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| Armand Barbès | |
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Invité Invité
| Sujet: Armand Barbès Ven 23 Déc 2011 - 14:29 | |
| Armand Barbès Né en Guadeloupe, Armand Barbès profite de l'héritage de son père pour s'installer à Paris dès 1830. Il ne tarde pas alors à rejoindre l'opposition républicaine contre la monarchie de Juillet. Les journées d'avril 1834 auxquelles il participe lui valent d'être emprisonné. Plus tard, il s'allie à Blanqui et Martin-Bernard pour mettre en place l'insurrection du 12 mai 1839.
Il est tout d'abord condamné à mort, puis à la prison à vie grâce au soutien de personnages influents (dont Victor Hugo). Toutefois, la révolution de 1848 lui permet de recouvrer la liberté.
Il reprend alors ses activités politiques jusqu'à une nouvelle condamnation à perpétuité pour avoir participé à la journée du 15 mai 1848. Il refuse la grâce de Napoléon III en 1854 mais est malgré tout contraint de quitter la prison de Belle-Île-en-Mer. Armand Barbès passe les derniers jours de sa vie en exil volontaire puis s'éteint en 1870. Sa première condamnation : En 1839, une énième insurrection éclate à Paris contre la monarchie de Juillet, insurrection républicaine et ouvrière dont les chefs sont Blanqui, Barbès et Martin Bernard.
Après l'échec de l'insurrection de 1834, Blanqui, Barbès et Bernard ont fondé Les Familles, société secrète très cloisonnée, qui compte jusqu'à 1 600 membres recrutés parmi les artisans parisiens, les étudiants et les volontaires de la Garde nationale. Profitant de l'attentat de Fieschi, le gouvernement de Louis-Philippe tente de décapiter l'opposition. Arrêtés en 1836, Barbès et Blanqui sont respectivement condamnés à deux et un an de prison.
Malgré les arrestations, une autre société secrète se crée, celle des Saisons qui est à l'origine d'un nouveau coup d'État, le 12 mai 1839. Nouvel échec pour les quelque 9 000 partisans qui ont tenté de s'emparer de l'Hôtel-de-ville, de la préfecture de police et du palais de Justice. Les faubourgs Saint-Denis et Saint-Martin tombent aux mains des émeutiers.
Victor Hugo raconte ce qu'il voit en sortant de son appartement de la place Royale dans Choses vues : "Je sors, je suis les boulevards. Il fait beau. La foule se promène dans ses habits du dimanche. On bat le rappel... Je rentre dans le Marais... En ce moment, on fait des barricades rue des Quatre-Fils." (journée du 12 mai). Le lendemain, il gagne les boulevards. "On entend les feux de peloton dans la rue Saint-Martin". C'est l'agonie de l'émeute. Barbès, blessé sur une barricade, est fait prisonnier.
Les 53 insurgés sont déférés devant la Cour des pairs et jugés en juin et en décembre 1839, au palais du Luxembourg, sous la présidence du baron Pasquier. Barbès fait partie du premier procès. Le procureur général Franck Carré réclame la peine de mort contre Barbès. Arago, son avocat, rappelle que la Cour n'a pas condamné à mort les ministres de Charles X. Il adjure le Roi "de ne pas relever au milieu de la capitale l'échafaud politique. Barbès, reconnu coupable de la mort du lieutenant Drouineau, est condamné à mort.
Franck Carré, Soult sont pour que l'on fasse un exemple. Mais de nombreuses pressions et supplications s'exercent en faveur de la grâce de Barbès, en particulier chez les étudiants. Plus de 3 000 d'entre eux se rendent place Vendôme pour déposer une pétition que reçoit M. Teste.
Barbès bénéficie aussi de l'intervention de Victor Hugo . Averti de la menace de l'exécution de Barbès, il compose un quatrain dans lequel il implore le roi en évoquant la mort récente de sa fille, Marie, duchesse de Wurtemberg, décédée à 26 ans et la naissance de son petit-fils, le comte de Paris, fils du duc d'Orléans et héritier de la Couronne.
"Par votre ange envolé ainsi qu'une colombe ! Par ce royal enfant, doux et frêle roseau ! Grâce encore une fois ! Grâce au nom de la tombe ! Grâce au nom du berceau !"
Comme Victor Hugo, Louis-Philippe dont le père, Philippe-Égalité était mort sur l'échafaud déteste la peine de mort. Il gracie Barbès, puis, plus tard, Blanqui.
La peine de Barbès est commuée en détention perpétuelle. Pendant deux jours, toutefois, il croit qu'il va être exécuté et se prépare à la mort. Il rédige : Deux jours de condamnation à mort (Paris, Bry, 1848). Il est ensuite envoyé en captivité au Mont-Saint-Michel. Voici la lettre de grâce de Louis Philippe 1er communant la peine de mort prononcée contre A. Barbès en peine de déportation - 1er février 1840. sa seconde condamnation :
Le 15 mai 1848, une manifestation contre la politique extérieure de la majorité tourne à l'insurrection. Un grand nombre de manifestants viennent présenter à l'Assemblée une pétition en faveur de la Pologne insurgée contre l'autorité russe. Les principaux chefs révolutionnaires : Barbès , Raspail, Albert, Sobrier, Flotte sont arrêtés. Blanqui se cache. Le mouvement populaire est privé de ses chefs.
