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 Henri Deviot assassin de la boulangère - 1911

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Adelayde
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MessageSujet: Henri Deviot assassin de la boulangère - 1911   Henri Deviot assassin de la boulangère - 1911 EmptyMar 13 Oct 2015 - 17:51

HENRI DEVIOT ASSASSIN DE LA BOULANGÈRE
_________


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Le tête d'Henri Deviot est parmi celles qu'on peut voir sur l'excellent site de Boisdejustice :

http://boisdejustice.com

++++++

LES FAITS


Henri Deviot 30 ans, manœuvre. Assassine à coups de couteau la boulangère
Antoinette Ketter, 18 ans, le 11 janvier 1911 à Chaussée-sur-Marne pour la dévaliser.

Condamnations : 11 mai 1911
Exécution : 21 juillet 1911

Source - Le site de Sylvain Larue - Nemo. À visiter sans modération !


guillotine.voila.net/Palmares1871_1977.html


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La Chaussée-sur-Marne – Vue aérienne

++++++

LE CRIME DE LA CHAUSSÉE
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Deviot, l’assassin de Mlle Ketter
devant le jury de la Marne

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Henri Deviot assassin de la boulangère - 1911 22111502426_cbe1032aef

Reims, 10 mai.

Deviot, l'auteur de l’assassinat commis sur Mlle Antoinette Ketter, au mois de janvier dernier, comparait aujourd'hui devant la cour d'assises de !a Marne. Ce crime causa une grosse émotion en Champagne.

Le 11 janvier, Antoinette Ketter, dont les parents sont établis boulangers à la Chaussée, commune voisine de Châlons-sur-Marne, était partie, comme de coutume, le matin, avec sa voiture, pour faire sa tournée habituelle et servir le pain aux clients de son père. A sept heures du soir, elle n'était pas de retour et ce fut seulement le lendemain que l'on retrouva, gisant dans le fond de sa voiture, qui était attachée en retrait de la route cachée derrière une masure, le cadavre ensanglanté de la jeune boulangère.

Les soupçons se portèrent immédiatement sur un repris de justice, Henri Deviot, trente ans, manouvrier à Blancourt, mais quand les gendarmes se présentèrent à son domicile, il avait disparu. Questionnée, la femme Deviot se troubla et laissa échapper des réponses telles que la culpabilité de son mari ne laissa plus aucun doute.

Arrêté à Rouen, où il se cachait, Deviot, ramené à Châlons fit des aveux complets et rejeta la responsabilité de son forfait sur sa femme qui, déclara-t-il, le poussa à tuer la jeune Ketter, dans le but de la dévaliser.

C’est devant une foule très nombreuse que s'ouvrent les débats. Après la lecture de l'acte d'accusation, on procède à l'interrogatoire des inculpés. Deviot rejette toute la responsabilité de son crime sur sa compagne ; celle-ci, interrogée à son tour, nie toute participation morale au crime.

Les témoins se succèdent ensuite et confirment ce que l'instruction a établi, ainsi que ce que le meurtrier a avoué. A l'audition de certains détails relatifs à la scène du meurtre, le public pousse fréquemment des murmures d'indignation.

L'audience est levée à cinq heures et demie et renvoyée à demain pour le réquisitoire, les plaidoiries et le verdict.

Le Petit Parisien, n° 12 612 du 11 mai 1911

++++++

LE CRIME DE LA CHAUSSÉE
-------
Deviot condamné à mort. Sa femme acquittée
-----
Reims, 11 mai.

A l'ouverture des débats, la foule est énorme et M. Bossut, procureur de la République, prend aussitôt la parole pour son réquisitoire. Le magistrat trace d'abord un portrait peu avantageux du ménage Deviot. Les deux époux sont en effet de sinistres personnages dont l'existence se poursuivit dans l'immoralité et les méfaits de toutes sortes.
Fait curieux la femme Deviot est la fille d'un condamné à mort, dont la peine fut commuée en celle des travaux forcés à perpétuité et qui se trouve en ce moment à la Guyane.
Cambriolant ses amis, dévalisant ses bienfaiteurs, Deviot laissa partout sur son passage les plus exécrables souvenirs. Ce fut pendant sept jours que le bandit guetta sa victime pour trouver le moment propice à l'accomplissement de son abominable forfait.

Après avoir retracé les détails de ce crime odieux, le procureur termine en réclamant un verdict impitoyable contre Deviot, s'en rapportant au jury pour ce qui concerne la peine applicable à la femme de ce dernier.

