Isidore Hespel

Bonjour,
Existe-t-il des caricatures ou des photographies du Chacal?
Merci.....

ABRÉGÉ DE MES MÉMOIRES
87 Je naquis à Lille le 3 mars 1867 de parents étrangers. J’ai été à l’école jusqu’à l’âge de 14 ans et j’ai rentré comme garçon de café chez mon Oncle Isidore Bourgois Grand Café de la Grand Poste à Lille, boulevard de la Liberté.
88 Au bout de 6 mois j’ai pris la poudre d’escampette et c’est de là que j’ai commencé à fréquenter la mauvaise compagnie à l’âge de 16 ans, j’ai purgé une condamnation d’un mois pour fraude et 500 francs d’amende ensuite j’ai purgé quelques petites condamnations pour des futilités mais la plus forte est celle de un an et un jour à la Maison Centrale de Loos (Nord) à ma libération en l’année 1888 j’ai résolu de contracter un engagement comme fils étranger de 5 ans dans la légion étrangère en garnison à Sidi-bel-ablès, province d’Oran, au bout d’un an de service j’ai deserté, repris après j’ai été traduit devant le Conseil de guerre d’Oran et condamné pour dissipation d’effets, absence illégale à la peine de 2 ans de prison, transféré dans la province d’Alger au Pénitentier militaire de Douera où j’ai travaillé dans les chantiers de pierre et de terrassement. Là je me suis fait rallonger la feuille et une seconde fois j’ai comparu devant le Conseil de Guerre de Blida où j’ai été condamné à la peine de 5 ans de travaux publics pour lassération d’effets, quelques punitions disciplinaires infligées par le Général Bayart, commandant la subdivision d’Alger, pour absence illégale de l’atelier des travaux publics. J’ai une conduite exemplaire pendant deux années et Monsieur le Commandant Clouet de l’atelier des travaux publics m’a promu au grade de Chef ouvrier, mais plus tard en l’année 1890 me trouvant dans un chantier dans le Sud algérien un allemand nommé Chamkerre se trouvait près de moi et comme j’étais chef d’équipe le sous-officier m’ordonna de faire travailler cet homme. L’homme se précipita sur le sous-officier avec sa pioche, moi comme un lion je me précipitai à la gorge du révolté et je réussi par le désarmer en ayant reçu un coup de pioche dans la cuisse gauche : je porte encore la cicatrice de trois centimètres de longueur sur un centimètre et demi de largeur. J’ai été félicité par mes supérieurs et l’allemand a été condamné à mort et relevé aux travaux forcés à vie mais comme moi j’avais une mauvaise conduite passée je n’ai rien obtenu ; cela me découragea ; je me suis évadé en 1892 de l’hôpital mailiatire de Dey et j’ai été repris à Mustaganem à 500 kilomètres du lieux de mon évasion où j’ai souffert horriblement couché dans la montagne avec les hyènes et les chacals, mangeant des herbes et des figues de barbarie enfin traduit devant le Conseil de guerre d’Alger pour désertion et emport d’effets ; je me suis révolté devant le Conseil de guerre et sur place j’ai été condamné à mort et à un an de prison pour désertion ; aussitôt j’ai été reconduit à la prison militaire de Babazous mis dans les cellules des condamnés à mort ; j’ai 85 jours en attendant que j’aille faire connaissance avec le poteau non pas télégraphique mais poteau à regret. Jamais je n’ai failli dans ma cellule, je chantai les trois quarts du temps, je mange bien, je recevais quelques visites de Monsieur l’Aumonier qui me disait qu’il fallait prendre courage mais moi je lui disais que quand l’on était mort, l’on était bien mort et que s’il y avait un paradis j’espère que Maitre St-Pierre qui faisait fonction de géolier là-haut m’aurait bien laissé passer