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 Georges Graby - Henri Michel - Le wagon sanglant - 1910

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Adelayde
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MessageSujet: Georges Graby - Henri Michel - Le wagon sanglant - 1910   Georges Graby - Henri Michel - Le wagon sanglant - 1910 EmptyVen 13 Jan 2012 - 16:07


Le wagon sanglant : Georges Graby et Henri Michel, 1910


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« Les grandes affaires criminelles de l'Essonne » Un livre de Sylvain Larue - Nemo et Nathalie Michau

L'émission « L'heure du crime » du 23 juin dernier était consacrée aux « Grandes affaires criminelles de l'Essonne » et au crime de Georges Graby et Henri Michel.

http://www.rtl.fr/emission/l-heure-du-crime/ecouter/l-heure-du-crime-du-23-juin-2011-les-grandes-affaires-criminelles-de-l-essonne-7697620583

Bonne écoute !

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Coup de théâtre imminent - Le mystère du wagon sanglant est sur le point d'être éclairci.

Une personne aurait tout vu et connaîtrait l'assassin. Elle a disparu mais on est sur sa trace

« Dans quarante-huit heures, j'aurai la clé du mystère », nous a déclaré, hier, le commissaire divisionnaire Palliet
Tout indique qu'un coup de théâtre est à la veille de se produire dans l'enquête poursuivie depuis dix jours au sujet de la mort affreuse de Mme Goüin, la veuve de l'ancien régent de la Banque de France.
Dans les bureaux de la première brigade, hier, les visages étaient rayonnants. M. le commissaire divisionnaire Palliet attendait la visite de M. Gridel, le juge d'instruction de Corbeil, qui reste seul chargé, nous l’avons dit, de débrouiller l'angoissant mystère.
Enfin, le juge arriva, vers trois heures, portant sous son bras une serviette bourrée de documents. Il s'enferma avec M. Palliet, loin des oreilles indiscrètes. L'entrevue se prolongea jusqu'à sept heures.
Nous abordâmes, à cet instant, M. Gridel, mais il resta impénétrable et s'éloigna sans vouloir rien dire. Quant à M. Palliet, l'air radieux, il nous fit cette déclaration significative :
- Je brûle… Dans quarante-huit heures, j'aurai la clef du mystère.
- Alors, c'est bien un crime ?
- Je ne puis rien ajouter pour l'instant… Patientez... vous ne tarderez pas à tout savoir.
Et sur ces énigmatiques paroles, il se renferma dans son bureau…

Un témoin capital
Heureusement le hasard, qui est si souvent d'un grand secours pour les journalistes, nous fit rencontrer, peu après, un magistrat, très au courant des recherches, puisqu'il est directement mêlé à l'enquête. Et celui-ci se montra moins discret. Il nous dit :
- Une personne – je ne vous révélerai pas son nom - est au courant de ce qui s'est passé. Elle sait comment Mme Goüin est morte. Elle se trouvait, le mercredi 15 décembre, dans le train 826 d'après les renseignements très précis recueillis, par la police, elle était, sinon dans !e compartiment même où la veuve de l’ancien régent de la Banque de France avait pris place, du moins à la portière intérieure, celle qui s'ouvre sur le couloir.
Cette personne a débarqué à la gare de Lyon en même temps que les autres voyageurs du train. Elle n'a pas reparu depuis, mais nous savons maintenant quelle direction elle a prise et, d'ici quelques heures, nous espérons, de sa bouche, connaitre toutes les circonstances du drame.
Et, comme nous manifestions quelque surprise, notre interlocuteur a ajouté :
- Ce que je vous dis là est l'expression de la vérité. Si Mme Gouïn n'a pas été victime d'un accident, si réellement il y a eu crime, le témoin en question doit être très documenté sur la personnalité de l'assassin.
- Mais pourquoi, avons-nous objecté, si Mme Goüin est tombée accidentellement par la portière du train en marche, la personne qui a été témoin de sa chute ne s'est-elle pas présentée pour dire ce qu'elle avait vu ?
- Pourquoi ? Vous demandez pourquoi ?... C'est précisément là le point obscur sur lequel nous espérons d'ici peu faire la lumière.
Ajoutons que M. Collin, commissaire spécial adjoint de la première brigade, a passé la journée d'hier à Fontainebleau. Il avait pour mission de rechercher auprès des employés de la gare, et aussi en ville, quels furent les voyageurs qui montèrent dans le train 826. Ses investigations n'ont pas été infructueuses puisque, dans la soirée, il avait avec M. Palliet une longue conversation.
Nous croyons savoir - en dépit de son mutisme obstiné - qu'il s'est occupé, notamment, de rechercher les deux fantassins mystérieusement apparus à M. de Ségur dans les circonstances que nous avons relatées. On compte les retrouver aujourd'hui même.
Si cette piste ne donne aucun résultat appréciable, les recherches prendront immédiatement une orientation nouvelle.