Dupont-Nouvion présente la défense de l'accusé, il convient que sa tâche est ardue et qu'il essayera seulement de sauver la tête de Deviot en demandant des circonstances atténuantes Il produit une série de lettres qui sont favorables à l'accusé et émanent de ses chefs militaires. Il soutient que Deviot a subi, du fait de l'autorité qu'avait sa femme sur lui, une sorte de suggestion qui le poussa au crime.

Menesson réfute les arguments de l'accusation et de l'avocat de Deviot touchant la culpabilité morale de sa cliente. Il la représente travaillant continuellement pour subvenir aux besoins de ses enfants.

Le jury, après une demi-heure de délibération, rapporte un verdict affirmatif contre Deviot et négatif en faveur de sa femme. En conséquence, Adèle Schmitt, femme Deviot, est acquittée. Henri Deviot est condamné à la peine de mort.

Deviot, horriblement pâle, écoute l'arrêt sans sourciller, pendant que quelques cris de mort éclatent dans la salle, que l'on fait évacuer.

Le Petit Parisien, n° 12 613 du 12 mai 1911


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Vitry-le-François, l’Hôtel de Ville et le Palais de Justice

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(Note du forum:Adelayde, notre administratrice, est décédée le 1er mars 2018 Henri Deviot assassin de la boulangère - 1911 741545 )
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MessageSujet: Re: Henri Deviot assassin de la boulangère - 1911   Henri Deviot assassin de la boulangère - 1911 EmptyMar 13 Oct 2015 - 17:53

DEIBLER À VITRY-LE-FRANÇOIS
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DEVIOT A EXPIÉ
Vitry-le-François, 21 juillet

En s'éveillant le matin de la fête nationale, Henri Deviot avait dit à son gardien :
« C'est aujourd'hui que le Président de la République me gracie. J'irai à la "Nouvelle" ; ma femme m’y retrouvera et nous tâcherons de n'être pas trop malheureux là-bas. »

Toute la semaine, il vécut avec la certitude que sa peine serait commuée. Il lui paraissait impossible que le chef de l'État n'usât pas de son droit de grâce en sa faveur et, hier encore, fumant tranquillement sa pipe, il faisait des projets d'avenir, trouvant toutefois qu'on se pressait peu de lui mander la bonne nouvelle :
« Tout de même, disait-il, il leur en faut du temps, à Paris» pour envoyer une dépêche. » Le Président de la République n'a pas cru devoir faire grâce à l'assassin de la jeune Antoinette Ketter, qui a expié son crime.

C'est hier après-midi que la nouvelle de l'exécution est arrivée ici. Alors la petite ville a secoué sa torpeur ; tous ses habitants se sont portés à la gare pour voir arriver la sinistre machine, l'exécuteur des hautes œuvres et ses aides. Pendant plusieurs heures la foule a stationné devant l'hôtel où Deibler était descendu. Bien entendu celui-ci resta invisible, ce qui n'empêcha pas que tout le monde se flatta de l’avoir aperçu. Il suffisait, hier soir, à Vitry-le-François, pour être baptisé bourreau, d'avoir le visage doux et soucieux, la barbe en pointe et de porter chapeau melon.

La veillée de mort

Toute la soirée, toute la nuit, les groupes ont circulé dans les rues, la nouvelle s'étant propagée dans les environs : automobilistes jouant des airs pimpants sur leurs trompes, cyclistes faisant tinter leurs grelots et balançant des lampions multicolores, piétons heureux d'être au bout de l'étape, emplissent les places et les carrefours d'éclats de voix et de rires. Aux terrasses des cafés, on boit ferme en attendant l'heure de se porter vers l'échafaud.

Cette veillée de mort, il faut le dire, ressemble à la plus joyeuse veillée de fête et lorsque, tout à l'heure, quelqu'un viendra dire que la guillotine pourra être aperçue seulement de cinquante personnes, étant donné l'endroit où on la dressera, ce sera un gros désappointement parmi ces hommes, ces femmes, ces enfants qui ne se sont pas couchés et dont quelques-uns ont fait un véritable voyage pour pouvoir assister au supplice d'une brute.

Près de moi, deux paysans et leurs fils sont venus de Saint-Dizier à bicyclette ; ils sont fourbus, mais l'espoir de voir la chose, la grande chose, allume un éclair dans l'œil de chacun. Quand, à leur tour, ils apprennent qu'ils seront privés du spectacle pour lequel ils se sont dérangés, leur saisissement est tel qu’ils restent muets, béants un long temps. Le père, le premier, rompt le silence et avec l'accent traînard des gens d'ici :
« Ce ne serait pas à faire ; ils n'oseront point nous le cacher comme ça. »
Et le fils de répondre :
« Ils nous feront tout de même bien voir la tête. » On sent que cet enfant a la vision romantique du bourreau au corps moulé dans un maillot rouge, debout sur l'échafaud et offrant d'un geste théâtral aux regards du populaire un chef sanglant qu'il tient par les cheveux. Nous, qui savons comment les choses se passeront, nous sommes tentés de lui dire que, même s'il lui était loisible d'assister tout à l'heure et dans les meilleures conditions au triste spectacle qui va se dérouler, il ne serait point payé de sa peine.

