Jean-François Heidenreich

————————————————————————————————————————
Journal Le Voleur, du 12-04-1872, reproduisant un article de Paris-Journal.
(source : gallica.bnf.fr)

LE BOURREAU EN DÉSHABILLÉ

Feu Heindeindreich, le bourreau d'hier, était un aimable vivant, en dehors des devoirs de sa profession ; il habitait boulevard Beaumarchais, 79 ou 89, au deuxième étage, sur la cour : une maison très bien composée, ne manquait jamais de dire le concierge. Le devant, en effet, était loué à l’immortel Laferrière.

Heindeindreich — prononcez Heindreich — n’était âgé que soixante deux ans, qu'il portait désinvolturément du haut d'une stature si élevée, si colossalement râblée, qu'on aurait pu supposer que ce gaillard vivrait comme Mathusalem. Il était de tenue correcte, affectant, dans ses promenades sur les boulevard; l'escarpin découvert, qui laissait saillir un cou de pied nerveux, dont Monsieur de Paris était coquet : il avait un pied aristocratique et, — quoique de poigne —  une main de race.
Où la race va-t-elle se nicher !

Il portait la redingote noire, boutonnée, et, — à ses jours fériés, — un pantalon gris clair ; son chapeau lustré était brillant comme ceux de feu Félix et de Lafont.
Au physique : cheveux blancs et en brosse, front a demi caché par une chevelure épaisse et indiscrète qui semblait vouloir rejoindre d’épais sourcils ; yeux gris clair, saillants, américains,
pas méchants du tout, les paupières atteintes d'une agitation fréquente, presque fébrile, l’effet, sans doute, de toutes les visions qu’elles avaient dû garder ! Larges favoris-cotelettes sur de grosses joues, lèvres redondantes et chargées d'appétits parmi lesquels s'épanouissait toujours un vaste sourire rabelaisien ! Un cou de taureau !

Heindeindreich avait une horreur profonde pour le quolibet, disait-il, de bourreau; il était exécuteur des hautes  œuvres ; exécuteur plutôt des arrêts criminels, et voici comment il nous a raconté, un jour, que ce titre fut octroyé à ses ancêtres :
Un jour, l'exécuteur des hautes œuvres rentrant chez lui, après avoir été montré au doigt par cent polissons, éclaboussé par nombre de truands, et poursuivi le long de son chemin (du Calvaire) par une bande de braillards qui chantaient sur l'air des Lampions d’alors : le bourreau ! le bourreau ! un jour donc, l'exécuteur des hautes œuvres tombe mourant au pied de son lit, et, sous l'impression de cette hurlante mise en scène, il trace fiévreusement une requête au roi pour lui exposer les désagréments de sa charge et supplier Sa Majesté d'effacer cet odieux mot « bourreau » de la langue des hommes, en le supprimant du texte des lois.
La supplique était signée :

De Votre auguste Majesté,
le très-humble, très-obéissant
et très à jamais dévoué sujet,
Sanson.

La majesté qui fait grâce fut clémente à la majesté qui châtie ; et, en effet, les 12-21 janvier 1787, une ordonnance royale, contre-signée du baron de Breteuil faisait inhibitions et défenses à tous féaux et sujets de donner à M. de Paris aucun autre titre que celui d’exécuteur des arrêts criminels.
L'ordonnance royale rendue en faveur de son à jamais dévoué sujet était [signée Louis XVI.
Oui, Louis XVI !
Six ans après, jour pour jour, le très à jamais dévoué sujet et le souverain se trouvaient place de la Concorde aujourd'hui, de la Révolution alors, sur un même piédestal ; mais quels changements chez les mêmes personnages !
La majesté douce était livrée aux mains de la majesté qui châtie, et Louis XVI était guillotiné par son très à jamais dévoué sujet.
Voila un récit que faisait volontiers, pièces à l'appui, Heindeindreich, et il ajoutait :
« C’est égal (!!!), si le roi est mort, au moins l'ordonnance a survécu. » Elle lui conférait le droit, disait-il, de poursuivre « en diffamation » quiconque le traitait de bourreau, d'autant mieux qu’il avait la prétention de « faire vite et proprement. »

