LA PRISON DE LA SANTÉ A FERMÉ Après plus de 150 ans de fonctionnement la Santé n’abrite plus aucun détenu. Le 20 juillet dernier, les 60 derniers ont été transférés au nouveau centre pénitentiaire de Saran (Loiret). Seuls restent ouverts le quartier de semi-liberté, d’une capacité de 100 places et la « souricière » où transitent les prévenus ou les accusés sous mandat de dépôt, avant leur audience, et les détenus avant leur comparution devant le juge d’instruction, au Palais de justice de Paris.
Les détails du programme de cette rénovation sera communiqué à la fin de l’année 2014.
20 juillet. Départ des derniers détenus pour Saran. Ils sont entravés aux jambes.
La Santé doit rouvrir en 2019, après de très importants travaux de rénovation et de réaménagement. De nombreux bâtiments vont être détruits. L’ancien quartier bas serait préservé ainsi que les murs d’enceinte.
La rénovation de la Santé fait partie d’un programme plus général comportant la rénovation de la prison des Baumettes 2, à Marseille, Aix 2, à Aix-en Provence, Fleury-Mérogis…
Dans l’œil du maton…
La prison de la Santé comme on ne l’a jamais vufrancetvinfo :
La prison de la Santé sort de l’ombre. Par Elodie Drouard. Important reportage photographique (évasion de Michel Vaujour en hélico, ancienne cellule des condamnés à mort etc.) : http://www.francetvinfo.fr/france/journees-du-patrimoine/visite-de-la-prison-de-la-sante-a-paris.html
- Toujours la même petite erreur, le lieu des exécutions publiques jusqu’en 1939 est indiqué : à l’angle de la rue de la Santé et du bd Arago.
25 mai 1946. Marcel Petiot emporte ses bagages [document : Roger Berson / Roger Violet].
Bien médiocre qualité du cliché ! Berson était un professionnel de la photographie. Alors ! Cliché à rapprocher de ceux de l’exécution de Petiot, déjà publiés sur le forum. Flagrante différence.
Vue aérienne de la prison (2010. Document Boris Horvat / AFP).
- Ovale rouge, en bas du document : Lieu des exécutions publiques, bd Arago. (5 août 1909 - 2 juin 1939).
- Ovale rouge, en haut du document = Lieu des exécutions à l’intérieur de la prison, cour d’honneur, rue de la santé (15 mars 1940 - 28 novembre1972).
Au temps des têtes perdues de Mohamed ben Driss, Georges Gauchet, Pavel Gorguloff…
1932. Le prison le long de la rue Jean Dolent. A gauche, début de la rue Messier (extrémité sud).
(source cliché : gallica.bnf.fr - Agence Mondiale).
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1932. A gauche, le bd Arago, où plus bas, sur le même trottoir, s’effectuent les exécutions capitales publiques. A droite, début de la rue Messier (extrémité nord). Cette rue fut envisagée comme lieu des exécutions capitales publiques avant le choix définitif du bd Arago.
(source du cliché : gallica.bnf.fr - Agence Mondiale).
1932. Bd Arago. Mur nord d’enceinte de la prison (continuité du précédent cliché)
Évasions : Parmi les évasions réussies (
plus que trois, contrairement à ce qui est souvent écrit) quelques noms :
Delliaux, par une bouche d’égout, en 1872, première évasion de la prison,
Léon Daudet, 1927, et
Ismaël Berasategui Escudero, le 17 juin 2002, par la porte de sortie (le frère d’Escudero avait pris sa place lors de sa visite au parloir), Michel Vaujour, par hélicoptère, le 26 mai 1986. Deux seulement (à ma connaissance, mais peut-être trois
*) ont été effectuées par le franchissement du mur d’enceinte. La première, par Armand Spilers, grand spécialiste de la “ Belle “, le 20 mars 1936, par le mur nord (bd Arago), et le second par le trio Mesrine - Besse - Rives, par le mur sud. Ces deux évasions ont été réussies avec des complicités.
(source du cliché : gallica.bnf.fr - Agence Mondiale).
