La Veuve
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Forum consacré à l'étude historique et culturelle de la guillotine et des sujets connexes
 
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 Louis Menesclou - 1883

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konvoi
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Charles-Henri Sanson
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MessageSujet: Louis Menesclou - 1883   Louis Menesclou - 1883 EmptyMer 15 Avr 2009 - 22:05

http://nobee.jefferson.lib.la.us/Vol-087/09_1880/1880_09_0075.pdf
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konvoi
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MessageSujet: Re: Louis Menesclou - 1883   Louis Menesclou - 1883 EmptyMer 15 Avr 2009 - 22:27

Merci pour cet article de la New Orléans.
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Charles-Henri Sanson
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MessageSujet: p.s.   Louis Menesclou - 1883 EmptyMer 15 Avr 2009 - 22:32

— Le 18 avril 1880, une fille de quatre
ans disparut de la maison de ses parents. Le 16 on arrêta Menesclou, un
des locataires de cette maison. Dans ses poches on trouva les
avant-bras de l’enfant ; de la cheminée on retira la tête et les
viscères à moitié carbonisés. Dans les lieux d’aisance on trouva aussi
des parties du cadavre. On n’a pu retrouver les parties génitales de la
victime. Menesclou, interrogé sur le sort de l’enfant, se troubla. Les
circonstances ainsi qu’une poésie lascive trouvée sur lui, ne
laissèrent plus subsister aucun doute : il avait assassiné l’enfant
après en avoir abusé. Menesclou ne manifesta aucun repentir ; son acte,
disait-il, était un malheur. L’intelligence de l’accusé est bornée. Il
ne présente aucun stigmate de dégénérescence anatomique ; il a l’ouïe
dure et il est scrofuleux.


Menesclou a vingt ans. À l’âge de neuf mois il eut des convulsions ; plus tard, il souffrit d’insomnies ; enuresis nocturna ;
il était nerveux, se développa tardivement et d’une façon incomplète. À
partir de l’âge de puberté il devint irritable, manifestant des
penchants mauvais ; il était paresseux, indocile, impropre à toute
occupation. Il ne se corrigea pas, même dans la maison de correction.
On le mit dans la marine ; là non plus il n’était bon à rien. Rentré de
son service, il vola ses parents et eut de mauvaises fréquentations. Il
n’a jamais couru après les femmes. Il se livrait avec ardeur à l’onanisme et, à l’occasion, il se livrait à la sodomie sur des chiennes. Sa mère souffrait de mania menstrualis periodica ; un oncle était fou, un autre oncle ivrogne.

L’autopsie du cerveau de Menesclou a
permis de constater une altération morbide des deux lobes frontaux, de
la première et de la seconde circonvolution temporale ainsi que d’une
partie des circonvolutions occipitales
http://www.psychanalyse-paris.com/1166-Assassinat-par-volupte.html
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Adelayde
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MessageSujet: La tête de Louis Menesclou   Louis Menesclou - 1883 EmptySam 30 Avr 2011 - 16:25

Louis Menesclou

Louis Menesclou - 1883 5672051291_71d26f441a_o

Source : L’excellent site de Sylvain Larue

http://guillotine.voila.net/Palmares1871_1977.html

La Tête d'un Fou

Dans la nuit du 5 septembre 1880, l'échafaud sinistre se dressait sur la place de la Roquette, à Paris.
Il faut remarquer ceci : c'est que les partisans de peine de mort disent que les exécutions capitales sont nécessaires, et que la guillotine est un moyen d'intimidation vis-à-vis des criminels ; or, cette guillotine, on n'ose l'élever jamais que dans l'obscurité ; pourquoi, si elle doit servir la société, ne la dresse-t-on pas en plein jour, sur la place publique où passent le plus de personnes, et pourquoi, si le bourreau rend des services, ne lui fait-on accomplir sa terrible besogne que dans les ténèbres ?
Donc, cette nuit-là, l'échafaud était debout.
Qui allait y monter ?
Un tout jeune garçon, un enfant presque ; il avait dix-huit ans à peine.
Soutenu par les aides du bourreau, trébuchant à chaque pas, à moitié mort déjà, il gravit lentement l'escalier horrible; puis, le bourreau le saisit, le fit tomber à genoux, lui passa la tète dans cette lucarne d'où, suivant l'expression du poète, « l'on voit dans l’éternité », et soudain, a travers l'obscurité profonde, un éclair brilla : c'était le couperet lugubre qui venait de tomber.
La tête du condamné était tranchée.
« La justice des hommes - comme on dit - se trouvait satisfaite. »