N'entrait pas qui voulait chez « Monsieur de Paris, » dont le buen retiro était défendu par une honorable gouvernante, assez peu curieuse qu'on dérangeât son maître, pour qui elle professait une véritable considération.
—  Ah ! monsieur, c'est un si bon homme !
Quand la gouvernante, à première inspection, vous avait jugé « digne d’intérêt, » elle s'effaçait tout en ouvrant la porte d'une salle à manger, et vous introduisait d'autorité auprès du maître, qui, un petit chien sur ses genoux, un gros cigare aux lèvres, une tasse de lait sur la table, vous accueillait à merveille, dès lors que vous aviez plu à sa gouvernante.

Le mobilier de cette pièce était sympathique et de bon goût, à part deux peintures un peu troubadour-pendule.
Monsieur de Paris, qui révélait ses habitudes et mœurs douces par ces signes extérieurs, était étendu sur un canapé, au coin duquel, enfouie dans une chaude couverture, dormait une chienne, que son maître couvrait de caresses, d'attentions et d'amour. C'était une orpheline de la Roquette, léguée au bourreau par un de ses clients ; aussi la nommait-il Roquette. En face, sur un poêle, socle brûlant (Heindeindreich était horriblement frileux) de l'éternellement brûlant céladon, qui s'y étalait, se dressait un merveilleux bronze, de grandeur presque naturelle, de qui ?
De… Don Juan !

Le cabinet de travail d'Heindeindreich était tapissé de livres (jurisprudence et littérature) ; au fond, le portrait du maître par le premier et le meilleur élève du fameux David, par le père d'un de nos écrivains le plus en renom, lequel avait collaboré au Marat tué dans son bain.
Heindeindreich a toujours confessé son horreur native pour la profession paternelle ; mais à dix-neuf ans, sa mère vivant encore (car il tenait à bien établir sa légitimité), son père étant décédé, Heindeindreich, fils et petit-fils de bourreau, et exécuteur des arrêts criminels, resta à la tête de neuf frères ou sœurs ; il exerçait alors le commerce avec passion ; mais pouvait-il, lui, l'aîné, délaisser cette nombreuse famille, lui, fils respectueux, abandonner sa mère ? Il se résigna à devenir bourreau comme son père !

Heindeindreich avait reçu une éducation de sportman : cavalier distingué, nageur infatigable, il était tireur infaillible  ; à dix-neuf ans, il avait déjà reçu quatre brevets de prévôt d'armes. C'était, on le voit, un gaillard prédestiné à ne pas manquer son homme.
Il se fit bourreau par piété filiale et se voua à un éternel célibat : le temps que lui laissaient messieurs les assassins, il le donnait à la lecture et à la rédaction de ses mémoires, qu'il avait la prétention de faire et plus vrais et plus simples que ceux de Sanson et de Canler * (sic)…

* Pierre Canler. Chef du service de la sûreté parisienne (1849-1851).
Il arrêta Lacenaire. Présent à son exécution, place Saint-Jacques, il relate celle-ci avec objectivité, relevant que l’assassin-poète était monté sur l’échafaud sans manifester de peur ou de crainte, contrairement à ce qu’écrivit certaines publications de l’époque, dont La gazette des tribunaux (sur ordre). Plusieurs éditions de ses souvenirs, dont des contemporaines (intégrales) et sur Gallica (édition expurgée) : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k203022n  

Il était fanatique de spectacle ; mais comme on se le montrait régulièrement en disant : « Le bourreau ! voilà le bourreau ! Voyez donc comme il pleure ! » il cessa d'aller au théâtre : il se rejeta sur les dîners d'amis et sur la pipe. Il traitait régulièrement deux fois la semaine. Quant à sa bouffarde, jamais il ne la quittait.
Sur sa table, à côté d'un bol de lait, renouvelé de quart en quart d'heure, était installé à demeure, rivé, cloué, en quelque sorte, un sucrier, où Heindeindreich puisait incessamment : il adorait le sucre ; cela devait le tuer, il le savait, mais que voulez-vous ? Cet homme avait la passion des choses douces.
En dehors de ces lénitifs, Heindeindreich buvait, dans une brasserie en face de chez lui,[de cinq à six verres d'orgeat avant de se coucher… Par contre, jamais, jamais de liqueurs fortes !
« Il aimait trop le sucre, et c'est ce qui l'a tué. »
Il est mort du diabète.

