L'un des patients de Philippe Pinel à Bicêtre à l'automne de 1793, un horloger qui a par ailleurs vainement tenté de trouver la clé du mouvement perpétuel, a été gravement déséquilibré par «les orages de la révolution» :
«Il croit que sa tête a tombé sur l'échafaud, explique le pionnier de la psychiatrie dans son Traité médico-philosophique sur l'aliénation mentale, qu'on l'a mise, pêle-mêle, avec celles de plusieurs autres victimes, et que les juges, par un repentir tardif de leur arrêt cruel, avaient ordonné de reprendre ces têtes, et de les rejoindre à leurs corps respectifs; mais que, par une sorte de méprise, on avait rétabli sur ses épaules celle d'un de ses compagnons d'infortune (...)
«Rien n'égale (...) son extravagance et les éclats bruyants de son humeur joviale; il chante, il crie, il danse; et comme sa manie ne le porte à aucun acte de violence, on le laisse errer librement dans l'hospice, pour exhaler cette effervescence tumultueuse. «Voyez mes dents, répétait-il sans cesse; je les avais très belles, et les voilà pourries; ma bouche était saine, et la voilà infecte. Quelle différence entre ces cheveux et ceux que j'avais avant mon changement de tête!»