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 Paul Bouvret

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MessageSujet: Paul Bouvret   Paul Bouvret EmptyVen 4 Jan 2008 - 13:55

Dédé, je me demande ou allez vous chercher toutes ces archives.

Wink Je ne connaisssais pas cette affaire Bouvret.


Dernière édition par le Mer 16 Jan 2008 - 0:24, édité 1 fois
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Adelayde
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Adelayde


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MessageSujet: L'affaire Bouvret (1931)   Paul Bouvret EmptyMar 26 Avr 2011 - 18:26


L’ex aviateur Paul Bouvret qui assassina un négociant nantais va être jugé à Aix

Marseille, 26 oct. (dép. Petit Parisien.)
Le 24 novembre 1929, à 6 heures du matin, le docteur Silhol passait entre Saint-Mitre et Istres lorsque, à 400 mètres du château, sur le bord de la route, il aperçut le cadavre d'un homme. Ce dernier avait été tué de trois coups de revolver dans la tête tirés par derrière. Une étiquette trouvée dans son pantalon permit d'établir qu'il s'agissait d'un négociant en soieries de Nantes, M. Félix-Ferdinand Nicolay, quarante-deux ans, qui était venu à Marseille pour affaires. Il avait été vu pour la dernière fois dans cette ville le 23 novembre, au garage où il avait remisé son auto. Il était parti avec sa voiture en annonçant qu'il reviendrait la semaine suivante. Un officier aviateur, au visage osseux et
mutilé de la main gauche, l'accompagnait.
Au cours de ses recherches, la police découvrit dans ses archives la photographie d'un nommé Paul. Bouvret, né à Gray (Haute-Saône), le 2 février 1892, deux fois condamné pour port illégal d'uniforme et de décorations, dont le signalement correspondait à celui du compagnon de l'infortuné commerçant. C’était effectivement Bouvret qui avait commis le crime. On apprit bientôt qu'il voyageait avec la voiture et les marchandises de sa victime. A Piolenc (Vaucluse), il séjourna quarante-huit heures pendant lesquelles il fit réparer l'automobile. D'autre part, il vendit à la fille de son hôtelier des robes de soie pour 1.200 francs.
Cependant des barrages de gendarmerie furent établis sur toutes les routes. Le soir du 28 novembre, M. Drou, garagiste à Paris, recueillait sur la route un automobiliste, qui n'était autre que Bouvret, dont la voiture était en panne dans la forêt de Fontainebleau. A Orly, un cordon de gendarmes vérifia l'identité des voyageurs et Bouvret, dénoncé par la mutilation de sa main gauche, fut arrêté.
La vie de Bouvret a été des plus aventureuses. Adolescent, il fit de nombreuses fugues. A dix-huit ans, il s'engagea, mais fut réformé, en 1917, pour blessures de guerre et aussi pour dégénérescence mentale. En février 1920, il passa son brevet de pilote aviateur. Puis il fut soldat à la Légion étrangère, mais il déserta. Arrêté et détenu au camp d'Aïn-Beda, il fut amnistié à la suite de sa belle conduite au cours d'un incendie. Enfin, en 1929, il rentra en France. Les médecins aliénistes qui l'ont examiné concluent à l'existence chez Bouvret d'un dédoublement de la personnalité.
L'affaire, appelée devant les jurés des Bouches-du-Rhône, le 8 juillet dernier, dut être renvoyée, par suite de la défaillance de certains témoins. Elle reviendra les 29 et 30 octobre et donnera lieu sans doute à des audiences mouvementées.