Ah certes, c'était un véritable monstre, celui que le bourreau venait de frapper. Il s'appelait Menesclou. Le crime qu'il avait commis dépassait tout ce que l'imagination peut concevoir de plus épouvantable : il avait fait monter une fillette de quatre ans dans sa chambre, il avait - toutefois, ce fait odieux n'a jamais été parfaitement établi - assouvi une passion de brute sur cette malheureuse, il avait ensuite tué sa pauvre petite victime, il l'avait coupée en morceaux, et il avait, un à un, jeté les membres saignants de l'enfant dans un poêle rouge.
Cela donne le frisson.
Le jury de la Seine, devant lequel comparut Menesclou, fut saisi d'une horreur profonde, et il n'accorda aucune circonstance atténuante au criminel.
D'ailleurs, le médecin chargé d'examiner le jeune assassin avait déclaré « qu'il jouissait de la plénitude de ses facultés intellectuelles ».
Les juges appliquèrent la loi dans son implacabilité entière : Menesclou fut condamné mort.

Quand on l'eut exécuté, des savants s'emparèrent de son cadavre afin de se livrer sur lui il une étude générale.
Que découvrit-on, alors ?
C'est que Menesclou n'était pas autre chose qu'un FOU.
Oui, un fou, - et lisez, à ce sujet, le passage suivant d'un rapport fait sur les opérations dont le cadavre du jeune criminel fut l'objet :
Par sa forme cérébrale, Menesclou se rapproche des singes, et Il rentre d'autre part dans la classe des aliénés, des imbéciles, des déshérités, sous le rapport du défaut d'équilibration fonctionnelle du cerveau.
Le ramollissement de ce cerveau démontre abondamment qu'à une certaine période de son existence, il a été sous l'influence d'une encéphalite, c'est-à-dire d'une inflammation de l'encéphale, maladie qui, dans les premières phases de son évolution, amène toujours une excitation cérébrale se traduisant par des phénomènes qui peuvent revêtir toutes les formes du délire aigu, et principalement la forme dite « érotique ».
Il est évident que c'est sous l'empire de ce délire que Menesclou a commis son crime.
L'encéphalite aiguë a nécessairement eu pour conséquence le ramollissement progressif de la substance cérébrale et une déchéance rapide des fonctions intellectuelles : ce ramollissement est tellement notable qu'un de nos plus distingués médecins aliénistes disait, après l'avoir constaté : « Si l'on avait attendu huit jours de plus, le condamné aurait été trouvé mort dans sa prison ».
Ainsi, on se trouvait en présence d'un cerveau ramolli, d'un malade n'ayant ni la liberté de ses actions, ni la force de résister au penchant qui l'entraînait.
Voilà ce que la Justice avait ignoré !...
Si elle avait été éclairée par le diagnostic d'un médecin légiste compétent, on n'aurait point eu, sans doute, le dégoût de voir, comme l'a dit l'auteur du rapport sur Menesclou, « cette tête d'idiot tranchée par le couperet AU MOMENT OÙ LE CERVEAU QU'ELLE LOGEAIT S'EFFONDRAIT DE TOUTES PARTS EN DÉLIQUESCENCE »