Heindeindreich était parfait notaire, et avait l'art des placements avantageux et de la sage administration. Il était riche ; il avait acheté à la baisse des terrains à Levallois, où il s'était fait construire une ravissante habitation, avec grille sur le devant, pelouse, etc. Les côtés de la porte cochère étaient surmontés d'énormes lions en fonte.
On adorait le bourreau à Levallois…
Mais un beau jour il a tout réalisé, et s'est retiré à Paris. Heindeindreich — homme sensible — venait d'être atteint par M. Rouher, qui l'avait raccourci de 1,000 francs d'appointements.
Il ne touchait plus que 4,000 francs, et c'était maigre, disait-il.
De ce chef, M. Rouher était le seul homme à qui il en voulût.  

(Paris-Journal)

Quelques échos  supplémentaires sur J-F Heidenreich :

Journal Le Voleur, du 12-04-1872.
(source : gallica.bnf.fr)

Empruntons encore, sur le même sujet, quelques traits curieux à un journal de Londres, le Daily New. Son correspondant de Paris fait le portrait de M. Heindreich jardinant bourgeoisement dans sa villa des champs :

Il y a quelques années un membre éminent du barreau me conduisit, en compagnie de quelques jeunes dames américaines, voir, en qualité de lions de Paris, Heindreich et  les ancêtres de Jacqueline. Monsieur de Paris demeurait alors au faubourg rural de Levallois-Champerret.
Il habitait une belle villa très retirée de la rue du Bois, bordant le parc de Neuilly. Le jardin   était entouré de murs couverts de lierre. Quelques beaux vieux arbres ombrageaient un coin de la maison. Heindreich aimait le jardinage et les beaux-arts, et lorsque nous envahîmes son domaine, il arrosait une pelouse soigneusement entretenue, au centre de laquelle se trouvait un Cupidon en marbre. Le malicieux petit dieu était occupé à décocher une flèche contre une nymphe placée à quelques mètres de lui.  

Monsieur de Paris s'excusa en très bons termes d'être surpris en manches de chemise, et demanda à nous quitter un instant pour se vêtir, avant de nous mener voir quatre guillotines mises au rebut et qui étaient dressées dans la remise. Un attendant il nous invita à monter dans son salon où se trouvaient un piano et un chevalet, ainsi que des couleurs et des pinceaux. Une vieille servante, qui sortit furtivement d'une cuisine adjacente pendant l'absence de son maître pour causer avec les étrangers, nous apprit que ces objets avaient été achetés pour la jeune dame qui se trouvait, alors, sous un nom supputé, dans un des pensionnats conventuels les plus à la mode de Paris.

La « jeune dame » était la fille adoptive d'Heindreich. Elle ne savait rien de la profession de son père putatif. Il y avait aussi « un jeune monsieur » au lycée du Prince-Impérial, près de Vanves. Avant que le maître de la maison ne fut de retour, la loquace petite vieille parvint à nous renseigner sur ses habitudes intérieures et sur la manière dont il était appelé de ses dieux lares pour accomplir ses fonctions publiques.
Un lançier lui apportait l'ordre du parquet, invariablement à neuf heures du soir.
Horrible détail. — Quand il avait reçu la fatale missive, le bourreau, après avoir commandé un solide repas pour trois heures du matin, afin de réconforter ses nerfs, se rendait dans la remise, accompagné d'un aide qui lui servait de jardinier, pour opérer sur un veau qu'il tenait toujours prêt pour servir à une répétition.