Le procès des insurgés du 15 mai aura lieu du 7 mars au 3 avril 1849 devant la Haute cour de justice de Bourges : Barbès et Albert seront condamnés à la déportation, Blanqui à dix ans de prison, Raspail à 6 ans. Cette juridiction d'exception qui remplace l'ancienne Cour des pairs a jugé les émeutiers de mai 1848 durant les semaines où se préparaient les élections à l'Assemblée législative. Extrait de l'arrêt rendu le 2 avril 1849 par la Haute cour de justice de Bourges à l'encontre d'Armand Barbès : sources multiples : http://www.culture.gouv.fr http://www.linternaute.com/biographie/armand-barbes-1/biographie/
Dernière édition par Nemo le Mer 7 Mar 2018 - 14:14, édité 3 fois (Raison : Ajout d'illustrations) |
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| Sujet: Re: Armand Barbès Ven 23 Déc 2011 - 14:38 | |
| L'isolement et la déportation au Mont-Saint-Michel Face aux attentats incessants et aux émeutes à répétition, les gouvernants conservateurs de la fin des années 1830 veulent mettre un terme au régime pénitentiaire spécial élaboré par Adolphe Thiers. Les quartiers de condamnés politiques apparaissent suspects car commodes pour fomenter des complots. L’« isolement continu » des condamnés dans des cellules séparées s’impose.
La monarchie de Juillet expédie loin de Paris, sur l’îlot entouré de murailles du Mont-Saint-Michel, les opposants les plus dangereux : meneurs républicains, détenteurs de poudre et de munitions soupçonnés de préparer des « machines infernales » ou des tentatives de régicide et condamnés à mort graciés. Au total, trente-huit détenus entre 1838 et 1844, travailleurs manuels de la capitale pour la plupart et âgés en moyenne de 27 ans et demi. En plaçant les détenus dans le silence et l’isolement et en brisant les tempéraments les mieux trempés, la prison parviendra-t-elle à maîtriser la menace révolutionnaire politique et sociale ?
Armand Barbès [, condamné à mort en 1839 pour tentative d’insurrection et amnistié par Louis-Philippe, est envoyé au Mont-Saint-Michel le 17 juillet 1839 avec trois autres condamnés dont Martin-Bernard, qui laissera un récit détaillé de son séjour. Blanqui et cinq autres insurgés les rejoignent le 6 février 1840.
Les détenus luttent dès leur arrivée contre les rigueurs de l’isolement cellulaire, se parlant par les croisées, les conduits de cheminée et à travers les parois et contactant aussi les habitants du Mont. Barbès, Martin-Bernard et Delsade réussissent à ouvrir les portes de leurs chambres pour se réunir. Découverts en avril 1841, ils sont sanctionnés par un premier emprisonnement dans les loges du Mont. L’administration fait alors équiper leurs cellules du Petit et du Grand Exil de doubles grilles, pour empêcher les prisonniers de s’approcher des croisées. Dans la nuit du 10 au 11 février 1842, Barbès, Blanqui et quelques autres tentent de s’évader, par temps de brouillard, à l’aide d’une corde de draps noués. Barbès descend le premier mais se blesse en tombant et fait échouer la tentative. Tous sont à nouveau enfermés dans les loges où Barbès contracte cette fois la phtisie. Toute la presse d’opposition condamne le régime cellulaire et les doubles grilles.source : http://www.histoire-image.org/site/etude_comp/etude_comp_detail.php?i=552 |
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| Sujet: Re: Armand Barbès Ven 23 Déc 2011 - 14:43 | |
| Lettre autographe signée d'Armand Barbès à Emmanuel Arago, avocat, depuis la prison du Mont-saint-Michel. Pour une meilleure lecture : lettre de Barbès Barbès adresse cette missive chaleureuse à l’avocat qui, après l’insurrection manquée de 1839, a eu l’audace d’assurer la cause perdue de sa défense : Emmanuel Arago (1812-1896), fils du célèbre physicien et astronome. Son écriture anglaise, assez fréquente au XIXe siècle, mais originale par ses hautes lettres régulières très bien tracées, révèle sa personnalité forte, ouverte, portée vers les autres et particulièrement assurée.
Emmanuel Arago Barbès évoque avec sobriété les souffrances de l’incarcération et de la phtisie laryngée qu’il a contractée en 1842 lors de son séjour dans « ces abominables loges » : des cellules aménagées dans les combles de la galerie nord du cloître où les prisonniers devaient, selon les saisons, endurer le froid humide et glacial ou la chaleur torride. Tout au plus avoue-t-il sa préférence pour la camisole de force ou même le bourreau (M. Samson) à cette maladie insidieuse qui consume ses forces. Son épuisement physique et moral s’exprime dans ce « nous mourons en détail » (peu à peu, à petit feu), formule publiée par le journal L’Atelier, organe des intérêts moraux et matériels des ouvriers de novembre 1841 et qui avait fait grand bruit : [le pouvoir] « a fait grâce de la vie à Barbès, mais ça a été pour essayer de le tuer en détail ».
