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Sujet: Georges-Jacques Danton- 1794 Dim 27 Nov 2011 - 18:34
Georges-Jacques Danton
Georges-Jacques Danton Anonyme, fin du XVIIIème siècle - Huile sur toile, 61,5 cm x 49
Occupant la moitié de la toile, le buste déborde, repousse les limites du cadre. Cette tête de colosse ou de taureau ne forme qu'une seule masse avec le cou. Un camaïeu de couleurs froides fait ressortir les chaudes harmonies de la carnation : mauve-bleuté de la barbe rasée de frais mais drue, blanc-bleu du linge, gris-bleu du frac, gris-argent de la perruque poudrée. Dans le vermillon des joues, le carmin de la bouche épaisse ou de la bordure des paupières afflue le sang du jouisseur.
Un visage fascinant, d'une grande beauté à mes yeux…
Né à Arcis-sur-Aube en 1759, mort à Paris en 1794, Danton est issu d’une famille de la petite bourgeoisie. Petit-fils d’huissier et fils d’avocat, c’est très naturellement qu’il s’orientera vers le droit.
Sa mère reste veuve avec six enfants dès 1762 et il est mis en nourrice dans une ferme où il fait une chute qui lui écrase le nez et lui déforme les lèvres. Après de médiocres études au petit séminaire de Troyes, puis chez les Oratoriens de Troyes, il refuse d’entreprendre une carrière ecclésiastique.
Danton part pour Paris, travaille dans un cabinet d’avocat. Puis il passe six mois à la faculté de Reims où il achète une licence en droit, comme il est possible de le faire à la fin de l’Ancien Régime. Inscrit au barreau de Paris, il ne plaide guère, préférant fréquenter les cafés où il se fait de nombreux amis. Son mariage avec la fille d’un riche cafetier parisien lui permet d’obtenir la charge d’avocat au Conseil du roi en 1787.
Il ne joue aucun rôle dominant avant le 10 août 1792 bien qu’en 1789 il participe aux réunions du district des Cordeliers, avec Camille Desmoulins et Marat et qu’il appelle en 3 octobre 1789 son district des Cordeliers, à prendre les armes. Devenu président des Cordeliers, il gagne sans cesse en popularité, notamment grâce à ses qualités d’orateur. Lors de la crise de Varennes en juin 1791, il soutient habilement aux Jacobins [1] l’idée d’une régence assurée par Philippe d’Orléans. Toujours aux Jacobins, Danton demande le remplacement de Louis XVI, alors que les Cordeliers exigent l’abdication du roi. Après la fusillade du Champ-de-Mars, le 17 juillet 1791, contre les manifestants républicains, Danton se réfugie quelque temps en Angleterre.
À son retour en novembre 1791, il est élu substitut du procureur de la Commune de Paris avec l’aide de la cour, qui pratique alors la politique du pire. Danton favorise les révolutionnaires parisiens, le 10 août 1792. De connivence avec eux l’Assemblée législative le nomme ministre de la Justice.
Le 2 septembre 1792, devant l’invasion autrichienne menaçante, il demande : « De l’audace, encore de l’audace, toujours de l’audace ! » Il est élu député de Paris le 5 septembre, juste derrière Robespierre. C’est pourtant par des actes plus que par des phrases que, dans ces jours critiques, Danton a bien mérité de la patrie en danger. Audace, bien sûr, mais aussi sang-froid et habileté manœuvrière : c’est par ses agents doubles qu’il entrave le déclenchement d’une première rébellion vendéenne, et par ses émissaires qu’il achève de démoraliser le haut état-major prussien après Valmy.
Il quitte son ministère pour exercer à la Convention son mandat de député de Paris où il va s’opposer à Robespierre non pas pour des convictions qu’il ont en commun, mais pour un style qu’ils ne partagent pas. Devenant l’un des chefs de la Montagne, il y retrouve ses amis du club des Cordeliers tels que Camille Desmoulins, Fabre d’Églantine et Chabot, un ancien capucin.
