Anne-marie Peuron, épouse David. 44 ans. Homicide sur un bébé.
Juliette Thoreau, épouse Brucy. 39 ans. Homicide sur son mari
Josepha Kurès [Junka]. 29 ans. Homicide sur une fillette
Blanche Vergucht, épouse Vabre. 37 ans. Homicide sur son beau-fils
De haut en bas, et de gauche à droite.
Transcription de l’article :
La Cour de cassation a rejeté les pourvois de Josepha Kures, Anne-Marie David, Blanche Vabre et Juliette Brucy, condamnées à mort, les trois premières par la cour d’assises de la Seine, la quatrième par le jury de Seine-et-Oise, pour des crimes dont l’odieux a profondément révolté la conscience publique. Elles ont toutes les quatre signé, au lendemain même du verdict, un recours en grâce qui est, à l’heure actuelle, soumis pour avis à l’examen de la commission spéciale du ministère de la justice, avant d’être transmis pour décision au président de la République.
La commission des grâces se prononçait jusqu’ici, quand il s’agissait des
femmes, automatiquement pour la commutation de peine. Il en était ainsi depuis 1887. A cette époque l’exécution à Romorantin, d’une paricide, la femme Jeanne Thomas, qui avait, avec l’aide de son mari, fait brûler vive sa vieille mère, s’était trouvée entourée de circonstances si atroces que, par sensibilité, une tradition de clémence s’était établie, qui écartait les
femmes de l’échafaud.
Aujourd’hui, la recrudescence de la criminalité féminine, l’horreur de forfaits dont se sont rendues coupables les condamnées auraient amené la commission des grâces à rechercher s’il ne conviendrait pas de réviser à l’égard de criminelles qui sont plutôt des monstres que des
femmes sa jurisprudence de la pitié. Et, au lieu de se prononcer, cette fois, de même pour la grâce, cette commission, qui est composée on le sait de hauts fonctionnaires du ministère de la justice, serait, prétend-on, disposée à établir une discrimination entre les cas qui lui sont soumis ; pour deux des misérables sur les quatre qui attendent que soit fixé leur sort, et elle n’inclinerait pas vers la clémence. Sa décision, qui sera prise après un nouvel examen des dossiers, interviendra prochainement ; la parole sera ensuite au président de la République.
Si la guillotine devait de nouveau se dresser à Paris pour une femme, c’est devant la porte de la prison de Saint-Lazare que s’accomplirait la lugubre besogne de justice. Et les difficultés que susciterait un telle éventualité n’ont pas échappé, certes, à l’attention des services intéressés.
En attendant de savoir si elles auront la vie sauve, Josepha Kures, les
femmes David et Vabre vivent de mornes journées dans la vieille prison du Faubourg-Saint-Denis. Elles ont revêtu la robe de bure des prisonnières, s’occupant dans l’intérieur de leur cellule à quelques travaux ménagers et peuvent, quand elles le veulent, consacrer le reste de leur temps, à confectionner des fleurs artificielles. Elles mangent de la viande tous les jours et bénéficient ainsi d’un régime alimentaire qui est considéré , du point de vue pénitentiaire, comme de faveur.
Josepha Kures, qui est la plus intelligente des trois, semble être aussi la plus inquiète. La nuit, le moindre bruit dans les couloirs la dresse les yeux hagards sur sa couche. Elle est enfermée avec deux détenues « de confiance » dans la même cellule que la femme David. Une religieuse reste là en permanence, même la nuit, et le spectacle est tragique de cette cornette qui, à la lueur d’une chandelle — il n’y a dans les cellules de Saint-Lazare ni gaz, ni électricité — veille sur le sommeil de
femmes dont deux , peut-être, à l’aube…
La femme Vabre occupe une autre cellule avec, également, deux détenues et une religieuse. Elle est prise par moments de crises au cours desquelles elle lacère ses vêtements et essaie de tout briser. Son attitude, vraie ou feinte, a donné lieu à des échanges de lettres entre le directeur de la prison et l’administration centrale.
