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 Marie-Madeleine Dreux d’Aubray, Marquise de Brinvilliers - 1676

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Adelayde
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MessageSujet: Marie-Madeleine Dreux d’Aubray, Marquise de Brinvilliers - 1676   Marie-Madeleine Dreux d’Aubray, Marquise de Brinvilliers - 1676 EmptyLun 5 Mar 2012 - 16:54


Marie-Madeleine Dreux d’Aubray, Marquise de Brinvilliers, l'insoutenable cruauté de l'être


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Dessinée par Lebrun le jour de son exécution

La très séduisante marquise de Brinvilliers fut une meurtrière d'une férocité, d'une efficacité et d'un cynisme qui confinent à la folie. Son histoire, à l'origine de la fameuse affaire des Poisons qui épouvanta au XVIIe siècle, surpasse celle du marquis de Sade, dont elle aurait d'ailleurs pu être une héroïne. De celles qui considèrent l'assassinat, surtout s'il est intéressé et impuni, comme une volupté des plus savoureuses.
« Tout ce que signe Sade est amour », écrivit un biographe du scandaleux marquis. On ne saurait certes se servir de ce beau paradoxe à propos des atrocités commises par la marquise de Brinvilliers. Mais peut-être y a-t-il aussi dans l'histoire de cette femme hors du commun, secrètement caché, mystérieux, quelque chose à découvrir qui est du ressort de l'amour, tant sa fin si digne tranche avec la longue liste de ses férocités. La future marquise de Brinvilliers naît le 2 juillet 1630 sous le nom de Marie-Madeleine Dreux d'Aubray. Prénom glorieux dans le ciel d'un enfant de l'été qui sera vite habité par le démoniaque. Son père est Antoine, lieutenant civil du Châtelet à Paris durant l'époque tourmentée de la Fronde (il figure dans les Mémoires du cardinal de Retz). Les premières années de la fillette (on ose à peine prononcer ce mot fleuri) sont déjà placées sous le signe de l'infamie et, très tôt, se manifeste quelque chose qui ressemble à une anormalité monstrueuse. Il y a d'abord cette atroce précocité sexuelle. Des témoignages et certains de ses aveux étrangement spontanés, qui ne furent pas arrachés par la Question, l'attestent. Peut-être parce que la marquise sentait-elle, en y repensant peu avant de monter sur l'échafaud, que le tout début de son existence à faire frémir, avait commencé par le pire des malheurs : ignorer son enfance, c'est-à-dire, au fond, bafouer l'innocence. On raconte - l'anecdote est peut-être une légende - que dans la ville d'Avila, dans le nord de l'Espagne, au début XVIe siècle, une petite fille prénommée Thérèse, se tenait debout, sous le soleil qui éclairait le seuil de la maison de ses parents, en déclarant tout simplement : « Je veux être une sainte. » À 5 ans, Marie-Madeleine, elle, n'est déjà plus une jeune fille. À 7 ans, elle ne cède pas aux avances de ses frères : elle les incite. Le mauvais grain pousse et prend l'apparence d'un bel épi doré. Marie-Madeleine Dreux d'Aubray devient une resplendissante jeune fille, aux yeux bleus et pénétrants, au sourire irrésistible. Elle est « faite au tour » pour reprendre une expression familière aux terribles libertins de Sade, encore lui. En mai 1651, la belle se marie avec Antoine Gobelin, paré de tous les oripeaux du « grand seigneur méchant homme » de son siècle : il a de l'allure, de l'audace, il est marquis de Brinvilliers, cavalier et « mestre de camp ». Évidemment, il est joueur.

