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Sujet: RIP Robert Badinter Sam 10 Fév 2024 - 13:55
Quoique l'on pense de la peine de mort,permettez moi d'avoir,au lendemain de son décès,une pensée pour R.Badinter,celui la même par qui notre chère Veuve a été rangée au rayon des souvenirs.Faut-il,43 ans après,la regretter?Perso,je ne peux répondre à cette fondamentale question.
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Alecto Bourreau départemental
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Sujet: Re: RIP Robert Badinter Sam 10 Fév 2024 - 19:23
J'ai du respect pour les hommes de convictions qui se mouillent la chemise pour faire valoir leurs idées, même quand je ne les partage pas. Tant que cela reste dans un contexte démocratique, bien sûr. Je m'abstiendrai d'ouvrir un débat sur la PdM dans une message qui est un hommage au défunt. RIP donc.
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Sujet: badinter Sam 10 Fév 2024 - 21:34
démocratie ? je ne pense pas ! en 1981 la majorité des français était pour la peine de mort !
mitchou34 Bourreau départemental
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Sujet: Robert Badinter(suite) Dim 11 Fév 2024 - 10:15
Perso,je ne partage pas les options politiques de Badinter,mais il faut lui reconnaitre un déterminisme de tous les instants qui force le respect,en dehors,du fait,bien évidemment qu'il ait été aussi un grand pénaliste.N'oublions pas non plus qu'il a été directement confronté à la Veuve un petit matin de novembre 1972.
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Sujet: Re: RIP Robert Badinter Dim 11 Fév 2024 - 15:19
cabochard a écrit:
démocratie ? je ne pense pas ! en 1981 la majorité des français était pour la peine de mort !
Je me suis mal exprimée. J'aurais dû dire que je respectais les hommes de conviction agissant dans un régime démocratique, et non d'un contexte. Il y a eu un tas d'hommes de conviction dans toutes les dictatures sanglantes de l'histoire et il est évident que je ne les respecte pas. La France est une démocratie parlementaire, mais il peut en effet y avoir des contextes où des décisions non-démocratiques sont prises. J'espère avoir clarifié les choses.
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Sujet: Re: RIP Robert Badinter Dim 11 Fév 2024 - 15:26
cabochard a écrit:
démocratie ? je ne pense pas ! en 1981 la majorité des français était pour la peine de mort !
Majorité peut-être, mais petite majorité qui n'a pas su s'exprimer au moment opportun.
L'abolition n'était pas une mesure surprise dans le programme présidentiel de Mitterrand : voter pour lui, c'était assurer tôt ou tard de mettre la guillotine au placard. Les urnes populaires ont parlé.
Et encore une fois, en 1981, la peine capitale était une sentence moribonde qui n'apportait rien à la société. Un simple placebo, histoire de donner l'illusion aux "honnêtes gens" qu'ils vivaient en sécurité... Quand vingt têtes tombaient chaque année, on pouvait encore le croire, et encore... Mais là... Le monde ne se portait sans doute pas plus mal une fois Claude Buffet mort, mais beaucoup plus en sécurité, vraiment ? J'en doute fort.
Pour ma part, si je considère que le décès de la majorité des hommes politiques n'a aucune espèce d'importance - et serait même presque une occasion de se réjouir, tant ils contribuent à rendre ce monde plus complexe, plus idiot au nom de leurs propres intérêts -, c'est tout le contraire pour Me Badinter.
Il a fait des mécontents, bien entendu, mais ses initiatives en matière de justice sont à saluer, comme sa carrière d'avocat, ses qualités d'auteur et d'orateur (sa colère lors de la commémoration des 50 ans de la rafle du Vel'd'Hiv...).
C'était Quelqu'un. Et sans partager l'ensemble de ses convictions, je garderai une pensée pour lui.
_________________ "Les humains, pour la plupart, ne se doutent de rien, sans envie ni besoin de savoir, ça leur va comme ça, ils croient avoir de l'emprise sur les choses. - Mh... pourquoi en avoir fait un secret ? Ils peuvent comprendre, ils sont intelligents... - Une personne, sûrement, mais en foule, on est cons, on panique comme une horde d'animaux, et tu le sais."
plutarque Aide confirmé
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M.Robert Badinter était certes un grand homme. Malheureusement, il a fait abolir la peine de mort uniquement pour les assassins, pas pour les victimes. C'est triste!
