Femmes fusillées (1944 à 1949)

Jusqu'à présent, je ne connaissais comme femme fusillée d'après-guerre, que Genevieve DANELLE (Montrouge,1948). Après quelques recherches rapides, j'ai pu en trouver deux autres la même année : Marguerite MAGNO, épouse ALBERT, le 24? mars à Marseille, et une certaine femme AMARA, passée par les armes au fort de Montessuy à Caluire-en-Cuire, le 19 novembre.

Une "spéciale Carnifex"  Le 26 juin 1947 à Angers, Hélène Suzanne Raymonde EMAILLE payait sa dette. Deux ans avant la veuve LELOY.

Par curiosité historique, tout comme nous savons qui fut l'ultime femme guillotinée en France, il serait intéressant de connaître l'identité de celle qui fut la dernière à avoir affronté un peloton d'exécution. A priori entre 1949 et 1954.

https://www.retronews.fr/justice/interview/2023/02/06/femmes-condamnees-mort-pendant-lepuration

Dans l'article, il est dit que Vincent Auriol a laissé la justice passer pour 5 condamnées à mort  : si ce chiffre est exact, avec Danelle (Arcueil), Jamain  (Amiens), la femme Amara (Marseille) et Lede (Riom ?), il nous en manquerait donc une (*)



(*) j'ai zappé Marguerite Magno , ce qui fait effectivmenet 5. Cependant, la femme Emaillé fait partie des refus de grâce donc en réalité, c'est 6 femmes que le Président Auriol laissa fusiller.

Voilà la copie d'un document Word que j'avais écrit sur mon ordi. Cela demandera plus de détails, mais ce sont toutes les fusillées suite à une condamnation rendue par les cours de justice.

23 novembre 1944, CJ Arras : CAM Martha Boone, née Wandweghe. Exécutée le 21 décembre 1944. (Avait dénoncé son propre époux aux Allemands parce qu'il cachait chez eux des armes pour la résistance).

24 novembre 1944, CJ Grenoble : CAM Charlotte Gascon et Marie-Louise Péronon. Dénonciation de patriotes. Fusillées le 16 décembre 1944.

17 mai 1946, CJ Versailles : CAM Yvonne Toupenot. Dénonça 21 patriotes à Chatou. Fusillée le 23 juillet 1946 au stand du Mail à Versailles en compagnie de son complice Paul Graff. Refusa de se laisser bander les yeux. Remit une lettre à son avocat destinée à sa famille.

14 février 1947, CJ Angers : CAM Helène "le vampire d'Indre-et-Loire" Emaillé, née Fresneau. Mère de neuf enfants, qu'elle abandonnait sans nourriture. Femme d'un ancien capitaine exécuté aussi, avait livré aux Allemands beaucoup de patriotes. Fusillée dans la cour de la prison d'Angers vers le 27 juin 1947. Déclare devant le peloton : "Je ne regrette rien, je me suis gavée d'amour pendant deux ans."

23 octobre 1947, TM Marseille : CAM Marguerite "Maguy" Albert, née Magno. Rousse. Compagne de Gaston Daveau, membre du PPF, violente - battait les résistants à coups de nerf de boeuf ou bien les frappait à coups de pied dans le ventre et le bas-ventre, tout sourire. Mutée au printemps 1944 au Sipo-SD d'Angers, arrêtée en mai 1945 à Laon. Condamnée pour association de malfaiteurs. Fusillée à Marseille-Malmousque le 25 mars 1948. Demande au sous-officier commandant le peloton de rapporter qu'elle est morte avec courage - peut-être message pour son fils. Devant les fusils, demande : "Ne visez pas la tête. Je ne veux pas être défigurée." Daveau, CAM puis gracié.

06 mars 1948, CJ Paris : CAM Geneviève Danelle. Fusillée le 09 juin 1948 au fort de Montrouge avec son amant Roger Calame.

23 juin 1948, CJ Lyon : CAM Jeanne Emilie Benamara, née Hermann, née le 05 février 1921 à Obernai (67). Complice et maîtresse du Gestapiste Charles "Le Boiteux" Goetzmann, indicatrice et rabatteuse de familles juives de Saint-Fons. Fusillée le 18 ou 19 novembre 1948 au fort de Montessuy.

09 juillet 1948, CJ Amiens : CAM Juliette Jamain. 24 ans. Cadre de la milice en Allemagne, responsable de la mort de plusieurs déportés politiques du kommando de Kempten (Dachau). Fusillée le 14 décembre 1948.

30 juin 1948, CJ Riom : CAM Odette Lébé, née en 1905 à Mazères-sur-Salat (31), complice de Marius Chambon, agent de la Gestapo à Vichy, fusillé à Clermont-Ferrand le 13 février 1946. Fusillée à Riom le 26 janvier 1949.

Great job

De quoi écrire un futur bouquin ?

En partie, en partie...
Encore faut-il que je retrouve le goût pour l'écriture, une nouvelle maison d'édition, etc...

Nemo a écrit:

que je retrouve le goût pour l'écriture

Que s'est-il passé ?

Deux raisons.
Ma séparation et le changement de vie qui s'en est suivi : on écrit moins volontiers quand on songe/tente fréquemment à mettre fin à ses jours (ce n'est plus le cas depuis quelques mois, mais je suis encore en train d'essayer d'aller mieux).
Le fait que les ventes de mes romans soient décevantes par manque de publicité de la part de l'éditeur.

J'ai donc des projets, je travaille sur la partie recherche - bien plus longue que la partie rédaction -, espérons que le prochain semestre sera synonyme de renouveau littéraire.

Une 11ème fusillée (avec Yvonne Davaine ) et la première de toutes ?




A confirmer....ou pas.