La marquise aime passionnément les hommes, l'argent et la haine. La mante si peu religieuse, elle, est vorace. La voilà qui s'étourdit d'une autre proie appétissante au nom sonore, Godin de Sainte-Croix, officier de cavalerie flamboyant que lui avait présenté son mari avant de fuir, traqué par une meute de créanciers qui lui aboie au derrière les chiffres de ses conséquentes dettes de jeu. Entre alors en scène un autre personnage, lui aussi typique du XVIIe siècle et de sa littérature : le père courroucé. On le voit chez Corneille, mais aussi chez Molière, dans son grandiose Don Juan. M. Dreux d'Aubray, au courant de l'infidélité de sa fille, entreprit d'y mettre fin. Grâce à ses relations, il obtient en 1763 une lettre de cachet permettant de jeter à la Bastille l'amant de sa fille. Sainte-Croix fut emprisonné six semaines, court séjour peut-être, mais plein de conséquences. En ces cachots humides, il fait la connaissance, d'un certain Exili. Un Italien, autant dire un artiste. Un maître même dans sa discipline certes un peu particulière : l'art de l'empoisonnement. Il perfectionnera le jeune débauché, déjà initié à l'alchimie par le savant suisse Christophe Glaser, dans la savante composition de remèdes subtils et définitifs à cette maladie qu'on nomme la vie. Dès sa libération, Godin de Sainte-Croix retrouve les bras sensuels, la tête échauffée et la fascinante noirceur de l'âme de sa maîtresse. Il initie la marquise à sa macabre science. C'est ici que commence l'impensable, le basculement dans une région où les valeurs les plus élémentaires de l'humanité ne sont plus de mise. On dirait qu'elles se sont comme transmuées en leur antonyme parfait, un monde qui est peut-être la préfiguration de l'enfer dont la Brinvilliers serait le guide comme la chaste Béatrice fut celui du paradis de Dante. La marquise a des projets. Elle aime tout passionnément : les hommes, l'argent et la haine, particulièrement celle qu'elle voue à sa famille et à ses frères. Elle possède maintenant un savoir-faire et compte bien s'en servir. Mais Marie-Madeleine de Brinvilliers est avisée, prudente, philosophe comme auraient dit, toujours eux, les libertins de Sade. C'est un esprit imaginatif tempéré par la raison raisonnante, le sens de l'observation et le souci de l'expérience. Troquant ses atours jolis et vaporeux de grande dame, elle s'active et endosse des tenues plus modestes de femme de charité. Horrible métamorphose ! La nuit, elle hante les hôpitaux, les hospices. Elle cajole les malades, les console et teste sur eux les poisons. Elle note tout, les doses, les symptômes, la longueur de l'agonie. Elle est très satisfaite des résultats : le poison ne laisse aucune trace et les médecins ne peuvent que conclure à une mort naturelle. Il est temps d'appliquer la recette à des personnages de plus haut lignage. Elle commence, noblesse oblige, par son père. Le meurtre des meurtres. Insidieusement, elle lui fait, petit à petit, boire le breuvage fatal. C'est merveilleusement efficace : celui qui l'a engendrée, contrariée dans ses amours immorales, celui aussi qui possède une confortable fortune, va mourir, le 10 septembre 1666, à l'âge de 66 ans, dans des souffrances épouvantables alors que, depuis des jours, il priait sa fille de venir le rejoindre sur ses terres d'Offemont. Voilà qui est plaisant aux beaux yeux de la marquise. D'autres plaisirs l'attendent. Encouragée, enivrée peut-être par la délectable impunité du crime, la marquise s'emporte. Le pâlichon « famille, je vous hais » d'André Gide, en comparaison, relève de la comptine pour enfants. C'est d'abord ses deux frères qui vont y goûter. Et l'on n'y goûte qu'une fois. Puis, la même année, 1670, c'est au tour de sa sœur. Prochaine cible : sa fille - oui sa propre fille ! -, au prétexte qu'elle la trouvait stupide... L'infanticide échouera de peu. On imagine l'exaltation de l'assassine, « le joli petit monstre » comme l'a appelée, assez sottement, Mme de Sévigné, qui a suivi de très près l'affaire. La voilà riche, impunie, vengée peut-être de ses relations incestueuses avec ses frères si dramatiquement précoces.

S'annonce une prochaine proie, délicieuse : le mari, qui, lui aussi, échappe de peu à l'amazone. L'amant, l'intrépide officier de cavalerie Godin de Sainte-Croix commence à s'inquiéter de la fureur meurtrière de sa belle. Il enferme dans un coffret les preuves de la culpabilité de madame de Brinvilliers avec cette inscription : « À n'ouvrir qu'en cas de mort antérieure à celle de la marquise ». On est en plein romanesque.

