Henri Olivier dit « Le Tigre » - 1925Source : le site de Boisdejustice :http://boisdejustice.com/Anatole/Anatole.html
Les faitsHenry "Le Tigre" Olivier - 32 ans, ancien des Bat d'Af, chef d'une bande de dix-neuf chauffeurs, les "Cagoulards", qui écumèrent la région de Roubaix de 1917 à 1922.
Insoumis pendant la guerre, abattit en 1916 un gendarme allemand qui allait l'arrêter. Le 5 novembre 1918, à Mouscron (Belgique), tue Mme Augustine Demeulemeester, épicière, qu'il étrangle avec l'un de ses propres bas. Le 8 décembre, à Roubaix, assomment le pontonnier Paul Doléan et volent plusieurs milliers de francs.
Par la suite, leurs agressions s'accompagnent souvent de violences, mais jamais de mort. Le principal lieutenant d'Olivier, Jules Pollet, alias « Lévrier », est condamné à perpétuité.
Condamnation : 4 décembre 1924 ;
Exécution : 24 mars 1925 à Lille.
Réveillé à 4 h. 45. « Je n'ai pas mérité l'échafaud. » Refuse les secours de la religion. Place du Palais de Justice, devant la guillotine, embrasse son avocat puis dit à Deibler : « Vous pouvez y aller ». Sa glande thyroïde est greffée à une fillette, ce qui la sauvera.
Source : Le site de Nemo - Sylvain Larue :http://guillotine.voila.net/Palmares1871_1977.html
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Le Petit Parisien, n° 17 439 du 27 novembre 1924°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°
Le « Tigre », qui a été guillotiné le 24 mars 1925, a-t-il eu deux vies ?Dans un hors-série disponible tout l'été, « La Voix du Nord » fait revivre treize affaires criminelles qui ont marqué la région. La première date du début du siècle dernier et relate l'histoire du « Tigre », qui trouve un écho aujourd'hui...
Le « Tigre », de son vrai nom Henri Olivier, était le chef de la redoutable bande des Cagoules, qui a semé la terreur à la frontière belge entre Roubaix, Tourcoing et Mouscron. C'était une de ces bandes de contrebandiers, reconvertis après-guerre dans le crime. Le « Tigre », à qui sont attribués au moins deux meurtres, a été condamné à mort.
Sa tête est tombée le 24 mars 1925. Et c'est là que l'affaire se révèle passionnante : quand on replonge dans les journaux de l'époque, les articles aux titres sensationnels se suivent... mais ne se ressemblent pas ! Pour les uns, le « Tigre » aurait connu la rédemption, en faisant don, plus ou moins volontairement, de sa glande thyroïde à une fillette de trois ans, un cas désespéré.
Une légende de plusL'opération aurait été réalisée par un chirurgien de Lille et la petite greffée, décrite comme « anormale » aurait retrouvé « intelligence et joie de vivre ». Pour les autres, le « Tigre » n'aurait donné lieu qu'à une légende de plus.
Nous sommes allés interviewer François Pattou, professeur d'endocrinologie au CHRU de Lille, pour avoir son diagnostic sur le cas du « Tigre ». Selon lui, cette greffe, même rarissime pour l'époque, est vraisemblable. À découvrir dans notre hors-série...
« Treize affaires criminelles dans le Nord - Pas-de-Calais des années vingt à nos jours »°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°
La bande des Cagoules devant les assises du Nord - Grandeur et décadence du dénonciateur Dendooven, dit "la Banque"Douai, 26 nov. (De notre env. spéc.)
On a beaucoup parlé de conscience aujourd'hui. Elle a d'ailleurs fini par triompher en la personne de l'admirable personnage de roman provincial, la veuve Pichet, mais ce fut long. C'est que personne n'est d'accord. Comme on pouvait s'y attendre, cette bande de cagoules, si unie pour les crimes, offre aujourd'hui le spectacle de la plus vive débandade. Les uns n'ont rien vu, les autres ne parlent plus.