Le montage de la guillotine

La mise en scène sera, en effet, réduite à sa plus simple expression. C'est devant la porte même de la prison, exactement à trois pas, au milieu de l'étroite rue Saint-Judes et à l'endroit où elle fait un coude, que Deibler et ses aides ont monté la guillotine. Elle tient entre ses deux grands bras noirs dressés dans la nuit la lame triangulaire, sur l'acier de laquelle se reflète la lueur d'un réverbère voisin. Des gendarmes, des dragons, des chasseurs à cheval barrent la rue aux deux extrémités. Seuls, les habitants de maisons immédiatement voisines de la prison pourront peut-être apercevoir quelque chose, lorsque l'heure lugubre sera venue.

Au loin, très loin derrière les barrages, la foule s'agite, murmure. Des coups de sifilet, et des cris de « A mort ! » se propagent. La nuit pâlit. Sur les toits, on discerne des ombres mouvantes ; ce sont des gens venus on ne sait d'où et qui nourrissent le tranquille espoir de rester là ; un officier leur ordonne de descendre ; on lui répond par des lazzi. Alors, il fait mettre une pompe à incendie en batterie et une abondante douche fait déguerpir ces trop grands amateurs de fortes émotions. Le public, massé sur les trottoirs et la chaussée, applaudit et rit bruyamment.

Dans la petite rue Saint-Judes, enfin, l'aube grandit. M. Aubert, procureur de la République, fait signe à quelques personnes en compagnie desquelles il pénètre dans la prison ; il se dirige vers la cellule du condamné dont on lui ouvre la porte. Du seuil, il crie d'une voix forte : « Deviot ! »
L'homme n'a pas bougé. Il faut que son sommeil soit bien profond pour les clameurs de la rue ne l'aient point troublé. Le magistrat répète : « Deviot ! »
Cette fois, un murmure confus sort des draps. Le condamné se retourne, s’assied, jette autour de lui des regards conscients.
- Quoi ? Que se passe-t-il ?
- Votre recours en grâce est rejeté. Ayez du courage. Avez-vous un désir à formuler ?
- Je… Je… voudrais voir ma femme et mes enfants.

Doucement, Maîtres Aubert, Dumesnil et Dupont-Nouvion, les avocats qui ont défendu Deviot, lui font comprendre que ce n'est pas possible.

Alors, les gardiens l’aident à se lever, lui passent son pantalon et l’entrainent hors de sa cellule. Sa démarche est assez assurée le long des couloirs et des escaliers qu'il doit suivre pour gagner la chapelle. Mais là, il est pris d'un tremblement nerveux il mord son mouchoir pendant que l'abbé Truchon, aumônier de prison, dit la messe. Au cours de la communion il aura plus de calme. La cérémonie religieuse est terminée. Deviot est ensuite conduit dans-le bureau du gardien chef où, pendant que Deibler et ses aides procèdent à sa toilette, il fume la cigarette et boit le verre de rhum de rigueur.

Il est trois heures vingt. Dans la rue, il fait à peine jour. Un commandement fait sauter les armes aux épaules des hommes à pied et fait jaillir les sabres des fourreaux. La petite porte de la prison s'ouvre pour laisser passer plusieurs ombres, derrière Iesquelles on discerne à peine une haute forme blanche qui se meut malaisément et qui, tout à coup, s’ébat dans du noir. Les ombres s’agitent. On entend un bruit sec, puis quelques bruits sourds et des cris éclatent et l'on comprend confusément que justice, est faite !

Le Petit Parisien, n° 12 684 du 22 juillet 1911

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La prison Saint-Judes devant laquelle eut lieu l'exécution

Source – Le site de Sylvain Larue – Nemo :

http://prisons.voila.net/51.Vitry2.jpg

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MessageSujet: Re: Henri Deviot assassin de la boulangère - 1911   Henri Deviot assassin de la boulangère - 1911 EmptyMer 21 Oct 2015 - 16:27

LE COUPABLE EST CONNU
-------
SA FEMME L'A DÉNONCÉ
-------
Le meurtrier, Henri Deviot, ancien canonnier de la flotte
était décidé, depuis une semaine, à tuer Melle Ketter : il a
accompli son crime avec une prudence et
un sang-froid déconcertants


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(DE NOTRE ENVOYÉ SPÉCIAL.)

