Le Bonneteau...Arnaque ?

Une bande de 22 joueurs de bonneteau a été arrêté en Juin 2022.
Les arrestations ont été faites à Paris et en Seine-Saint-Denis.
Le Raid et la BRI participaient à l’opération.
A Paris, la bande sévissait à proximité de la Tour Eiffel (au champ-de-mars) et aux jardins du Trocadéro. Une vingtaine de tables pouvaient être installées, avec une recette moyenne de 3000€ par jour pour chaque table.
Sur une année, les gains ont été estimés à plus de un million d’euros.

Le bonneteau.

C’est un jeu très ancien et international, joué dans l’espace publique.. Je me souviens de ce trio, dans les années 80, vers les anciennes Halles de Paris, proches du Sébastopol. C’était toujours les mêmes « filous », le bonimenteur, le complice (en général, souvent plusieurs), le guetteur. Le matériel était sommaire, deux cartons, trois cartes.
Le trio était rompu à cet exercice. Bagout du manipulateur (il compte), dextérité dans la manipulation des cartes, oeil vigilant du guetteur, rapidité dans la course à pied lors de l’arrivée des uniformes.
But du jeu : gagner de l’oseille en faisant miroiter au chaland des illusoires gains d’argent.

VOIR : https://www.youtube.com/watch?v=PvA04dxdqLY

Dans une rue parisienne.

Dans ce jeu le départ est toujours le même : le manipulateur commence à jouer avec un complice qui, bien entendu, gagne. Petit à petit les curieux s’amassent et attirés par le gain du complice veulent jouer à leur tour.
Au départ, le bénéfice est certain, en ensuite la saignée des euros s’ils persistent.
Dans ce jeu, tout est dans l’astuce de la manipulation des cartes.
Le bonneteau se pratique aussi avec trois gobelets et une petite balle.

Est-ce de l’escroquerie ? Des longues discutions ont eu lieu dans le temps pour trancher cette question. En 2014, un bonneteur a été condamné par le Tribunal correctionnel de Paris à huit mois de prison pour « escroquerie ». En appel, la Cour d’appel de Paris requalifia l’infraction en « organisation de jeu de hasard sans autorisation », assortie de six mois de prison.

* Au 19ème siècle, à la fin des années 70, on constata une forte recrudescence de ce jeu de bonneteau. Des plaintes furent portées à la police et des rafles massives s’ensuivirent. L’ancien typo, Emile Chautard, mentionne l’arrestation d’une centaine de participants de cette époque sur le chemin du halage de la commune de Billancourt, près de Paris.
Pour échapper aux pandores quelques uns se jetèrent à l’eau pour essayer de gagner l’autre rive.
Là, on ne rigola plus. Les tribunaux infligèrent amende, et huit à quinze jours de prison.
1883, parait être l’année d’or du bonneteau. Alors, les tribunaux se mirent à punir durement, les peines infligées allant de 2 mois à deux ans de prison.

* Dans le quartier Maison Banche (XIIIème) où nous habitions plusieurs jeux d’argent se pratiquaient dans le milieu des années 50. Dans la rue, ou dans un coin discret d’un parc avoisinant, ouvert à tout vent.

Revue :

La passe anglaise. Jeu de dés. Arnaque. Les dés étaient pipés (truqués, plombés).

- Le 21, joué dans le parc ou dans la rue[. Un paquet de 32 cartes, un banquier, un joueur.
Chaque carte avait sa valeur faciale. Pour les figures primaient, dans l’ordre, le roi (4), la reine (3), le valet (2). L’as valait 11 points. Associé à un deuxième as il était annoncé Bol d’or et équivalait à 21 points (rare).
Le déroulé : Faire 21 points avec la valeur des cartes que l’on tire, ou s’en approcher. Exemple : Le banquier tire une carte (un 10), le joueur en tire une à son tour (un as). Le banquier retire une carte (un Cool

, le joueur un 9.
Le banquier décide d’arrêter, le joueur aussi.
Le banquier expose son jeu = un 10 + un 8 = 18 et prononce « dix huit, dix-neuf gagne ». Le joueur abat son jeu = 11 (un as) + 9 = 20. Le joueur a gagné. Avec 19 points, le joueur perdait, l’égalité étant en faveur du banquier.
Ce jeu est toujours pratiqué dans des cités mais en général d’une façon abrégée. Le nombre de cartes est déterminé (deux par exemple), le jeu est alors moins intéressant.