Jeanne Marie THOME (post précédent) n'a pas été fusillée, à priori, à Digne (ou bien décès non déclaré à l'Etat civil)

Les délateurs/trices...une engeance bien répugnante. Que leurs victimes reposent en paix.

Livre reçu il y a quelques jours : intéressant, même si très chiche côté iconographie (tableaux, graphiques, etc., presque exclusivement).

Pour info, la toute première femme condamnée à mort par une Cour de Justice, Marie-Louise Fournier épouse Balzaretti, l'a été à Marseille (Section A), le 02 octobre 1944. Graciée et peine commuée en TFP.

Une des 10 exécutées des Cours de justice :

Merci bien, il s'agit de qui svp ?

Il s'agit de Juliette Marie Jamin, une jeune femme de 23 ans condamnées à mort dans la Somme le 09 juillet 1948 et passée par les armes le 15 décembre (Avant-dernière femme à mourir devant un peloton en France, il n'y en aura plus après Odette Lebé, citée plus haut).

Eh bien cette Juliette la Milicienne était au moins cohérente avec ses positions (/sarcasme/)
"Milicienne?" disait-elle: "Mieux que çà, je suis SS!"  
Je ne crois pas au diable et aux enfers où les malfaisants rôtissent, mais pour le coup j'espère me tromper.

Il y a bien plus que la valeur historique derrière un tel document. Il a également valeur philosophique et nous ramène à cette question intemporelle: chez nous Homo sapiens, quelle est la part de l'Ange, et celle de la Bête?
Abraham Lincoln nous disait avec raison: "Si vous voulez tester les capacités et la nature de quelqu'un, donnez-lui le pouvoir".

Alecto a écrit:

Eh bien cette Juliette la Milicienne était au moins cohérente avec ses positions (/sarcasme/)
"Milicienne?" disait-elle: "Mieux que çà, je suis SS!"  
Je ne crois pas au diable et aux enfers où les malfaisants rôtissent, mais pour le coup j'espère me tromper.

Il y a bien plus que la valeur historique derrière un tel document. Il a également valeur philosophique et nous ramène à cette question intemporelle: chez nous Homo sapiens, quelle est la part de l'Ange, et celle de la Bête?
Abraham Lincoln nous disait avec raison: "Si vous voulez tester les capacités et la nature de quelqu'un, donnez-lui le pouvoir".

Sordide, la demoiselle...

entant qu'ancien militaire gradé, je me pose la question si je m'étais retrouvé dans ce cas, à la sortie de la guerre, si j'aurais hésité à appuier sur la détente ? Tout en étant contre la peine de mort ?

Topaz a écrit:

entant qu'ancien militaire gradé, je me pose la question si je m'étais retrouvé dans ce cas, à la sortie de la guerre, si j'aurais hésité à appuier sur la détente ? Tout en étant contre la peine de mort ?

Je crois que c'est le genre de question qu'on s'est tous posés un jour ou l'autre, et à laquelle il est impossible de répondre sans être confronté à la réalité, fusil en main et tenant la personne condamnée en joue.
Personnellement j'ai des raisons familiales très précises d'avoir des gens comme cette milicienne en horreur et de les considérer comme un gâchis d'oxygène. Je n'ai aucune empathie, aucune pitié et ne chercherai jamais d'excuses à ces gens (jeune âge bla bla, aveuglement bla bla, endoctrinement bla bla...) Théoriquement, je me dis que je n'aurais aucune hésitation à envoyer cette "fière SS" (je cite) ad patres mais qui sait...l'âme humaine est complexe et une fois en situation les choses sont parfois différentes.

Je vous suis tout à fait Monsieur Alecto , le fusil à la main, la mire pointé sur cette infame créature .... Et bien comme vous dite in faut être dans la situation .

Topaz a écrit:

Je vous suis tout à fait Monsieur Alecto , le fusil à la main, la mire pointé sur cette infame créature .... Et bien comme vous dite in faut être dans la situation .

Et maintenant, la question à 100.000€: si cette femme avait été enfermée jusqu'au restant de ses jours plutôt que fusillée, aurait-elle réalisé au fil du temps l'horreur de ses prises de positions et de ses actes? Se serait-elle repentie? Ou serait-elle restée fanatique et figée dans l'idéologie qui a été la sienne? Nous ne le saurons évidemment jamais...

(PS: je suis une femme. )

Je suis bien d'accord avec vous Madame , c'est un des arguments , pour ne pas rétablir la peine de mort .

Topaz a écrit:

Je suis bien d'accord avec vous Madame , c'est un des arguments , pour ne pas rétablir la peine de mort .

Argument tout à fait logique et recevable dans le contexte d'une culture chrétienne (entre autres) où la notion de rédemption est très importante.
Puisque nous sommes dans le contexte de la Seconde Guerre Mondiale, on peut citer Simon Wiesentahl (chasseur de Nazis) qui disait que "Justice n'est pas vengeance".

La recevabilité de ce concept est débattue en philosophie depuis des siècles. La civilisation gréco-romaine nous parlait des Furies (Rome) ou Erinyes (Grèce), déesses de la Vengeance et de la Justice, concepts qui sont décrites comme ne faisant qu'un. Elles sont trois, dont Alecto (mon pseudo) qui poursuit les meurtriers. Ces déesses ne tuent pas, elles poursuivent le criminel jusqu'à ce qu'il devienne fou de désespoir (et parfois de remords), et parfois mette fin à ses jours pour échapper au harcèlement impitoyable de la divinité vengeresse.

Je n'ai personnellement pas de problème moral avec le concept de vengeance, qui à mes yeux dans certains cas n'est que justice, mais j'en ai discuté dans d'autres sujets.