Vitry-le-François, 14 janvier.

L'assassin d'Antoinette Ketter est connu ; en vingt-quatre heures, grâce à l'intelligente activité déployée par M. Magisson, commissaire de Vitry-le-François et par l'inspecteur Naudin, de la brigade mobile de Châlons, le voile qui, hier encore, enveloppait ce sombre drame est aujourd'hui complètement soulevé ; toutes les hypothèses que l'on était en droit d'émettre au début d'une enquête qui s'annonçait comme difficile et compliquée sont maintenant réduites a néant. Les soupçons d'un maire, aussitôt contrôlés, ont fait découvrir la bonne piste ; la défaillance d’une femme a donné la clé de toute l'affaire, et c'est bien le crime le plus infâme, le plus lâche, le plus répugnant que l'on puisse imaginer.

Sur la piste

De nouvelles constatations, faites dans la soirée d'hier, avaient déterminé cette conviction chez le commissaire Magisson et l'inspecteur Naudin, que l'assassin dont ils s'efforçaient de découvrir la trace ne pouvait être qu'un individu besogneux, au courant des sorties matinales d'Antoinette Ketter et connaissant parfaitement la région.
En effet, ils remarquèrent qu'après avoir égorgé l'infortunée jeune fille, le misérable s'était éclairé d'un bout de bougie fixé dans une lanterne, à l'avant de la voiture, et l’avait laissée couler un peu partout, notamment sur des papiers épars, qu’en hâte il avait examinés. Un pain de fantaisie, coupé en deux, avait aussi retenu leur attention ; ils s informèrent auprès de M. Ketter, qui leur certifia que le morceau était entier quand sa fille l'avait emporté : la partie manquante avait donc été prise par l'homme qui avait tué ; sans doute, il avait faim, et, en s'en allant, avait mordu dans ce pain dégouttant de sang.
Ce matin-là, la nuit et le brouillard empêchaient de rien distinguer dans la plaine ; on n'y voyait pas à dix pas devant soi : comment un étranger aurait-il pu quitter la route et se diriger à travers champs, vers la cahute inhabitée que masquait encore un léger rideau d'arbres et derrière laquelle, ainsi-que vous le savez, le cheval et la voiture enfermant le cadavre avaient été si bien dissimulés qu'ils restèrent une journée entière sans être aperçus.
Une dame Tabardet, du village de Couvrot, déclara qu'Antoinette, qui avait l'habitude de s'arrêter quotidiennement chez elle pour prendre du café, devait lui apporter de l'étoffe qu'elle avait achetée pour se faire un peignoir : la jeune fille, qui allait se marier dimanche avec son cousin, M. Henri Perrier, comptable chez un quincaillier de Reims, voulait revêtir ce peignoir le lendemain de sa noce. Or, avec la sacoche et le porte-monnaie, un panier qui contenait l'étoffe et du linge à raccommoder avait également disparu.
En possession de tous ces éléments d'information, auxquels d'autres de moindre importance vinrent bientôt s'ajouter, MM. Magisson et Naudin, après s'être assurés, par un examen éliminatoire, que le coupable ne pouvait être parmi les habitués des cantines de Villiers et les manœuvres des fours à chaux, arrivèrent sur la commune de Soulange.
Là, le maire, M. Batonnier, leur fournit une indication précieuse, qu'ils surent mettre aussitôt à profit.
Il y a quelques jours, leur dit M. Batonnier, j'ai été chargé de notifier à Henri Deviot, un journalier demeurant à Ablancourt, ordre d'avoir à se constituer prisonnier dans les vingt-quatre heures à la maison d'arrêt de Chaumont, pour y purger une peine de dix-huit mois d'emprisonnement, à laquelle il a été condamné pour vol. Ce Deviot ne travaillait pas ; il est sans ressources, et je le crois capable de tout pour s'en procurer. Il aurait fait le coup que, ma foi, je n'en serais pas autrement surpris.

Une indication précieuse

Ce nom de Deviot frappa M. Magisson ; il se souvint qu'il n'y a pas bien longtemps, cet individu avait volé à M. Collier, voiturier à Vitry-le-François, un attelage qui, n'ayant pu être vendu, fut retrouvé abandonné sur le territoire de Vaux, non loin de la Chaussée.
Sans vouloir en entendre davantage, le commissaire et l'inspecteur, sentant qu'ils « brûlaient », partirent à Ablancourt. Quand ils arrivèrent, la nuit était venue. Au rez-de- chaussée, dans l'unique chambre d'une masure sordide, ils trouvèrent la femme Deviot ; elle était accroupie sur une chaise basse, dépaillée, devant une cheminée où quelques tisons de bois fumeux achevaient de se consumer. A ses pieds, roulés en boule comme des petits chats, trois malheureux marmots, sales, morveux, déguenillés, grignotaient des carottes crues.

