Nous savons, par ailleurs, que l’opposition à la présence française en Extrême-Orient avait conduit l’autorité coloniale à prendre des mesures particulières. Un arrêté du 10 janvier 1913, complété par un arrêté du 11 janvier 1915, avait décidé que les « indigènes » dont le transfert hors de l’Indochine n’était pas décidé, purgeraient leur peine de déportation au pénitencier de Poulo-Condor. La déportation, il faut le rappeler, était la sanction appliquée aux condamnés d’opinion. Poulo-Condor, pour sa part, est une île située à environ cent kilomètres à l’est de la Cochinchine, au sud de Saïgon (aujourd’hui Côn-Dao, rattaché au Viêt-Nam du Sud), où un pénitencier avait été créé. Le régime général des détenus y fut fixé essentiellement par un texte de 1916 dont la sévérité, jointe aux abus et trafics du personnel, engendra des révoltes violentes, suivies de répressions plus violentes encore, à l’issue desquelles 437 condamnés avaient été extraits de ce camp et envoyés en Guyane en 1922.
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