mercattore Monsieur de Paris
Nombre de messages : 553 Age : 83 Localisation : Paris Emploi : Retraité de l'édition du livre Date d'inscription : 13/03/2019
| Sujet: Marseil SABOURIN - NIORT - 1894 Dim 31 Mai 2020 - 8:57 | |
| Archives d’anthropologie criminelle, de criminologie, et de psychologie normale et pathologique. Année 1894 : Rapport sur l’autopsie de Sabourin exécuté à Niort le 16 février 1894. Présenté par les docteurs Pillet, Fayard, Piotay, Béranger (ce dernier rapporteur). Le 16 février 1894, Sabourin, homme, de journée, condamné à mort par la Cour d'assises des Deux-Sèvres, le 16 décembre 1893, fut exécuté sur la place de la Brèche. Qui était Sabourin ? Fils d'un braconnier maintes fois condamné, i! prit part de bonne heure aux méfaits paternels et passa, pour ces faits, sa jeunesse dans la colonie pénitentiaire de Tesson. — Il fut soupçonné d'avoir pris une large part dans l'assassinat d'un gardien de celle maison. — Plus tard, une bergère lut violée et assassinée à Fressines, non loin de Niort. Sabourin, qui pendant le crime se trouvait à peu de distance de la scène, nia toute culpabilité et après plus de quinze mois de prévention, bénéficia faute de preuves d'une ordonnance de non-lieu ; il nia toujours être l'auteur de ce crime, même devant la guillotine. — Enfin, cinq ans après environ, en août 1893, il tua sa sœur, la viola et plusieurs heures après lui ouvrit le ventre, « voulant voir répondit-il au juge d'instruction, comment les femmes sont faites ! »
Or, en faisant cette monstrueuse réponse, il ne mit pas la moindre forfanterie ; il répondit comme il sentait, comme il pensait. Il ne se départit pas du reste de cette attitude, ni avant sa comparution devant le jury, ni devant celui-ci, ni même au moment de l'exécution où il se présenta sans résistance, machinalement plutôt, comme ahuri d'être ainsi bousculé. Les juges, le docteur Fayard, médecin de la prison, tous ceux enfin qui furent en rapport avec lui depuis son arrestation jusqu'à sa mort, ont attiré notre attention sur l'obéissance presque passive de cet homme, mais en même temps sur son intelligence très madrée et surtout sur l'absence chez lui de tout sens moral : une crainte relative qui disparaissait vite pour faire place à l'insouciance; nul regret, nul remords, il ne comprenait pas cela. Il vécut toute sa vie bestialement et mourut de même. Ses observateurs virent en lui une brute, mais intelligente, et il fut très madré dans ses défenses.
Cette brute n'en n'était donc que plus dangereuse; le passé indique et laisse prévoir ce qu'eût été l'avenir de cet homme chez lequel nulle éducation ne prépara au bien, ne vint contre-balancer les instincts pervers. — La science vient aujourd'hui confirmer les craintes que Sabourin inspira à la société, et légitimer cette exécution protectrice des humains ; mais en même temps, elle inspire quelques sentiments de pitié pour ce malheureux !
La tête fut mise à la disposition du corps médical de Niort représenté, en la circonstance, par MM. les docteurs Pillet, Fayard, Piotay et Béranger. Ils furent aidés dans l'autopsie par MM. les internes de l'hôpital-hospice, Châtelain et Orjuben. Visage sans caractère, sans aucune contraction après l'exécution, face vulgaire avec saillies très prononcées des os malaires, pas de prognathisme, aucun signe extérieur de déchéance ni de débilité, denture ordinaire. — Toutefois, le crâne fuit : l'angle facial est assez aigu et accuse 75° seulement.
Un examen sommaire à l'ouverture de la boite crânienne permit de constater que : 1° les enveloppes du cerveau étaient très congestionnées ; — 2° l'hémisphère droit était plus volumineux que l'hémisphère gauche ; — 3° les circonvolutions d'un côté comme de l'autre étaient plus subdivisées qu'à l'état normal ; — 4° les grandes scissures étaient moins accusées, paraissaient moins profondes ; — enfin 5° le cerveau avec ses enveloppes, ne pesait que 1260 gr. ; ce qui est au-dessous du poids normal. Après durcissement, il fut soumis à l'examen du Dr Féré, médecin de Bicêtre, notre confrère bien connu pour ses travaux sur la topographie du cerveau et qui poursuit encore de remarquables études d'embryogénie.