La femme surprise

L'entrée brusque de ces deux inconnus chez elle, à une heure tardive, l'émotionna à tel point qu'elle fut quelques minutes sans pouvoir parier ; elle eut la sensation qu'elle était perdue ; elle mentit, sans aplomb, pour la forme :
- Où est votre mari, demanda M. Magisson ?
A cette question, un tremblement nerveux agita ses membres elle hésita, balbutia :
- Mais il est parti hier ! Non, pas hier ; que je suis sotte ! Avant-hier ! Oui, c'est cela, avant-hier.
- Est-ce qu'il vous a laissé de l'argent, interrogea à son tour l'inspecteur Naudin ?
- Oh non ! Nous sommes bien malheureux ! Je n'ai que trois francs, pas davantage. Tenez, les voilà.
Et elle étala sur une table trois pièces de vingt sous.
- Mais, insista l'inspecteur, avant-hier votre porte-monnaie était mieux garni ce me semble. Avant de venir ici, je me suis renseigné un peu dans le village. Mercredi soir, vous êtes allée chez une voisine et vous lui avez demandé de vous acheter un pot-au-feu. Vous vouliez aussi faire l'acquisition d'un fourneau dont vous avez offert dix francs, Comment comptiez-vous donc payer ?
Sans attendre une réponse qui ne venait pas, M. Naudin avisa une bicyclette qui était dans un coin :
- C'est à votre mari, sans doute ? Je vois qu'elle est neuve. Où donc l’a-t-il achetée ?
- Il l'a louée seulement pour six jours chez un marchand de Châlons, où il est allé.
- Allons, dit tout à coup le commissaire Magisson, cessons cette comédie. C'est votre mari qui a assassiné Antoinette Ketter, la fille du boulanger de la Chaussée.
Et, montrant un veston et un pantalon tachés de sang qu'il venait de découvrir, enfouis dans un tas de hardes accumulées à terre :
- Voilà la preuve. Il est inutile de nier plus longtemps.
C'était inutile, en effet. La femme Deviot se couvrit le visage et elle avoua, entre deux sanglots :
- Oui, c'est vrai, c'est lui qui a tué la fille à Ketter.
Sur une poutre du plafond, le panier volé fut découvert sous l'étoffe du peignoir et le linge qui n'avaient pas été enlevés ; le commissaire trouva le couteau à la lame longue, souple et fine, fraîchement aiguisée, solide dans sa gaine de bois, arme terrible dont la femme Deviot se servait journellement pour les besoins de son ménage. Il avait été lavé, mais de petites taches de sang, grosses comme la tête d'une épingle, sont encore très apparentes sur le manche.

Aveux complets

Alors, spontanément, la mégère expliqua :
- Je vais tout vous dire. Ce secret me pesait, m'oppressait. J'en serai débarrassée. Nous étions dans la misère noire, et puis il était résolu à faire n'importe quoi plutôt que d'aller dix-huit mois en prison. C'est ainsi que l'idée lui vint d'assassiner Antoinette Ketter. Depuis six jours déjà, sa résolution était prise. Il m'ordonna d'aller l'attendre au passage et de lui demander si, dans sa tournée, elle passait par Ablancourt.
Je fis comme il l'avait voulu. Je le renseignai sur l'itinéraire qu'elle suivait ; elle n'avait pas de client dans notre commune, elle n'y venait donc pas.
Mercredi matin, vers trois heures, il partit chaussé de caoutchoucs à moi, précaution qu'il avait jugée utile pour amortir le bruit de ses pas. A sept heures et demie, il revint. A son visage décomposé, du sang répandu sur ses vêtements, je compris que l'irréparable était fait. Il grogna d'un ton bourru :

« Bien quoi, j'ai tué la Ketter. C'était convenu. Ça t'étonne ? »
Je demandai : « Et qu'a-t-elle dit ? »
« Rien. Elle dormait. Ah si cependant, au moment où la pointe de mon couteau s’enfonçait dans sa gorge, elle s’est écriée :"Ah mon Dieu !" »
« Et c’est tout ? »

Je questionnai encore : « Le cheval, la voiture, qu'en as-tu fait ? »
« Je les ai cachés derrière une bicoque. Si seulement elle avait eu l'intelligence de prendre son cheval noir ! Je l'aurais dételé et serais allé le vendre. Mais la rosse rousse qu'elle avait ne valait pas le dérangement. »