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M.Robert Badinter était certes un grand homme. Malheureusement, il a fait abolir la peine de mort uniquement pour les assassins, pas pour les victimes. C'est triste!
C'est une phrase bizarre et manquant de cohérence.
A part en anéantissant l'humanité entière, nul ne parviendra jamais à empêcher les assassins de commettre des crimes, pas plus un ministre qu'un autre.
Et même si je comprends très bien l'expression comparative que vous employez, le terme "peine de mort" ne doit avoir qu'un seul et unique sens : celui de sentence, reconnue par la loi d'un pays et prononcée par un tribunal, autorisant les représentants de la société à priver un homme ou une femme de sa vie en réparation d'un crime. Aucune autre définition n'est possible, afin de ne pas la dénaturer.
Les victimes ne sont donc jamais concernées par la peine de mort ; elles meurent sous les coups d'une tierce personne qui agit toujours dans l'illégalité, motivée par son égoïsme et son incapacité à résister à ses pulsions.
Si quelqu'un découvre la solution pour que plus aucun meurtrier ne passe à l'acte, qu'il se fasse connaître.
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Sujet: Re: RIP Robert Badinter Mar 13 Fév 2024 - 8:20
Bonjour Nemo, non, ma phrase ne manque pas de cohérence. Lorsqu'on a aboli la peine de mort, qu'on a dit que c'était barbare, a t-on pensé aux victimes? La peine de mort n'était pas dissuasive je pense, mais au moins on était débarrassé de monstres sociaux qui pouvaient recommencer dès leur sortie de prison. Buffet avait dit qu'il recommencerait à tuer s'il n'était pas exécuté...
Quand je lis régulièrement sur le journal des récits de crime atroces, je me dis qu'on ne pense pas assez à la douleur des victimes, de leurs proches. Beaucoup de gens plaignent les assassins, qu'ils vont croupir dans des cellules infâmes, etc... Il y a des gens qui visitent les prisons, des gens qui trouvent que la peine de mort est quelque chose d'immonde, "une honte pour l'humanité!!!" . Et le crime, n'est-ce pas une honte pour l'humanité?
Mais bon, je dépasse le débat, et je sais qu'on va me reprocher de la démagogie. Néanmoins, une pensée pour les victimes serait une bonne chose, quand même!
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Nemo Fondateur
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Sujet: Re: RIP Robert Badinter Mer 14 Fév 2024 - 1:12
plutarque a écrit:
Bonjour Nemo, non, ma phrase ne manque pas de cohérence. Lorsqu'on a aboli la peine de mort, qu'on a dit que c'était barbare, a t-on pensé aux victimes? La peine de mort n'était pas dissuasive je pense, mais au moins on était débarrassé de monstres sociaux qui pouvaient recommencer dès leur sortie de prison. Buffet avait dit qu'il recommencerait à tuer s'il n'était pas exécuté...
Quand je lis régulièrement sur le journal des récits de crime atroces, je me dis qu'on ne pense pas assez à la douleur des victimes, de leurs proches. Beaucoup de gens plaignent les assassins, qu'ils vont croupir dans des cellules infâmes, etc... Il y a des gens qui visitent les prisons, des gens qui trouvent que la peine de mort est quelque chose d'immonde, "une honte pour l'humanité!!!" . Et le crime, n'est-ce pas une honte pour l'humanité?
Mais bon, je dépasse le débat, et je sais qu'on va me reprocher de la démagogie. Néanmoins, une pensée pour les victimes serait une bonne chose, quand même!
Non, démagogue, sûrement pas. Vous exprimez un sentiment parfaitement logique et sensé. Et je n'ai aucune sympathie pour les assassins, en particulier les monstres genre violeurs, serial killers, etc. Mais le crime est une part impossible à combattre de l'humanité. Il existe depuis la préhistoire, et le monde n'étant pas parti pour améliorer son état de déliquescence intellectuelle, ça en fera partie jusqu'à l'extinction du dernier des homo sapiens sapiens.