Comme paraissent lointaines au prisonnier la grande ville et « la lutte de la démocratie contre la bourgeoisie » ! L’infâme reprend le cri de ralliement lancé par Voltaire contre la superstition, le fanatisme et l’intolérance. Barbès évoque des amis dont le publiciste et philosophe Pierre Leroux, adepte du saint-simonisme et ami de George Sand, comme Arago et lui-même. Il donne des nouvelles de ses compagnons incarcérés, Hubert Louis et Martin-Bernard, mais ne mentionne pas Blanqui avec qui il est brouillé depuis l’émeute du 12 mai 1839.
Ce ton mesuré témoigne de la bravoure exceptionnelle du « Bayard de la Démocratie » qui vient de vivre trois ans et demi de très dur emprisonnement. Révolutionnaire sans véritable projet, Barbès a laissé peu d’écrits politiques, mais son abondante correspondance, souvent diffusée par les comités républicains, a fait de lui un personnage très populaire pendant plusieurs décennies. Son aura ne s’effacera qu’à la fin du siècle, devant le socialisme montant.
Le 26 janvier 1843, moins de deux mois après cette lettre, son état ayant empiré, Barbès est transféré à la maison centrale de Nîmes.La transcription de cette lettre : Mont-saint-Michel, 1er décembre [1842]
Ce ne sera pas sans quelque intérêt, n'est-ce pas, mon cher Emmanuel, que vous recevrez le bonjour et des nouvelles de votre ancien ami et client du Mont-saint-Michel. Hélas ! Depuis que nous ne nous sommes vus, les choses ont un peu mal tourné pour moi, et je m'en vais, me dépouillant de plus en plus de ce que, pour me servir du langage de Lamennais, je nommerai ma limite, ce qui ne veut pas dire pourtant que j'en devienne davantage pur esprit. C'est à une phtisie laryngée que j'ai affaire, contractée pendant le mois de mai dernier dans ces abominables loges du Mont-saint-Michel ; elle y a continué sa marche, en dépit de mon tempérament qui se raidissait contre, par l'aide de l'emprisonnement et de tant d'autres coups que cette privation de la liberté engendre comme une mère féconde. En réchapperai-je ? La chose paraît douteuse, et j'aimerais mieux, vous pouvez m'en croire, me retrouver, une fois encore, avec la camisole de force sur le dos comme vous m'avez vu un jour, avec la perspective d'une visite prochaine de Mr Samson, que de me sentir ainsi lentement consumé par un mal qui n'a pas même la générosité d'accorder le bénéfice du combat que, dans la crise d'une maladie aiguë, la nature livre contre la mort.
Pendant qu'ainsi nous mourons en détail dans nos cachots, comment vous arrangez-vous là-bas ? Que fait-on ? Que dit-on ? Combien il me semble que je serais dépaysé et rococo, si je tombais tout à coup au milieu des idées et de l'atmosphère vivante de la grande ville ! Où en est la lutte de la démocratie contre la bourgeoisie ? Songe-t-on toujours à détruire l'infâme, ou bien lassés mais non découragés, prenez-vous le parti d'attendre des temps meilleurs ? Les pensées, les doctrines sérieuses font du moins des progrès, je suppose, car une lumière comme celle qui, parmi les hommes, porte le nom de Pierre Leroux, par exemple, ne peut pas, quoi qu'on fasse, être mise sous le boisseau. Combien, si je dois mourir dans ma cellule, ne regretterai-je point de n'avoir pu le voir une fois encore, lui serrer la main et le remercier de m'avoir si souvent fait oublier et la prison, et même la phtisie ? Transmettez-lui, je vous en prie, à l'occasion une bien cordiale salutation de ma part. Mes amitiés, s'il vous plaît aussi, à Etienne, à Beaune, à tant d'autres que je ne vous nomme point.
J'avais oublié de vous dire que je ne suis pas le seul malade de vos amis et connaissances d'ici. Hubert Louis, si robuste et si fort, comme vous savez, ne va pas bien non plus. Il a vomi et vomit, je crois encore, du sang. Martin Bernard est plus heureux, il a été jusqu'ici épargné, il y a chez lui un organisme aussi bien trempé que le sont l'âme et le caractère. Il se joint à moi pour vous serrer cordialement les mains
BarbèsEmmanuel Arago par Daumier
Dernière édition par Archange le Ven 23 Déc 2011 - 18:30, édité 2 fois (Raison : Ajout d'illustrations) |
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| Sujet: Re: Armand Barbès Ven 23 Déc 2011 - 15:05 | |
| La jeunesse d'Armand Barbès : Surnommé par ses admirateurs « le conspirateur hors-pair » et « le Bayard de la démocratie », Barbès est aujourd'hui le paradigme du « révolutionnaire romantique » type du dix-neuvième siècle, courageux, généreux et démocrate véritable, mais aussi, comme une source récente le discerne : « un homme d'action sans programme ». Ce futur « fléau de l'establishement » (Marx) naît dans une famille bourgeoise de Pointe-à-Pitre, Guadeloupe, le 18 septembre 1809. Son père, chirurgien militaire de Carcassonne (Aude), né à Capendu (Aude), vétéran de la campagne d'Égypte, muté en Guadeloupe en 1801, y restera jusqu'à la chute de l'Empire. La famille revenue à Carcassonne, le fils aîné du docteur y reçoit en 1830, son baptême révolutionnaire. À 20 ans, Armand, à la fibre républicaine, aussi forte que précoce et d'un physique imposant, a été choisi pour mener le bataillon local de la garde nationale pendant la révolution de 1830. Bataillon que son père a équipé de sa propre poche. Par chance, il n'est pas blessé.