vu qu’à l’enfer d’ici bas j’avais assez souffert ; l’aumonier me disait que j’étais un fou et il se mettait à rire le bon vieux car il m’en a donné des paquets de tabac et autres douceurs. Enfin j’avais fait mes préparatifs dans ma cellule, j’avais écrit une lettre d’adieu à mon frère que je gardai sur moi ou je voulais la remettre au dernier moment à l’aumonier ; comme j’ai dit au bout de 85 jours j’ai repasse devant le Conseil de guerre et Monsieur le Président me signifia que ma peine de mort était commuée à celle de 20 ans de détention militaire par Monsieur le Président de la République, Sadi Carnot que ces laches italiens ont assassiné, ces joueurs de lames, ces crouteurs de macaroni, ces bandits de Calabre qui viennent manger le pain des Français ; Ah non moi certainement je ne les aime pas enfin bref j’ai été transféré à la maison Centrale de Clairvaux au quartier de détention militaire en l’année 1893. Là j’avais un emploi de découpeur à l’Atelier des meubles en fer, et pendant près de deux ans, j’ai eu une conduite exemplaire mais la fatalité a voulu avec un détentionnaire comme moi lui qui était armé et voulant se précipiter sur moi j’ai [mot illisible] tué le diable que le diable me tue je me suis armé aussi et ma foi je l’ai laissé sur le carreau mais heureusement pour moi les blessures n’étaitent pas mortelles. J’ai été traduit devant la Cour d’assise du département de l’Aude et j’ai obtenu les circonsatnces atténuantes ; là on a prononcé la peine de 20 années de travaux forcés, 18 mois après l’isolement à Clairvaux par ordre de M. le Ministre de l’Intérieur et de M. le Prefet j’ai été transféré à St Martin de Ré et ensuite j’ai débarqué du transport la Calédonie aux Iles du Salut le 17 juillet 1897. J’ai fait quelques punitions dès mon arrivée mais voyant que j’étais arrivé au dernier échelon de l’échelle, je me suis dit Mon vieux chacal attention à toi prends tes précautions tu n’as pas froid aux yeux tu es toujours de sang froid et bien travaillé pour toi, prends cette devise Chacun pour soi et Dieu pour tous, plus d’amis, plus de camarades, j’ai écouté les conseils de Monsieur le Commandant Daniel, j’ai rendu quelque services à l’administration, j’ai été gardien de case pendant 11 mois, chef d’équipe et Porte-Clef pendant trois mois mais comme je n’étais qu’à la 3e classe, j’étais obligé de quitter ce service en attendant que je sois classé à la 2e classe. J’ai obtenu une bonne conduite et au bout de 30 mois j’ai passé de la 3e classe à la 2e classe et j’ai été nommé Contre-maitre après et Aide exécuteur des Hautes Œuvres où j’ai assité comme aide avec mon patron Chaumet à l’exécution de Galibi à Cayenne dans la rue de Marais et je vous promets que je n’ai pas bronché. D’abord Monsieur le Procureur général et tous ces messieurs ont assisté à l’exécution et ça a été fait illico, sans tampour ni trompette ; après à la santé du feu Galibi nous avons fait un caseroui de Balthazar. Enfin dès aujourd’hui je suis dévoué à l’administration et certes jamais je manquerai à mon service et s’il le faut je suis prêt à sacrifier ma vie pour le bien de mes Chefs dans n’importe quelles circonstances. Il me reste encore 15 ans à faire et j’espère qu’avec mes preuves de retour au bien avoir une petite réduction de peine. Je suis encore jeune, j’ai abrégé ma vie mais enfin ce que je vous écrit est authentique.
89 Je suis votre serviteur.
90 Hespel Isidore Forçat
91 C. M. et aide bourreau à la Guyane Française,
92 fait aux Iles du Salut le 31 janvier 1901. Vive la France.

