont pas été dépassés par les criminels !
Mais ce qui fait de ce trio une association incomparable, c'est, à côté du travail chimique, l'imagination, les combinaisons, l'astuce de leurs procédés. Une ou deux pailles dans l'acier de leur entreprise. Sans ces défauts, Sarret aurait sans doute continué à occire, au grand dam des compagnies d'assurances, une partie de la population méridionale. J'exagère ? Que non pas ! II y a eu, au cours de ce procès, de telles aventures que la proverbiale exagération du Midi est dépassée. Il faut avouer cependant que si l'affaire Sarret avait eu lieu dans le Nord, les débats auraient perdu les trois quarts de leur pittoresque et de leur couleur.
Guy Launay -
Le Matin, n° 18 123 du 1er novembre 1933 Pour Bois de justice, un autre visage de Georges Sarrejani