Robert François Damiens est né en 1715 près d’Arras dans une famille modeste. Son père est ouvrier agricole après avoir été un fermier ruiné. A l’âge de 8 ans il est valet de ferme et à l’âge de 16 ans, à la mort de sa mère, il est recueilli chez son oncle cabaretier à Béthune. Il exerce différents métiers et se marie en 1738 avec une cuisinière. Il perdra plusieurs enfants en bas âge et on le retrouvera avec sa femme et sa fille à Paris où il est domestique. Il exerce auprès de différents magistrats et conseillers du parlement de Paris. C’est là qu’au milieu de beaucoup d’opposants à Louis XV, cet esprit instable et influençable construit peu à peu son hostilité vis-à-vis du roi.
Le roi Louis XV n’était plus le « bien-aimé » en 1757. Sa popularité a beaucoup faiblie suite à la guerre de succession d’Autriche qui a couté très cher sans rien rapporter de positif à la France. Le peuple reproche au roi ses dépenses, sa relation avec la marquise de Pompadour et l’influence qu’elle a sur lui. Il était en conflit avec le parlement de Paris dont de nombreux membres viennent de démissionner en réaction à ses réformes. Les pamphlets orduriers circulent même à Versailles.
Le 5 janvier 1757, Damiens loue un chapeau et une épée à Versailles. Il entre au château comme des milliers de visiteurs qui viennent tous les jours solliciter une audience auprès du roi. On le voit discuter avec d’autres visiteurs. A 18 heures, Louis XV s’apprêtait à remonter dans son carrosse pour retourner à Trianon. Il s’était déplacé jusqu’au palais de Versailles pour voir sa fille Victoire qui était souffrante. Il faisait très froid et déjà nuit. Le roi est accompagné du Dauphin (le père du futur Louis XVI) et de son escorte.
Damiens bouscule les gardes et frappe le roi avec un canif. Le roi pense d’abord avoir été seulement frappé d’un coup de poing mais son côté est ensanglanté. Il crie : « Je suis blessé, c’est cet homme qui m’a frappé ». Le dauphin et quelques gardes s’emparent de Damiens. « Qu'on l'arrête et qu'on ne le tue pas » demande le roi.
Louis XV est transporté dans sa chambre et couché sur son lit. Il saigne, il pense qu’il va mourir. Il demande pardon à la reine, confie le royaume à son fils le Dauphin et reçoit les derniers sacrements. Son médecin finit par arriver, on lui fait une saignée.
Les médecins se rendent rapidement compte que la blessure est bénigne, profonde d’un centimètre seulement entre deux côtes, aucun organe n’a été touché. Le roi était chaudement habillé de nombreuses couches de vêtements qui ont freiné le coup. On craint quand même que le canif ne soit empoisonné et le roi gardera le lit quelques jours.
Si la blessure physique était superficielle, la blessure morale a été plus profonde.
Damiens n’a pas essayé de s’enfuir, on retrouve sur lui de l’argent et l’arme du crime : c’est un canif à deux lames. Damiens avait utilisé la plus courte, longue de 8 centimètres. Il est interrogé dans la salle des gardes de Versailles, il déclare ne rien regretter de son geste et avoir agit seul.
Rapidement, c’est la confusion à Paris, on dit d’abord que le roi est mort, on accuse les anglais, les jésuites, le parlement. Louis XV est plutôt enclin à pardonner mais à la suite de négociations et de tractations, c’est le parlement de Paris qui fut chargé le 15 janvier de l’instruction du procès et c’est pour régicide qu’il fut poursuivi.
Damiens fut alors transféré dans la nuit du 18 janvier à la conciergerie sous très bonne escorte. On l’emprisonne dans la cellule qu’a occupée Ravaillac. On le couche et on l’attache dans un lit de fer pour qu’il ne cherche pas à se suicider. Des médecins participent à sa surveillance et ses repas font l’objet d’un soin particulier pour éviter un empoisonnement.
Pendant l’instruction, il continue à déclarer avoir agit seul et ne pas avoir voulu tuer le roi : . « Je n’ai point eu l’intention de tuer le roi ; je l’aurais tué, si j’avais voulu ». On pense en effet qu’avec la plus grande lame de con couteau, le coup aurait pu être mortel. Il est condamné à subir la même peine que Ravaillac.
Le 28 mars à 7 heures du matin, il est conduit dans la salle de la question où on lui lit son arrêt de sentence. La légende veut qu’il ait dit : « la journée sera rude ».