Le crime aurait été prémédité
Des éléments que possède, à l'heure actuelle, M. Palliet, il semble résulter - nous avons pu l'apprendre - que l'assassinat de Mme Goüin ne serait pas dû au hasard.
Le criminel n'a agi qu'à coup sûr, sachant parfaitement que, ce jour-là, Mme Goüin avait, sur elle, une somme qu'il pouvait croire plus importante qu'elle ne l'était en réalité. Et d'ailleurs, il n'est pas prouvé que le sac à main qui, des deux côtés, a été éventré à l'aide d'un couteau, ne renfermait que de menues choses, usuelles, sans valeur.
Des indications ont pu être données, à l'assassin, sur l'emploi que Mme Goüin devait faire de son temps le mercredi 15 décembre. Elles lui auront permis de prendre ses dispositions pour accomplir sou abominable forfait. Quels seraient, en ce cas, les gens qui l'auraient documenté et qui - inconsciemment peut-être – se seraient faits ses complices ?
Cette question préoccupe, dès maintenant, M. Fortin, le procureur de la République de Corbeil.
Hier, des instructions précises ont été données, par ce magistrat, pour que certaines personnes, qui pouvaient être au courant des intentions de Mme Goüin, soient entendues sans retard.

La question des bijoux
La famille de la victime a fourni à M. le juge Gridel la description des bijoux qu'en partant pour Fontainebleau Mme Goüin avait emportés et qui d'ailleurs lui ont été vus par le cocher Martial.
Celui-ci, on le sait, conduisit la rentière de chez Mme Singer à la gare de Fontainebleau.
Ce sont tout d'abord trois bagues : l'une d'une valeur de dix mille francs en or, ornée d'un grand brillant entouré de semis de rosés et de forme marquise ; la seconde, ornée d'une grosse perle, la queue de cette perle formant un nœud Louis XVI et garnie de roses ; enfin un anneau de mariage de forme dite gourmette.
En outre, Mme Goüin portrait une chaînette en or à laquelle était attaché un médaillon dans lequel était le portrait de son mari.
Ces bijoux ont dû être volés, car on sait que, contrairement à ce qui avait été dit, les deux mains de Mme Goüin ont été retrouvées presque aussitôt après le drame.

Le juge d'instruction se propose de commencer lundi prochain l'audition des témoins. Il convoquera tout d'abord les membres de la famille et le personnel domestique. En attendant il a délivré une nouvelle commission rogatoire à M. Albanel, doyen des juges d'instruction de Paris, le chargeant de vérifier par une nouvelle enquête les allégations des employés de chemin de fer.
Parmi les témoins que M. Gridel entendra se trouve un ecclésiastique qui voyagea dans le wagon occupé par Mme Goüin et qui a demandé à déposer.
Au dernier moment, le juge d'instruction a été avisé que la rentière de la rue Vélasquez, en se rendant à Fontainebleau, devait non seulement aller visiter sa belle-sœur, mais déposer entre les mains d'un tiers une somme importante destinée à la construction d'un asile. Si ce fait-est exact, on peut supposer que le ou les coupables en avaient connaissance et qu'ils ont commis l'attentat dans le but de s'approprier cette somme, pensant que peut-être Mme Gouin la rapportait à Paris.