* Dans son livre
Médecin-chef à la prison de la Santé (éditions Le Cherche-midi, 2000), Véronique Vasseur relate l’évasion (qu’elle ne date pas) d’un détenu vietnamien ayant attaché un filin à l’un des pieds de la télévision de sa cellule et parvenant ensuite à le relier au mur d’enceinte avec un grapppin ! (cette évasion demande confirmation).
Peut être retenue comme certaine une évasion par la porte centrale (détenu caché dans un camion quittant la prison. Précisions à apporter). Peut-être deux, même. Recherches à effectuer.
Ismaël Berasategui Escudero.
20 mars 1936. Bd Arago. Des policiers examinent l’arbre qui à servi aux complices de Spilers à amarer le cordage permettant son évasion. Dans le rectangle, Spilers, plus jeune qu’il n’était lors de son évasion.
5 février 1937. Assises de Pau (grâce accordée).
8 mai 1978. Évasion de Jacques Mesrine, François Besse et Carman Rives. Ce dernier vient d’être abattu par un gardien. Il git à l’angle des rues de la Santé et Jean Dolent (au pied du personnage central).
(On remarque une plaque en mémoire de dix-huit résistants communistes exécutés dans la prison de 1941 à 1944, neuf par la guillotine, neuf par fusillade).
La “Belle“ n’était pas au rendez-vous
(A droite, borne avertisseur D’INCENDIE des sapeurs-pompiers de Paris. Aujourd’hui, il n’en reste qu’une dans la capitale, au 7 rue de Sévigné (Paris 4ème). Quant aux bornes avertisseur de POLICE, très répandue pendant des dizaines d’années, il ne doit également en rester une, mais repeinte en…rouge ! bd Mac-Donalds (Paris 20ème).
(ci-dessous, une ancienne borne dans son jus, ou presque).
Allo…police ? Il fallait briser une petite glace puis appuyer sur un bouton pour communiquer avec la police.
* DELLIAUX. Selon la revue
POLICE MAGAZINE, du 31-10-1937, n° 362 (visible sur le site https://criminocorpus.org/musee/17590/ Scènes de la vie carcérale ce détenu s’est évadé en parvenant à soulever une bouche d’égout et franchir la grille séparant les collecteurs de la prison de ceux de la ville, dans la nuit du 14 au 15 avril 1872. L’écrivain Pierre Montagnon date cette évasion du 14 mars, dans son livre
42 rue de la Santé - Une prison politique ! (éditions Pygmalion, 1996).[
Dans son n° 4087, du 20-06-1872, le quotidien
Le Temps mentionne l’évasion de Delliaux.
Il précise que le prisonnier s’est évadé de la Santé, dans la nuit du 14 au 15 avril dernier, en soulevant une plaque d’égout et, suivant les sinuosités du souterrain, réussit à retrouver l’air libre en soulevant le couvercle d’un regard donnant sur la voix publique. Deux mois plus tard, il sera arrêté près des Halles par des agents de la sûreté. Au début de juin1872, le tribunal correctionnel l’avait condamné, par défaut, à un an de prison pour son évasion de la Santé. Delliaux avait été condamné quatre fois à la prison, pour vol, en 1866, 1868, 1870, et en 1871 à dix ans.
Il est encore mentionné dans le n° 6433 du
Temps (01-12-1878), à l’occasion d’une nouvelle arrestation effectuée la veille à Paris. Le journal relate qu’il s’était évadée de la centrale de Clairvaux au mois de mars dernier et qu’il avait été condamné « il y a environ un an » à une peine de dix ans de réclusion. Il était depuis activement recherché. On ne comprend pas pourquoi, ayant été condamné à dix ans en 1871, il est condamné de nouveau à dix ans plusieurs années après, alors qu’il devrait être en train de purger sa première peine de dix ans en centrale.
* ll existe un Joseph Delliaux, matricule 5680, ayant été transporté en Nouvelle-Calédonie.
Date de condamnation : 1872.
* Dernière exécution capitale dans la prison : Claude Buffet - Roger Bontems, le mardi 28 novembre 1972, par André Obrecht.[/size]
Robert Badinter à la Santé : http://www.lemonde.fr/societe/video/2014/09/19/visite-de-la-prison-de-la-sante-avec-robert-badinter_4489774_3224.html[/center]