Le bourreau revint, vêtu de son costume officiel de drap noir, avec une cravate blanche. Il nous fit les honneurs de la remise avec une calme aisance, offrit de faire chercher un veau, qui, dit-il, ne lui coûterait rien, et sur lequel il expérimenterait certains récents perfectionnements qu'il avait effectués à son instrument.
Léo Lespès, dans un nouveau journal, l’Evénement, qui vient de faire une brillante apparition, raconte pareillement une visite qu’il fit à la maison de plaisance de l'exécuteur, où il parait avoir été assez mal reçu, ou du moins brusquement éconduit :
Je parvins à voir M. Heindreich, l'exécuteur, en entrant chez lui, sans me faire annoncer. Je le trouvai, en paletot de toile grise, un arrosoir à la main, une serpette dans l'autre. Il taillait avec soin un arbuste chargé de roses.
— Vous lui faites la toilette, dis-je, sans la moindre intention.
Il sourit d'une façon amère.
— Vous venez faire un portrait de moi, dit-il.
— Oui, répondis-je.
— Eh bien  dites que vous m'avez trouvé au milieu des fleurs ; elles n'ont pas d'aversion et d'antipathies, elles donnent à tous leurs parfums. Adieu, monsieur. Et me saluant, il jeta la serpette et l'arrosoir, et rentra silencieusement chez lui.

Terminons par une anecdote extraite du Courrier de France :
Ce journal raconte que, pendant tout le temps qu'il resta exécuteur des hautes œuvres,
Heindreich allait régulièrement, le premier de chaque mois, à l'Hôtel de ville (*) pour émarger ses appointements. L'employé chargé de ce service ne manquait  jamais, non pas de lui donner, mais de lui faire prendre, dans son tiroir,  une plume qui ne servait qu’à cet usage : une plume de bourreau !

Un jour, le baron Haussmann eut envie de voir Monsieur de Paris. Il le fit donc prier de bien vouloir passer à son cabinet pour émarger et fournir en même temps quelques explications sur le personnel et les aides. Après un instant d’entretien, M. Haussmann dit à Heindreich de signer.
Ce dernier parut embarrassé.
— C’est que, monsieur le préfet, je n'ai pas ma plume.
— Qu'à cela ne tienne, fit le baron, je ne suis pas superstitieux ; et il lui présenta la plume dont il se servait d'ordinaire.
Huit jours après, M. Haussmann n'était plus préfet.
                                             

(*) Ces appointements étaient prélevés sur le budget du ministère de la Justice mais réglés  par l’intermédiaire de la Direction des finances de la Préfecture de la Seine.

Mercattore, c'est toujours un plaisir (récent certe   ) de vous lire...

Le journaliste n'est pas d'accord pour la morsure de Troppmann à Heidenreich. On lit partout cette version, c'est vrai. Qu'en est-il exactement ? J'aurai garde de me prononcer. L'article est signé JM, donc ca ne doit pas être Georges Grison qui n'a du chroniquer au Figaro que plus tard pour le judiciaire. Mais Grison qui a relaté pas mal d'exécutions de Paris a commis des erreurs lui  aussi. Boisdejustice l'avait fait remarquer sur l'un de ses messages — à propos des guillotines, je crois —.  Certains passages d'écrits journalistiques sont à prendre avec des pincettes ...(voir les récents : VEAU de Heidenreich / Le constructeur piégé dans la remise à guillotines, rue de la Folie-Regnault ).

Jourdan coupe tête a écrit:

Comme je l’ai précisé par ailleurs à Sylvain, il est certain que le décret du 25 novembre 1870, créant un exécuteur et cinq adjoints, n’a pas eu une application immédiate. Il a fallu un bon moment avant que tout cela se mette en place. D’autant qu’il y a eu l’épisode de la commune, au printemps 1871.
Ainsi, Nicolas-Placide Doublot (né en 1797) était toujours exécuteur-adjoint des arrêts criminels près la cour d’appel de Paris en 1871. Il n’a été relevé de ses fonctions qu’en août 1871. On lui a notifié sa mise à la retraite le 16 août.
Donc, c’est plutôt en juillet et août 1871 que l’équipe d’Heidenreich a été définitivement constituée, avec Nicolas Roch (nommé le 24.07.1871), Louis Deibler (nommé le 24.07.1871), Charles Ganié (nommé le 24.07.1871), Edouard Desfourneaux (nommé le 1.08.1871) et Alphonse Berger (nommé en 1871).