Le Petit Parisien, n° 19 964 du 27 octobre 1931

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Le faux aviateur Bouvret répond de son crime devant la Cour d’Aix
Il reconnaît avoir commis des vols, mais non un assassinat et il ne veut pas paraître de responsabilité atténuée

Aix-en-Provence, 29 octobre. - De notre envoyé spécial
Paul Bouvret, ce pseudo aviateur, voleur fieffé et assassin présumé, que tout accuse, dont le Petit Parisien annonçait mardi la proche comparution en cour d'assises, appartient à cette espèce singulière de malfaiteurs vaniteux et beaux parleurs. Feu Landru fut le maître du genre avec ses étonnantes prétentions à la psychologie et la connaissance scientifique. Dandy du ruisseau, bellâtre maigre au faciès ravagé, bien qu'il n'ait pas plus de trente-six ans, Paul Bouvret aspire à l'éloquence, à la précieuse dialectique et à la fine culture encore qu'il soit, au fond, horriblement vulgaire, ignorant comme un poisson. Au surplus de si rares ambitions ne sauraient défendre l'accusé des pires pataquès.
Celui pour qui le port, tout à fait illégal, d'une casquette galonnée suffisait à ses ambitions d'homme volant et qui doit répondre devant le jury des Bouches-du-Rhône de l'assassinat commis à Istres, sur la grand'route et dans de particulières conditions de lâcheté, le 24 novembre 1929 sur la personne de M. Nicolay, marchand tailleur nantais, est déjà un vieux cheval de retour. Il est titulaire d'au moins quatorze condamnations tant civiles que militaires, officielles peut-on dire, sans compter celles qu'il collectionna sous de faux noms !
Il faut voir et entendre ce voyou bien brossé, adroit à jouer de la pochette de soie, soucieux d'articuler de façon impeccable, les « Comment donc !... Croyez-moi !... Ici je me permets une contradiction… » à l'adresse du vénérable président Bez, nourri de son dossier, et de M. Lacaux, redoutable avocat général.
On touche à un comique vraiment spécial quand cet accusé, que les psychiatres disent responsables mais mythomane, retrouve dans sa mémoire des lambeaux de propos judiciaires recueillis de tribunaux en tribunaux, tels que ce « Nous y reviendrons ! » dont il use jusqu'à l'abus et qui est tellement caractéristique du langage d'un président d'assises !
Mais l'avocat général a une terrible façon de fixer l'accusé, de le scruter, de le vider du regard ! Alors Bouvret perdant le fil incertain de ses trop beaux discours en perd du coup aussi la voix et ne sait plus que se gratter ce grand nez aquilin, ornement considérable d'une des plus parfaites têtes de fripouille qu'il nous ait été donné de contempler.
Paul Bouvret avoue le vol de l'automobile, le vol du portefeuille, le vol de la mallette et des robes de soie qu'elle contenait, revendues à vil prix. Il nie l'assassinat de M. Nicolay.
Quoi ? Il aurait pu si facilement s'emparer d'une auto remplie de marchandises laissées à sa convoitise en plein bled près de Nîmes, comme il le soutient ?
Bouvret. - M. Nicolay était très négligent.
Le président. - Pas à ce point.
Le conseiller Bez ajoute :
- Après avoir d'abord nié connaître seulement M. Nicolay dont on avait trouvé sur vous les papiers, vous avez prétendu avoir fait la « bombe > avec lui, la bombe à Marseille. Or votre victime était un négociant sérieux, rangé, qui ne faisait pas la « bombe ».
M' Villaret, chargé de la défense, se joint au président pour presser son client de s'expliquer. Mais quelle bonne explication pourra fournir celui qui a tant menti et qui mentait encore aux gendarmes l'ayant identifié à Villeneuve-le-Roi (Seine-et-Oise) grâce à sa senestre mutilée, souvenir d'un passage au pénitencier algérien ?
La voiture volée ayant eu une panne en forêt de Fontainebleau, Bouvret, lorsqu'on lui mit la main au collet, avait pris place à bord de l'auto d'un chauffeur obligeant.
On revient enfin au crime en soi. Pauvre Nicolay ! Pauvre tailleur nantais disant à tout venant sa joie naïve de devoir bientôt le baptême de l'air à la sympathie de cet as (sic) qu'il avait eu « la chance de rencontrer ». L'as ! Ce drôle, voleur depuis l'âge de seize ans, l'homme à la belle casquette, trois fois condamné pour port illégal d'uniforme et de décorations !
Bouvret est responsable. Mais il va s'agir de connaître ce qui peut limiter la responsabilité pénale du mythomane assassin et surtout si, selon certains experts, Bouvret serait un curieux exemple de dédoublement de la personnalité. Débat passionné… s'il ne tourne court.
Faudrait-il, auparavant, la précaution d'un huis-clos ? Comme on s'y attendait le moins, la défense soulevant la véhémente indignation de M° Serge Paul, partie civile demande que les experts se prononcent sur d'étranges stigmates qui, confirmés, éveilleraient l'idée d'une scène hautement immorale dans laquelle la victime aurait joué son rôle. Avant tout, il n'apparaît pas que cela puisse éloigner l'idée du crime, ce crime dont un moraliste a dit que la débauche est sa soeur sournoise.
La science est-elle plus respectable lorsqu'elle ose quelque démonstration privée de la preuve concrète que lorsqu'elle triomphe à coup sûr par l'expérience du laboratoire ?
Crânement, fort de sa conviction, sans se demander si ceux qui le peuvent suivre composent ou non une estimable majorité, le docteur Blanchard, au début de l'audience de l'après-midi, déclare :
- Bouvret, mythomane et dégénéré, susceptible d'un dédoublement de la personnalité, est responsable. A quel degré ? Voici : il possède la notion du bien et du mal, mais ne sent pas le mal lorsqu'il le fait en agissant dans un but utilitaire.
Premièrement, notre mythomane tire du mensonge des jouissances perverses.
L’avocat général. - Il importe d'y voir clair. Peut-on dire que Bouvret faisant le mal sait qu'il le fait, sans avoir ce que je me hasarderais à définir le remords avant la lettre ?
Il aura pour réponse un geste sans espoir du témoin.
Le président. - Concluons, si possible ! Bouvret, capable d'une notion du mal, n'est pas retenu par la peur du châtiment.
Des témoignages accablants
A la déposition du commissaire Ailhot, dont le flair permit l'arrestation, Bouvret opposera, laissant tom-
ber les mots de ses lèvres blanches et minces, un sempiternel :
- Comme c'est simple !
Trop simple.
On s'étonne, à bon droit, qu'une abondante correspondance et trente photographies saisies dans l'auto de Nicolay et lui appartenant aient disparu du lot des pièces réputées à conviction. Comme cela fâche le ministère public, le bon président s'ingénie à calmer les parties.
Mauvais témoignage pour l'accusé i que celui du policier. Reconnaissant enfin avoir circulé avec Nicolay dans Marseille, Bouvret a certainement menti sur l'heure de la dernière rencontre. Dans quel but ? Cela va de soi.
Une fille de salle, qui servit aussi la victime, reconnaît en l'accusé l'hôte de son client. Elle servit un plat de carottes. L'autopsie révéla qu'il y avait des carottes dans l'estomac de Nicolay.
Demain, les jurés ayant « apprécié », après le tournoi d'éloquence, le verdict sera rendu, tardivement sans doute.

