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 Les cas de Monaco et d'Andorre

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Nemo
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MessageSujet: Les cas de Monaco et d'Andorre   Les cas de Monaco et d'Andorre EmptyDim 26 Sep 2021 - 3:15

Texte inédit, prévu pour être inséré dans Le Couperet de l'éternité mais conservé dans un fichier Word faute de place.

Les deux petites principautés limitrophes de la France auraient pu, à tour de rôle, être concernées par l’usage de la guillotine, cependant, il n’en fut rien.

Adieu la potence à Andorre ! A compter de 1854, le prince Josep Caixal i Estradé, evêque d’Urgell , introduit l’usage du garrote vil, le collier de métal étrangleur en usage dans l’Espagne voisine depuis 1822 - et qui le restera jusqu’en 1974.

Le 29 février 1860, dans la prison de la Casa de la Vall , a lieu la seule utilisation de cet instrument sur le fermier criminel Juan Mandico, qui avait tué un an plus tôt à coups de couteau le nommé Gil Areny pour le voler. L’identité du bourreau – il n’y en avait plus en activité dans la principauté depuis peut-être trois siècles ! – reste imprécise : certaines sources prétendent qu’il était français, d’autres le disent andorran.

Trente-six ans plus tard, la scène aurait pu se reproduire, mais le matricide Manuel Baco, jugé le 28 mars 1896, bénéficia d’une grâce inespérée, suivant une tradition séculière : les condamnés d’Andorre étaient exposés au peuple juste avant d’être conduits à la mort. Si dans le public, une seule personne réclamait sa grâce, celle-ci était automatiquement appliquée… Le 17 avril, Baco eut cette chance, et partit donc purger sa peine de travaux forcés à perpétuité en Nouvelle-Calédonie, ou il mourut en 1898.

Il fallut près d’un demi-siècle pour que le tribunal des Corts rende un nouveau verdict capital. Hasard de la vie, le condamné de ce 15 octobre 1943 s’appelait Pere Areny-Aleix, et il était l’arrière-petit-fils du fermier tombé sous les coups de Mandico ! La nouvelle victime ? Elle n’est autre que son propre frère, Antoni, abattu deux mois plus tôt à coups de fusil de chasse pour profiter plus rapidement de son héritage. Trois jours après le verdict, le 18 octobre, c’est en public, aux abords du cimetière, à la Roureda de Moles, qu’Areny est passé par les armes, fusillé par un peloton composé d’hommes de la police d’Andorre. Les vives protestions de la part des policiers chargés d’abattre Areny – certains préférant même démissionner plutôt que d’obéir - joueront sans doute sur les mentalités des juges. Ce sera la dernière fois qu’Andorre connaîtra la sentence suprême, devant attendre 1993 pour définitivement rayer de la loi la peine capitale.

L’histoire de la peine de mort à Monaco se résume plus succinctement encore : non seulement les crimes de sang n’étaient pas nombreux sur ce territoire de 2 km², mais de plus, d’une façon quasi-certaine, la guillotine n’y fut jamais la bienvenue ! En effet, quel prince souverain aurait accepté de voir sur le Rocher se dresser une machine identique à celle qui, le jour-même  de la chute de Robespierre, avait décapité Marie-Thérèse, la bru du prince Honoré III ?

Enclavée de 1815 à 1860 au sein du royaume de Sardaigne, qui lui accorde un statut de protectorat, la principauté connut probablement la dernière exécution de son histoire à cette période. La date de 1847 est souvent avancée, mais sans plus de détails sur le crime ainsi puni, encore moins l’identité de l’auteur, et les registres d’état-civil n’en confirment rien. On peut tout de même présumer qu’on employa à cette occasion la méthode prescrite par la loi sarde, à savoir la pendaison.

En décembre 1907, la presse française fit ses gros titres sur la condamnation à mort de Marie-Rose Girodin, alias lady Violette Goold.  Cette roturière, épouse d’un Anglais, authentique baronnet, ivrogne et escroc , était à l’origine d’une des plus célèbres affaires de « malle sanglante » de la Belle Epoque, malle dans laquelle elle avait caché les restes dépecés de sa malheureuse dame de compagnie ! Le crime avait été découvert à Marseille, mais commis à Monaco, et ce fut donc le tribunal criminel de la principauté qui dut décider du sort du couple meurtrier ! La mort fut une décision saluée, bien qu’assez inattendue, et dans l’optique de l’époque, l’idée de devoir requérir les services de Deibler sur la Riviera (pour supplicier une femme qui plus est !), entraîna tout naturellement une commutation de peine. Aucun des deux époux ne survécut longtemps à son incarcération.

Si d’autres procès assez retentissants eurent pour théâtre la salle d’audience monégasque, aucun ne s’acheva plus sur une condamnation à mort, et le châtiment suprême fut finalement aboli le 17 décembre 1962.

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MessageSujet: Re: Les cas de Monaco et d'Andorre   Les cas de Monaco et d'Andorre EmptyDim 26 Sep 2021 - 17:46


"Copié-Collé" d'un de mes précédents posts:

Une nouvelle de MAUPASSANT (" le condamné à mort " parue en 1883) évoque le cas d'un condamné à mort à MONACO, donc certainement à la fin du XIX eme siècle.

Le grand écrivain, dans son style remarquable de concision, d'humour et de détachement descriptif, décrit les affres de la justice monégasque à l'époque où la principauté n'avait pas encore fait fortune dans ses petites combines, gardant un condamné dans une prison à une seule cellule, et se déclarant finalement incapable d'affronter le devis de la Chancellerie française ( seize mille francs de l'époque: une fortune) et celui des Italiens ( 12.000 francs ) pour la location de la Veuve et des bourreaux, dont Monaco était évidemment dépourvue. La seule solution honorable consista donc à pousser le prince à grâcier. Mais il fallait ensuite lui faire subir sa réclusion perpetuelle ! Le geôlier coûtait à la longue trop cher: on le congédia, et le condamné se garda lui même, mais exigeait sa soupe tous les jours , et c'était encore trop cher.

On voulut exiler le criminel: il refusa! Finalement, selon Maupassant, il fallut lui servir une pension pour le convaincre à quitter Monaco.

Mon édition de la Pléiade indique que l'on ne sait pas si l'anecdote, assez savoureuse, est vraie.

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MessageSujet: Re: Les cas de Monaco et d'Andorre   Les cas de Monaco et d'Andorre EmptyDim 26 Sep 2021 - 20:07

Jolie histoire familière, mais issue de l'imagination de Maupassant ! Je n'ai trouvé trace de condamnation à mort à Monaco depuis 1860 qu'en 1907 - une autre condamnation, évoquée ça et là en 1929, semble n'être qu'une invention de journaliste.

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