En janvier 1872, l’équipe se compose officiellement comme suit :
- Heidenreich (salaire de 6000 francs)
- Roch, 1er aide (salaire de 4000 francs)
- Deibler, 2e aide (salaire de 4000 francs)
- Ganié, 3e aide (salaire de 3000 francs)
- Berger, 4e aide (salaire de 3000 francs)
- Desfourneaux, 5e aide (salaire de 3000 francs)

Bonjour à tous,

J'aimerai connaître la composition (complète) des équipes de Heidenreich (1872) à Louis Deibler (1898)... Pouvez vous me donner des pistes de recherches... Ganié ? resta-t-il dans l'équipe de Roch ; un certain Aimé-Eugène Etienne (1862-1890, dates d'exercices) occupait quelles fonctions ? Un adophe-désiré Deville (1879-1900) occupait lui aussi quelles fonctions ? bref un petit coup de main serait la bienvenue... à moins que ce genre de listes existe déjà...   

Amts

Pier

Cherchez sur cette liste, à Paris-prévôté de Paris (75): liste des bourreaux. Après les exécuteurs vous trouverez les aides-exécuteurs. 

Merci CARNIFEX, je connaissais cette liste... mais pourquoi n'y ai-je pas pensé plus tôt   ...

Bonsoir pier,

On trouve pas mal d'infos concernant les aides sur ce fil :

https://guillotine.1fr1.net/search?mode=searchbox&search_keywords=aides&show_results=topics

Bien à vous   

Merci Adelayde...   

Voici un premier jet...

Les équipes

1871
J-F.Heidenreich, N-P.Doublot (ou Doubleau)

1871-1872
J-F.Heidenreich, N.Roch, J-H.Gasnier (ou Ganié, ou Ganier), L.Deibler, A-L.Berger, E-M.Desfourneaux.

1872-1879
N.Roch, J-H.Gasnier (ou Ganié, ou Ganier), L.Deibler, A-L.Berger, E-M.Desfourneaux, A-E.Etienne.

1879-1888
L.Deibler,J-H.Gasnier (ou Ganié, ou Ganier), A-L.Berger, E-M.Desfourneaux, A-E.Etienne, A-D.Deville.

1888-1890
L.Deibler, A-L.Berger, E-M.Desfourneaux, A-E.Etienne, A-D.Deville, A.Deibler.

1890-1899
L.Deibler, A-L.Berger, E-M.Desfourneaux, A-D.Deville, A.Deibler, H.Spirckel.

1899-1906
A.Deibler, A-L.Berger, E-M.Desfourneaux, A-D.Deville, E-C.Rogis, J-H.Desfourneaux.

1906-1907 Période abolitionniste...
A.Deibler, E-M.Desfourneaux, A-D.Deville, E-C.Rogis, J-H.Desfourneaux.

1907-1909
A.Deibler, A-D.Deville, E-C.Rogis, J-H.Desfourneaux.

1909-1911
A.Deibler, E-C.Rogis, J-H.Desfourneaux, L.Rogis, M.Deschamps.

1911-1919
A.Deibler, J-H.Desfourneaux, L.Rogis, E.Deschamps.

1919-1921
A.Deibler, J-H.Desfourneaux, L.Rogis, M.Deschamps, L-C-E.Desfourneaux.

1922-1926
A.Deibler, J-H.Desfourneaux, L.Rogis, L-C-E.Desfourneaux, A.Obrecht.

1926-1930
A.Deibler, J-H.Desfourneaux, L.Rogis, R-H.Desfourneaux, A.Obrecht.


N'hésitez pas à corriger...

Curieux l'article suivant. L'aide Stoc ?
Quotidien La Lanterne  du 12-08-1884.
(source : gallica.bnf.fr)

HIER & DEMAIN.