Un procès retentissant aux effluves maléfiques : La cassette est trouvée, ouverte. Louis XIV lance un mandat d'arrêt. Gabriel Nicolas de la Reynie, opiniâtre et astucieux lieutenant de police, se met en chasse. Elle se cache à Londres, aux Pays-Bas. Elle trouve même refuge dans un couvent ! Le 16 mars 1676, on arrête enfin la féroce affolée. Elle tente en vain de se suicider. Suit un long procès, du 29 avril au 16 juillet 1676. Devant un auditoire subjugué, elle nie tout malgré les preuves accablantes, puis s'isole dans un silence assourdissant. Elle est condamnée à la décapitation, avant d'être brûlée et ses cendres dispersées au gré du vent. Elle ne parlera en toute confiance qu'à son confesseur, l'abbé Edmond Pirot. L'horreur, soudain, se transforme en sublime. L'abbé dira qu'il avait l'impression d'être en face d'une sainte et qu'il aurait souhaité prendre sa place. L'exécution a lieu le 17 juillet 1676. La suppliciée fait montre d'une piété et d'un courage qui impressionnent même les spectateurs aux yeux charognards, comme il en est toujours en pareille circonstance. Même le bourreau eut des délicatesses exceptionnelles et son couteau, qu'il avait caché sous son manteau afin que la condamnée fût le moins effrayée possible, fut rapide et infaillible. Le corps de la meurtrière insensée et repentie fut jeté dans les flammes, préfiguration de l'enfer, et ses cendres s'envolèrent vers le ciel où est décidé, loin du jugement des hommes, le mystère de la Rédemption.

http://www.lefigaro.fr/reportage/20070717.FIG000000024_les_empoisonneurs.ht

°-°-°-°-°-°-°-°-°-°-°-°-°-°-°-°-°-°-°-°-°-°-°-°-°-°-°-°-°-°-°-°-°-°-°-°-°-°-°-°-°-°-°-°-°-°-°-°-°-°-°-°-°-°-°-°-°-°-°-°-°-°-°-

Jacques Pradel revient sur ce dossier dans l’émission « Café crimes » du 11 mars 2010

http://http5.europe1.yacast.net/europe1video/audio/MediaCenter/La-marquise-de-Brinvilliers-147989.mp3

Une émission à télécharger rapidement, sachant que les liens...

Bonne écoute ! queen

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MessageSujet: Re: Marie-Madeleine Dreux d’Aubray, Marquise de Brinvilliers - 1676   Marie-Madeleine Dreux d’Aubray, Marquise de Brinvilliers - 1676 EmptyLun 5 Mar 2012 - 17:15


Une autre émission de la série "Café crimes", celle du 18 novembre 2009.

Bonne écoute !
queen
http://www.europe1.fr/MediaCenter/Emissions/Cafe-crimes/Sons/Cafes-Crimes-l-affaire-des-poisons-113242/


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MessageSujet: Re: Marie-Madeleine Dreux d’Aubray, Marquise de Brinvilliers - 1676   Marie-Madeleine Dreux d’Aubray, Marquise de Brinvilliers - 1676 EmptyMer 7 Mar 2012 - 9:43


Marie-Madeleine Dreux d’Aubray, Marquise de Brinvilliers - 1676 6815074174_7d06eb4695_z

Sur le chemin du supplice



Marie-Madeleine Dreux d’Aubray, Marquise de Brinvilliers - 1676 6815074154_8f6c761a73

Paris - Exécution de Marie Madeleine d'Aubray, marquise de Brinvilliers (1630-1676), condamnée pour empoisonnement. Gravure de Daudenarde (XIXème siècle). HRL-520697
© Albert Harlingue / Roger-Viollet

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MessageSujet: Re: Marie-Madeleine Dreux d’Aubray, Marquise de Brinvilliers - 1676   Marie-Madeleine Dreux d’Aubray, Marquise de Brinvilliers - 1676 EmptyJeu 11 Juil 2013 - 16:55