Il a d’abord été condamné à recevoir la question ordinaire et extraordinaire comme dernier interrogatoire. Le supplice choisi était les « brodequins » qui ont été jugés moins risqués pour la vie de Damiens déjà rudement éprouvé par les tortures subies depuis le 5 janvier. Son pied est fermement enserré dans l’instrument de torture, il crie et donne l’impression de s’évanouir. Au bout d’une demi-heure, on applique le premier coin ; le supplice durera deux heures, un nouveau coin tous les quart d’heure, avant que les médecins jugent qu’il serait dangereux de continuer. Damiens est replacé sur le lit de fer en attendant l’exécution. Il n’a pas avoué de complicité même s’il a cité le nom d’un domestique qui lui a inspiré le crime.
Vers 15 heures, après s’être confessé, il fit amende honorable où il parut assez repentant. Ensuite, il fut conduit place de grève. Là, il demanda une nouvelle fois pardon, implora qu’on épargne sa femme et sa fille qui étaient étrangères à son geste et dit à nouveau qu’il avait agit sans complicité et ne faisait pas partie d’un complot. Il attendit 17 heures le début du supplice car tous les instruments n’étaient pas prêts.
On commença par lui bruler au souffre la main qui servit à frapper le roi : il poussa de terribles cris. Puis avec des tenailles, on lui arracha des morceaux de chair sur les jambes, les bras et le thorax, avant de verser sur ses plaies de l’huile bouillante, du plomb fondu, de la résine et de la cire brulante.
Puis vint le moment de l’écartèlement qui dura une demi-heure. Les bourreaux, sans expérience de cette torture eurent beaucoup de mal : aux quatre chevaux, il fallut en rajouter quatre autres. On dit que Damien ne mourra que lorsque le dernier bras a été arraché. On dit aussi que brun au début du supplice, ses cheveux sont devenus blanc avant la fin se son exécution qui a duré deux heures et ne s’est terminé qu’à la tombée de la nuit quand on a brulé son corps pour qu’il ne reste rien de lui.
Charles-Henri Sanson, celui-là même qui guillotinera plus tard le successeur de Louis XV, et qui participera à 3000 exécution, fait partie, à 18 ans, des bourreaux de Sanson, sous la direction de son oncle et sera durablement éprouvé par les souffrances de Damiens. Son oncle arrête son activité de bourreau après cette exécution désastreuse.
Marquise de Créquy nous raconte comment le roi a réagit à cette exécution.
Le Roi fit des cris et s'enfuit quand il en entendit le rapport [de l’exécution], et j'ai su qu'il s'était réfugié dans l'oratoire de la feue Reine, où Laborde le trouva disant l'office des morts et priant le bon Dieu pour le repos de l'âme de son assassin. Le Maréchal et la Maréchale de Maubourg nous dirent le lendemain que le Roi n'avait pas voulu sortir de son appartement, qu'il avait refusé de faire sa partie, et qu'il avait eu les larmes aux yeux pendant toute la soirée.la chemise de Damiens, le jour de son execution
Comme pour Ravaillac avant lui, il a été condamné à disparaitre, mais tout ce qui lui a été proche devait également disparaitre. Sa maison natale fut détruite avec interdiction de la reconstruire ; le propriétaire a été indemnisé. Sa famille la plus proche, sa femme, sa fille et son père ont été bannis du royaume et d’autres membre de sa famille ont être forcés à changer de nom.
Pour écrire ce petit article, j'ai utilisé différentes sources sur internet.
Wikipédia :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Robert_Fran%C3%A7ois_Damiens
http://fr.wikipedia.org/wiki/Louis_XV_de_France
http://fr.wikipedia.org/wiki/Marquise_de_Pompadour
http://fr.wikipedia.org/wiki/Charles-Henri_Sanson
Google Books :
http://books.google.fr/books?id=Yf8-AAAAcAAJ&dq=Robert%20Fran%C3%A7ois%20Damiens%20de%20ferriere&hl=fr&pg=PA70#v=onepage&q&f=false
http://books.google.fr/books?id=aMdCAAAAcAAJ&dq=Robert%20Fran%C3%A7ois%20Damiens&hl=fr&pg=PP7#v=onepage&q&f=false
et des sites d'histoire :
http://vivrelhistoire.com/crbst_89.html
http://www.coutumes-et-traditions.fr/medias/autrefois/annees/1757/texte-damiens.pdf
http://ledroitcriminel.free.fr/le_phenomene_criminel/crimes_et_proces_celebres/arrets_damien.htm
http://penelope.uchicago.edu/crequy/