Exhumera-t-on le cadavre ?
Il pourrait se faire que le cadavre. De Mme Gouïn fût exhumé. La demande en a été faite, hier matin, dans le cabinet de M. le juges d'instruction Albanel par le docteur Balthazard, qui a exprimé le désir de procéder à un nouvel examen des restes de la victime.
Mais M. Fortin, qui se trouvait présent, a estimé qu'après les observations très complètes et très minutieusement détaillées qu'à faites le docteur Diacre, le médecin légiste de Melun, qui pratiqua l'autopsie du corps, cette formalité judiciaire ne s'imposait pas et qu'il y avait lieu d'y surseoir, du moins provisoirement.

Le rapport de M. Bertillon
M. Bertillon vient de terminer le rapport détaillé qu'il transmettra très prochainement au parquet de Corbeil. Ce document sera accompagné de nombreux plans et photographies se rapportant aux examens faits sur les lieux et dans son laboratoire par le directeur du service anthropométrique.
On sait que le voile de crêpe de la victime portrait les empreinte du chauffe-pied du wagon. Munis d'un voile semblable, des employés de l'anthropométrie se sont rendus, hier, à la gare de Lyon et là, ils ont procédé à diverses, expériences, desquelles il semble résulter que, pour que les dessins du chauffe-pied pussent aussi nettement être marqués, il a fallu que l'on frappât violemment la tête de la malheureuse femme à l'aide d'un instrument, vraisemblablement; un marteau.
Ajoutons que M. Bertillon ne s'est point occupé des taches de sang relevées sur le filet. Leur examen incombe au docteur Balthazard. Toutefois, l'opinion de M. Bertillon est que ces traces sont antérieures au crime.

Chez M. Girault
Parmi les personnes qui se trouvaient dans le wagon à couloir du train 826, on a cité - outre MM. Bascou, préfet de Seine-et-Marne ; Laloux, architecte ; le comte de Gontaut-Biron ; le vicomte de Brécey ; le comte Louis de Ségur et son secrétaire – le nom de M. Charles Girault, membre de l'Institut, architecte en chef du Palais des Beaux-Arts.
Nous avons rendu visite M. Girault, qui a bien voulu nous retracer ses impressions.
- J'avais pris place, à Melun, dans le wagon de première du tram, en compagnie de mon confrère, M. Laloux, architecte, avec lequel nous étions allés juger une épreuve de concours. Pour être plusà notre aise, nous montâmes dans le compartiment réservé aux fumeurs, c'est-à-dire, par conséquent - je l'ai su depuis - à l'extrémité opposée du compartiment des dames seules, qui se trouvait à l'autre bout du couloir, près du lavabo. Durant le trajet, nous n'avons rien vu d'anormal ; cependant, sous le pont de Brunoy, nous avons entendu un certain bruit qui devait provenir du fracas de la portière heurtant la maçonnerie du pont, mais notre attention ne fut pas retenue par cet incident de route auquel, sur le moment, nous n'avons pas prêté grande attention.
Ce n'est que le lendemain, en lisant les journaux, que j'ai connu la triste fin de Mme Gouin, que je connaissais personnellement, mais que je n'avais pas remarquée dans le train.
Nous demandons alors à notre interlocuteur :
- Vous n'avez rien aperçu de suspect, sous aucune forme, soit dans le couloir, soit dans le voisinage de votre compartiment ?
Absolument rien que ce que je viens de vous dire. Je sais simplement que le préfet de Seine-et-Marne voyageait avec nous. Nous avons causé avec M. Laloux, et notre attention ne fut, à aucun moment, sollicitée par quelque chose d'anormal qui aurait pu nous donner un éveil quelconque et faire naître en nous un soupçon.

Le Petit Parisien ; n° 12 110 du 25 décembre 1909

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L'assassinat de Mme Gouin - M. Gridel est frappé