Mais le monde marche - et on avait oublié Menesclou.
Or, voici qu'un événement se produit qui vient faire revivre le souvenir du supplicié et qui vient appuyer ce que l'étude des savants avait prouvée, c'est-à-dire que Menesclou était un aliéné : - SA MÈRE - âgée seulement de quarante-cinq ans A ÉTÉ FRAPPÉE DE FOLIE.
On a transporté cette malheureuse à l'asile Sainte-Anne.
Elle se trouve dans un état d'exaltation terrible.
Une enquête été aussitôt faite, et on a appris : -d'abord, que le PÈRE DE MME MENESCLOU S’ÉTAIT SUICIDÉ DANS UN ACCÈS D'ALIÉNATION MENTALE ; ensuite, QUE LE FRÈRE DE MME MENESCLOU ÉTAIT MORT FOU.
Et on connaît cela seulement aujourd'hui !...
C'est deux ou trois jours après l'exécution de Menesclou, qu'en étudiant son crâne, déposé à la Société d'anthropologie, on s'est rendu compte qu'il était fou, et, par conséquent, irresponsable ; - et c'est deux ans après qu'il a expié son crime sur l'échafaud qu'on s'aperçoit qu'il appartenait à une famille où la folie est héréditaire !

N'y a-t-il pas dans ces faits un argument irréfutable contre la peine de mort ?
En définitive, en exécutant Menesclou, on a exécuté un fou.
Et depuis quand tue-t-on les fous, si dangereux et si criminels qu'ils soient.
En exécutant cet IRRESPONSABLE, la société a commis un crime.
Du reste, écoutez ce qu'a dit un médecin qui s'est donné la peine de savoir ce qu'était Menesclou.
Par suite de sa mauvaise conformation des organes, Menesclou était sourd. Or, dès le plus jeune âge, le développement de celui qui, plus tard, devait être un criminel, a été enrayé par cette surdité : il y avait comme une barrière entre l'enfant et sa mère, entre l'écolier et ses camarades, entre l'ouvrier et ses compagnons d’atelier. Petit, il était taciturne, concentré ; on l'a cru méchant et envieux. On l'a vu désobéissant ; on l'a jugé têtu ; il a été roué de coups pour n'avoir pas entendu. On l'a déclaré incorrigible, sa famille s'est fatiguée de n’en rien obtenir par les moyens de répression ordinaires ; chassé de l'école, il a été chassé de la famille. On l'a jeté mousse sur un navire, où Il n'a pas mieux obéi aux ordres sévères de ses chefs, qu'il n'entendait pas mieux que ceux du maître d'école ; on l'a noté mauvais soldat. Il n'a pu avoir d'emploi nulle part; son infirmité, le poursuivant toujours, l'a fait chasser da partout. A l'atelier, on ne cause pas avec lui, il ne répond pas, il fait tout de travers ; une machine peut le broyer, le patron le renvoie Il a lassé tout le monde.
Cette peinture est d'une vérité saisissante.
Cet idiot, ce malade, cet infirme, cet isolé a été souvent châtié, jamais soigné. Il a fini par l'expiation suprême. Ça a été le couronnement des duretés et des injustices qui l'ont accablé toute sa vie.

Que ressort-il de tout ce qu'on vient de lire ?
C'est que la société a mieux à faire que de tuer les criminels.
Ce n'est point en tuant, d'ailleurs, qu'elle peut donner l'exemple du respect de la vie humaine, et on a pu avec raison faire remarquer que, dans un assez grand nombre d’États où l'échafaud avait été aboli, le nombre des crimes n'avait pas augmenté.
La société a d'autres moyens de préservation que la guillotine : elle a des prisons dont les murs sont infranchissable ; cela est suffisant pour sa sécurité.
Mais ce qui assurerait bien plus là sécurité de la société, c'est qu'au lieu de châtier les crimes qui se commettent, elle fît davantage pour garantir les futurs criminels contre d'inévitables déviations de conscience.
Il faut se demander pourquoi la main des criminels s'était armée Il faut se demander quelle influence ces hommes ont subie ? Il faut se demander si, élevés comme des brutes, ils ne sont pas excusables de n'être que des brutes ? Et, au lieu de les flétrir, il faut se demander si l'on n'est pas coupable, parfois, de les avoir laissés grandir dans le vice, de les avoir laissés vivre dans la misère ou la maladie, de les avoir laissés aller au crime ?
L'échafaud, quoi qu'on en dise, n'est pas une solution : il tranche une tête, mais le problème reste entier or, le problème, c'est le relèvement de l'âme tombée quand il y a perversion, et c'est la guérison du malade quand il y a dégénérescence ou folie.
En définitive, ce qui serait nécessaire, c'est que la société prit le coupable pour l'améliorer ou le soigner, au lieu de dresser un échafaud pour immoler son ennemi.

