Je vais prochainement étudier la question à la loupe, mais il me semble que les conclusions médico-légales, si elles indiquaient qu'il était tout à fait possible de brûler l'intégralité des corps dans la cuisinière, n'affirmaient pas que c'était forcément le cas. On peut imaginer, même si c'est assez horrible, un dépeçage en règle, avec retrait des organes et des viscères, parties humides les plus ardues à carboniser, et bien plus faciles à disséminer dans la campagne et les bois environnants et qui peuvent être dévorés totalement par la faune sans laisser la moindre trace.
En outre, Landru a laissé des aveux à Me Navières, qui n'ont été connus qu'après le décès de celui-ci, en décembre 1967, et enregistré spar la justice dans les règles. Jean Ker le mentionne ainsi :
"L'histoire commence par une visite de l'avocat au prisonnier en octobre 1921, peu avant l'ouverture du procès. Landru lui offre en gage de confiance et d'amitié un dessin, fait au crayon, repassé à la plume, représentant la fameuse maison de Gambais, avec sa cuisinière. Tout y est : la hotte, les bougeoirs, le moulin à café.
Sur le dessin, avec l'humour glacé qu'on lui connaît, Landru a écrit au crayon :
Le témoin dépose : la cuisinière marchant très bien ; on pouvait y brûler tout ce qu'on voulait.
Allusion à la déposition de Fernande Segret qui était venue plusieurs fois à Gambais, et... qui y avait fait la cuisine.
Au verso, un texte toujours écrit au crayon, avec ce titre : L'AVEU.
Landru explique :
Ce n'est pas le mur derrière lequel il se passe quelque chose, mais bien la cuisinière dans laquelle on a brûlé quelque chose.
"Brûlé" est souligné trois fois. Cette phrase est un commentaire définitif à propos de témoignages affirmant qu'il ne faisait pas brûler les cadavres de ses victimes dans sa cuisinière, mais en plein champ :
Ces témoins sont des imbéciles. Tout se passait dans la maison.
En remettant cet aveu, signé du 8 octobre 1921, à son avocat, Landru fait une recommandation :
- Si je suis condamné et exécuté, laissez passer quelques années et vous pourrez en faire état. Si je ne suis pas exécuté, effacez ce texte.
D'où l'usage du crayon."
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"Les humains, pour la plupart, ne se doutent de rien, sans envie ni besoin de savoir, ça leur va comme ça, ils croient avoir de l'emprise sur les choses.
- Mh... pourquoi en avoir fait un secret ? Ils peuvent comprendre, ils sont intelligents...
- Une personne, sûrement, mais en foule, on est cons, on panique comme une horde d'animaux, et tu le sais."