Mais il ne faut pas se leurrer, les récidivistes du crime de sang ne sont pas si nombreux que cela : c'est juste qu'on s'obstine - via la presse et les politiciens - à surligner leurs cas à l'encre fluo à chaque fois, alors, quand la justice fait bien (ou du mieux qu'elle peut avec les moyens dont elle dispose) son job à 99,5%, on ne voit que le 0,5% restant.
C'est ainsi qu'à chaque fois, ce sont les mêmes cas qui reviennent, inlassablement, dans les argumentaires les moins bien ficelés des partisans les plus dogmatiques : les rétentionnistes semblent considérer que, depuis 1981, des serial killers sont remis en liberté tous les matins, ou bien s'apprêtent à l'être, et les abolitionnistes ne cessent d'évoquer le risque qu'aurait encouru Patrick Dils (à juste titre) si Badinter n'avait pas eu gain de cause, ou la mort de Christian Ranucci (à TORT).
Bien qu'on puisse croire le contraire et que j'ai personnellement constaté qu'on ne pouvait arriver à en faire démordre les gens qui en sont persuadés, la loi permet d'enfermer les pires salauds ad vitam aeternam pour éviter qu'ils ne recommencent. Un Guy Georges, un Patrice Alègre ou consorts, et j'en passe, ne recouvreront jamais la liberté - à part pour finir la dernière année de leur vie dans un mouroir hospitalisé victimes d'un cancer en phase terminale, mais je ne qualifierais pas ça de remise en liberté.
Après, le débat sur les conditions d'incarcération, les prisons modernes qui semblent un palais que certains retraités n'auront jamais, c'est encore autre chose. Personne n'a vraiment tort, personne n'a vraiment raison, et il y a des points de vue tout à fait admissibles dans les deux camps. Il faut pour être éclairé sur la question avoir passé une journée dans une prison (pas comme détenu). Cela permet de comprendre bien des choses...
La justice est une chose humaine, c'est à dire imparfaite, et comme l'avait dit un juriste, si il lui arrive d'être coupable, c'est surtout de pitié. La justice conçue et gérée par des hommes se rend au cas par cas, avec le souci utopique de ne pas être aussi barbare que ceux qui enfreignent les lois les plus élémentaires. C'est peut-être (et sans doute) un tort ; ceci dit, j'accorde plus de valeur aux principes dictés par des hommes et des femmes instruits et sages qu'à une masse hurlante, avide de vengeance, prête à lyncher le moindre suspect qui passe, si possible s'il n'est pas d'ici. Les gens qui agissent ainsi, à mes yeux, ne valent pas davantage que les criminels qu'ils veulent mettre hors d'état de nuire.
Alors oui, la justice commet quelquefois des erreurs graves, mais le réel souci, c'est que les gens, par essence imparfaits et qui commettent des erreurs quotidiennement au long de leur vie, et pas les plus anodines, ne tolèrent pas les mêmes erreurs au sein des institutions. Hypocrisie terminale.
Plus charitables, les opposants à la peine de mort sont eux-mêmes imparfaits : ils croient aveuglément en la rédemption des criminels, en l'absolue bonté du cœur bien enfouie sous les couches de misère sociale et de manque d'instruction chez chacun des détenus, et c'est parce qu'ils ont parfois raison, que certains assassins ont prouvé qu'ils étaient capables d'évoluer et de devenir meilleurs même après avoir été les derniers des derniers, qu'ils ont fini par obtenir gain de cause devant l'Assemblée en 1981. Si ce sont de doux rêveurs, ils ne sont pas coupables des crimes commis par des hommes et des femmes que même l'idée de passer sa vie en prison ou de mourir guillotinés n'aurait pu empêcher d'accomplir le passage à l'acte... Regardez une chose aussi banale que les délits routiers : chaque documentaire suivant une journée chez les CRS ou les gendarmes montre que les conducteurs lambda n'ont rien à fiche du code de la route. Ils sont en retard pour le travail, et risquent au pire une remontrance, alors ils bombent à 150 kilomètres/heure. Ils sont convaincus d'être des as du volant, de toute manière... et quand ils se font prendre : "C'est pas juste", "La police n'est bonne qu'à mettre des PV", "Oui mais j'ai une bonne raison d'avoir fait ça." Et c'est une réalité catégorique : beaucoup de gens sont des idiots, imperméables à la notion de responsabilité, portés par leurs désirs égoïstes, ne souffrant pas qu'on leur impose des règles ou pensant mériter qu'on les applique à tous sauf à eux. Ils ne feront pas pire qu'un simple excès de vitesse, un refus de priorité ou un feu rouge brûlé, mais refusent d'admettre les conséquences logiques en cas de flagrant délit... Alors, pourquoi ceux qui osent enfreindre la loi de façon encore plus drastique qu'eux cacheraient des trésors de vertu au plus profond de leurs âmes ?