L'année suivante, Armand monte à Paris pour étudier la médecine, mais la vue du sang le révulse. Aussi, comme le héros de Flaubert, Frédéric Moreau, il se lance, corps et âme, dans le Droit. Et, comme ce même héros, ses parents décèdent, lui laissant un « gros héritage », si gros que Barbès, libéré de la nécessité de travailler est enfin libre de se soumettre à la grande passion de sa vie : « conspirer pour renverser le régime en place » et en l'occurrence, la Monarchie de juillet.
En 1834, son adhésion à la Société des Droits de l'Homme vaut à Barbès sa première arrestation. Libéré, début 1835, il sert d'avocat aux 164 prévenus républicains mis en accusation pour l'insurrection de 1834 ; en juillet 1835, il aidera vingt huit d'entre eux à s'évader de Sainte-Pélagie, la prison parisienne « réservée aux politiques ».
En 1834, la SDH est à peine démantelée par la police que Barbès fonde l'éphémère Société des vengeurs suivie, l'année suivante, par la Société des Familles. Société dont il compose le serment d'adhésion, passage obligé pour tous les aspirants conspirateurs. (voir note). C'était le commencement de sa longue et tumultueuse « collaboration » avec Blanqui. Le 10 mars 1836, Barbès et Blanqui sont arrêtés par la police, en train de charger des cartouches dans l'appartement qu'ils partageaient à Paris. Barbès, condamné à un an d'emprisonnement, amnistié en 1837 demeurera quelque temps, en famille à Carcassonne, où il échafaude les plans d'une nouvelle société secrète et écrit la brochure qui restera sa seule contribution à la littérature révolutionnaire, Quelques mots à ceux qui possèdent en faveur des Prolétaires sans travail.
Retourné à Paris en 1838, Barbès se joint à Blanqui pour former encore une autre société secrète républicaine, la très prolétaire Société des Saisons. La Société des Saisons Membres Fondateurs de la Société des Saisons, Barbès prépare l'insurrection du 12 mai 1839 avec Blanqui et Martin Bernard. Trois républicains de la même veine, de la même génération, celle du combat révolutionnaire contre la monarchie de Juillet au temps de leur jeunesse, mais dont les itinéraires divergèrent ensuite. Martin Bernard, Blanqui et Barbès, sont de la génération des sociétés secrètes. Ils ont connu les procès et la prison. Si ces trois figures se ressemblent tellement, comment expliquer le (seul) rayonnement de Barbès et de Blanqui ? Pourquoi sont-ils devenus des figures emblématiques du mouvement républicain ? Barbès et BlanquiAuguste Blanqui - Musée Carnavalet Ainsi, pour des raisons qui parfois se rejoignent (le sacrifice de leur liberté consenti par les deux hommes) ou diffèrent au niveau des doctrines et des caractères, ces deux grandes figures appartiennent en effet au Panthéon républicain où ils bénéficient tous deux d’une réputation de révolutionnaires intransigeants, jamais entamée par les inévitables compromis nécessités par l’exercice du pouvoir. Les deux hommes qui se côtoient depuis 1836 ont bien appris à se connaître. Barbès, peut–être plus réfléchi, est fasciné par Blanqui, romantique, intrépide mais terriblement inconséquent pour ne pas dire inconscient. Outre cette fascination, il le côtoie, aussi, en espérant, non pas le contrôler (ce qui serait impossible) mais au moins le canaliser. En vérité, il en a secrètement, peur. Et, il est vrai, que pour la plupart, Barbès a été fourvoyé dans tous les coups par son grand 'ami' Blanqui (son mauvais génie ?). Le 10 mars 1836, Barbès et Blanqui sont arrêtés par la police en train de charger des cartouches dans l'appartement qu'ils partageaient, rue de l'Oursine, à Paris (affaire des poudres). Barbès condamné à un an d'emprisonnement, est amnistié en 1837. Il reste un certain temps en famille à Carcassonne.