- Le poker. Il était joué par une classe d’âge plus élevée.

- Le plus près du mur. Très simple. Plutôt pour les fauchés. L’intérêt est d’avoir le plus de joueurs possible.
Il s’agit de lancer une pièce de monnaie avec une main de telle façon qu’elle tombe le plus près possible d’un mur. Distance à définir. La pièce tombée la plus près du mur désigne le vainqueur qui empoche toutes les pièces.
Jeu encore pratiqué dans les cités.

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Un autre jeu où l’argent n’intervenait pas : La mourra. La mourre.

Dans les années 50, les gitans de la Porte-d’Italie, installés sur les terrains vagues laissés vacants par la destruction des anciennes fortifications de Paris, venaient pratiquer la Mourra dans le parc que nous fréquentions.
* La construction du boulevard périphérique les a fait refluer au de-là de Paris. C’est à l’une des portes de la capitale, celle Saint-Ouen, de Choisy, ou celle d’Italie (les sources divergent) que le guitariste virtuose Django Reinhnardt perdit l’usage de deux ses doigts dans l’incendie de sa roulotte.

1958. La construction du périphérique commence.

Pratique par les gitans de l’époque : deux joueurs debout, face à face. Chaque joueur a la main fermée. Il l’ouvre et tend le bras en allongeant un certain nombre de doigts et en annonçant un chiffre allant de 0 à 10 (les gitans l’annonçaient en italien, c’est généralement le cas)). Celui qui annonce le nombre de doigts tendus par les deux joueurs gagne 1 point.
Exemple : Paul étale trois doigts en prononçant sette (7), Pierre cinq doigts en prononçant otto ( Cool

. Le total est de 8, Pierre a gagné.
Remarque. Demande une très bonne pratique, la cadence du jeu étant souvent infernale. Se joue debout, assis, à terre.
Encore pratiqué dans le sud-est de la France, en Corse, en Italie, en Espagne (Catalogne)…En Corse, il a reprit vigueur depuis une vingtaine d’années et des concours sont organisés.

Une partie de Mourra en Corse, en 2013 (à quatre, jeu croisé) :
https://www.youtube.com/watch?v=yi3Bur2XxDM

Une autre : https://www.youtube.com/watch?v=yi3Bur2XxDM

* De tradition ancestrale les gitans apprécient le niglo (hérisson) comme mets culinaire (Espèce protégée aujourd’hui). Il est pour eux un symbole de protection et de chance.

- Sur les terrains vagues de la Porte-d’Italie ils le préparaient de la façon suivante. Un feu était allumé dans un trou creusé dans le sol. En attendant que se fasse la bonne braise le hérisson était placé dans une coque de terre d’argile. Celle-ci était ensuite déposée sur les braises et retournée plusieurs fois. Au bout d’un moment elle était brisée avec un marteau. Le hérisson sortait nu, ses piquants étant restés dans la coque d’argile. Une incision était pratiqué et l’’intérieur était garni d’herbes aromatiques. Il était mis ensuite à rôtir, toujours sur des braises. .

La zone, au début des années 1900. Les gitans étaient déjà là.

Attention : Espèce protégée

Cette semaine, le Tribunal Correctionnel de Namur (Belgique) a condamné 4 gens du voyage à 1400€ d'amende pour avoir consommé ce plat traditionnel de hérisson grillé.
Je pense que c'est également un plat consommé dans les zones rurales de certains pays d'Afrique du Nord, mais je ne retombe pas sur mes sources.

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