Jean Frollo - Le Petit Parisien, n° 2 301 du 13 février 1883
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MessageSujet: Re: Louis Menesclou - 1883   Louis Menesclou - 1883 EmptyLun 2 Mai 2011 - 13:04

Louis Ménesclou.

La première expérience sur la survie possible, envisagée par certains, de la tête des condamnés à mort, après la décapitation a été effectuée pour la première fois (à Paris) par le docteur Dassy de Lignières, sur Louis Ménesclou, en 1880, et sous l'autorité du professeur  Sappey. Elle fut réalisée par la transfusion du sang d'un chien à celle de la tête du supplicié.

Le docteur de Lignières exerça plusieurs années comme professeur de physiologie  à la faculté de Santiago-du-Chili (Chili). Chef-adjoint des Travaux physiologiques à la Faculté de médecine de Paris, il se consacra  également à des recherches anthropologiques et à des travaux d'électricité appliquée. Hector Fleischmann, dans son livre La guillotine de 1793 relate, en partie, cette expérience sur Mésnesclou. Le docteur de Lignères la relata en 1907, dans le quotidien Le Matin. Sa conclusion sur la survie de la tête des décapités est effarante : « Quand le couteau a fait son œuvre, a chu avec ce bruit sinistre que vous connaissez, que la tête a roulé dans la sciure, cette tête, vous entendez bien! cette tête séparée de son corps entend les voix de la foule. Le décapité se sent mourir dans le panier. Il voit la guillotine et la clarté du jour. »

Louis Menesclou - 1883 Ce19c76052e6a77958657011f8a32fe2_FLEISCHMANN-GUILLOTINE-1793

Gallica : Fleischmann Hector La guillotine de 1793. 1908  
                                                                                                                                                 
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k57883969.r=fleischmann.langFR

Entretien du dr Dissy de Lignières avec un journaliste du Matin, 1907.

Début de l'entretien

« L'affaire Ménesclou ? Vous me rappelez un des souvenirs les plus vivaces de ma jeunesse, d'autant plus vivace qu'il ressuscite en moi avec une acuité nouvelle, en raison de la polémique ac-
tuellement ouverte, au sujet de Soleillant, sur la question du maintien ou de l'abolition de la peine de mort.
La veille de l'exécution, c'est-à-dire le 6 septembre, vers dix heures du soir, je reçus une note de la préfecture de police, ainsi conçue

Demain matin, la prise de corps d'un supplicié pourra être faite par la Faculté de médecine, dans le cas où le corps ne serait pas réclamé par la famille.

« Je passai la nuit à prendre, dans mon laboratoire, les dispositions nécessaires, en vue de l'expérience que je projetais, c'est-à-dire en vue de la transfusion du sang dans la tête du décapité. Je voulais essayer de prouver que,dans une tête séparée du tronc, la conscience n'est que suspendue, comme dans la syncope, et qu'elle peut s'y manifester de nouveau si la tête est replacée dans les conditions physiologiques où elle se trouvait avant la décollation, c'est-à-dire si du sang artériel lui est restitué.

Le chien ressuscité

« J'envoyai, avec un bon, demander un chien à la fourrière. On m'amena un vigoureux mâtin dont, après examen, je reconnus la robustesse et la jeunesse. C'était bien là le sang pur et vigoureux
dont j'avais besoin. J'adressai au bel animal quelque paroles de tendresse et d'encouragement, le rassurant sur l'issue, quant à sa sécurité, de son intervention dans une affaire aussi grave. La brave bête parut m'avoir compris et se prêta de bonne grâce au ligotage indispensable au maintien de son immobilité pendant l'opération.