André SALMON.
Le Petit Parisien, n° 19 967 du 330 octobre 1930 (pages 1 et 3)

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Paul Bouvret condamné à mort
Le jury s'est montré plus sévère que l'avocat général qui avait requis les travaux forcés à perpétuité

Aix-en-Provence, 30 octobre. – De notre envoyé spécial
II a bien pu manquer un témoin à l'accusation, ce témoin dont la vaine recherche a quelque peu retardé les débats. L'accusation se sentait assez forte.
L'accusation a pu perdre en chemin un de ses témoins, il n'en est venu aucun autre pour dire quoi que ce soit en faveur de Bouvret. Personne n'est venu de Gray (Haute-Saône), son pays natal. Enfant perdu, batteur, de grand chemin de jadis, Bouvret, le faux aviateur, aviateur breveté tout de même ; ancien hussard qui fut brave, vétéran de « Biribi », ancien légionnaire, vieux cheval de retour, est le mieux perdu des enfants du crime. Au soir du 24 novembre 1929, sans un sou, sans espoir, libérant ses pires instincts… et en outre mythomane, Paul Bouvret n'avait-il pas tué son compagnon d'un soir, M. Nicolay, le tailleur nantais ?
Il avoue ses vols, mais c'est un assassin que montreront, tour à tour effondré et livide à sa place redoutable, M° Serge Paul, partie civile, et l'avocat général Lacaux.

