- Alecto a écrit:
- Nous avons tous entendu les phrases suivantes:
Le baiser de la Veuve, se coucher dans ses bras, voire baiser la Veuve (je ne sais si on fait référence à un baiser...ou à tout autre chose)...
Je me demande pourquoi la guillotine est la seule à générer ces analogies plus ou moins sexuelles. Je n'ai jamais entendu çà au sujet d'une potence, d'une hache, d'une chaise électrique ou d'une table d'injection léthale. Ce sont tous des outils qui donnent la mort (eros/thanathos etc...), alors pourquoi cette distinction?
Je suppose que cela révèle de la psychanalyse?
La seule ? Ce n'est pas tout à fait vrai...
D'une part, le terme "La veuve" était utilisé déjà par le peuple - mais surtout les malfaiteurs - sous l'ancien régime pour désigner la potence. On n'a fait que poursuivre la tradition avec la guillotine...
C'était une façon, d'ailleurs, de ne pas appeler la chose par son nom officiel, comme si cela risquait d'attirer le mauvais œil. Nos ancêtres étaient volontiers superstitieux.
On n'aurait bien sûr pas utilisé un tel terme pour désigner une épée ou une hache (d'ailleurs, en France, il semble que seule l'épée, qu'on appelait le damas, était utilisée pour la décapitation ; la hache était employée dans d'autres pays, comme l'Angleterre ou l'Allemagne) qui ne sont, au fond, que des outils pouvant servir à d'autres usages, et pas un appareil entier voué uniquement au supplice des êtres humains.
Tous ses noms (y compris l'officiel, qui reste, je le souligne, est un sobriquet - le terme exact demeure "machine à décapiter" ou bien entendu "bois de justice") sont immanquablement féminins : Louison, Louisette, Jacqueline (la machine parisienne de 1848 à 1871), Jeanette (la machine de la Nouvelle-Calédonie), Mathilde (la machine de la Réunion)...
Peut-être est-ce provoqué par la mentalité religieuse largement ancrée dans les esprits qui fait de la femme un vaisseau maléfique... (et qu'on a perpétué, par exemple, en ne donnant que des prénoms féminins aux cyclones et aux ouragans, sous couvert qu'ils étaient aussi rapidement changeants que le tempérament d'une femme - la chose a un peu évolué, mais guère, depuis 1979)...
Ceci dit, les autres pays ne sont pas en reste : la table d'injection létale est trop ressemblante à celle d'un médecin pour inciter à des surnoms licencieux ; cependant, la chaise électrique elle aussi a eu droit à son nombre de surnoms féminins. "Old Sparky" (vieille étincelle) est le plus commun, mais on parle de Yellow Mama (Alabama, peinte en jaune citron), de Gruesome Gertie (Louisiane), de Sizzling Sally...
J'ignore, il est vrai, si "sitting on Gruesome Gertie" peut être vu avec une connotation sexuelle, mais vu la population carcérale et son côté volontiers vulgaire, ce n'est pas improbable...
Mais - et c'est là l'ultime différence avec les autres méthodes de mise à mort - la guillotine a ce "truc" en plus de contraindre les condamnés à mourir couchés sur le ventre (ressemblance avec une position sexuelle des plus classiques), mais également de donner lieu à un ersatz de pénétration avec la tête...
C'est ultra freudien, quand on y réfléchit - et ce ne sont là que de potentielles interprétations, à prendre avec un énorme grain de sel.
J'ai du mal, cependant, à imaginer que la fascination envers la guillotine (sur un plan historique et légitime) puisse déboucher sur une réelle érotisation de l'instrument, mais après tout...