La mort d'Edouard II mérite d'être contée tant la méthode fut fort rude.
Nous sommes le 21 septembre 1327, au château de Berkeley dans le Gloucestershire. La reine Isabelle, fille de Philippe le Bel, accumulait depuis des années une sourde rancœur contre Edouard II, ce mari homosexuel qui l'avait humiliée avec ses favoris. Au cours d'un voyage en France, elle prit un amant, Roger de Mortimer, et décida avec lui de renverser le roi. En 1326, grâce à leur alliance avec le frère du roi, Edmond, Isabelle et Mortimer purent envahir l'Angleterre. Le pays, fatigué du gouvernement d'Edouard II et de ses favoris, les accueillit à bras ouverts : le roi dut abdiquer.
Jeté en prison, maltraité, il constituait toujours une menace, aussi les amants diaboliques résolurent-ils de l'éliminer. Comme le roi tardait à mourir ce faim, ses geôliers (les chevaliers de Mautravers et de Gournay) imaginèrent un procédé démoniaque qui avait le double avantage de ne laisser aucune trace sur le corps du roi et de lui faire expier ses moeurs :
ils "se saisirent d'Edouard et le jetèrent sur un lit, lui mirent un coussin sur le visage pour étouffer ses cris, l'assujettirent sur le lit au moyen d'une table qu'ils renversèrent sur son corps et, au travers d'un tuyau de corne, lui enfoncèrent un fer rouge dans les entrailles".
Mais malgré le coussin, le malheureux poussa de tels cris que le meurtre ne fit aucun doute et que le procédé fut bientôt connu dans toute son horreur.
Curieusement, le supplice d'Edouard II racheta sa vie dépravée et son règne honni, et quelques années après sa mort, les pèlerins affluaient dans la cathédrale de Gloucester, lieu d'inhumation du roi, et lé révéraient comme un martyr.