Revenu à Paris en 1838, il se joint à Blanqui pour former une autre société secrète, la Société des Saisons. En 1839, cette Société, beaucoup plus prolétarienne compte environ neuf cents membres et le 12 mai, elle se sent assez forte pour tenter un coup d'État à Paris. Quatre cents insurgés parviennent à occuper brièvement l'Assemblée, l'Hôtel de ville et le Palais de Justice, mais le nombre et les armes leur font défaut. Suite à l'échec de cette insurrection, Barbès sera condamné à mort et gracié suite à une intervention en sa faveur de Victor Hugo.
L'échec du coup d'État de 1839 amène le divorce Barbès – Blanqui, ce qui nuira profondément à l'extrême gauche lors de la révolution de 1848, mais également plus tard.
Blanqui, premier chef de ce coup, semble avoir cru que Barbès, qui était resté à l'écart pendant un certain temps, avait fini, épuisé par se décourager, davantage que ses camarades insurgés.
De fait, libéré de prison en 1848, Barbès semble s'être mis à la disposition des révolutionnaires modérés afin de contrecarrer Blanqui. Guidé par Lamartine, il forme le club de la Révolution pour contrer la Société centrale insurrectionnelle de Blanqui prudemment rebaptisée: Société républicaine centrale.
Nommé Colonel de la garde nationale du douzième arrondissement, Barbès mène ses troupes, le 16 avril contre une manifestation ouvrière menée par Louis Blanc et Blanqui. Les ouvriers exigeaient un programme social plus actif et surtout l'ajournement des élections à l'Assemblée nationale constitutive, toutes proches. Les manifestants pressentaient que si le gouvernement n'avait pas le temps "d'instruire" les provinciaux, la nouvelle assemblée serait dominée par les parisiens conservateurs.
En mars 1848 l'hostilité entre Barbès et Blanqui éclate au grand jour avec la publication par le journaliste Taschereau d'un prétendu document (tiré des dossiers de police…) et qui prouverait que Blanqui avait trahi ses camarades conspirateurs en 1839. Un bon nombre d'historiens, jugent maintenant hautement probable que ce document soit "un faux diffusé (sous forme de fuites) par le gouvernement" pour déstabiliser Blanqui. Barbès, lui semble croire à l'authenticité de ce document, ce qui provoquera de "terribles divisions" parmi l'extrême gauche, divisions toujours présentes en fin de siècle.
Les deux hommes qui en quelques années en arriveront à se méfier l'un de l'autre, finiront par se détester : affrontement de deux caractères, de deux logiques mais aussi séquelles des mauvais coups (insurrectionnels) . La « trahison » de Barbès Libéré de prison en 1848, Barbès semble s'être mis à la disposition des révolutionnaires modérés; cherchant constamment à contrecarrer Blanqui. Conseillé par Lamartine, il forme le club de la Révolution pour contrer la Centrale républicaine insurrectionnelle de Blanqui, prudemment renommée: Société républicaine Centrale. Élu à l'assemblée constituante du 23 avril 1848, Barbès, à l'extrême gauche de l'hémicycle, représentera son département d'origine l'Aude. Sa carrière parlementaire fut brève, car le 15 mai, des manifestants envahissent l'Assemblée, sous le prétexte de présenter une pétition invitant le gouvernement à s'impliquer davantage pour la libération de la Pologne. Barbès, à l'origine opposé à la démonstration, a d'abord tenté de disperser la foule, mais il semble avoir perdu la tête en voyant Auguste Blanqui dans l'assemblée. Dans un effort pour prendre la tête de la démonstration face à son ennemi, il détourne l’émeute vers l'hôtel de ville, où une nouvelle république, plus radicale, serait proclamée. Véritable ballon de baudruche, l'insurrection se 'dégonfla' d'elle-même avec l'arrivée de la garde nationale qui arrêtera Barbès. Il fut condamné à la déportation, en avril 1849, par la Haute Cour de justice de Bourges, jugé coupable d’un double attentat ayant eu pour but de renverser le gouvernement et d’exciter à la guerre civile.
Plus tard, Karl Marx écrira dans les « Luttes de classe en France » : "Le 12 mai [1839, le prolétariat] a cherché en vain à reprendre son influence révolutionnaire et seulement réussi à livrer des chefs énergiques aux geôliers de la bourgeoisie." Des historiens modernes ont été beaucoup moins aimables : Georges Duveau a qualifié l'événement "de farce tragique et absurde n'ayant, dès le départ, aucune chance d'aboutir".
Il connaîtra donc toutes les geôles. Celles de Louis-Philippe (de 1836 à 1837, de 1839 à 1848), de la Seconde République et du Second Empire (de 1848 à 1854).
Il montre un courage indomptable et chevaleresque (le “ Bayard de la démocratie”), un goût du sacrifice, une acceptation de ses responsabilités qui expliquent certainement le charisme qui était le sien et dont témoignent tous les contemporains. Il y a là une part d’irrationnel qui échappe à l’analyse, un “ mythe Barbès ”.
1848, sera le 'dernier baroud' pour "le conspirateur hors pair." Condamné à la prison à vie en 1849, Barbès fut libéré par Napoléon III en 1854. Mais, il ne revint jamais en France, se retirant dans un exil volontaire à la Haye, où il mourut le 26 juin 1870, quelques semaines avant que la république ne succède au Second Empire, événement qui l'aurait, sans aucun doute, réjoui au-delà de tout' (Bernard Martin, correspondance).