Merci Piotr,
Mais n'existe t-il pas d'image a mettre sur le nom de Hespel........?

kamisole a écrit:

Merci Piotr,
Mais n'existe t-il pas d'image a mettre sur le nom de Hespel........?

No. Only his letter

thanks thanks thanks

J'ai longuement recherché des photos sur le Net mais je n'ai rien trouvé non plus.

Cher Michel,

J'ai trouvé pas mal d'images en tapant "Hespel", "Le chacal" et "Guyane" mais pas la photo de ce sympathique personnage. Vous pouvez copier-coller dans un message le lien correspondant à la photo que vous avez trouvée.

Ne serait-ce pas cette photo ?

Cette photo a été postée le 5 juin 2010 sur le forum "Exécutions capitales en Nouvelle-Calédonie" mais je ne savais pas que le mignon grand-père qui s'appuie au montant de la guillotine était Hespel - Le Chacal.

Ne s'agit-il pas plutôt de Macé le bourreau de Nouvelle Calédonie ?

Si. C'est bien Macé et non Hespel.

"La Presse" (15 juin 1893) :






"Le Temps" (03 mai 1895) :






"Le Temps" (08 août 1895) :

Je crois bien que oui.

Les guillotines du Bagne ne sont pas sur le palmares.

Les magnifiques coupures de presse de Sylvain, confirment le recit d'Hespel transcrit sur la premiere page. Hespel a ete condamne a mort une premiere fois a Douera en Algerie en 1893, pour desertion, mais a ete gracie. En 1895, on le retrouve a la prison de Clairvaux ou il essaye d'assassiner un co-detenu. Sa condamnation a 20 ans de detention pour ce crime, est a l'origine de sa deportation vers la Guyane ou il devient bourreau. Il passe encore une fois devant le TMS en Guyane pour un autre assassinat commis au Bagne mais le TMS ne le condamne qu'a quelques annees de de prolongation de sa peine. Enfin, apres sa liberation, il assassine a nouveau, est condamne a mort par les Assises de Guyane (en 1923) et cette fois il n'echappe pas a la guillotine. C'est son aide et successeur, Ladurelle, qui le guillotine (Probablement devant le TMS au dehors du camp de Transportation de St Laurent). La coupure ci dessous confirme sa condamnation.



J'avais date l'article de 1928 dans mon dossier... mais ca doit etre 1923?

En effet, Michael, c'est bien 1923 l'année de sa 2nde condamnation à mort.

Boisdejustice a écrit:

J'avais date l'article de 1928 dans mon dossier... mais ca doit etre 1923?

L'article sur le rejet du pourvoi date effectivement de 1923 mais je n'ai rien trouvé concernant l'exécution.



Le Petit Parisien, n° 17 014 du 29 septembre 1923

Hespel et Delhomme ont été exécutés le 22 décembre 1923.

Merci pour cette info, Nemo !

Ah, merci Benjamin !

Erreur de ma part : pas mal d'exécutions guyanaises sont incorrectes car j'ai du "deviner" le lieu d'exécution faute d'avoir le moindre document qui certifiait l'endroit.

Je vais corriger cela !

Savez vous qui précédait Hespel, et qui y succéda?

Ladurel a été le dernier, Rasséguier le premier, il y a un Chomet que j'ai du mal à placer dans la liste.

www.bagnedeguyane.fr

https://guillotine.1fr1.net/t587p15-louis-ladurel-un-des-derniers-bourreaux-du-bagne

Je croyais vous avoir répondu en ce sens le 15 mai... me serais-je trompé ?

Après Hespel, d'après ce que j'ai pu voir, c'est bien Ladurelle son successeur - et exécuteur, par la même occasion.

Ladurelle n'est pas le dernier : c'est Bonnefoy qui lui succéda.

J'ai trouvé cela sur Ladurelle:

http://www.imagesplus.fr/LA-GUILLOTINE_a55.html


Informations complémentaires apportées le 9 février 2011 concernant Louis Ladurelle
Un autre exécuteur était Louis Ladurelle ou « Monsieur de Saint-Laurent » (né à Rangeveaux - Moselle le 13 juin 1890 - décédé comme retraité le 25 juillet 1966, 4 rue Alfred Labbé à Villerupt est enterré au nouveau cimetière de Mont-Saint-Martin - 54). De retour en métropole en 1934, il n'a pas été assassiné en 1937 comme le rapportent certains documents voire des articles de presse de l'époque. En effet Louis Ladurelle, qui avait tété condamné à 20 ans de bagne en 1923, pour le meurtre de sa femme, a travaillé à son retour du bagne à la Société d'Aubrives à Villerupt - Meurthe-et-Moselle.
C'est grâce à cet article et avec l'aide et le témoignage de deux lecteurs que la trace de Louis Ladurelle a été retrouvée le 7 février 2011. Un de ces lecteurs ayant travaillé avec lui dans les années 1955/1960, comme fondeur au haut-fourneau de Villerupt. Le second ayant trouvé le lieu de son inhumation. L'acte de décès et la photographie de sa sépulture ayant été authentifiés.

Le dernier bourreau Clouziot qui était appelé « Mouche à Bœuf », a été retrouvé pendu dans sa maison.


en général, ce site est un peu ampoulé, mais il contient peu d'erreurs.