L’Affaire Fualdès est une affaire judiciaire qui défraya la chronique judiciaire de 1817 à 1818 dans la France de la Restauration et n’a cessé par la suite de susciter les passions. En effet, l’ancien procureur impérial Fualdès a été égorgé dans la nuit du 19 au 20 mars 1817 à Rodez, puis son corps fut jeté dans les eaux de l’Aveyron.
C’est la France tout entière, puis l’Europe et même l’Amérique qui bientôt se passionnent pour cette énigme de province appelée à devenir une des plus célèbres affaires judiciaires du 19ème siècle.Antoine Bernardin Fualdès est né à Mur-de-Barrez en Aveyron dans le Rouergue vers 1761. Issu d'une famille de robe, il vient tout juste de terminer ses études quand éclate la révolution. Jacobin modéré, il connaîtra sa première heure de gloire défendant le général Custine dont il parviendra à prouver l'innocence, mais non à éviter l'exécution. Il participera également à la défense de Charlotte Corday.
Nommé dans la magistrature après le 18 Brumaire, il revient en 1811 à Rodez où il exerce les fonctions de procureur impérial. Bonapartiste affirmé, il connaît la disgrâce avec l'avènement de Louis XVIII, un éphémère retour en poste avec les Cent-Jours avant de prendre sa retraite sous la Restauration.
Le 19 mars 1817, il est sauvagement assassiné dans des conditions mystérieuses et son corps est retrouvé flottant dans l'Aveyron. Cet assassinat serait l'œuvre des Chevaliers de la Foi. Parmi les thèses soulevées, celle de la vengeance politique semble la plus probable : les royalistes se seraient vengés du procureur Fualdès qui avait eu une part importante dans l'échec du complot de Rodez en 1814.
L'enquête et le procès qui suivront donneront lieu à la célèbre Affaire Fualdès, qui eut un énorme retentissement à travers toute la France et l'Europe en raison des circonstances sordides de l'assassinat, de l'obscurité de l'affaire liée aux conditions politiques troublées des débuts de la Restauration et du début de l'essor de la presse nationale.
Les circonstances du meurtreDans la nuit du 19 mars 1817, dans Rodez endormie, Antoine Bernardin Fualdès, ancien procureur impérial du département de l'Aveyron est sauvagement assassiné au son d’un orgue de Barbarie, destiné à couvrir ses cris.
L’enquête ne traîne pas, et bien qu’elle ait révélé les conditions particulièrement atroces dans lesquelles a été commis ce meurtre et qui frappèrent les imaginations (la victime ayant été pratiquement saignée à blanc), elle ne fait pourtant pas totalement la lumière, malgré les lourdes condamnations qui suivirent, sur les véritables coupables et leurs mobiles.
Les soupçons se portent vite sur les habitants de la maison Bancal, une maison malfamée sise rue des Hebdomadiers, non loin de la demeure de Fualdès, et les responsables sont recherchés dans l’entourage immédiat du magistrat : l’agent de change Jausion, Bastide-Gramont, beau-frère et filleul de la victime, Collard, locataire des Bancal, le contrebandier Boch, la femme Bancal et sa fille Marianne, Bax, Anne Benoit, blanchisseuse, Missionier, son amant, et Bousquier, tous furent accusés de lui avoir tendu un guet-apens.
Il apparaît très vite que le vol ne constitue pas le mobile du crime. Une histoire antérieure, où plane l’ombre d’un infanticide qui aurait été commis par Jausion en 1809 et aurait été étouffé par amitié par Fualdès, s’est imposée comme un mobile plus acceptable que la somme modique qui lui est dérobée.
Le côté sordide du meurtre, la faiblesse des mobiles, les zones d’ombres non élucidées, l’implication des élites, font que toute la ville, et la France, bruit de rumeurs à tel point qu’on a pu parler de « l’incroyable épidémie d’affabulations » alimentée par la « curieuse personnalité » mythomane de Clarisse Manson, témoin par éclipse du meurtre.
Le procès dure du 19 mars 1817 au 12 septembre de la même année. Le verdict est à la hauteur de la cruauté du crime : quatre condamnations à mort, deux à perpétuité, un an pour Bousquier, Marianne Bancal sera acquittée.
Pour autant, l’affaire ne s’arrête pas là. Les esprits étaient tellement surchauffés par cette parodie de procès où les élites royalistes ont fait corps pour faire condamner les accusés qu’un vice de forme imputable aux greffiers est allégué pour faire annuler et dépayser le procès à Albi, et c’est en Cour d’assises du Tarn qu’est rejugée l’affaire à partir du 25 mars 1818.
Au cours de ce second procès, la fameuse Clarisse Manson, « témoin » fascinant et séduisant, déconcerte le public par son passage incessant d’une logique individuelle (elle n’a rien vu de ce meurtre) à une logique sociale (Clarisse répond alors à ce qu’on attend d’elle, elle remplit le rôle qu’on veut lui donner, elle s’y conforme).
Lorsqu’elle nie, elle s’exclut du jeu, devient par là même déviante et soupçonnable. Pour la logique sociale dominante, qu’exprime l’opinion, Clarisse ne peut pas ne pas avoir été chez Bancal au moment du crime : donc elle avoue. Mais en fait, sans doute n’y était-elle pas : donc elle nie, à titre personnel. Exigences sociales et spécificités individuelles vont se combiner pour élaborer une alchimie instable, finalement déconcertante bien que profondément concertée.
Le repentir spectaculaire de certains soi-disant complices ajoute à la confusion, mais la sentence de la peine capitale est confirmée pour Bastide, Jausion, et Colard qui sont exécutés le 3 juin 1818. Bax et la Bancal voient leur peine commuée à perpétuité.
L'affaire Fualdès frappa si fort ses contemporains, que l'on trouve de nombreuses mentions d'elle dans les ouvrages des plus grands auteurs des 19ème et 20ème siècles.
Honoré de Balzac : La Muse du département, Une Ténébreuse affaire, Le Curé de village, Les employés, L'Interdiction.
Victor Hugo : Les Misérables.
Source : Wikipédia
Dessin du procès Fualdès auteur : LambertSource : Wikipédia
http://gallica.bnf.fr/Search?ArianeWireIndex=index&p=1&lang=FR&q=fuald%C3%A8s