N'enlèvent rien à la qualité acceptable de sa musique les petites tricheries qu'Umberto Giordano se permet à propos d'André Chénier dans son opéra éponyme où Aimée de Coigny, renommée plutôt Madeleine de Coigny, au lieu de le snober, en raffole au point d'accepter de mourir avec lui en se substituant à une certaine ldia Legray fictive, qui ne figure pas dans le
Dictionnaire de référence de Louis-Marie Prud'homme, le
Dictionnaire des individus envoyés à la mort judiciairement pendant la Révolution :
Au fil du temps les mises en scène qui ont été faites de cet
Andrea Chénier de Giordano ont eu tendance à s'éloigner du livret de Luigi Illica qui s'efforce de maintenir au-delà des protagonistes à l'avant-plan une balance critique entre la noblesse et le peuple : ainsi chez Mario Landi dans sa version produite par la RAI en 1955 cet équilibre se retrouve encore malgré le jumelage, à l'abbé salonnard du premier acte, d'un sous-abbé pique-assiette d'un comique subtil, mais ensuite tant Giancarlo del Monaco à l'Opéra Bastille que Mario Martone à la Scala ont dérogé à la neutralité d'Illica pour meubler leurs arrière-plans d'une figuration pro ou anti révolutionnaire spécialement perceptible au deuxième acte dans l'espèce de fête de l'Être suprême du «pont Péronnet» qui de l'un à l'autre dégénère d'une scintillante apothéose de Robespierre en une sordide procession de têtes desséchées qu'il brandit à bout de bras en compagnie de Saint-Just et Barère, Collot d'Herbois et David.
Scène finale de l'
Andrea Chénier de Mario Martone,
avec son bourreau masqué primitif sans rapport avec le Charles Sanson de 1794.