Je me hâte de dire, pour ne pas contrister les âmes sensibles — dont je suis moi-même, en ce qui concerne les animaux — que Loufoque (c'est ainsi que je le baptisai par analogie) ne souffrit aucunement de la conjoncture, qu'il fut conservé et choyé par moi jusque dans son extrême vieillesse. Mes préparatifs terminés, mon sujet mis en état de fournir la transfusion du sang, je regardai ma montre et j'attendis.

Déception

« A six heures trois quarts, je perçus dans la cour de l'annexe le roulement du fourgon qui devait m'apporter les restes du supplicié.
Jamais amant attendant une maîtresse chérie ne ressentit, je crois, une joie aussi intense que celle qui fut la mienne à cette minute.
Le conducteur de la voiture paru devant moi, et, sa casquette à la main, me dit:
« —Monsieur le docteur, on a refusé, de me livrer le macchabée (1) La déception fut cruelle.

(1) Le commissaire de police de la commune de Gentilly avait refusé la délivrance du corps de Ménesclou à la Faculté de médecine parce qu'il manquait un document. Ménesclou fut donc inhumé.

« Je fis détacher mon chien, lui prodiguai quelques caresses désolées mais, ne voulant pas être vaincu, j'informai aussitôt M. le professeur Sappey, mon maître, de ce qui arrivait. Sa réponse ne se fit pas attendre.                                                                                               Nous «dérobons» le cadavre. M. le professeur Sappey accourut, joignit sa protestation écrite à la mienne, et je volais boulevard du Palais, avec la résolution nettement délibérée de réveiller M. Andrieux. Mais l'élégant préfet de police (2), homme du monde et noctambule irréductible venait à peine de se glisser sous ses couvertures, selon l'expression du poète Clément Marot. Il me dépêcha son secrétaire, M. Domergue. Sur mes instances, cet aimable fonctionnaire voulut bien télégraphier à M. le commissaire de police de Gentilly, et, après une rapide et clandestine exhumation, le corps nous parvint enfin au laboratoire de physiologie.

(2) Père naturel de l'écrivain et poète Louis Aragon.

« Eh bien ! malgré ce retard de trois heures, notre expérience donna des résultats concluants. Qu'eût-ce été si, tout préjugé aboli, il nous avait été permis de la tenter, cette expérience, à la prison, au moment même de la décollation.

« Voici le dispositif que j'avais adopté pour essayer de triompher des difficultés prévues par Vulpian.

La tête s'anime, les yeux parlent

« Après avoir découvert l'artère carotide gauche du chien, j'adaptai, dans la lumière de cette artère, une canule spéciale, à robinet, fixée de telle sorte que le sang artériel pût jaillir, en conservant intacte, sous l'impulsion cardiaque, toutes ses qualités de pression, de plasticité et de chaleur.

« Les choses étant ainsi disposées, en présence du professeur Sappey et du garçon de laboratoire, je pris dans mes mains la tête du supplicié. Je constatai que la section faite par le couteau de la guillotine portait sur le tronc des deux carotides primitives, à deux centimètres environ au-dessous de leur bifurcation…..
Les vaisseaux carotidiens s'étaient fortement rétractés cependant, en saisissant les carotides primitives à l'aide d'une pince, je pus les ramener au niveau de la section. Je fermai par une ligature le tronc de l'artère carotide gauche et captai au tronc de la carotide primitive droite une canule sur laquelle je liai le vaisseau, A cette canule, je fis aboutir l'extrémité d'un tube en caoutchouc, lequel se trouvait adapté par avance à la canule à robinet fixée dans le bout central de l'artère carotide gauche du chien. Pour prévenir les fusions trop abondantes de sang par les différentes branches vasculaires comprises dans la section cervicale, branches qu'il était impossible d'apercevoir, je recouvris la presque totalité de la surface de la plaie avec des lambeaux d'amadou.

Le cœur du chien vivifie la tête de l'homme.