Quant à Juliette Brucy, la quatrième condamnée à mort, qui est enfermée à la prison Saint-Pierre, à Versailles, elle ne fait pas subir à ses geôliers les mêmes avanies. Elle est devenue d’une conduite exemplaire.
Que n’a-t-elle commencé plus tôt ? —
RS.
Quotidien
Le Journal , du 27janvier 1929
Source : gallica.bnf.fr
Prison Saint-Lazare, 107 rue du Faubourg Saint-Denis (Paris 10ème).
Elle ferma en 1932. Les
femmes furent alors incarcérées dans la prison de la
Petite-Roquette (Paris 11ème).
Destruction à partir de 1935. Il subsiste la chapelle et quelques bâtiments.
Source de la photographie : gallica.bnf.fr (agence de presse Meurisse).
Procès de
Josepha Petita Kurès (née Junka), le 13 octobre 1928. .
Au premier plan son défenseur, maitre Henri Canet.
Petit rappel.Dernière femme exécutée au
XIXème siècle : 24 janvier 1887. Georgette Thomas, 25ans (née Georgette, Marie, Louise, Lebon).
ROMORANTIN (Loir-et-Cher - 41. Aujourd’hui Romorantin-Lanthenay)Matricide. Avec son époux, Sylvain, Eugène, Thomas, 31ans.
Exécution en place publique. Place d’Armes.
Exécution conjointe. Cérémonial matricide pour Georgette.
Exécution difficile. Voir le Palmarès (1871-1977) de Némo (Sylvain Larue) : https://laveuveguillotine.pagesperso-orange.fr/Palmares1871_1977.html
Exécuteur: Louis Deibler.
Président : Jules Grévy.
Légende : Double exécution des époux Thomas. Les parricides de Belles-Saint-Denis.
Gravure sur cuivre de Fortuné Méaulle, parue dans
Le Journal Illustré, dessin de Henri Meyer, d’après le croquis pris sur place par M. Alphonse Delaveau, correspondant du journal, 6 février 1887
-
BORDEAUX. 8 janvier 1941. Elisabeth Ducourneau, 36 ans (née Elisabeth Lamouly).
Matricide, le 31 août 1937 - Homicide sur son époux Roger, le 25 octobre 1938
Exécution dans le fort du Hâ
Exécuteur : Jules-Henri Desfourneaux
Philippe Pétain, chef de l’état français.
-
PARIS. 6 février 1942. Georgette Monneron, 30ans (née Georgette, Raymonde List).
Infanticide, avec son époux Emile, sur leur fille de
4 ans
Exécution : dans la prison de la
Petite-Roquette (Paris 11ème)
Emile. Exécution : dans la prison de la Santé (maison d’arrêt), le
, le 07 février 1942Exécuteur (pour les deux) : Jules-Henri Desfourneaux.
Philippe Pétain, chef de l’état français.
-
SAINTES (Charente-Maritime - 17). 8 juin 1943. Germaine Legrand, (née Germaine Besse).
Homicide sur son beau-fils de 8 ans
Exécution dans la maison d’arrêt
Exécuteur : Jules-Henri Desfourneau
Philippe Pétain, chef de l’état français.
-
CHALON-SUR-SAONE (Saône-et-Loire - 71). 29 juin 1943. Sinska Bilicki, 33ans (née Sinska Czeslawa).
Homicide sur son époux, Franciszek.
Exécution dans la maison d’arrêt
Exécuteur : Jules-Henri Desfourneau
Philippe Pétain, chef de l’état français
(Wladyslaw Nowacki, l’amant de Sinska Czeslawa , accusé un temps par cette dernière, avait avait obtenu un non-lieu devant la cour d’assises de Chalon-sur-Saône. Le 31 juillet 1944, il fut abattu par un groupe d’hommes du maquis (b]]Morin[/b] (Francs-Tireurs et Partisans Français).