J'ai conscience que ce message devient bien long.
Je l'ai déjà dit dans ces pages, mon opinion est complexe : si j'avais été un contemporain de la peine de mort, je n'aurais pas lutté pour son abrogation. Mais né dans un pays qui ne l'inscrivait plus dans son code pénal, et riche de toutes mes années d'études sur le sujet, je considère qu'elle n'a aucune utilité, et ne militerai pas pour son rétablissement. Mais je ne tiendrai jamais rigueur à un avocat pénaliste, dont c'était le métier, d'avoir mené à son terme le combat qui était le sien. Le peuple a décidé, un jour de mai, en son âme et conscience. Et je doute qu'on puisse croire que Me Badinter n'avait de charité qu'envers les criminels et jamais envers les victimes et leurs proches. Ceux qui, quand il défendait Patrick Henry, avaient eu la connerie de souhaiter ouvertement qu'on enlève et qu'on tue ses enfants sont des sous-produits de l'humanité, pas assez intelligents pour avoir le droit de s'exprimer en public.
_________________ "Les humains, pour la plupart, ne se doutent de rien, sans envie ni besoin de savoir, ça leur va comme ça, ils croient avoir de l'emprise sur les choses. - Mh... pourquoi en avoir fait un secret ? Ils peuvent comprendre, ils sont intelligents... - Une personne, sûrement, mais en foule, on est cons, on panique comme une horde d'animaux, et tu le sais."
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plutarque Aide confirmé
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Sujet: Re: RIP Robert Badinter Mer 14 Fév 2024 - 5:05
Bonsoir Nemo, non, votre message n'est pas trop long. Néanmoins, même si je suis plutôt contre la peine de mort mais avec quelques modérations, je tiens à poser une question: -que faire des criminels qui ont commis un crime particulièrement atroce et qui sont "éligibles"à la récidive? Pour lesquels personne, ni la société, ni la psychiatrie ne peuvent rien faire du tout. Je ne fais référence à aucune affaire précise, et je ne veux citer aucun nom mais il y a des individus qui sont totalement irrécupérables et qui un jour sortirons de prison... La perpétuité réelle n'existe pas et n'existera jamais, vous le savez aussi bien que moi. Alors, que faire? Moi-même, je ne pourrai pas humainement assister à une exécution capitale, je ne me verrai pas voir mourir quelqu'un, tué légalement mais quand même. Il y a des cas pour lesquels on se pose cette question. Le taux de récidive est faible chez les grands criminels? Peut-être, mais il y a un risque permanent de voir se commettre de nouveaux crimes... et de nouvelles victimes. Dire qu'un crime est plus atroce qu'un autre est un non-sens: quelqu'un qui viole et qui tue un enfant commet un crime impardonnable, mais quelqu'un qui tue sauvagement une mère de famille, ou un couple d'octogénaires pour leur dérober leur argent en commet un tout aussi impardonnable... Et la question de la récidive se pose. A qui devrait s'appliquer la peine de mort? Pas simple comme question. Et pourtant, des crimes atroces sont commis chauqe année par de grands pervers et psychopathes, peu intelligents et peu instruits dont tout le monde s'accorde à dire qu'ils sont extrêmement dangereux. Donc, la question se pose, que faire?
Bonne journée!