Il est inhumé au domaine privé de Fourtou, à Villalier. Les Sociétés secrètes 1831, Blanqui fonde "La Société des Amis du Peuple" qui fait suite à ses Cercles Républicains. "'En 1833, il y a à, plus de cent sociétés secrètes gangrènent Paris qui n'en peut mais". Vidocq. 1834, La Société Droits de l'Homme fondée par Barbès est à peine démantelée par la police qu'il crée l'éphémère "Société des vengeurs suivie, l'année suivante, par la Société des Familles. Société dont il compose le serment l'adhésion passage obligé pour tous les aspirants conspirateurs.
le 12 juillet 1835, Barbès parvient à faire évader 28 conjurés de Sainte-Pélagie, leur prison parisienne. Aussitôt, il organise l'éphémère Société des Vengeurs puis la Société des Familles, association clandestine de révolutionnaires républicains qui comptera bientôt de 900 à 1.600 membres, recrutés parmi les artisans de la capitale, les étudiants ou les volontaires de la Garde nationale. Son action est bientôt interrompue. Barbès est condamné à un an de prison pour fabrication de poudres, rue de l'Oursine, le gouvernement profitant à cette époque de l’émoi suscité par l’attentat de Fieschi, le 28 juillet 1835, pour décapiter l’opposition.
La SDF comptait, divisée en Familles, des petits groupes de 5 initiés dirigés par un Chef de Famille. En 1837, la SDF se scinda en deux groupes : la Société des saisons et les Phalanges Démocratiques.
La SDS se subdivisait en Semaines qui regroupaient 6 hommes et un chef. Quatre semaines formaient un Mois de 28 jours (comptant donc 28 initiés et un chef). Trois Mois constituaient une Saison et quatre Saisons formaient une Année. Il existait au moins trois Années dirigées par Blanqui, Barbès et Martin Bernard.
Les Phalanges Démocratiques étaient dirigées par Mathieu d’Épinal, Pornin et Vilcocq. Leur programme d'inspiration 'anarcho-communiste' réclamait : l'abolition de la propriété et de la famille, communauté des femmes, éducation gratuite, destruction des objets de luxe, dictature populaire...
1836, 8 mars: découverte de la " Conspiration des poudres ", rue de l'Oursine à Paris. Barbès et Blanqui sont arrêtés le 11, alors qu'ils déconditionnaient des cartouches pour en récupérer la poudre...
1837, avril-juillet: Campagne d'affichage de sept proclamations enflammées, sortant de l'" Imprimerie de la République ", la première étant intitulée " Au Peuple ". Elles annoncent la réorganisation de la Société des Familles sous le nom de " Pelotons ".
1839, 12-13 mai : insurrection des Saisons qui visait au renversement du gouvernement monarchique et à l'instauration d'une république sociale. L'affaire tourne mal, Barbès blessé, est arrêté. On relève 77 tués et au moins 51 blessés du côté des insurgés, 28 et 62 de l'autre. C'était en fait une tentative de 'coup d'État'. Mais un 'coup d'État' mal préparé, sans objectifs intermédiaires, sans porte de sortie, sans alternative vraie…
Suivront 692 interpellations. Il y a plus de 750 dossiers d'inculpés au procès devant la Cour des pairs. Les archives de ce procès constituent une source intéressante pour l'étude des sociétés secrètes. SDS qui avait succédé à la SDF mais aussi à d'autres sociétés plus fugitives comme la Société des Vengeurs.
1839, 11 juin-12 juillet: premier Procès des insurgés de mai (19 accusés). Fidèles aux traditions carbonaristes, Barbès et Bernard refusent de se défendre. Ce dernier est condamné à la déportation et Barbès à mort. À son insu, sa sœur obtient du roi, le 14, la commutation de sa peine en travaux forcés à perpétuité, de nouveau commuée en déportation le 31 décembre.
1839, 14 oct. arrestation de Blanqui et de ses cinq compagnons. Ces derniers ne seront pas poursuivis. 1840, déc. formation des Nouvelles saisons, (Henri Dourille, Lucien Delahodde).
1840, 13-31 janvier: second procès des insurgés de mai 1839 (34 accusés). Comme Barbès et Bernard, Blanqui refuse de répondre. Condamné à mort le 31 janvier, sur intervention de sa femme et à son insu, à l'instar de Barbès, sa peine sera commuée en déportation le 1er février. Il rejoindra Barbès et les autres au mont Saint-Michel, prison d'État froide et ventée.