-
PARIS. 30 juillet 1943. Marie-Louise Giraud, 39ans (née Maris-Louise Lampérière)
Pratique de manœuvres abortives (27, dont 1 décès)
Jugée par le tribunal d’Etat, section de Paris (tribunal d’exception). L’avortement pratiqué sur autrui était qualifié de crime contre l’Etat français
Exécution dans la prison de la Petite-Roquette
Exécuteur : Jules-Henri Desfourneaux
Philippe Pétain, chef de l’Etat français.
-
MELUN (Seine-et-marne - 77). 11 décembre 1947[/b]. Lucienne Thioux, (née Lucienne Fournier).
Homicide sur son époux, Paul.
Exécution : dans la maison d’arrêt
Exécuteur : Jules-Henri Desfourneaux
Président : Vincent Auriol.
-
ANGERS (Maine-et-Loir - 49). 21 avril 1949. Germaine Godefroy, 31ans (née Germaine Leloy)
Homicide sur son époux, Paul.
Exécution : dans la maison d’arrêt
Exécuteur : Jules-Henri Desfourneaux
Président : Vincent Auriol
Dernière femme guillotinée en métropole.
Dernière femme condamnée à mort et graciée :
Marie-Claire Emma, 29 ans.
A son instigation, son amant, Jean-Pierre Técher, 22 ans, assassina Denis Naze, son concubin, dans la nuit du 17 au 18 février 1971.
Condamnation le 26 juin 1973, par la Cour d’assises de Saint-Denis-de-la-Réunion.
Jean-Pierre Técher a également été condamné à la peine de mort.
Le jury n’accorda aucune circonstance atténuante au couple.
Grace commune accordée le 03 décembre 1973.
Président : Georges Pompidou.
Jean-Pierre Técher a été libéré après 17 années d’incarcération.
- Le 23 mai 2017, comparaissait devant la Cour d’assises de Saint-Denis-de-la-Réunion, Cédric Técher, 26 ans, fils de Jean-Pierre Técher.
Matricide sur Véronique Ferrère, par arme blanche, le 13 avril 2013. Préméditation établie.
Le parquet se prononça pour une peine de 30 ans d’emprisonnement. La défense plaida pour une peine inférieure à 10 ans.
Verdict : 22 ans de réclusion criminelle.
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Geneviève Danelle (*), dite Moune.
Première femme condamnée et fusillée depuis la guerre de 14-18.
Exécutée pour faits de collaboration
Condamnation : 6 mars 1948. Peine capitale prononcée par la Cour de justice de la Seine.
Exécution : fusillée dans l’enceinte du fort de Montrouge (Hauts-de-Seine - 92), le
8 juin 1948Roger Calame, dit Lino, dit Delaporte, 36ans, son conjoint
Condamnation : le 6 mars 1948. Peine capitale, par la même cour. Lors du procès, essaya de simuler la folie. Il l’avoua, avant son exécution
Exécution : fusillé dans l’enceinte du fort de Montrouge, le
8 juin 1948.
Les exécutions auraient été effectuées sans le bandage des yeux, à la demande des condamnés.
Collaborateurs effrénés. Le couple infiltrait des réseaux de résistance pour le compte des allemands. Nombreuses victimes.
Président : Vincent Auriol.
Françoise Leclerc et
Michèle Wendling les citent dans leur étude
La répression des femmes d’avoir collaboré pendant l’Occupation :
Ainsi G.D., agent de la Gestapo, impliquée dans de très nombreuses affaires, personnellement responsable d'arrestations et de déportations, et R.C. son complice furent considérés " comme les meilleurs et les plus féroces policiers de la Gestapo. J’ai fait preuve de zèle et j'en suis très fière " dit-elle lors de l'instruction. »R. Calame et G. Danelle, dans la Cour de justice de la Seine.
(*) L’écrivain Jacques Lemarchand avait fréquenté, très intimement, Geneviève Danelle pendant la guerre. Il l’évoque largement, sous le nom de Geneviève B. , dans son
Journal, Editions Claire Paulhan, Paris. Tome 1, 1942-1944 (01/12/2012), tome 2, 1944-1952 (01/03/2016).