Marie Madeleine de Brinvilliers, la Marquise aux poisons

Une vidéo qui résume l’affaire :

http://www.franceinfo.fr/faits-divers/histoires-criminelles/marie-madeleine-de-brinvilliers-la-marquise-aux-poisons-711923-2012-08-20

Lien mort

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Dernière édition par Adelayde le Sam 9 Avr 2016 - 16:12, édité 1 fois
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MessageSujet: La Marquise de Brinvilliers et l’affaire des poisons   Marie-Madeleine Dreux d’Aubray, Marquise de Brinvilliers - 1676 EmptyJeu 12 Juin 2014 - 17:57

La Marquise de Brinvilliers et l’affaire des poisons - Jacques Pradel revient sur cette affaire retentissante dans l'émission "L'Heure du crime" d'aujourd'hui :

http://www.rtl.fr/emission/l-heure-du-crime/billet/jeudi-12-juin-2014-demande-d-auditeur-la-marquise-de-brinvilliers-et-l-affaire-des-poisons-7772560289

Bonne écoute !  queen

Le portrait qu'on peut voir sur la page de l'émission n'est pas celui de la marquise de Brinvilliers mais celui de la marquise de Montespan, favorite de Loius XIV.   Marie-Madeleine Dreux d’Aubray, Marquise de Brinvilliers - 1676 571798

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MessageSujet: Poisons   Marie-Madeleine Dreux d’Aubray, Marquise de Brinvilliers - 1676 EmptyDim 15 Juin 2014 - 12:13

Le portrait tragique de Lebrun nous ramène à la réalité;cette célèbre empoisonneuse était en fait très loin de la beauté physique que nombre de gazetiers du temps (en vérité,ils ne l'avaient jamais vue) lui prêtait.Sans doute avait-elle d'autres talents cachées sur lesquels je ne m'étendrais pas.Il n’empêche,son histoire,pour être cruelle,n'en est pas moins passionnante.
Dans le même registre (celui des poisons),je ne saurais trop vous recommander le magistral ouvrage de J-C Petitfils paru aux éditions Perrin en 2010 et qui traite de l'Affaire des poisons pendant le règne de Louis XIV.
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MessageSujet: Re: Marie-Madeleine Dreux d’Aubray, Marquise de Brinvilliers - 1676   Marie-Madeleine Dreux d’Aubray, Marquise de Brinvilliers - 1676 EmptyDim 15 Juin 2014 - 18:06

Ce visage dévasté de douleur et d'épouvante est celui d'une femme qui vient de subir les tortures de la question et s'apprête à avoir la tête tranchée. La plus jolie fille du monde n'y résisterait pas. Le dessinateur en a peut-être aussi rajouté une couche, le visage de l'empoisonneuse devant refléter la noirceur de son âme.

Fille d'Antoine Dreux d'Aubray, seigneur d'Offémont, Conseiller d’État et Lieutenant civil du Châtelet ; épouse du marquis de Brinvilliers, Marie Madeleine était un personnage en vue dans le Paris de l’époque. Ses contemporains, gazetiers ou non, la décrivent comme une femme petite, gracieuse et jolie.

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MessageSujet: Alain Decaux raconte...   Marie-Madeleine Dreux d’Aubray, Marquise de Brinvilliers - 1676 EmptySam 25 Juil 2015 - 20:54

Alain Decaux raconte - La Brinvilliers :

https://www.youtube.com/watch?v=UO5wZl6PhfM

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MessageSujet: Re: Marie-Madeleine Dreux d’Aubray, Marquise de Brinvilliers - 1676   Marie-Madeleine Dreux d’Aubray, Marquise de Brinvilliers - 1676 EmptySam 9 Avr 2016 - 16:14

L'ombre d'un doute - L'Affaire des Poisons :

https://www.youtube.com/watch?v=PsBUXz4rcWY

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MessageSujet: Re: Marie-Madeleine Dreux d’Aubray, Marquise de Brinvilliers - 1676   Marie-Madeleine Dreux d’Aubray, Marquise de Brinvilliers - 1676 Empty

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