1854, Barbès amnistié est libéré par Napoléon III. Il part comme exilé volontaire en Hollande et ne reviendra jamais en France.
le 26 juin 1870, Armand Barbès meurt à la Haye, juste quelques semaines avant la chute du Second Empire et la proclamation de la République, événement qui sans aucun doute aurait réjoui ses derniers instants". sources : wikipedia http://www.histoire-fr.com http://histoiresdecarcassonne.blogs.lindependant.com
Dernière édition par Archange le Ven 23 Déc 2011 - 18:05, édité 1 fois (Raison : Ajout d'illustrations) |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Armand Barbès Ven 23 Déc 2011 - 18:02 | |
| Armand Barbès - Seconde condamnation : 1849Le 15 mai 1848, les révolutionnaires Armand Barbès, Auguste Blanqui, François Vincent Raspail et l’ouvrier Albert, suivis d’une foule de 50 000 personnes, investissent le palais Bourbon où siège l’Assemblée nationale. La manifestation, qui à l’origine est initiée pour demander une intervention française en Pologne, tourne au coup d’Etat. Le gouvernement reprendra le dessus et arrêtera les leaders. C’est la défaite du camp ouvrier et socialiste. Le 7 mars 1849 au palais Jacques Coeur à Bourges, une juridiction d’exception - une Haute Cour de justice créée pour la circonstance – juge les meneurs. Barbès et Blanqui pour ne parler que des plus connus, sont mis en accusation et lourdement condamnés.
Dernière édition par Archange le Mar 3 Jan 2012 - 11:48, édité 5 fois (Raison : Réparation de l'image) |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Armand Barbès Ven 23 Déc 2011 - 18:19 | |
| Les Accusés :Les accusés du procès de Bourges, suite à la manifestation du 15 mai 1848 :
Caussidière, Aloysius Huber, Barbès, Flotte, Louis Blanc
Chancel, Albert, Villain, Rasail, Borme
Sobrier, Thomas, Courtais, Larger, Blanqui
Lavirron, Houneau, Seigneureu, Quentin, Degré (dit le Pompier) |
| | | Louison Exécuteur régional
Nombre de messages : 429 Age : 62 Localisation : Paris Date d'inscription : 15/12/2011
| Sujet: Re: Armand Barbès Dim 25 Déc 2011 - 16:19 | |
| En prison en 1835 | |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Armand Barbès Dim 25 Déc 2011 - 16:39 | |
| Quand certains hommes sont oubliés... Villalier. Le tombeau oublié d'Armand Barbès Histoire. Fils d'un chirurgien carcassonnais, il fut un républicain farouche, une figure de l'histoire de France. Que fait-on pour sa mémoire?
Un tombeau gagné par les buissons, qui mériterait qu'on aménage le site, entre Villalier et Villedubert. Un tombeau gagné par les buissons, qui mériterait qu'on aménage le site, entre Villalier et Villedubert. A l'entrée de Villalier, une flèche anodine fait référence au tombeau de Barbès: prendre à droite. A partir de là, c'est la piste au trésor, débrouillez-vous ! Pour commencer, une petite route puis le chemin devient caillouteux, empruntant le GR 36, les bois de la colline poussent leurs griffes à en rayer la carrosserie de votre véhicule, mieux vaut finir à pied. Les sentiers s'entrecroisent, pas d'indication. Au hasard de votre progression, trois marches enfin, envahies par la végétation et au loin, un dôme d'une dizaine de mètres de diamètre mangé par les ronces, où trône majestueux ce tombeau oublié, près du domaine de Fourtou qui appartenait naguère à la famille. Un pot de fleurs synthétiques de couleur jaune est l'unique ornement désuet de ce monument tapis au milieu de cette forêt d'épineux . Un vestige d'un acteur d'une période importante de l'histoire de France.
Armand Barbès est enterré là, dans l'abandon, à la limite des deux communes de Villalier et Villedubert. Il était un républicain farouche, surnommé le conspirateur hors-pair, ou encore le Bayard de la démocratie. Opposant de la Monarchie de Juillet, fils d'un chirurgien carcassonnais, il est monté à Paris et a écrit les plus grandes pages de l'insurrection contre Louis Philippe. Incarcéré à plusieurs reprises, il finira sa vie en exil à La Haye quelques semaines avant la chute du second Empire et la proclamation de la République qu'il avait tant souhaité.
Celle-ci lui a témoigné de sa reconnaissance par des boulevards portant son nom. A Carcassonne, avec sa statue inaugurée en 1886, non loin du portail des Jacobins bien sûr, à Toulon, dans nombre de villes mais aussi et surtout dans le 18e arrondissement au nord de la capitale, où désormais le quartier Barbès, au pied de la butte Montmartre, est mondialement célèbre. Le plus populaire et cosmopolite de Paris, dans lequel il se serait sans nul doute reconnu, avec son marché où franciliens et touristes peuvent se procurer un panel complet de produits du Maghreb et de l'Afrique en général. Le grand magasin aux couleurs vichy rose « Tati », créé en 1948, fait partie également de la renommée de l'endroit. Barbès peut dormir sur ses deux oreilles, sa seconde vie n'est pas prête de s'éteindre. Une signalétique à la hauteur, un débroussaillage des lieux , un panneau explicatif, une place dans les guides touristiques devraient cependant rendre un juste hommage à la hauteur de l'homme qu'il fût.
source : http://www.ladepeche.fr/article/2009/08/10/652284-villalier-le-tombeau-oublie-d-armand-barbes.html |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Armand Barbès Dim 25 Déc 2011 - 17:57 | |
| Correspondance entre Armand Barbès et Victor Hugo En 1839, Barbès fut condamné à mort. Victor Hugo envoya au roi Louis-Philippe les quatre vers que l’on connaît, et obtint la vie de Barbès. Les deux lettres qu’on va lire ont trait à ce fait.Première lettre d'Armand Barbès à Victor Hugo Cher et illustre citoyen,
Le condamné dont vous parlez dans le septième volume des Misérables doit vous paraître un ingrat.