Encore un acte d'autorité du parquet général de la Seine

Nous avons protesté hier, contre l'intervention scandaleuse du Garde des Sceaux dans le conflit judiciaire qui s'était élevé entre le juge d'instruction de Corbeil et le parquet de la Seine.
M. Barthou, commettant un acte véritablement arbitraire, a fait signer à M. Fallières le décret suivant qui a paru au Journal Officiel, hier matin :
Le président de la République française, sur le rapport du garde des sceaux, ministre de la justice, décrète :
M. Dominique, juge suppléant rétribué au tribunal de Corbeil, est chargé des fonctions de l'instruction audit tribunal, en remplacement de M. Gridel, qui reprendra les fonctions de simple juge.
Ayant ainsi brisé l'obstacle- qui se présentait devant lui en la personne de M. Gridel, le procureur général, M. Fabre, a tenu à montrer une seconde fois, qu'il agissait, en maître et qu'il voulait être obéi sans réplique.
Il a fait appeler, hier, M. Fortin, procureur à Corbeil et lui a donné l'ordre de prendre un nouveau réquisitoire, enjoignant au nouveau juge d'instruction de se dessaisir de l'affaire et de renvoyer les inculpés devant la justice militaire.
C'est, sans doute, sur de tels procédés que M. le procureur général compte pour nous faire apprécier l'indépendance des magistrats.

À Corbeil
La disgrâce de M. Gridel a provoqué à Corbeil une vive émotion et l'opinion publique est toute acquise au juge d'instruction.
M. Gridel s'est rendu dans la matinée au Palais pour emporter les objets personnels qui se trouvaient dans son cabinet. Dans l'après-midi, il a pris le train pour Paris.
Son successeur, M. Dominique, a pris possession du dossier ; son rôle se bornera, d'ailleurs, à transmettre les pièces aux autorités militaires. Le procureur général ayant, en effet, donné l'ordre à M. Dominique de se dessaisir de l'instruction au 'profit de l'autorité militaire.
C'est à cette autorité qu'il appartiendra de désigner celui des deux conseils de Paris ou d'Orléans qui aura à juger les accusés.
Les deux prisonniers sont toujours à la maison d'arrêt de Corbeil. Graby a passé une nuit excellente, tandis que Michel a eu, au contraire, un sommeil des plus agités. Il ne passe de pleurer, de se lamenter ; il répète sans cesse qu'il regrette son acte.
Dans l'après-midi, M° André Hesse, défenseur de Michel, est venu s'entretenir avec son client.
On a chargé - on ne sait trop pour quelle raison - M. Balthazard, médecin-légiste, d'examiner les vêtements des deux assassins.
On espère, sans doute, que M. Balthazard démontrera scientifiquement que !es deux soldat étaient bien revêtus d'effets militaires.

Raymond Figeac, L’Humanité, n° 2 093 du 9 janvier 1910

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L'assassinat de Mme Gouin - Après le dessaisissement

L'ordonnance rendue avant-hier soir par M. Dominique et renvoyant les soldats Graby et Michel devant les autorités militaires a été adressée au procureur général, M. Fabre et notifiée aux défenseurs, M° Henri Robert et André- Hesse.
Si, dans un délai expirant ce matin, il n'y a pas eu de la part des avocats d'opposition faite, cette ordonnance sera communiquée au ministre de la Guerre. C'est le ministre qui désignera le Conseil de guerre - Paris ou Orléans – devant lequel comparaîtront les deux coupables.
Les avocats ont annoncé leur intention de ne pas s'opposer à l'ordonnance de M. Dominique.

L’Humanité, n° 2 098 du 14 janvier 1910

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Dimanche 16. Encore un crime commis par des soldats !...Voici le second depuis que Graby et Michel ont massacré Mme Gouïn dans le train 826… À Grenoble, l'artilleur Lenordon avoue un assassinat, et à Meaux, deux hussards qui dévalisent un paysan ! … C'est beaucoup, beaucoup. Et vraiment ça devient inquiétant.
Lundi 17. Je m'explique donc pourquoi ce brave citoyen que j'ai rencontré ce matin fuyait à toutes jambes, en donnant des signes de folle terreur : il venait d'apercevoir deux militaires qui s'avançaient vers lui…
Et dame, il voulait sauver sa peau, cet homme !...