En janvier 1793, en compagnie des Montagnards [2] Danton vote la mort du roi Louis XVI. Puis il participe à la création du tribunal révolutionnaire en mars 1793, qu’il préside à partir de juillet, puis entre dans au Comité de Salut Public, organe exécutif de la Ière République en avril 1793. Très vite les problèmes vont surgir : bien qu’ayant la même notoriété que Robespierre, on va lui reprocher de ne pas s’être opposé aux contre-révolutionnaires, la trahison de Dumouriez qu’il n’a su prévenir bien qu’il fut chargé de l’enquête en novembre 1792. Même ses amis Jacobins lui reprochent son image de bon vivant enclin à s’enrichir. Pour ces faits il est déchu de la direction du Comité au profit de Robespierre le 10 juillet 1793.
À partir d’août 1793, il défend avec faconde les revendications des sans-culottes, appuie la mise de la Terreur à l’ordre du jour, comme la création de l’armée révolutionnaire. A cause de ses prises de position, il se fait mettre en congé le 12 octobre et se retire (une fois de plus) à Arcis-sur-Aube.
Revenant le 20 novembre, il perd sa place dominante au club des Cordeliers, où son ancien ami Hébert répand des idées socialistes auxquelles Danton, bourgeois et propriétaire, n’adhère pas. Il créé le mouvement des Indulgents, il blâme les violences antireligieuses en s’élevant contre la déchristianisation (athée lui-même, il flétrit éloquemment les « mascarades antireligieuses ») et déconseille l’exécution de Marie-Antoinette.
La rupture des « dantonistes » avec les Jacobins est consommée à la fin de l’année 1793, période durant laquelle Robespierre tente de maintenir l’équilibre politique de son gouvernement en en écartant les plus radicaux et les modérés. A cause des mesures prises par Robespierre Danton se retrouve presque sans amis. De plus, il est compromis par l’association de son nom à celui du député Fabre d’Églantine dans l’affaire de la liquidation de la Compagnie des Indes.
Le 30 mars 1794, quinze jours après l’exécution des hébertistes, Danton est arrêté avec Desmoulins et Fabre d’Églantine, sous le prétexte d’être un ennemi de la République. Il est jugé par le tribunal révolutionnaire à partir d’un acte d’accusation préparé par Saint-Just. Il se défend avec des éclats de voix si éloquents qu’il faut extorquer à la Convention un décret, assez immonde, pour clore les débats hors de sa présence. Il est condamné à mort et guillotiné le 5 avril 1794 en compagnie de Camille Desmoulins.
Ses derniers mots lancés au bourreau sont restés célèbres : « N’oublie pas surtout, n’oublie pas de montrer ma tête au peuple : elle en vaut la peine. »
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Sujet: Danton Lun 31 Déc 2012 - 17:28
Bonjour.
Une reflection qui me vient en regardant les portraits de Danton offerts ici, et particulierement ceux visiblement executes au XVIII siecle: un comedien francais avait la tete de l'emploi pour interpreter ce personnage haut en couleur et fort en gueule, et c'etait Bernard Fresson. D'autres ont ete employes, avec plus ou moins de conviction-je n'ai jamais trouve Depardieu qualifie pour le role, independement de la recente affaire!- mais Fresson avait outre un ton de conviction dans la voix, un physique qui rappelait celui des portraits d'epoque. On avait fait appel a lui en 1984 dans un film de J.P Labro : "Rive doite rive gauche" ou il interpretait un politicien, homme d'affaires vereux et tres riche, qui faisait singulierement songer a Jean-Baptiste Doumeng, le "milliardaire rouge" membre du PC. La encore, il avait un physique proche.
Adelayde Admin
Nombre de messages : 5716 Localisation : Pays d'Arles Date d'inscription : 02/03/2009
Sujet: Danton et la Révolution française - Henri Guillemin Lun 31 Déc 2012 - 19:21
Danton et la Révolution française - Henri Guillemin
Bonne écoute !
https://www.youtube.com/watch?v=BuNETgEW3t0
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tof1 Monsieur de Paris
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Sujet: Re: Georges-Jacques Danton- 1794 Mar 1 Jan 2013 - 17:37
Nombre de messages : 5716 Localisation : Pays d'Arles Date d'inscription : 02/03/2009
Sujet: Re: Georges-Jacques Danton- 1794 Jeu 3 Jan 2013 - 18:39
Franck Ferrand nous parle de Danton dans l'émission "Au cœur de l'Histoire" d'aujourd'hui. Ses invités : - David Lawday, écrivain, ancien journaliste politique et correspondant de The Economist en France, - Philippe Seguy, historien et journaliste.