« Alors, j'ouvre le robinet. Le sang artériel du chien se précipite à travers les tubes conducteurs et pénètre, à plein canal, dans les carotides droites de la tête du supplicié. Le sang injecté se répand dans tout le réseau vasculaire de la tête et, à ce moment, le spectacle devient vraiment grand et terrible. Dans le profond silence des souffles retenus, anxieusement penché, presque face à face avec, la tête du décapité, je cherche à y surprendre l'éclair d'une manifestation, psychique, tandis que le garçon de laboratoire éponge les fusées sanglantes et que le professeur Sappey, quelque peu impatient de procéder à ses chères investigations anatomiques, domine la scène de sa haute taille.

« Dès le premier jet de sang artériel, la soudaine impulsion du cœur, la face du décapité, a rougi, surtout du côté droit qui était sain, car le côté gauche présentait une cicatrice vasculaire. Les lèvres se colorent et se tuméfient sensiblement. Les traits se dessinent et se précisent toute la physionomie s'éclaire. Ce n'est plus le masque livide et flasque de tout à l'heure cette tête va parler, car elle vient de s'animer sous les battements d'un cœur.

« Et alors !… alors je vis bien nettement, pendant l'espace de deux secondes (la décapitation avait trois heures et demie de date), je vis les lèvres s'agiter, comme pour un balbutiement, les paupières clignoter et faire effort pour s'ouvrir je vis la face revivifiée dans une expression générale de réveil et d'étonnement. J'affirme que, pendant ces deux secondes le cerveau a pensé !… »
Les cigarettes ont succédé aux cigarettes. Très animé par ses souvenirs, le docteur de Lignières brusquement s'arrête :

« — Ma conclusion, je vous la dirai un autre jour, avec les développements qu'elle comporte. Pour l'instant, retenez bien ceci :
Il n'est pas de pire supplice que la décapitation par la machine de ce M. Guillotin, député humanitaire et sensible. Retenez, retenez bien ceci  :     « Quand le couteau a fait son œuvre, a chu avec ce bruit sinistre que vous connaissez, que la tête a roulé dans la sciure, cette tête, vous entendez bien! cette tête séparée de son corps entend les voix de la foule. Le décapité se sent mourir dans le panier. IL VOIT LA GUILLOTINE ET LA CLARTÉ DU JOUR !
« Mais nous reviendrons là-dessus une autre fois. Ce que vous voulez, n'est-ce pas ? c'est savoir si Menesclou était responsable. Eh bien voici mon opinion : On l'a guillotiné, on aurait pu s'en dispenser.

Le cerveau était en bouillie. Les méninges adhéraient.

Nous procédâmes ensuite à l'examen du cerveau.

« Le crâne, scié suivant le tracé d'une couronne ceignant la tête, en passant au- dessus des oreilles, le cerveau put être facilement extrait de sa boîte osseuse. Le lobe frontal des deux côtés était atteint d'un ramollissement cérébral des plus prononcés, ainsi que la première et la deuxième circonvolution pariétale la première et la deuxième circonvolution temporale, ainsi que le lobe occipital, étaient également ramollis, mais à un moindre degré. En somme, le ramollissement général du cerveau était tel qu'on dut renoncer à en essayer le moulage. Les méninges arachnoïde et pie-mèrè étaient très résistantes et très épaissies, comme chez les quadrupèdes.

« Le premier pli de passage occipito-pariétal, normal à gauche, était profond avec tendance à la calotte à droite. Broca avait déjà trouvé cette malformation chez la plupart des suicidés et chez quatre-vingt-dix-neuf suppliciés.

« Le poids du cerveau était de 1,382 grammes, c'est-à-dire 32 grammes de plus que le poids moyen, et cette exagération de poids est assez générale chez les assassins.                                       « Interrogez n'importe quel physiologiste, il vous dira, après lecture de ces constatations :« L'homme qui avait ce cerveau-là était un fou. »
« Si j'entre dans le détail de ce rebutant exposé, je vous dirai qu'en contradiction avec les conclusions du rapport Brouardel, Lasègue, Motet (1) etc. je dus, jeune physiologiste, me taire et faire le mort.