L’Humanité, n° 2 107 du 23 janvier 1910


Dernière édition par Adelayde le Lun 2 Avr 2012 - 19:19, édité 2 fois
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MessageSujet: Re: Georges Graby - Henri Michel - Le wagon sanglant - 1910   Georges Graby - Henri Michel - Le wagon sanglant - 1910 EmptyVen 13 Jan 2012 - 16:08


L’assassinat de Mme Goüin - Graby est gracié, sa peine est commuée en celle du bagne à perpétuité

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Son défenseur, M° Henri Géraud, est allé lui annoncer aussitôt cette nouvelle au Cherche-Midi. – Le misérable sera dégradé dès demain sans doute.
Dans les milieux militaires, on s'attendait à l'exécution prochaine de Graby, condamné à mort le 26 mai dernier, par le deuxième conseil de guerre de Paris.
Déjà - nous l'avons dit - des dispositions complètes avaient été prises en vue de l’événement tragique qui, croyait-on, se préparait.
Or, hier après-midi, on apprenait que, la veille au soir, M. Fallières avait commué la peine capitale, prononcée contre le jeune bandit, en celle des travaux forcés à perpétuité.
Dans la journée de mercredi, le dossier avait été transmis à l'Élysée par le ministre de la Guerre. II contenait l'avis du général Brun et celui de M. Lescouvé, directeur des affaires criminelles et des grâces au ministère de la Justice.

On se souvient que Michel, le complice de Graby, avait été condamné à vingt ans de travaux forcés seulement et à la dégradation militaire. Pourtant, l'un et l'autre avaient participé au même crime : l'assassinat de la malheureuse Mme Goüin, commis le 15 décembre de l'année dernière, dans le train venant de Montargis.
La disproportion des peines prononcées contre les deux coupables fut, probablement un des arguments qui provoquèrent la clémence présidentielle.

Avant de partir pour le bagne, où il finira pitoyablement ses jours Graby sera dégradé, comme le fut Michel, le 4 juin dernier.
Sa dégradation aura lieu incessamment demain matin, samedi peut-être et également dans la cour de la caserne des Tourelles, occupée par le 31ème régiment d'infanterie, auquel il appartient encore...
Après cette triste cérémonie, Graby déclaré indigne de porter à jamais les armes, sera remis à l'autorité civile, conformément au code militaire.
De même qu'un condamné de droit commun, il sera dirigé ensuite sur Fresnes, d'où il partira pour Saint-Martin-de-Ré et la Guyane, perdu dans les rangs des condamnés civils.

Le Petit Parisien, n° 12 326 du 29 juillet 1910

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La Grâce de Graby

Graby ne sera pas fusillé. La peine de mort prononcée contre lui par le Conseil de guerre, a été commuée en celle des travaux forcés à perpétuité. Le chef de l'État a cru pouvoir user de son droit de grâce au profit de ce misérable.
Cette décision est accueillie ce matin par un sentiment unanime de stupéfaction, qui s'exprime dans les termes les plus énergiquement défavorables ; car les journaux tels que l’Humanité disent avec une évidente logique : Pourquoi Graby, et pourquoi pas Liabeuf ? » Et d'autres disent, et nous demandons avec eux : « Quelle est la raison, l'apparence de raison qui a pu déterminer la clémence envers un criminel si abominable ?

Les faits sont présents à toutes les mémoires. Aux audiences du Conseil de guerre, dans l'interrogatoire des assassins, ils sont apparus plus horribles encore qu'on ne les soupçonnait, et personne n'a oublié le récit de cette scène sauvage, où Graby, se précipitant sur la malheureuse Mme Goüin l'a frappée à coups de talon, sans pitié, jusqu'à ce qu'elle expirât. Le crime était odieux ; le motif du crime ne l'était pas moins : cet homme a tué pour voler, et il voulait voler non par besoin, ni par désespoir, mais pour se procurer un peu d'argent de poche destiné à ses menus plaisirs. A ces circonstances qui aggravaient, s'il est possible, cet assassinat d'une femme âgée et sans défense, s'en ajoutaient d'autres qui dénotaient chez l'assassin une rare perversité : il n'avait pas connu dans son enfance l'abandon et les mauvais exemples ; il avait été convenablement élevé : de sa famille il était passé au régiment, où il vivait parmi d'honnêtes garçons, et il avait préparé son acte froidement, délibérément, avec !e seul souci de bien choisir sa victime, de faire un coup fructueux et de ne pas se laisser prendre. II l'a dit devant le Conseil de guerre, et il n'avait même pas à le dire, tant le cynisme de son attitude le montrait implacable jusqu'à la férocité. Voilà le crime et le criminel; où donc la pitié, que Graby n'a pas voulu connaître, peut-elle trouver le plus léger prétexte de s'exercer à son profit ?