A télécharger avant que le lien meure... Bonne écoute !
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Sujet: Ordre d’arrestation de Danton et ses amis Sam 4 Mai 2013 - 15:50
Ordre d’arrestation de Danton et ses amis - nuit du 29 au 30 mars 1794
Au bas de l'acte d'arrestation de Danton, Delacroix, Desmoulins et Philippeau, délivré par les Comités de Salut Public et de Sûreté Générale, figurent de haut en bas et de gauche à droite, les signatures de Billaud-Varenne, Vadier, Carnot, Le Bas, Louis du Bas-Rhin, Collot d'Herbois, Saint-Just, Jagot, Prieur, Couthon, Barère, Dubarran, Voulland, Lacoste, Bayle, Amar, Robespierre et Lavicomterie.
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piotr Charles-Henri Sanson
Nombre de messages : 2989 Localisation : Poland Emploi : MD-but I'm not working in prison ;-) Date d'inscription : 07/02/2006
Discours de Robespierre à la Convention Nationale. Reconstitution fidèle.
piotr Charles-Henri Sanson
Nombre de messages : 2989 Localisation : Poland Emploi : MD-but I'm not working in prison ;-) Date d'inscription : 07/02/2006
Sujet: Re: Georges-Jacques Danton- 1794 Sam 3 Mai 2014 - 22:05
CARNIFEX Monsieur de Paris
Nombre de messages : 1848 Age : 53 Localisation : Angers(Maine et Loire) Emploi : Justice Date d'inscription : 20/02/2006
Sujet: Re: Georges-Jacques Danton- 1794 Sam 3 Mai 2014 - 22:30
Quelle curieuse lame!
_________________ Potius mori quam foedari
piotr Charles-Henri Sanson
Nombre de messages : 2989 Localisation : Poland Emploi : MD-but I'm not working in prison ;-) Date d'inscription : 07/02/2006
Sujet: Re: Georges-Jacques Danton- 1794 Ven 9 Mai 2014 - 23:18
Arthex Aide confirmé
Nombre de messages : 28 Age : 44 Localisation : Perpignan Emploi : Chargé d'enseignement et de recherche en droit public Date d'inscription : 25/09/2013
Quelqu'un a-t-il vu le reportage consacré hier à Danton par Stéphane Bern (d'accord, ça ne présage pas d'une analyse approfondie de la question certes)? Je me demandai quel était le modèle de guillotine présentée par S. Bern. Selon ses dires, elle se trouve dans un musée à Marseille. J'aurai aimé savoir s'il s'agit d'un modèle original et ayant servi.
CARNIFEX Monsieur de Paris
Nombre de messages : 1848 Age : 53 Localisation : Angers(Maine et Loire) Emploi : Justice Date d'inscription : 20/02/2006
Oui, je l'ai vu. Il s'agit bien de la guillotine de métropole qui est la dernière à avoir servi.
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mitchou34 Bourreau départemental
Nombre de messages : 302 Age : 69 Date d'inscription : 14/12/2013
Sujet: La dernière veuve Mar 15 Juil 2014 - 17:51
J'ai vu hier soir l'émission de S.Bern consacrée à Danton,et je confirme qu'il s'agit bien de la dernière guillotine a avoir servi dans notre pays notamment pour Djandoubi,Carrein ou Ranucci.Elle est visible au Muceum de Marseille.Il existe un indice imparable pour la reconnaitre avec certitude;ses jambes de force ajourées que l'on pouvait aisément distinguer lors de l'émission.Cette particularité étant l’œuvre,je crois,d'A.Obrecht.
Adelayde Admin
Nombre de messages : 5716 Localisation : Pays d'Arles Date d'inscription : 02/03/2009
"La caméra explore le temps" présente en 1964 un débat entre les historiens André Castelot et Alain Decaux à la suite du téléfilm "La Terreur et la Vertu".