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Sujet: Re: La guillotine dans la littérature Mar 22 Aoû 2023 - 16:53
Il existe une 3ème voie: la liberté de se suicider, que l'on devrait accorder à mon avis à celui qui est condamné. Avaler ou ne pas avaler la pilule de cyanure? Ce serait au condamné de choisir son moment, tout au long de ces années de cellule.
_________________ Potius mori quam foedari
Alecto Bourreau départemental
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Sujet: Re: La guillotine dans la littérature Mar 22 Aoû 2023 - 18:03
CARNIFEX a écrit:
Il existe une 3ème voie: la liberté de se suicider, que l'on devrait accorder à mon avis à celui qui est condamné. Avaler ou ne pas avaler la pilule de cyanure? Ce serait au condamné de choisir son moment, tout au long de ces années de cellule.
La solution du suicide par empoisonnement au cyanure a été appliquée en Estonie de 1935 (ou 1934?) à 1940. On demandait au condamné s'il souhaitait se suicider, ou être pendu. S'il choisissait le suicide, une solution buvable de cyanure lui était apportée, puis il était laissé seul. Si au bout de 5 minutes il ne s'était pas suicidé, il était pendu. Lorsque l'Estonie fut incorporée à l'URSS en 1940, la méthode soviétique de la balle dans la nuque fut appliquée. Le dernier condamné à mort estonien fut exécuté de cette manière en 1991. La PdM fut officiellement abolie en 1998.
Source: Time Magazine, 5 November 1934: Estonia: Authorized suicides.
Titange Exécuteur cantonal
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Sujet: De la clairvoyance d'Alexandre Dumas Mer 13 Sep 2023 - 18:50
Parallèlement à ses fariboles de romancier, Alexandre Dumas percevait avec discernement dès le milieu du XIXe siècle le déclin historique de la guillotine comme l’indique le 222e chapitre de ses Mémoires parus chez Cadot de 1852 à 1854 et qui l’entrevoit déjà, au-delà de son éclipse de la place de Grève à la barrière Saint-Jacques au tout petit matin, et de son rapatriement subséquent à la porte de la Roquette, à huis clos à l’intérieur des prisons 90 ans à l’avance :
«La peine de mort, telle qu'elle est appliquée aujourd'hui, a déjà subi une grande modification, non pas dans son résultat, mais dans les détails qui précèdent les derniers moments du condamné. Il y a vingt ans, la peine de mort s'appliquait encore au centre de Paris, à l'heure la plus vivante de la journée, devant le plus grand nombre de spectateurs possible. Ainsi on donnait au condamné des forces contre sa propre faiblesse. On ne faisait pas du patient un coupable repentant : on en faisait une espèce de triomphateur cynique qui au lieu de confesser Dieu sur l'échafaud, attestait l'insuffisance de la justice humaine, laquelle pouvait bien tuer le criminel, mais était impuissante à tuer le crime. Aujourd'hui, il n'en est déjà plus ainsi : on a fait un pas vers l'abolition de la peine de mort en transportant l'instrument du supplice presque hors de l'enceinte de la ville, en choisissant l'heure qui, pour la majorité des habitants de Paris, est encore l'heure du sommeil, et en donnant aux derniers moments du coupable les rares témoins que le hasard ou une excessive curiosité attirent autour de l'échafaud. Maintenant, ce serait aux prêtres qui se vouent au salut des condamnés de nous dire s'ils trouvent autant de coeurs endurcis, dans le trajet qui conduit de Bicêtre à la barrière Saint-Jacques, qu'ils en ont trouvé dans celui qui menait de la Conciergerie à la place de Grève, et s'il y a plus de larmes répandues aujourd'hui, à quatre heures du matin, sur les pieds du crucifix, qu'il n'y en avait autrefois, à quatre heures du soir. Nous le croyons fermement. Oui, il y aura plus de repentirs, dans le silence et le recueillement, qu'il n'y en a jamais eu dans le tumulte et dans la foule. Et, maintenant, supposons que l'exécution, soustraite aux regards avides du peuple, qu'elle ne corrige pas, qu'elle n'instruit pas, qu'elle endurcit à la mort, voilà tout; supposons que l'exécution ait lieu dans la prison, ayant pour seuls témoins le prêtre et le bourreau; qu'elle ait pour tout agent – au lieu de la guillotine, qui, suivant le docteur Guillotin, n'occasionne qu'une légère fraîcheur sur le cou, mais qui, au dire du docteur Sue, cause une douleur terrible – supposons que l'exécution ait pour tout agent l'électricité, qui tue comme la foudre, ou bien un de ces poisons stupéfiants qui agissent comme le sommeil; croit-on que le coeur des condamnés ne s'amollira pas encore plus, dans cette nuit, dans ce silence, dans cette solitude, qu'en plein air, fût-ce même à quatre heures du matin, fût-ce en présence des rares témoins qui assisteront au supplice, mais qui, si rares qu'ils soient, n'en iront pas moins dire aux compagnons du criminel, à ses amis des bagnes : Un tel est bien mort! c'est-à-dire, un tel est mort sans se repentir, et en repoussant le crucifix? (...) Depuis ce temps, la guillotine s'est encore rapprochée du condamné : on exécute, maintenant, devant la porte de la prison de la Roquette. De là à exécuter dans la prison, il n'y a que quelques pas. Et, pour descendre de la cour de la prison dans le cachot lui-même, il n'y en a qu'un!»
Dernière édition par Titange le Sam 16 Sep 2023 - 0:00, édité 1 fois
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Alecto Bourreau départemental
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Sujet: Re: La guillotine dans la littérature Ven 15 Sep 2023 - 18:28
Je suppose que poster le texte 4 fois est un bug dans la matrice, et non une manoeuvre volontaire?
Edit CARNIFEX: j'ai supprimé les doublons.
Titange Exécuteur cantonal
Nombre de messages : 159 Age : 78 Localisation : Montréal Date d'inscription : 18/04/2021
Sujet: Bug dans la matrice Sam 16 Sep 2023 - 0:12
À n'y rien comprendre.
Alecto Bourreau départemental
Nombre de messages : 229 Age : 59 Localisation : Bruxelles Emploi : Bio-ingénieur Date d'inscription : 01/09/2022
Sujet: Re: La guillotine dans la littérature Sam 16 Sep 2023 - 14:26
Cela étant, cette réflexion est intéressante, voire même visionnaire. Pour ou contre la peine de mort, c'est un schéma de réflexion très personnel, ce qui serait dommage ce serait qu'elle ne suscite aucun débat, même après son abolition, car elle reste un sujet très complexe et interpellant. Les divers auteurs qui en parlent dans leurs oeuvres ne s'y sont pas trompés.
piotr Charles-Henri Sanson
Nombre de messages : 2989 Localisation : Poland Emploi : MD-but I'm not working in prison ;-) Date d'inscription : 07/02/2006
Sujet: Re: La guillotine dans la littérature Sam 18 Nov 2023 - 9:18
_________________ "Les humains, pour la plupart, ne se doutent de rien, sans envie ni besoin de savoir, ça leur va comme ça, ils croient avoir de l'emprise sur les choses. - Mh... pourquoi en avoir fait un secret ? Ils peuvent comprendre, ils sont intelligents... - Une personne, sûrement, mais en foule, on est cons, on panique comme une horde d'animaux, et tu le sais."
piotr Charles-Henri Sanson
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Sujet: Re: La guillotine dans la littérature Sam 12 Oct 2024 - 6:23