Il est inutile sans doute de chercher : on ne trouverait rien, il est impossible de rien trouver. C'est donc hors du crime, hors du criminel que !a grâce aurait des raisons de se fonder ? Peut-être, en effet, faut-il voir dans des circonstances extérieures, les motifs de la mesure. Mais il apparaît aussitôt que ces motifs sont détestables et que, appuyée sur eux, la grâce est encore plus injustifiée. Graby était soldat : il a été jugé et condamné à mort par un Conseil de guerre, il devait donc être non pas guillotiné, mais fusillé ainsi que l'ordonne le Code de justice militaire. N'est-ce pas ce mode d'exécution qui a fait hésiter d'abord, puis reculer le chef de l'État ? On est tenté de le croire mais, en vérité, on ne le comprend pas : II ne faudrait pas prétendre que la dignité des sous-officiers, caporaux et soldats les plus anciens, qui devaient composer le peloton, aurait souffert de cette exécution d'un camarade. Graby n'était plus un camarade ; c'est un assassin. Et, quant à la dignité de l'armée, les auteurs du Code de justice militaire en avaient un sentiment qu'on peut souhaiter aussi vif, aussi noble chez les hommes d'État d'aujourd'hui. La sévérité de l'expiation pour un crime sans excuse est précisément indispensable à maintenir en chaque soldat le respect de soi, de son uniforme, et de l'armée tout entière. Une décision comme la grâce de Graby méconnaît cette nécessité supérieure et révèle, une fois de plus, la sensiblerie déplorable qui recule devant le devoir de punir et n'aboutit qu'à encourager les malfaiteurs au détriment des honnêtes gens. Qui ne voit que, dans le cas de Graby, la sévérité s'imposait justement, et contre ce mauvais soldat, et pour l'opinion, et pour l'armée aile-même ? On ne l'a pas compris : nous le regrettons.

Ces regrets ne suffisent pas et il faut une conclusion. De la décision présidentielle, de l'impossibilité qu'elle amène de punir les soldats suivant les règles du Code militaire, il résulte qu'à cette heure tel apache s'exposera à la guillotine s'il tue sous ses habits civils, mais qu'il aura la vie sauve s'il assassine étant au service. Cette conséquence est intolérable. Le Sénat va discuter le projet voté par la Chambre sur la réforme des Conseils de guerre ; il va le discuter, c'est-à-dire le refaire. La besogne sera longue. Du moins pourrait-il voter tout de suite la partie qui défère aux tribunaux ordinaires et à la Cour d'assises les délits et les crimes de droit commun commis par des soldats.
Graby, condamné par une Cour d'assises, eût été certainement exécuté. Pour décourager ceux qui seraient tentés de l'imiter, il importe à la sécurité publique que la peine soit bien celle des crimes les plus graves.