- Il m'expliqua qu'à trois reprises différentes, il avait sauté sur le marchepied de la voiture et que, sur le point de frapper, il avait hésité. La vue des fermes de la Roguetterie et de Bayarme, dont elle approchait, et où elle devait descendre, le décida. S'il n'agissait pas, son coup était manqué.
La femme Deviot continua :
- Tout en me donnant ces détails, il avait déposé sur le buffet une motte de beurre enveloppée dans du papier, son couteau, et une sacoche qu'il retourna. Elle contenait un billet de cinquante francs, plusieurs louis de vingt francs, une pièce de dix francs, neuf francs en monnaie et cinq francs en pièces de vingt-cinq centimes et un sou. Tenez, il me restait deux louis. Les voilà.
Et elle jeta les pièces d'or sur la table.
- Ce que j'ai fait du reste ? J'ai jeté le beurre à la rue il était plein de sang ; j'ai vu les chiens s'en régaler. J'ai brûlé le papier qui l'enveloppait, ainsi que le cuir de la sacoche ; il y avait aussi une ferrure que j'ai jetée dans le puits. Vous pourrez l'y trouver.
- Alors votre mari a pris la fuite, insista le commissaire Magisson.
- Tenez, je veux être franche jusqu'au bout. Son intention était d'aller, à Chaumont se présenter à la prison pour subir sa peine. « C'est encore là, m'a-t-il assuré, que je serai le mieux caché. Personne ne songera à venir m'y chercher. »
Deviot, comme on le voit, est un garçon avisé. Cependant, des renseignements demandés télégraphiquement par M. Aubert, procureur de la République, il résulte que Deviot ne s'est pas présenté à la maison d'arrêt de Chaumont. Son intention était cependant bien d'aller dans cette ville, pour laquelle il a pris un billet d'aller seulement, jeudi à dix heures du soir, ainsi qu'on en a la preuve.
Ancien canonnier de la flotte, Henri Deviot est âgé de trente ans. Il est natif de Vitry-la-Ville.

A la recherche de Deviot

Toute la matinée et une partie de l'après-midi, on a cru que Deviot avait été arrêté à Clairvaux-sur-Aube, commune dépendante de Ville-sous-la-Ferté, à 17 kilomètres de Bar-sur-Aube. Cette nouvelle, télégraphiée au procureur de la République, paraissait d'autant plus vraisemblable que l'on avait acquis la certitude qu'en quittant Chaumont, où il avait passé la nuit de jeudi à vendredi, l'assassin d'Antoinette Ketter s'était fait délivrer à la gare un billet d'aller pour Clairvaux.

On pensa qu'il s'était rendu dans cette localité avec l'intention de se présenter à la maison centrale pour purger la peine de dix-huit mois de prison à laquelle il avait été antérieurement condamné et dont notification lui avait été faite dans les conditions que vous savez.

N'avait-il pas dit à sa femme qu'en entrant en prison c'était encore le meilleur moyen d'égarer les recherches que l'on entreprendrait pour le retrouver, au cas où l'on viendrait à établir sa culpabilité dans l'assassinat de la jeune boulangère de la Chaussée. Malheureusement, une erreur avait été commise. Un individu a bien été arrêté à Clairvaux, mais ce n'est pas Deviot, dont on semble avoir perdu momentanément la trace.

Le signalement de l'assassin

Son signalement détaillé : "forte corpulence, cheveux châtains taillés en brosse, taille 1 m. 75, maillot bleu marine tombant sur un pantalon gris foncé, veston de même nuance et casquette plate dite jockey, a été télégraphié à Paris, à Rouen, où il avait manifesté à plusieurs reprises l'intention d'aller, et aussi à la brigade mobile de Dijon."

Deviot a peut-être pris, en effet, un billet pour Clairvaux, mais il aurait brûlé cette station, continuant son voyage vers une destination inconnue. Sa femme, qui, jusqu’ici, par pitié pour ses trois enfants, avait été laissée en liberté, a été écrouée ce soir à la prison de la ville. Après avoir entendu les explications qu'elle avait données au commissaire Magisson, le juge a estimé que par son attitude tacite et en acceptant l'argent dont elle connaissait la provenance, elle avait encouru une part de responsabilité très grave, et il l'a, en conséquence, inculpée de complicité d'assassinat.

Le Petit Parisien, n° 12 496 du 15 janvier 1911

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MessageSujet: Re: Henri Deviot assassin de la boulangère - 1911   Henri Deviot assassin de la boulangère - 1911 EmptyDim 1 Nov 2015 - 16:41

Deviot, l'assassin de la boulangère,

a été arrête hier à Rouen


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Rouen, 15 janvier.

La police, qui recherchait Deviot pour l'assassinat de la Chaussée, avait notamment envoyé des dépêches à Rouen, Caen et Marseille. C'est à deux heures, cet après-midi, qu'était arrivé à Rouen le télégramme prescrivant des recherches.

