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| Sujet: Petite étude sur Les sobriquets de la Veuve Mar 1 Fév 2011 - 22:23 | |
| La guillotine est d'actualité ! Et l'on en parle beaucoup, principalement dans les milieux où se prépare le crime et où fleurit l'argot. L'argot ! Quel noms expressifs il a su trouver pour la sinistre machine ! Notre confrère Paris-Journal a obtenu là-dessus, d'un spécialiste très érudit, la petite consultation suivante : Le bourgeois qui veut paraître « déssalé », nous dit-il, appelle la guillotine la « Veuve ». Pourquoi ? Il n'en sait rien. Je vais vous le dire. Aussi haut qu'on puisse remonter dans l'histoire de l'argot, on trouve que le populaire compare le dernier supplice à un mariage. Le vieux mot « anguer» » (du latin « nager », étrangler) signifiait à la fois : marier et pendre, se marier, en effet, c'est se mettre « la corde au cou ». On disait « épouser » la potence, épouser le « gibet ».
Au XVème siècle, Villon, dans ses ballades, appelle l'exécuteur tantôt le « marieux », tantôt « l'embourbeux », jeu de mots sur « bourrel », bourreau, et « embourrer », faire l'amour. Mais, dans cette union de la potence et du condamné, le marié mourait si vite après la noce, que la potence restait veuve aussitôt qu'épousée. La potence s'appela facétieusement : « la Veuve ». La guillotine hérita de ce surnom. Quelques uns aujourd'hui, disent même la Veuve Rasibus.
Au temps des bagnes, par une tendance d'esprit analogue, la guillotine y était nommée la « Passe », l'exécution étant la suprême « passade » du patient. Toujours l'idée de mariage. L'argotier, lui appelle la guillotine l'« Abbaye », tout court ou l'« Abbaye de Monte-à-Regret », ou l'« Abbaye de Saint-Pierre ». Encore une réminiscence de jadis. Dans l'argot ancien, la potence était l'« Abbaye de Monte-à-Rebours ». Abbaye ? Parce que le condamné était accompagné de religieux qui lui faisaient escorte . Monte-à-Rebours ? Parce que le condamné grimpait à reculons l'échelle du gibet où il allait être lancé dans l'éternité.
Quand la guillotine remplaça la potence, « Monte-à-Rebours » devint « Monte-à-Regrets », par à peu près, et aussi à cause des marches de l'échafaud, pénibles à gravir. « Abbaye de Saint-Pierre », enfin, le terme le plus récent, est un calembour sur les « cinq pierres » plates encastrées dans la pavage de la place de la Roquette, et sur lesquelles longtemps on étaya la machine à décapiter, pour asseoir son aplomb. Par une métaphore rudimentaire, la guillotine devint la « Faucheuse », mot qui se passe de commentaires, la « Béquilleuse », c'est-à-dire la mangeuse d'hommes, du verbe « béquiller » manger, se fourrer par le « bec », la « bute », c'est-à-dire l'abattoir, du verbe « buter » qui signifie abattre, tuer, assassiner. Le guillotiné est la bête abattue. Par métonymie de la partie prise pour le tout, la guillotine « est le glaive », pour son couperet, les « Deux Mâts » pour ses bras dressés, la « Bascule » pour sa planche roulante sur laquelle bascule le patient poussé vers la lunette. Et cette idée de basculage se retrouve dans deux autres locutions : le « Monde renversé et la Mère aux bleus », en raison des meurtrissures à la face, des « bleus » qui accompagnent souvent un basculage brutal.
Enfin, par allusion historique, nous avons : la « Femme à Charlot », souvenir de l'ancien régime, deux siècles durant, le Louis XIII à Louis-Philippe, la charge de bourreau de Paris se transmis de père en fils dans la famille Sanson, l'aîné des Sanson se prénommait toujours Charles, le peuple prononçait familièrement « Charlot ». Nous avons encore « Louisette », « Louison » ou la « Petite Louison », souvenir de la Révolution, noms d'amitié nés de celui du docteur Louis, émule de Guillotin, et « Marianne », autre nom d'amitié de la même époque, dont la raison échappe. Maintenant, conclut notre philologue, que vous m'avez fait « jaspiner » (parler) une heure, prêtez-moi un « linvé » (vingt sous) pour « sucer une cholette » (boire une chopine). 1910 (anonyme). Par Archange - 28/11/2011
Dernière édition par mercattore le Mer 2 Fév 2011 - 10:33, édité 2 fois |
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| Sujet: Re: Argot et guillotine Mer 2 Fév 2011 - 9:32 | |
| A votre liste vous pouvez ajouter l'expression très usitée dans les prisons au siècle dernier de ; bascule à Charlot, Mercattore. |
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| Sujet: Re: Argot et guillotine Mer 2 Fév 2011 - 10:29 | |
| Ce n'est pas ma liste Michel, j'ai simplement transcris le texte. L'auteur à mentionné Charlot mais pas l'expression que tu cites, je ne sais pas pourquoi ? |
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| Sujet: Re: Argot et guillotine Mer 2 Fév 2011 - 20:10 | |
| C'est sans doute par homonymie... et peut-être parce que "le rasoir" à soigner les méningites fonctionnait bien courant des années 60 ?... Mais avec le conservatisme forcé et forcené de l'univers carcéral, comment savoir ? |
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Adelayde Admin
Nombre de messages : 5716 Localisation : Pays d'Arles Date d'inscription : 02/03/2009
| Sujet: Petite étude sur Les sobriquets Mer 2 Fév 2011 - 22:55 | |
| http://www.russki-mat.net/find.php?q=guillotine&c=all&l=FrFr
On trouve sur cette page une foule de mots d'argot qui se rapportent à la guillotine. Pas mal !
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| Sujet: Re: Argot et guillotine | |
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