EXECUTION CAPITALE A BETHUNE (1934)
LUDWIG GALA
( Boisdejustice - Anatole Deibler's 400 Customers )
M. Albert Lebrun, président de la République, ayant refusé d’accorder sa grâce au Polonais Ludwig Gala, condamné à mort, en juin 1934, par la cour d’assises du Pas-de-Calais, pour avoir commis, le 3 février, un abominable assassinat à Sallaumines. A la suite d’une beuverie, et alors qu’il savait les deux enfants de son logeur seules au logis, il était allé réveiller la plus âgée, Janina, onze ans, lui disant que son père qui était chez un compatriote, l’appelait. En fait, Gala entraina l’enfant dans un endroit désert, près de la route nationale à Sallaumines, et là, tenta de l’assommer, puis l’égorgea.
Le monstre assouvit ensuite sur le petit cadavre son ignoble passion. Ce crime souleva dans la région une émotion considérable.
Le fourgon qui contient les bois de justice arriva de Paris en gare de Béthune vendredi à 4 h 30. Il fut aussitôt garé dans le hall de la petite vitesse. Malgré la pluie, des curieux attendaient l’arrêt de l’express à 10 h 53 pour voir M. Deibler, l’exécuteur de hautes œuvres. Mais ce dernier et ses aides étaient descendus en gare de Lens.
Pour passer sa dernière nuit, Gala est revêtu, comme les autres nuits, de la camisole de force et a les pieds entravés. Son sommeil sera rompu vers 3 heures du matin, au moment où un contingent d’une centaine de gendarmes des brigades des environs traverse la ville pour se rendre près de la prison. Vers 4 h du matin, le fourgon contenant la guillotine est amené sur les lieux, c’est-à-dire en face de la prison. Aussitôt commence le montage. M. Deibler s’assure du bon fonctionnement. A plusieurs reprises, il fait fonctionner le couperet, qui se détache aux premières lueurs de l’aube. Tout est prêt pour l’exécution. L’heure de l’exécution approche. Gala va expirer. Dehors, la foule qui est contenue derrière les barrages, attend silencieuse et impatiente.
Gala fut réveillé et le procureur lui apprit que le Président de la République avait refusé de lui accorder la grâce et que le moment d’avoir du courage était arrivé. Tout hébété, Gala devint blême, il se mit à trembler de tous ses membres et fit un effort pour articuler quelques paroles.. C’était pour dire en polonais qu’il avait dit toute la vérité au juge d’instruction, que ce n’était pas lui le coupable et qu’il n’avait pas tué. En proie à une vive émotion, il ne put en dire davantage. On lui demanda s’il voulait les secours de la religion. Gala ne put répondre que par un signe de la tête.
Il accepta alors de se confesser et d’assister à la messe qui fut célébrée pour lui dans le couloir. Quand l’office fut terminé, on dut relever le condamné : Gala était figé par l’épouvante. Il fut alors conduit, trainé pour mieux dire, au greffe, où l’attendaient M. Deibler et ses aides. Son avocat et le prêtre polonais voulurent lui parler et lui demander s’il n’avait pas certaines recommandations pour sa famille. Complétement terrifié, gala ne put répondre. Les aides du bourreau procédèrent alors à son ultime toilette. Au moment où M. Deibler lui échancrait le col de sa chemise, le monstre assassin faillit perdre connaissance. Il n’eut plus le goût ni l’idée d’accepter le verre de rhum et une cigarette qu’on lui offrit.
L’heure tournait. Depuis 5 h 45, heure à laquelle il fut réveillé, près d’une demi-heure s’était écoulée. Les aides du bourreau venaient d’attacher les bras et d’entraver les pieds du condamné. Gala s’était laissé faire sans la moindre résistance et sans proférer aucune parole. M. Deibler signa la levée d’écrou. L’heure de marcher au supplice était arrivée.
On dut soutenir le condamné pour parcourir les quelque vingt mètres qui séparent la prison de la guillotine qui, sinistre, se dressait dans l’encadrement de la porte de la maison d’arrêt. Gala, qui s’était raidi, articula en polonais : Ayez pitié de moi. Puis il se mit à pleurer et à gémir. Il était 6 h 15 quand le condamné fut porté sur la planche à bascule. Gala gémissait encore quand le couperet lui trancha la tête. Justice était faite.
Un des aides avait rejeté la tête du supplicié dans le panier où avait balancé le corps. Le panier fut hissé dans le fourgon funèbre, qui rapidement se rendit au cimetière de la ville, où les membres de la confrérie des charitables procédèrent à l’inhumation de celui qui assassina la petite Osnik et pour laquelle il n’eut jamais un mot de regret. La foule se dispersa silencieusement. Ajoutons que M. Osnik, père de la petite victime, se trouvait sur les lieux de l’exécution ainsi que M. Louart, député-maire de Sallaumines.
Par l’express de 8 h 24, M. Deibler et ses aides regagnèrent Paris.
L’assassin Ludwig Gala, la petite Janina et le père de la victime, Joseph Osnik.
LIENS ENTRE GALA ET OSNIKUn homme s’était présenté au commissariat :
- Je m’appelle Joseph Osnik. Je travaille comme ouvrier mineur à la fosse 13 des mines de Courrières. Il y a deux ans, ma femme est morte. J’habite avec mes deux fillettes, Janina, âgée de onze ans, et Casimira, de deux ans plus jeune…
Le travail de la mine est un rude labeur. Le Polonais était obligé d’abandonner ses filles aux soins des voisines qui, elles-mêmes, avaient bien d’autres préoccupations. Les deux enfants poussaient donc comme des herbes folles.
Joseph Osnik avait un ami, Ludwig Gala, ouvier mineur également. Il le décida à venir habiter chez lui. Comme son jeune compagnon était sans travail, il fut décidé qu’il s’occuperait des enfants et des soins du ménage.
Cette idée de jouer à la mère de famille plut à Ludwig Gala qui apportait un soin affectueux à habiller les fillettes, à les débarbouiller et à raccommoder leurs effets. Les enfants, d’ailleurs, étaient proprement tenues et ne se plaignaient jamais de l’ami de leur père.
Les deux polonais faisaient souvent la noce.
Extrait d'un article publié dans Détective (février 1934)