Telle est la note qu'il nous a remise, après un examen fait en commun : « 1° Hémisphère droit : « Face convexe. — Circonvolutions frontales normales. — Scissure iuterpariétale traversée par deux plis de passage assez superficiels. — Scissure occipitale externe un peu longue. « L a scissure parallèle se continue en arrière avec le sillon qui sépare la deuxième de la troisième circonvolution frontale. « Face interne. — Dédoublement, dès son origine, de la circonvolution frontale interne. « 2° Hémisphère gauche. « Face convexe. —Dédoublement de la deuxième circonvolution frontale vers sa partie moyenne. « La troisième frontale, au lieu d'avoir la forme d'un M comme à l'état normal, est composée d'une seule inflexion, parce que la branche antérieure de la scissure de Sylvius n'est pas divisée. — Cette troisième circonvolution se trouve, en raison de cette disposition, beaucoup plus petite que celle de l'autre hémisphère. « La scissure parallèle présente la même disposition que celle du côté opposé. « La scissure interpariétale n'est interrompue par aucun pli de passage. « La scissure occipitale externe est aussi un peu longue de ce côté. « Face interne. — La circonvolution frontale interne est divisée à sa partie antérieure par un sillon parallèle à sa direction. » Des nombreuses anomalies, signalées par notre confrère, certaines nous retiendront : ce sont ces nombreuses subdivisions des circonvolutions frontales qui donnent naissance ainsi le plus souvent à une quatrième circonvolution.
Une communication faite par le D Hanot à la société de biologie, dans la séance du 27 décembre 1879, se trouve résumée ainsi dans Union médicale : « Dédoublement de la deuxième circonvolution frontale chez les malfaiteurs. — M. Hanot, sur une série de onze autopsies pratiquées à l'infirmerie centrale d e s prisons a rencontré quatre cerveaux pourvus de quatre circonvolutions frontales transversales dans l'hémisphère droit et dans l'hémisphère gauche. La circonvolution surnuméraire est visiblement due au dédoublement de la deuxième circonvolution frontale. Bien que les individus dont proviennent ces cerveaux n'aient pas été de grands criminels, on peut rapprocher ceux, de Bénédikt, qui a déjà signalé l'existence de quatre circonvolutions frontales chez les scélérats. On peut aussi les rapprocher de cet autre fait que M. Ovion, interne à l'hôpital Cochin, après s'être livré toute cette année à d e s recherches analogues sur des cerveaux de malades décédés dans son hôpital et non-criminels, n'a pas rencontré un seul encéphale présentant la même particularité. » Sans tirer naturellement de déductions fermes, nous croyons devoir attirer l'attention de tous ceux que la criminalité intéresse sur ces subdivisions des circonvolutions frontales constatées dans le cerveau de Sabourin ; des observations analogues ont été faites avant 1879, et plus particulièrement signalées en cette année par le D' Hanot, chez d'autres criminels, moins coupables toutefois que Sabourin.
Mais pour ce fils de braconnier, pilier de prison, qui compte encore plusieurs des siens parmi les habitués des correctionnelles, qui passa lui-même son enfance dans une colonie de répression, ne peut-on pas soulever une question d'atavisme ? Ne doit-on pas penser que si Sabourin a été aussi criminel, ce fut parce que son cerveau, présentant des anomalies signalées comme indices de tendance à la criminalité, n'a subi aucune culture capable de le modifier, d'en combattre les instincts de nature originellement perverse. Sabourin était donc fort dangereux pour la société de par son cerveau et aussi par son éducation au milieu de criminels (les siens et ses compagnons de prison).
Dr G. Bellanger (Ext, de la Rev, med. chir. de la Province)
Geste Editions (collection Geste poche). 2010. 361pages, broché.
Geste Editions (collection Geste poche). 2010. 361pages, broché.Edition actuelle. Première édition en 2004, sous une autre forme de couverture. Voir la présentation de l'ouvrage : ICI
WikiNiort : Une page très intéressante sur les exécutions capitales, les bourreaux dans les Deux-Sèvres, et Marseil Sabourin : http://www.wiki-niort.fr/Asselin,_famille_de_bourreaux_à_Niort
Niort. Lieu d'exécution de Marseil Sabourin.Voir la note (au 16 février 1894) sur le condamné : Palmarès des exécutions capitales 1871-1977 : https://laveuveguillotine.pagesperso-orange.fr/Palmares1871_1977.html | |
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mitchou34 Bourreau départemental
Nombre de messages : 302 Age : 69 Date d'inscription : 14/12/2013
| Sujet: Re: Marseil SABOURIN - NIORT - 1894 Dim 31 Mai 2020 - 15:16 | |
| Intéressant quoique macabre cet examen fouillé du cerveau de Sabourin mais je crois franchement qu'on nage en plein délire quant aux constatations qui en découlent;sans doute ces savants médecins etaient ils adeptent des théories fumeuses de Lumbroso ?...... | |
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vivier Bourreau départemental
Nombre de messages : 281 Age : 77 Localisation : fléac 16730 Emploi : retraité Date d'inscription : 16/04/2017
| Sujet: Re: Marseil SABOURIN - NIORT - 1894 Dim 31 Mai 2020 - 19:05 | |
| Charmant garçon , mais je pense qu'il relevait davantage de la psychiatrie que de la veuve . | |
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itto Exécuteur cantonal
Nombre de messages : 169 Age : 76 Localisation : La Ferté Gaucher Emploi : Hoplothérapeute Date d'inscription : 08/08/2014
| Sujet: Re: Marseil SABOURIN - NIORT - 1894 Dim 31 Mai 2020 - 22:36 | |
| Le cerveau ne pesait que 1260 gr? gr c'est le grain.... g c'est le gramme... faut savoir | |
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| Sujet: Re: Marseil SABOURIN - NIORT - 1894 | |
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