J'ai écrit voici quelque temps son histoire criminelle en une dizaine de pages, après m'être procuré les articles de presse qui le relataient à l'époque, avec l'intention de la proposer à une association historique locale pour publication dans un bulletin.
Ceci étant, j'y ai renoncé.
Pourquoi ?
Parce que cet homme, après avoir purgé sa peine, a eu droit à une deuxième chance. Il a refait sa vie, il a eu une femme, des enfants, une entreprise florissante. Mais le souvenir de ses années carcérales le hantait, et il a décidé de raconter son expérience, en usant d'un faux nom, Jean-Guy Le Dano, pour éviter que sa famille ne soit éclaboussée par la parution de ce livre.
Quand l'ouvrage est sorti, son succès fut assez important pour que la presse décide de s'intéresser à son cas, et un magazine, en particulier, s'est acharné à retrouver sa véritable identité... et à la publier à la une en 1974.
Le Dano a donc vu, placardé dans la ville où il résidait, des affichettes présentant son nom et son visage comme étant ceux d'un ancien condamné à mort. Il en a fait un malaise qui l'a emporté en quelques heures.
Alors, en toute franchise, son identité n'est pas un secret pour qui se donne la peine de faire les recherches ; je l'ai même mentionnée dans la liste des condamnés à mort sur le site Guillotine. Mais j'ai préféré ne pas en faire étalage de façon trop complète par un texte relatant l'intégralité de son existence. Ma conscience, sans doute, a dû s'y opposer un minimum, au nom de sa famille. Me comprenez-vous ?
_________________
"Les humains, pour la plupart, ne se doutent de rien, sans envie ni besoin de savoir, ça leur va comme ça, ils croient avoir de l'emprise sur les choses.
- Mh... pourquoi en avoir fait un secret ? Ils peuvent comprendre, ils sont intelligents...
- Une personne, sûrement, mais en foule, on est cons, on panique comme une horde d'animaux, et tu le sais."