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Alecto Bourreau départemental
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Sujet: Re: RIP Robert Badinter Jeu 29 Fév 2024 - 22:38
Je n'ai pas grand chose à ajouter à ces messages détaillés et réfléchis, sauf que je ne pense pas que plutarque manque de cohérence en parlant de "peine de mort subie par les victimes". Ce serait le cas s'il s'exprimait au sens littéral, mais il semble évident qu'il use ici d'une métaphore.
Pour le reste...difficile d'argumenter à propos de ces opinions qui reflètent toutes mes propres questionnements, ambivalences, retournements de veste périodiques et doutes sur la question de la PdM. Je pense qu'il est impossible d'être à 100% pour ou 100% contre, à moins de penser de façon dogmatique et d'être incapable de la moindre réflexion et/ou remise en question. Et ce que l'on soit dans le camp des doux rêveurs ou de celui de la populace hurlant à l'halali, comme l'explique Nemo.
Pour la peine de mort? Oui, d'une petite longueur mais oui quand même. J'en ai donné quelques raisons ailleurs, il me semble lors d'une discussion avec Cabochard. Je ne retrouve plus le fil de discussion ou je m'exprimais. Je mettrai un lien ici si je retombe dessus. Une chose est sûre, ma réflexion restera à jamais en perpétuelle évolution. Pourquoi? Car nous autres humains sommes à jamais entre l'Ange et la Bête, entre la Raison et les peurs ancestrales, entre notre cerveau qui réfléchit et une part de nos tripes qui hurlent avec la meute. C'est dans notre nature grégaire, et bien malin serait celui qui pourrait prétendre que notre espèce maîtrisera un jour la part obscure qui est en nous, prompte à l'émotion irrationnelle, la colère, la vengeance.
Je crois qu'il est impossible (voire intellectuellement malhonnête) d'aborder le sujet de la PdM et de se positionner face à elle sans un minimum de réflexion philosophique sur notre dualité, nous Homo sapiens. Beaucoup des révolutionnaires de 1789 se voyaient comme des êtres de Raison et de Progrès. Cela ne les a pas empêchés de faire marcher la planche à bascule à plein régime. On peut chercher toutes sortes d'explications rationnelles à la chose, et des gens bien plus instruits que moi l'on fait, mais on y revient toujours à cette équation impossible à résoudre qui est la coexistence entre ce qui nous semble raisonnable et utile de faire et ce que nos émotions primitives nous suggèrent.
Mon opinion n'était pas la même quand j'avais 20 ans, et quid de ce qu'elle sera à l'avenir. Question de réflexion personnelle et de maturité émotionnelle. Nous verrons. Mais si c'était possible j'assisterais à une exécution. Non pas par voyeurisme abject, mais parce qu'il faut avoir le courage de voir de visu ce qu'implique une position aussi radicale que d'être OK avec la mort de quelqu'un, fût-ce le plus horrible des criminels.
Je ne suis pas sûre d'avoir été très claire. C'est juste parce que je ne suis pas à 100% claire dans ma tête non plus.
plutarque Aide confirmé
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Sujet: Re: RIP Robert Badinter Ven 1 Mar 2024 - 10:49
Bonjour, vous avez été très claire Alecto. Je ne souhaite pas ajouter un message polémiquant de plus, mais je pose UNE question, et une seule, en demandant d'y réfléchir avec toute la conscience qui s'impose à un homme probe et libre, comme le dit le code de procédure pénale: -que faire des criminels particulièrement dangereux, grands psychopathes incurables, et dont on est certain qu'il y a un grand risque de récidive? La perpétuité réelle n'existant pas... Je pose cette question angoissante: -que faire?
Alecto Bourreau départemental
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Sujet: Re: RIP Robert Badinter Ven 1 Mar 2024 - 14:19
plutarque a écrit:
Bonjour, vous avez été très claire Alecto. Je ne souhaite pas ajouter un message polémiquant de plus...(je coupe dans le message originel)
Je pose cette question angoissante: -que faire?