« Pourtant, quand Brouardel m'entendit lui dire, de Ménesclou, qu'il était sourd, le maître de la médecine légale haussa les épaules et me jeta dédaigneusement
— Allons donc, il simulait (2).
— Pardon, maître, j'ai ses oreilles.
— Eh bien ?
— Ce n'est qu'un magma fibrineux.

Il n'insista pas, ni moi non plus, j'étais jeune, j'avais ma carrière à sauvegarder. »

— Soleillant ?
— Est-ce que je sais, moi je vous dirai ça quand il sera mort, si je fais l'autopsie de son cerveau. »


Fin de l'entretien
(Source : Gallica).

(1) Rapport complet des docteurs Lasègue, Brouardel et Motet sur l'état mental de Ménesclou (présenté aux assises de la Seine, au procès de Ménesclou) : http://www2.biusante.parisdescartes.fr/livanc/?p=439&cote=90141x1880x04&do=page

Le rapport conclut que Ménesclou n'est pas un aliéné.                                    
(Source : BIUM, « Annales d'hygiène publique et de médecine légale »).

(2) Le professeur Brouardel se trompait. Ménesclou était bien atteint de surdité (partielle). L'autopsie le démontra.

— L'autopsie du cerveau de Ménesclou montra bien des anomalie cérébrales.

Point de vue :

Abbé Crozes, aumônier de la Grande-Roquette. Il assista Ménesclou jusqu'à la guillotine :

« Ménesclou, me dit l'abbé Crozes, ne ressemble nullement aux portraits que les journalistes en ont tracés. Bien loin d'être repoussant, hideux, répugnant, il avait une physionomie sympathique, avenante, l'air d'un jeune homme bien élevé, une figure douce, honnête, naïve, il me faisait l'effet d'un petit groom de bonne maison.
A la deuxième visite que je lui fis, il avait remarqué que « j'installais ma table, » que je l'essuyais, que j'étendais dessus une serviette accrochée au mur pour me servir de tapis, que je rangeais  mes livres, papiers, plumes etc., tout ce qu'il me fallait  pour m'entretenir utilement  avec le condamné, et prendre quelques notes, afin de me guider dans ma correspondance ou mes démarches.
A la troisième visite, j'étais à peine entré dans la cellule, où je donnais mes audiences, que déjà Ménesclou s'occupait de la petite installation. Il mettait lui-même la table à sa place, l'essuyait, y étendait la serviette, prenait mes outils de travail et s'asseyait ensuite respectueusement attendant que je lui parle.
« je n'ai jamais eu de condamné plus poli, plus calme, plus résigné que ce malheureux enfant. Il a été à l'échafaud comme à une cérémonie pieuse, sans effarement, sans épouvante. Je n'ai jamais entendu raconter un acte de contrition, le dernier qu'il récita dans sa cellule, à mes cotés, avant de monter à l'échafaud, comme par Ménesclou. Il était tout en dieu, tout au repentir. Je ne comprends rien de ce que les journalistes ont écrit de lui. De tous les condamnés que j'ai accompagnés à l'échafaud, c'est celui sur l'avenir éternel  duquel je suis le plus rassuré. »


Abbé Moreau Souvenirs de la petite et de la Grande Roquette, Jules Rouf, sd. Deux volumes.
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MessageSujet: La Tête d'un fou   Louis Menesclou - 1883 EmptyDim 18 Déc 2011 - 19:27

Votre site est fort interessant, aussi en ce qui concerne l'état de son cerveau !! pale
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MessageSujet: Re: Louis Menesclou - 1883   Louis Menesclou - 1883 EmptyDim 28 Avr 2013 - 9:33

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MessageSujet: Re: Louis Menesclou - 1883   Louis Menesclou - 1883 EmptyDim 6 Oct 2013 - 7:10

http://www2.biusante.parisdescartes.fr/livanc/index.las?p=1&dico=perio&chapitre=menesclou&do=page
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MessageSujet: Re: Louis Menesclou - 1883   Louis Menesclou - 1883 EmptyJeu 24 Sep 2015 - 21:24