Changement de manière

Une dépêche de Vienne a annoncé que le dynamiteur Stellmacher (*) a été supplicié vendredi matin, à cinq heures, dans la cour de la prison militaire, en présence d'une quinzaine de journalistes et d'une demi-douzaine de personnages officiels.

Voici quelques très curieux renseignements sur celui qui, après le condamné, bien entendu, a joué le principal rôle dans la funèbre cérémonie. C'est, comme vous l'avez deviné, du bourreau que je veux vous parler. Ce bourreau, nommé Stoc, mérite, en effet, une mention particulière, car c'est un ancien aide de l'exécuteur des hautes-œuvres de Paris.

Stoc, âgé aujourd'hui de 55 à 56 ans, a collaboré pendant quatre années avec M. Heindreich, le prédécesseur de feu M. Roch. Il était Alsacien comme lui, et c'étaient de vieux camarades. Heindreich, d'ailleurs, le considérait comme un guillotineur maladroit, et ne le gardait, disait-il, que pour ne pas lui faire de peine.

Les principales exécutions auxquelles participa Stoc furent celles du docteur de La Pommeraye et de Tropmann. A cette dernière, il avait si bien bu pendant la nuit, qu'il allait un peu de travers, ce qui fit que son patron ne le laissa pas se mêler de grand'chose. Ce fut lui, néanmoins qui, une fois le patient basculé, le maintint par les pieds sur la planche.
Naturellement, au retour du cimetière, il eut une explication entre Heindreich et Stoc, et celui-ci donna sa démission.

En 1873 ou 1874, Stoc se fit naturaliser Autrichien et, depuis 1875, il est bourreau de Vienne.
Il n'a pas eu, du reste, beaucoup d'ouvrage dans le cours de ses neuf années, les exécutions capitales étant extrêmement rares en Autriche. Aussi, n'a-t-il pas eu encore le temps de se perfectionner dans l'art délicat et difficile de la pendaison,
Son changement de manière ne lui a pas réussi. Il guilllotinait mal, mais il pend plus mal encore. A preuve l'exécution de Stellemacher, qui, disent les télégrammes, a souffert plus de trois minutes, tandis que les aides le tiraient par les pieds et le bourreau par la corde.

Ajoutons que Stoc a, en Autriche, une position tout à fait confortable au point de vue des appointements. Il touche, en effet, près de 9,000 fr. par an, tandis qu'il n'en avait que 3,000 du temps qu'il travaillait à Paris.
M. Deibler, l'exécuteur actuel du continent français, est moins bien payé que Stoc. Il ne lui est alloué, en effet, que 6,000 fr. par an. Il est vrai qu'il a, de plus, une gratification de 200 francs par chaque tête qu'il coupe en province, mais, depuis quelques années, c'est à peine si, dans ses douze mois, il se fait ainsi mille francs de bénéfices supplémentaires. — Et puis, il y a des frais ! Et puis. il y a M. Charton qui s'acharne à lui faire des misères dans les conditions que vous savez, tandis que Stoc, vit paisible, tranquille, honoré de lui-même et de ses trois adjoints.

(*) Hermann Stellmacher. Anarchiste autrichien. Auteur de plusieurs assassinats. Condamné par un conseil de guerre à la peine capitale. Exécuté le 08-08-1884.

Bonjour,

En réaction à votre article sur le bourreau Stoc.

Mercattore avez vous des informations sur la peine de mort en Autriche-Hongrie. J'ai lu que les exécutions étaient exceptionnelles par rapport à la France ou l'Allemagne à la même époque. L'Empereur François-Joseph était, dit-on, un partisant de l'abolition...

Est-ce la vérité historique ou bien des racontars....

Amts

Pier

Herman Stellmacher et Anton Kammerer ont été exécuté à Vienne le même jour... Ce qui m'étonne, c'est qu'ils ont été accusés de divers attentats à Strasbourg, Stuttgart et Vienne...

Mais Strasbourg était dans l'Empire Allemand et Stuttgart une ville du royaume de Bavière (elle aussi de l'Empire Allemand)... Ils furent condamné pour les seuls crimes perpétrés à Vienne ou dans les autres villes cités plus haut.