Il y a vingt-trois ans qu’il est votre obligé !… et il ne vous a rien dit.
Pardonnez-lui ! pardonnez-moi !
Dans ma prison d’avant février, je m’étais promis bien des fois de courir chez vous, si un jour la liberté m’était rendue.
Rêves de jeune homme ! Ce jour vint pour me jeter, comme un brin de paille rompue, dans le tourbillon de 1848.
Je ne pus rien faire de ce que j’avais si ardemment désiré.
Et depuis, pardonnez-moi ce mot, cher citoyen, la majesté de votre génie a toujours arrêté la manifestation de ma pensée.
Je fus fier, dans mon heure de danger, de me voir protégé par un rayon de votre flamme. Je ne pouvais mourir, puisque vous me défendiez.
Que n’ai-je eu la puissance de montrer que j’étais digne que votre bras s’étendît sur moi ! Mais chacun a sa destinée, et tous ceux qu’Achille a sauvés n’étaient pas des héros.
Vieux maintenant, je suis, depuis un an, dans un triste état de santé. J’ai cru souvent que mon cœur ou ma tête allait éclater. Mais je me félicite, malgré mes souffrances, d’avoir été conservé, puisque sous le coup de votre nouveau bienfait [note : Voir les Misérables, tome VII, livre I. Le mot bienfait est souligné dans la lettre de Barbès.], je trouve l’audace de vous remercier de l’ancien.
Et puisque j’ai pris la parole, merci aussi, mille fois merci pour notre sainte cause et pour la France, du grand livre que vous venez de faire.
Je dis : la France, car il me semble que cette chère patrie de Jeanne d’Arc et de la Révolution était seule capable d’enfanter votre cœur et votre génie, et, fils heureux, vous avez posé sur le front glorieux de votre mère une nouvelle couronne de gloire !
À vous, de profonde affection.
A. BARBÈS.
La Haie, le 10 juillet 1862.
La réponse de Victor Hugo à Armand Barbès Hauteville-House, 15 juillet 1862.
Mon frère d’exil,
Quand un homme a, comme vous, été le combattant et le martyr du progrès ; quand il a, pour la sainte cause démocratique et humaine, sacrifié sa fortune, sa jeunesse, son droit au bonheur, sa liberté ; quand il a, pour servir l’idéal, accepté toutes les formes de la lutte et toutes les formes de l’épreuve, la calomnie, la persécution, la défection, les longues années de la prison, les longues années de l’exil ; quand il s’est laissé conduire par son dévouement jusque sous le couperet de l’échafaud, quand un homme a fait cela, tous lui doivent, et lui ne doit rien à qui que ce soit. Qui a tout donné au genre humain est quitte envers l’individu.
Il ne vous est possible d’être ingrat envers personne. Si je n’avais pas fait, il y a vingt-trois ans, ce dont vous voulez bien me remercier, c’est moi, je le vois distinctement aujourd’hui, qui aurais été ingrat envers vous.
Tout ce que vous avez fait pour le peuple, je le ressens comme un service personnel.
J’ai, à l’époque que vous me rappelez, rempli un devoir, un devoir étroit. Si j’ai été alors assez heureux pour vous payer un peu de la dette universelle, cette minute n’est rien devant votre vie entière, et tous, nous n’en restons pas moins vos débiteurs.
Ma récompense, en admettant que je méritasse une récompense, a été l’action elle-même. J’accepte néanmoins avec attendrissement les nobles paroles que vous m’envoyez, et je suis profondément touché de votre reconnaissance magnanime.
Je vous réponds dans l’émotion de votre lettre. C’est une belle chose que ce rayon qui vient de votre solitude à la mienne. À bientôt, sur cette terre ou ailleurs. Je salue votre grande âme.
VICTOR HUGO. Source : http://fr.wikisource.org |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Armand Barbès Jeu 29 Déc 2011 - 11:30 | |
| Un ouvrage complet sur le procès de Barbès et ses compagnons : Les Accusés du 15 mai 1848 : les audiences y sont relatées jour après jour. source : gallica |
| | | Louison Exécuteur régional
Nombre de messages : 429 Age : 62 Localisation : Paris Date d'inscription : 15/12/2011
| Sujet: Re: Armand Barbès Jeu 29 Déc 2011 - 18:57 | |
| Ah sacré Victor Hugo au coeur sensible pour son "ami" , le condamné..... ! | |
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| Sujet: Re: Armand Barbès | |
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