Comme le dira le président à l'un des principaux accusés, Pollet, il y a dans ce procès bien des mémoires défaillantes ; il y a surtout l'unique espoir pour tous d'échapper au châtiment. Mis en face de leurs méfaits, les « cagouards » n'ont pas encore le sentiment d'une justice impitoyable-
Dendooven sur la sellette
Et, cependant, c'est une mauvaise journée pour eux, surtout pour Dendooven. L'affaire du 11 novembre 1917 : tentative d'assassinat des demoiselles Sergent et Versate!, à Roubaix, fut nettement à son désavantage. La femme Olivier, qui déclare ne pas agir par vengeance, prend ici la parole pour son mari. Celui-ci affecte une parfaite indifférence pour ce crime auquel il n'a point participé, mais sa femme y fut quelque peu mêlée. Elle a vu l'argent dérobé par Dendooven, et malgré les déclarations de celui-ci, faites d'une voix tantôt blanche, tantôt criarde, comme tamisée ou portée par le vent, malgré les protestations de la femme Dendooven, au timbre aigu comme un violon usé - Marie Caharlesge, qu'on appelle ici souvent Charlesze, à la joie de l'assistance, maintient son accusation.
Dendooven est navré. Il s'explique mal et essaye d'apitoyer les jurés, se peint sans argent durant la guerre.
Tant et si bien, dit-il, que je vivais sur ma femme qui, la pauvre, allait « foncer » en Belgique.
- Oui je fonçai, je fonçai, répète la femme Dendooven qui n'a cependant vécu que deux mois avec son mari.
« Foncer », dans ce charmant patois du Nord est un mot né de la guerre. Il signifie dans un saisissants raccourci « aller chercher des pommes de terre en Belgique».
Les témoinsLes témoins viennent accabler Dendooven. L'inspecteur Lefèvre et le commissaire Desmettes s'y emploient en bons policiers d'enquête. Dendooven ne peut que renouveler ses protestations, surtout quand ses anciens complices le jettent délibérément sur la sellette.
- Ah fait-il tristement. C'est leur revanche. C'est moi qui les ai dénoncés. Ils me mettent aujourd'hui tout sur le dos.
Et voici une des victimes, Mlle Zénobie Sergent. C'est une petite femme sanglée dans un long manteau noir, au visage rose, aux mains tremblantes. Elle porte encore dans le regard, la mémoire de l'affreuse nuit où les bandits commirent sur elle et sur son associée les pires violences.
Elle conte très simplement la scène du crime, et, lorsque Dendooven s'écrie :
- J'ai beau regarder cette femme, je n'ai rien à me reprocher.
Elle braque sur lui ses yeux clairs, comme le souvenir formel de l'acte abominable.
Mme veuve Pichet est un témoin de moralité. Elle entre en se dandinant lourdement sur les jambes, les épaules couvertes d'un gros fichu de laine noire, un tablier à carreaux bleus ballotant sur sa jupe ; son chignon bien tiré à l'air collé à son crâne. Elle connaît Dendooven.
- C'est un brave homme. Mais faut vous dire, monsieur le président, que c'était avant la guerre.
Le témoin aura décidément intéressé le jury par sa pittoresque déposition, car on la convoque pour demain. Elle sera confrontée avec les agents de police ; c'est un moment de gaieté qu'on se promet parmi tant d'autres souvenirs.
Mais Dendooven a quand même sa revanche. En fin de séance, Olivier doit répondre du crime de M. Doléans, assassiné chez lui, à Roubaix, le 8 décembre 1918. Il nie avoir participé au meurtre, mais Dendooven est là qui le dénonça, et il se vengera de son ancien chef de tout à l'heure, quand celui-ci haussait les épaules et ricanait devant ses vaines protestations d'innocence.
M. Bourdet - Le Petit Parisien, n° 17 439 du 27 novembre 1924-p. 3