Bonjour plutarque. Le sujet de la PdM ne peut être que polémique, c'est dans sa nature, et c'est pourquoi il est encore débattu des décennies après 1981. Si j'ai pu discourir sur les "angoisses" philosophiques et la réflexion permanente que le sujet suscite en moi, je peux par contre répondre facilement et sans angoisse à votre question, et exprimer ma position actuelle.
Tout d'abord, je serai toujours du côté des victimes. Je ne parle pas seulement des victimes directes, mais aussi de leur famille. Il faut absolument qu'ils puissent faire leur deuil, et se reconstruire pour peu que ce soit possible. Récupérer des criminels endurcis est pour moi une préoccupation toute secondaire. Je ne crois pas non plus à la perpétuité incompressible. J'habite Bruxelles, et l'avocat de Marc Dutroux, pédocriminel ayant tué plusieurs fois, donne régulièrement des interviews tonitruantes disant que le droit belge comporte des ambigüités et des zones de flou qui font qu'il est possible qu'il parvienne à le faire libérer. Pareille situation est sûrement possible en France, la législation n'y est pas plus parfaite qu'en Belgique ou ailleurs. Et je ne crois pas davantage que toute personne mérite la rédemption, une deuxième chance. Certainement pas des pédocriminels.
Heureusement, je ne compte aucun proche qui soit mort assassiné et/ou ait fait face à des abus sexuels ou autres (torture pour connaitre un code bancaire par exemple). je crois donc que mon avis n'est pas trop entaché par l'émotion. Ma réponse à la question "que faire de ces gens" est donc froide, réfléchie, scientifique, sans détour et sans remords: la peine de mort. Cela horrifiera certainement certains, et j'ai assez d'empathie pour pouvoir comprendre leur point de vue. Je l'ai dit dans ce fil de discussion, je respecte Me. Badinter bien que je ne partage pas son avis. Dire être pour la PdM (dans certains cas) m'a déjà valu des noms d'oiseaux, eh bien, qu'il en soit ainsi. J'ai le cuir suffisamment épais pour que cela glisse dessus.
Par contre tout débat civil et argumenté sera toujours le bienvenu.
plutarque Aide confirmé
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Sujet: Re: RIP Robert Badinter Mar 5 Mar 2024 - 12:12
Bonjour Alecto, Votre message a le mérite de la clarté. La peine de mort pour ces criminels irrécupérables, certes. J'ai déjà émis mon opinion, personnellement, je suis contre mais avec des réserves. Le principe de l'exécution capitale me dégoûte profondément, mais je pense que pour certains monstres sociaux, elle devrait s'appliquer. De toutes façons, la peine de mort est abolie et ne pourra jamais être rétablie. On peut aussi se poser la même question avec les délinquants multi-récidivistes. Si vous assistez à une audience correctionnelle, vous constatez que certains prévenus passent pour la 25ème fois au tribunal. Il y a des gens que l'image de la prison et du juge n'effraie pas. Je pense que pour les criminels irrécupérables, les magistrats doivent statuer au cas par cas, et rejeter systématiquement la demande de libération de ces personnes au passé monstrueux. Je ne vois pas d'autres solutions, puisque notre guillotine est rangée au magasin des accessoires démodés. Après, la perpétuité réelle n'existe pas, c'est certain. La situation est donc difficile concernant ces criminels inamendables.
Alecto aime ce message
Alecto Bourreau départemental
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Sujet: Re: RIP Robert Badinter Mar 5 Mar 2024 - 14:48
plutarque a écrit:
Bonjour Alecto, Votre message a le mérite de la clarté. La peine de mort pour ces criminels irrécupérables, certes. J'ai déjà émis mon opinion, personnellement, je suis contre mais avec des réserves.
Nos schémas de pensée sont complémentaires: je suis pour...mais avec des réserves. Et le bon vieux "tout meurtrier aura la tête tranchée" ne me convient pas. La PdM doit être une mesure d'exception et non une routine systématique qui ouvre la porte à des erreurs judicières possibles. J'ai parlé des victimes précédemment, mais j'estime que le doute dans une affaire, si petit soit-il, doit toujours être en faveur de l'accusé. Et il faut une expertise psychiatrique solide (+ second avis indépendant) pour s'assurer que la personne est responsable de ses actes. Pas question d'envoyer à l'échafaud un fou qui ne comprend pas ce qu'il a fait.
plutarque a écrit:
De toutes façons, la peine de mort est abolie et ne pourra jamais être rétablie.