Le réquisitoire
Pour le robuste organe du ministère public, orateur coloré en qui l'on respecte encore un grand juriste, un rare logicien, tout accuse Bouvret, mais rien autant que ce veston de Nicolay dont le trouvèrent revêtu les gendarmes de Seine-et-Oise lorsqu'ils l'arrêtèrent à Villeneuve-le-Roi ; ce sera sa tunique de Nessus.
Bouvret confesse avoir volé des papiers, des bijoux, un stylo, un briquet, et il avait pris cela en vrac dans la sacoche d'une auto abandonnée ? Allons donc Bouvret a tué Nicolay et il a dépouillé le cadavre étendu dans la nuit, sur la grand'route.
Bouvret est-il dégénéré ? Peut-être. Est-il mythomane ? C'est indiscutable. Mais, le docteur Blanchard le disait hier, il décide ses actes qui, tous, ont un but utilitaire.
Admettant une « responsabilité atténuée » avec la Faculté, sans paraître toutefois y croire d'une foi trop excessive, l'avocat de la société, renonçant à réclamer pour Bouvret la peine capitale, adjure lès magistrats populaires d'envoyer le misérable au bagne à perpétuité .

La plaidoirie
Dès le début de l'audience du soir, la parole, est donnée à la défense, et tout de suite voici le jeune M° Villaret, dévoué passionnément à sa première grande cause, qui connaît les ennuis d'un « accrochage » avec le ministère public.
M. Lacaux, prestige de la robe rouge, autorité de l'âge, avait clamé « la stupidité de la thèse de la défense ». Coup droit à Bouvret, que M°Villaret crut devoir inscrire à son compte débiteur. Là-dessus de s'écrier qu'il en pensait autant de l'accusation Tumulte ! L’«homme rouge» se fâche tout rouge. Mais de quel incendie n'aurait pas raison la bonhomie du président Bez ? Le jeune homme en noir, rituellement, doit céder. « L'expression a dépassé sa pensée. » Il en verra bien d'autres avant de se cuirasser. Il est excellent dans son essai de démonstration, métamorphosant le dangereux Bouvret en un pitoyable malade dont le cas relève moins du garde-chiourme que des infirmiers. Il est certain que, sur ce plan, les médecins experts ont beaucoup accordé à la défense.
Mais quand on aura admis que l'aptitude au crime est une maladie, la société devra-t-elle renoncer au droit de se défendre ?
Non seulement MI Villaret nie le crime, mais il souhaite de voir ramener le vol aux proportions d'une affaire correctionnelle.
Réplique de la partie civile. Réplique de M. Lacaux pressant d'avouer ce Bouvret si prompt hier à revendiquer responsabilité et libre arbitre. II n'obtient de l'accusé beau parleur que cette réponse :
C’est une satisfaction qu'il ne m'est pas permis de vous donner. Le jury entre alors en délibération ; elle sera courte. Allant plus loin que le ministère public, le jury rapporte un verdict affirmatif sans circonstances atténuantes. Paul Bouvret est condamné mort.
André Salmon.

Le Petit Parisien, n° 19 968 du 31 octobre 1931

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Le condamné à mort Bouvret se pourvoit en cassation
Aix-en-Provence, 1er nov. (dép. Havas.)

Paul Bouvret, qui assassina le courtier nantais Nicolay et qui, pour ce crime, a été condamné, vendredi dernier, à la peine de mort par la cour d'assises des Bouches-du-Rhône, vient de signer son pourvoi en cassation.

Le Petit Parisien, n° 19 970 du 2 novembre 1931

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Condamné à mort grâcié

Aix-en-Provence, 23 mars. – Le nommé Paul Bouvret, auteur du crime d’Istres, qui a été condamné à mort le 30 octobre dernier par les Assises du Rhône, vient d’être gracié : sa peine a été commuée en celle de travaux forcés à perpétuité ; il attendra à la prison d’Aix son départ pour le bagne.
des Bouches-du-Rhône

L’Ouest-Eclair, n°12 922 du 24 mars 1932
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