A 4 heures, des inspecteurs de la sûreté découvraient dans un café de la rue Centrale, un individu qui déclarait se nommer François Lepin, venant d'Avallon, marinier à bord d'un chaland, mais ajoutait qu'il n'avait sur lui aucun papier d’identité. Les agents le laissèrent partir, mais deux d'entre eux le suivirent. Bientôt ils l'abordèrent brusquement en lui disant : « Vous êtes Deviot ».
Deviot avoua et fut conduit au commissariat où il déclara avoir assassiné la fille du boulanger Ketter à l'instigation de sa femme qui lui avait procuré un long couteau. Deviot ajouta que la jeune fille n'avait pas souffert.
La sacoche volée après le crime contenait, ajouta-t-il, 350 francs ; il la remit à. sa femme qui lui donna 200 francs et garda le reste. La femme Deviot aurait ensuite brûlé la sacoche et jeté les fermoirs dans le puits du propriétaire. Elle aurait également brûlé un panier trouvé dans la voiture et contenant des provisions.

Après avoir passé la nuit du crime chez lui, il se rendit, le lendemain matin, à Chaumont dans l'intention de se constituer prisonnier pour purger ses dix-huit mois de prison. Mais il changea d'idée et partit pour Paris où il arriva entre dix et onze heures du soir et coucha dans un hôtel en face de la gare de l’Est. Le lendemain, à huit heures, il repartit pour Rouen où il arriva hier vers midi. Après avoir couché dans un hôtel du faubourg Martinville, il chercha ce matin à embarquer à bord d'un chaland.

Deviot a été conduit devant le procureur de la République, qui l'a fait écrouer.
_______

CE QUE DIT LA FEMME DEVIOT


(DE NOTRE ENVOYÉ SPÉCIAL)

Vitry-le-François 15 janvier.

La femme Deviot, qui a été arrêtée hier soir, a été mise en prison avec son dernier né, qu'elle allaite, et ses deux autres petits, qui marchent à peine.

Avant que les gendarmes ne vinssent la chercher, alors qu’elle ignorait encore ce qui l'attendait, je me suis longuement entretenu avec elle et comme je lui faisais remarquer qu'elle aurait dû, par tous les moyens possibles, empêcher ce crime abominable, informer le maire, faire quelque chose enfin, et puis ne pas toucher à cet argent dont elle connaissait la provenance, pour lequel elle ne pouvait éprouver que de l'horreur et du dégoût, elle me répondit :
- Ah ! monsieur, nous crevions de faim : ce matin-là les petits ont mangé j'ai pu leur acheter du pain.

Sa tête s'inclina et des sanglots étouffés secouèrent sa poitrine. Elle poursuivit :
- L'empêcher, le menacer d'une dénonciation, mais il m'aurait tuée. Ma mort eût été inutile, il lui fallait de l'argent, il savait que la boulangère de la Chaussée en avait toujours dans sa sacoche, il l’aurait tuée quand même, c'était son idée. Que pouvais-je contre sa volonté, moi qu'un mauvais regard de lui faisait trembler, moi qui lui ai toujours obéi comme une esclave, moi qui étais sa chose.

Qu'eût-elle pu faire ? Et la malheureuse répéta, comme se parlant à elle-même :
- L'empêcher ! mais quand il s'est levé, dans cette fatale nuit de mardi, je ne l'ai pas entendu. A six heures du matin, quand je me suis éveillée, j'ai été surprise en constatant qu'il s'était levé si tôt. Je l'ai appelé, alors seulement j'ai compris la raison de son absence. Je suis allée sur la route, pensant qu'il venait seulement de partir, que je pourrais, peut-être, le rattraper, le ramener. Le village était encore endormi, les maisons closes, et je n'entendis rien que le hurlement d'un chien dans le lointain. Il était trop tard. Le visage collé à la vitre, guettant son retour, j'attendis longtemps. Enfin je I‘aperçus et, avant qu'il parlât, son visage livide et décomposé me fixa sur ce qu'il venait de faire. C'est alors seulement que je vis qu'il s'était chaussé de mes caoutchoucs. Rageusement, il me donna les explications que vous connaissez. Je dus lui poser questions sur questions, lui arracher les détails sur la scène atroce qui s'était passée là-bas, en vue des fermes de la Raguetterie et de Bayarue. Il ne paraissait pas satisfait en faisant l'inventaire de ce que son crime lui avait rapporté.