En êtes vous si sûr? Dans le cadre actuel et en tant qu'état membre de l'union européenne, c'est le cas. Mais l'Histoire repasse les plats, les alliances s'écroulent, les régimes changent, les démocraties éclairées deviennent des dictatures et vice versa. Rien n'est écrit dans le marbre.
Quand j'étais jeune adulte je pensais que l'URSS durerait jusqu'à la fin des temps...et la vitesse de son écroulement m'a laissée bouche bée. Qui aurait cru au début du XXème siècle que la patrie de Goethe et de Mozart accoucherait du national-socialisme? Mais c'est arrivé. Nous ne sommes pas à l'abri de changements politiques radicaux...voire même qu'une puissance autoritaire nous envahisse un jour. Oui, l'Histoire rebat les cartes en permanence. Il n'est pas exclu qu'un jour les bois de justice ne ressortent du musée. Difficile à prévoir et toujours en mouvement, le futur est, comme disait un célèbre Maître Jedi.
plutarque a écrit:
On peut aussi se poser la même question avec les délinquants multi-récidivistes. Si vous assistez à une audience correctionnelle, vous constatez que certains prévenus passent pour la 25ème fois au tribunal. Il y a des gens que l'image de la prison et du juge n'effraie pas.
S'il y a bien un argument où je rejoins les anti PdM, c'est celui-là. L'échafaud peut effrayer quelqu'un qui a encore un pied dans la réalité et la raison, mais pas quelqu'un qui n'a rien à perdre. La valeur dissuasive de la PdM est l'exception, pas la règle.
plutarque a écrit:
Je pense que pour les criminels irrécupérables, les magistrats doivent statuer au cas par cas, et rejeter systématiquement la demande de libération de ces personnes au passé monstrueux.
Je me contenterais de cette solution...en faisant la grimace à la perspective de voir une partie de mes impôts financer une cage dorée pour des s*lauds. Mais je m'en contenterais. Hélàs, nous savons que cette option ne fait pas partie de notre cadre juridique actuel.
plutarque Aide confirmé
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Sujet: Re: RIP Robert Badinter Mar 5 Mar 2024 - 16:52
Vous parlez des erreurs judiciaires, Alecto. Mais je dirais que le spectre des erreurs judiciaires ne doit pas être un "serre-frein" à la guillotine. La justice, comme les services de police et de gendarmerie, doivent faire preuve d'une grande rigueur dans le traitement des affaires afin d'éviter les erreurs. Vous me direz que beaucoup de procédures sont bâclées, ce n'est pas faux... Mais celà ne devrait pas. Nul n'ignore la grande pression qui existe en garde à vue, où tout un chacun peut voir sa vie basculer en quelques heures, durant le tourment de cette épreuve. Mais la justice dot contrôleur avec une grande rigueur le processus et éviter ainsi toutes les erreurs. L'argument "avec la peine de mort, on peut exécuter un innocent" n'est, pour moi, honnêtement, pas un argument recevable.
Bien à vous.
Alecto Bourreau départemental
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Sujet: Re: RIP Robert Badinter Mer 6 Mar 2024 - 11:01
Eh oui, la justice et la police ne devraient pas bâcler les choses, et devraient agir avec grande rigueur. Devraient, et c'est bien cet emploi du conditionnel qui fait que le bât blesse. Nous humains sommes perfectibles, nos systèmes et lois sont donc forcément imparfaits, et il y aura toujours des zones de flou dans leur application. Et les techniques d'investigation modernes ont aussi leurs limites.
De même pour la science. Petite anecdote personnelle, il y a bien longtemps une prise de sang m'a annoncé...un heureux évènement! Devant mes doutes un contre-test a été fait, et il était négatif. Le labo avait interverti 2 tubes. Imaginez que ce soit un test génétique sur matériel biologique prélevé sur une scène de crime: erreur d'échantillon ou faux positif et hop, en route pour embrasser la Veuve! A part dans les cas ou le criminel a avoué, ou a été pris en flagrant délit, ou a laissé son ADN ou ses empreintes partout...il y aura toujours certains cas où le doute subsiste, et/ou la marge d'erreur est présente.