Journal des débats politiques et littéraires, n° 209 du 30 juillet 1910

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La Police en cause

La police est comme la gendarmerie ; c'est un métier difficile que celui qu'elle exerce et qui consiste à protéger les gens qui crient quand on ne les protège pas assez et qui crient encore quand on les protège trop. Par contre, c'est un art à la portée de tout le monde de critiquer « les sergots et les pandores ». Dans les cafés-concerts et dans quelques journaux, on se crée aisément une galerie sympathique en ridiculisant certains travers et en répétant des plaisanteries qui, à l'inverse du bordeaux, n'ont guère pris de qualité en ayant plus de bouteille.
Dans ce journal, nous avons toujours eu une conception contraire des devoirs de la presse et du public vis-à-vis des défenseurs de l'ordre, alors même que les gouvernements successifs, comme dans l'affaire Rochette, employaient peut-être les gens de police à des besognes pour lesquelles ils ne sont pas faits. Ce sont les travers de la profession, qui se sont rencontrés sous tous les régimes, et qu'il ne faut pas regarder à la loupe quand on veut sainement juger de l'ensemble. Or, en France, l'ensemble de la police, civile ou militaire, est digne de notre estime.
C'est pour cela que nous sommes les premiers à regretter tout ce qui est de nature à déprécier devant l'opinion ce « corps, d'élite ». Vous voyez que je ne crains pas les expressions que nos littérateurs modernistes déclareraient usées et rococo.
La grâce de Graby est un de ces actes qui constituent des fautes qu'on répare difficilement. On a exécuté Liabeuf pour défendre la société et les défenseurs de la société. Quoique des esprits éminents aient pensé autrement et, comme on dit vulgairement, qu'il y ait eu du pour et du contre, je pense qu'on a eu raison. Mais, précisément, parce qu'on avait frappé un criminel, apache et ennemi de la «rousse », il ne fallait pas hésiter à frapper un autre criminel ayant des parents dans la rousse et dont le forfait était encore plus épouvantable que celui du massacreur de la rue Aubry-le-Boucher.
On ne l'a pas fait, en.se retranchant derrière je ne sais quelles enquêtes médico-légales sur l'accusé, enquêtes qui devaient ne pas être très fondées puisqu'elles n'eurent que peu ou pas de rôle dans les débats au conseil de guerre. On a laissé croire qu'on vengeait les policiers sur Liabeuf et qu'on épargnait Graby parce que son père était policier. C'est peut-être faux, mais tout le monde pensera que c'est vrai et cette grâce malencontreuse fera plus de tort à une institution respectable que toutes les calembredaines de M. Jaurès et toutes les attaques des anarchistes.
Faute, lourde faute, très lourde faute !

Alceste - La Presse, n° 6 615 du 1er août 1910

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La dégradation de Graby

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On sait comment fut accueillie la nouvelle de la grâce accordée à Graby, l'assassin de Mme Goüin. Ce fut une stupeur et un déchaînement de protestations. Pourtant si jamais assassin mérita le châtiment suprême, c'est bien celui-là.
Graby avait longuement prémédité son assassinat ; il l'accomplit avec une abominable sauvagerie; circonstance aggravante, il, entraîna avec lui un de ses camarades sur lequel il exerçait un grand ascendant. Enfin, fait inexcusable: il portait l'uniforme il était de ceux qui doivent protection aux individus et aide à la loi... Et il tua !... Il tua pour voler ...
On a dit que les soldats désignés pour fusiller l'assassin répugneraient à ce sinistre office et qu'on avait voulu le leur éviter... C'était leur faire injure. Ils eussent fait leur devoir, et tous l'ont affirmé hautement. Leurs déclarations recueillies par le Petit Journal en sont la preuve.
La vérité, c'est qu'on pouvait, c'est qu'on devait les dispenser de ce pénible devoir et qu'il n'était pas besoin pour cela de gracier Graby...
Il suffisait de le dégrader dès le lendemain de sa condamnation. De ce fait, il était exclu de l'armée ; et, soumis au régime des criminels de droit commun, il tombait entre les mains du bourreau.
On n'a pas cru devoir suivre cette procédure si logique et si simple : Graby a été gracié d'abord et dégradé ensuite, et c'est la déportation à présent qui l'attend.
L'opinion publique juge avec raison que c'est un sort trop doux, pour un tel crime.
Le Petit Journal illustré du 14 Août 1910

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Graby et Michel - A Saint-Martin-de-Ré

La. Rochelle, 12 août. - Graby et Michel ont été embarqués aujourd’hui pour le dépôt des forçats de Saint-Martin-de-Ré.

La Presse, n° 6 627 du 13 août 1910

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MessageSujet: L'énigme de Testou   Georges Graby - Henri Michel - Le wagon sanglant - 1910 EmptyLun 16 Jan 2012 - 17:04

Testou a mis en ligne des photos rares dans l'énigme "La dégradation de Georges Graby" Georges Graby - Henri Michel - Le wagon sanglant - 1910 348277

https://guillotine.1fr1.net/t2303-une-enigme-de-testou-la-degradation-de-georges-graby

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MessageSujet: Re: Georges Graby - Henri Michel - Le wagon sanglant - 1910   Georges Graby - Henri Michel - Le wagon sanglant - 1910 EmptyLun 16 Jan 2012 - 17:14

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