"Une petite branche de lilas" - Pierre Bellemare a consacré son cent-seizième Dossier extraordinaire au crime de Louis Menesclou.

https://www.youtube.com/watch?v=6TCuoJirwxI

Bonne écoute.   Crying or Very sad

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MessageSujet: Re: Louis Menesclou - 1883   Louis Menesclou - 1883 EmptySam 26 Sep 2015 - 22:01

L'expérience avec le chien................. Suspect Louis Menesclou - 1883 532989 ou Louis Menesclou - 1883 534715
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MessageSujet: Re: Louis Menesclou - 1883   Louis Menesclou - 1883 EmptySam 26 Sep 2015 - 22:38

itto a écrit:
L'expérience avec le chien................. Suspect Louis Menesclou - 1883 532989 ou Louis Menesclou - 1883 534715
Glaçant ! Un article détaillé au sujet de cette expérience a été posté sur le forum mais je n'ai pas retrouvé les messages correspondants.

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MessageSujet: Re: Louis Menesclou - 1883   Louis Menesclou - 1883 EmptyVen 3 Sep 2021 - 21:36

Bonsoir,

J'ai pu photographier aujourd'hui une bonne partie du dossier de procédure de l'affaire Menesclou. Il n'est pas complet, comme pas mal d'autres je suppose (manquent quelques pièces, dont une photographie de la victime Shocked , répertoriée dans l'inventaire du dossier).

Louis Menesclou - 1883 Scene_10Louis Menesclou - 1883 Scene_11

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MessageSujet: Re: Louis Menesclou - 1883   Louis Menesclou - 1883 EmptySam 4 Sep 2021 - 23:18

https://gw.geneanet.org/tinagaquer?lang=en&n=menesclou&oc=0&p=louis
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MessageSujet: Re: Louis Menesclou - 1883   Louis Menesclou - 1883 EmptyDim 5 Sep 2021 - 0:08

Thanks Piotr Smile

It seems that Menesclou's mother went mad after her son was executed.
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MessageSujet: Re: Louis Menesclou - 1883   Louis Menesclou - 1883 EmptyDim 5 Sep 2021 - 16:17

Louis Menesclou - 1883 Menesc10

La fenêtre du rez-de-chaussée marquée xx correspond au logement de la famille Deux, et celle du dernier étage, identifiée par un seul x, à l'habitation des Menesclou.

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MessageSujet: Re: Louis Menesclou - 1883   Louis Menesclou - 1883 EmptyMar 21 Sep 2021 - 0:35


Les restes de la petite Louise Deux ont été inhumés le 21 avril 1880 au cimetière d'Ivry (page 27, numéro d'ordre 2329)


http://archives.paris.fr/arkotheque/visionneuse/visionneuse.php?arko=YTo2OntzOjQ6ImRhdGUiO3M6MTA6IjIwMjEtMDktMjEiO3M6MTA6InR5cGVfZm9uZHMiO3M6MTE6ImFya29fc2VyaWVsIjtzOjQ6InJlZjEiO2k6MjU7czo0OiJyZWYyIjtpOjIzNzc1O3M6MTY6InZpc2lvbm5ldXNlX2h0bWwiO2I6MTtzOjIxOiJ2aXNpb25uZXVzZV9odG1sX21vZGUiO3M6NDoicHJvZCI7fQ==#uielem_move=0%2C0&uielem_rotate=F&uielem_islocked=0&uielem_zoom=112
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MessageSujet: Re: Louis Menesclou - 1883   Louis Menesclou - 1883 EmptyVen 30 Sep 2022 - 22:19

Le père de la petite Louise Deux s'est ôté la vie le 9 août 1883, dans son appartement de la rue de Grenelle. Quant aux parents de Menesclou : le père est mort le 3 juin 1884 dans une auberge du Puy-de-Dôme, et sa mère a fini ses jours à l'asile de Saint-Venant (Pas-de-Calais) le 21 avril 1902....................;

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