Je reste perplexe...

pier a écrit:

Mercattore avez vous des informations sur la peine de mort en Autriche-Hongrie. J'ai lu que les exécutions étaient exceptionnelles par rapport à la France ou l'Allemagne à la même époque. L'Empereur François-Joseph était, dit-on, un partisant de l'abolition...

Est-ce la vérité historique ou bien des racontars..

Pier

Pier, je ne sais pas, malheureusement, pour l'Autriche-Hongrie.

Kemmerer n'a pas été exécuté le même jour que Stellmacher, mais en septembre, le 20.
Où avez-vous lu qu'ils ont été exécutés le même jour ?

Wikipedia   (je sais j'ai honte...  )... executés le 8 août 1884 (un vendredi...)

Voici le lien :

http://fr.wikipedia.org/wiki/Kammerer_et_Stellmacher

Wiki est pas trop mal pour se faire une idée MAIS leurs infos doivent etre verifiées sur d'autres sources(c'est primordial pour se forger une opinion juste).
Tout le monde s'est trompé un jour en reprenant pour argent comptant leurs infos...

Tu es pardonné Pier(3 ave,3 pater!!  )

J'ai été à la facilité...

les 3 ave et 3 pater sont faits   

tof1 a écrit:

Wiki est pas trop mal pour se faire une idée MAIS leurs infos doivent etre verifiées sur d'autres sources(c'est primordial pour se forger une opinion juste).
Tout le monde s'est trompé un jour en reprenant pour argent comptant leurs infos...

Tu es pardonné Pier(3 ave,3 pater!!  )

Tof a raison, il faut recouper par d'autres sources mais, mais là aussi, on peut se faire "avoir" car le copier-copier-copier-copier foisonne et la vérification peut être érronée aussi. Sur wiki, il y a des renseignements exacts, mais aussi le contraire, tout dépend beaucoup de la qualité du (des) rédacteur.

pier a écrit:

J'ai été à la facilité...

les 3 ave et 3 pater sont faits   

Non, pas à la facilité, c'est un réflexe normal. Après, on dégrossi...  

Adelayde a écrit:

Bonsoir pier,

On trouve pas mal d'infos concernant les aides sur ce fil :

https://guillotine.1fr1.net/search?mode=searchbox&search_keywords=aides&show_results=topics

Bien à vous   

Voici une petite trouvaille :

http://books.google.fr/books?id=J6_MAgAAQBAJ&pg=PA110&lpg=PA110&dq=guillotine+berger+1872&source=bl&ots=R2TIsejA5_&sig=XzHNIdErZFjtV35Y1wrAQUMUos4&hl=fr&sa=X&ei=nc18U6HLE8eb0AX88oGgBw&ved=0CFUQ6AEwCA#v=onepage&q&f=false

De la page 104 à 107 une liste (complète ?) des aides des différents Monsieur de Paris de 1871 à 1981...

Extraits de : "la peine de mort en France" d'Emmanuel Chatillon 2011.

Mon prochain achat pour la fête des pères hihihi...  

Pas une petite trouvaille mais une très belle découverte, pier.   

Hé wohohoho !

On se réjouit pas, et on s'abstient d'acheter ce livre, qui est celui de mon plagiaire !

Tout ce qui s'y trouve vient du site guillotine, MOT POUR MOT !

  

Non    c est pas vrai     

Nemo a écrit:

Hé wohohoho !

On se réjouit pas, et on s'abstient d'acheter ce livre, qui est celui de mon plagiaire !

Tout ce qui s'y trouve vient du site guillotine, MOT POUR MOT !

  

Salut, "Patron" !
Certes, tu as été grandement pillé...  Cela dit, on ne plagie que ce qui est intéressant ! De plus, tu as certes fourni le gros du matériau, mais il me semble avoir reconnu, de ci, de là, un peu de Delarue, quelques lignes de Foucart et/ou de Meyssonier   
Bien amicalement   ...au fait, quid de ton "Desfourneaux"