La femme Deviot s'arrêta et, pendant quelques minutes, elle revécut ces minutes du retour pendant lesquelles son mari avait, de ses mains éclaboussées de sang, compté l'argent, étalé les billets de banque et fait sonner les louis d'or sur la table. Elle poursuivit :
- Ces louis, bien sûr, je n'aurais pas dû les accepter, mais la vue de l'or est une griserie pour ceux qui n'ont rien, qui n'espèrent rien, pour ceux dont les enfants pleurent parce que le buffet est vide et que l'on n'a rien à leur donner. J'aurais dû fuir, dites-vous, oui, c'est vrai, mais j'ai été lâche. La force m'a manqué. Lui parti, je suis restée dans cette maison dans la crainte qu'il revint et qu'il ne m'y trouve plus, par peur de la rue, par appréhension de tout ce qui se passerait si je parlais. Je n'ai pas empêché ce crime et j'en ai profité. Oh ! si peu J'ai mangé un peu plus que les autres jours. Les enfants, eux, se sont rassasiés. Et c'est tout.

LA VIE DU CRIMINEL

Henri Deviot passa une partie de son enfance à Vitry-la-Ville, où il naquit le 16 juin 1881. Ayant perdu sa mère de bonne heure, son père, un brave homme, qui est actuellement cocher à Châlons-sur-Marne, le confia à sa tante, Mme Exavier-Laurent qui en prit soin et l'éleva du mieux qu'elle put. M. Exavier-Laurent était courrier des postes à Vitry-la-Ville, localité qu'il n'a jamais quittée et où il a pris sa retraite. Souvent le petit Deviot, qui était un écolier médiocre, montait sur le siège à côté de son oncle et l'aidait à décharger les sacs de dépêches. Il apprenait aussi à conduire et sa tante disait : « Bah Il n'a pas le goût de l'étude, cela ne l'empêchera pas de gagner sa vie : il sera cocher comme son papa. »

Et dans cette assurance tranquille que l'on avait de son avenir, l'enfant grandit en toute liberté, faisant récole buissonnière et n'apprenant aucun métier. Il n'apparaît pas cependant qu'il eut de ces fréquentations mauvaises qui gangrènent un jeune homme et en font une recrue certaine pour l'armée toujours montante du crime.

Cependant de mauvais instincts étaient en lui, sur lesquels la vieille bonne femme de tante, qui le gâtait comme tout enfant que l'on aime, eut la faiblesse de fermer les yeux. Combien de fois son porte-monnaie et les tiroirs de sa commode où elle enfermait l'argent du ménage furent-ils razziés par ce neveu qui avait toute son indulgence ? Elle seule le sait, et quand on le lui demande, elle se contente de répondre en levant les bras au ciel : « Il couraillait comme quand on a vingt ans. »

Un jour Deviot s'empara des appointements mensuels que son oncle venait de toucher, et prit le train pour Paris. Mme Exavier-Laurent eut certainement beaucoup plus de chagrin de ce départ que de son argent. Que fit-il après ? Personne n'en a jamais rien su : pas grand'chose de bon sans doute. Il se trouvait encore dans la capitale quand la loi l'appela sous les drapeaux.

PARESSEUX, VOLEUR

Rendu à la vie civile, Deviot ne sut que faire. Il revint dans son pays et, pendant près d'une année, réussit à se faire héberger par les uns et par les autres. Il amusait par les récits qu'il faisait de son existence à bord et des aventures qui lui étaient arrivées au cours de ses voyages en Extrême-Orient. Cette situation ne pouvait toujours, durer. A la longue les gens qui lui avaient fait le meilleur accueil comprirent qu'ils étaient les dupes d'un paresseux et lui fermèrent leurs portes.

Dès lors, Deviot chercha dans le vol les ressources dont il avait besoin. Pris en flagrant délit, il comparaissait le 8 juin 1907 devant le tribunal correctionnel de Châlons-sur-Marne et s'entendait condamner à un an de prison avec sursis. Ce premier avertissement aurait dû lui donner à réfléchir, il n'en fut rien. A Sémilly, village des environs de Chaumont, il avait un beau-frère, qu'il exploita sans aucun scrupule. Se croyant sûr de l'impunité, il se servit de son nom pour commettre des escroqueries, et, de ce fait, se voyait infliger, le 5 décembre 1910, six mois d'emprisonnement par le tribunal de Chaumont. Cette seconde peine rendit à la première son plein effet et c'est ce jugement, devenu exécutoire, que la gendarmerie lui avait signifié.

C'est à partir de ce moment que Deviot songea à se procurer de l'argent pour prendre la fuite et se soustraire à la contrainte par corps qui l'attendait si, volontairement, il ne se présentait pas au greffe de la maison d'arrêt de Chaumont qui lui avait été assignée.

Le Petit Parisien, n° 12 497 du 16 janvier 1911

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