CARNIFEX Monsieur de Paris
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Sujet: Re: RIP Robert Badinter Jeu 7 Mar 2024 - 17:42
Vos points de vue sont très intéressants et je les partage pour l’essentiel. Le doute doit toujours profiter à l’accusé, c’est une règle de droit pénal.
Si je suis favorable à la PDM je n’en suis pas forcément pour l’application effective. Je serais favorable tout d’abord à la mort civile : l’individu n’existe plus comme sujet de droit, aux yeux de la société, qui nie sa réalité pour mieux marquer qu’il est effacé de la mémoire des hommes.
Ensuite, je suis favorable à permettre aux condamnés à mort de se suicider. Je pense que si le condamné a fait le tour de sa condition, sans espoir de libération, il aura possiblement l’envie de « passer à autre chose », en avalant sa pilule de cyanure...ce qui ne peut qu’être économiquement bénéfique au contribuable, au passage.
Encore faut-il que les condamnations à la peine de mort soient automatiquement commuées en perpétuité réelle.
_________________ Potius mori quam foedari
Alecto Bourreau départemental
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Sujet: Re: RIP Robert Badinter Ven 8 Mar 2024 - 17:16
CARNIFEX a écrit:
Si je suis favorable à la PDM je n’en suis pas forcément pour l’application effective. Je serais favorable tout d’abord à la mort civile : l’individu n’existe plus comme sujet de droit, aux yeux de la société, qui nie sa réalité pour mieux marquer qu’il est effacé de la mémoire des hommes.
C'est une idée intéressante et le symbole est fort. Mais pratiquement, comment maintenir en prison ou envoyer à l'échafaud une personne...qui n'existe plus et n'a plus aucun statut légal?
CARNIFEX a écrit:
Ensuite, je suis favorable à permettre aux condamnés à mort de se suicider.
D'accord avec vous. Cela s'est fait en Estonie de 1935 (ou 1934?) à 1940. On demandait au condamné s'il souhaitait se suicider, ou être pendu. S'il choisissait le suicide, une solution buvable de cyanure lui était apportée, puis il était laissé seul. Si au bout de 5 minutes il ne s'était pas suicidé, il était pendu.
Source: Time Magazine, 5 November 1934: Estonia: Authorized suicides.
Topaz Bourreau de village
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Sujet: Re: RIP Robert Badinter Sam 9 Mar 2024 - 12:47
Pour la perpétuité réelle , si elle existe pas demandons sa création ; et construisons des prisons ., Sarko avez commencé à le faire .
cabochard Exécuteur cantonal
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Sujet: la perpétuité réelle Sam 9 Mar 2024 - 22:05
la perpétuité réelle ne sera jamais appliquée même si elle était dans la loi.
Topaz Bourreau de village
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Sujet: Re: RIP Robert Badinter Dim 10 Mar 2024 - 11:18
cabochard a écrit:
la perpétuité réelle ne sera jamais appliquée même si elle était dans la loi.
qu 'est ce qui te fais dire ça ? développes .
cabochard Exécuteur cantonal
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Sujet: la perpétuité réelle Dim 10 Mar 2024 - 21:34
parce que les lois sont toujours contournées, on a vu des peines de sureté réduites de façon très forte je ne suis pas un fan de la peine de mort, mais au moins çà évitait la récidive !
plutarque Aide confirmé
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Sujet: Re: RIP Robert Badinter Lun 11 Mar 2024 - 12:19
Non, la perpétuité réelle n'existe pas. Samedi dernier, il y avait une émission sur l'affaire Paulin-Mathurin. L'un est mort du sida en prison, l'autre a été condamné à la perpétuité avec une période de sûreté, mais il a été libéré il y a plusieurs années. Le problème est que les magistrats n'appliquent pas le principe de perpétuité à la lettre. Il y a toujours des remises de peine. Cela rejoint un de mes messages, que faire si la perpétuité réelle n'existe pas... Pas simple comme question.