Titus_Pibrac Monsieur de Paris
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| Sujet: Re: Les constructeurs de guillotines Jeu 7 Mai 2009 - 13:10 | |
| Ci-joint un lien sur un article de l'Express d'octobre dernier (2008) sur la veuve à la Martinique: http://www.lexpress.fr/informations/souvenirs-sinistres-de-la-guillotine_725440.html Nonobstant ce que dit le magazine, il y a eu d'autres condamnés sur place. - Citation :
Gardien de prison de 1962 à 1986, Claude Perrot a assisté aux deux exécutions du « 118 ». Il raconte ces « moments terribles ».
Des souvenirs, il en a plein la tête. Vingt-quatre années au coeur de la prison laissent des traces. Mais certaines marquent plus que d'autres. « Ça vous hante à vie », raconte Claude Perrot, des trémolos dans la voix. Plus de quarante ans après, jamais l'ex-gardien n'oubliera les deux condamnations à mort du « 118 », comme on surnomme l'ancienne prison de Fort-de-France, sise au 118 de la rue Victor-Sévère. « Des moments terribles. »
Ce natif de Saint-Pierre n'a que 22 ans quand il pénètre derrière les murs de la prison, en 1962. Deux ans plus tard, il y découvre une autre réalité, terrible. « La cellule du condamné à mort était séparée en deux, avec des barreaux au milieu. D'un côté, le détenu, de l'autre, le gardien. Le surveillant était devenu à son tour prisonnier. Nous étions enfermés vingt-quatre heures d'affilée avec interdiction de dormir. Nous devions empêcher le condamné à mort de se suicider. A l'extérieur, un autre gardien nous observait par l'oeilleton. »
Pour tuer le temps, les surveillants jouent aux dominos, discutent avec les prisonniers. Claude se souvient de Raymond Anama (voir l'encadré ci-contre), « un Indien qui parlait peu et n'a jamais expliqué son geste ». Plus tard, il a aussi surveillé Lambert Gau (voir l'encadré page VII) : « Il s'exprimait davantage. Lui, il avait tué pour de l'argent, pour nourrir ses sept enfants. »
Neuf mois durant, surveillants et condamnés vivent ainsi côte à côte. Jusqu'au réveil brutal, une nuit, à 4 heures du matin. Les deux fois, Claude se trouve aux premières loges. « Je me souviendrai toujours de la phrase que disait le procureur en entrant dans la cellule : "Le président de la République a refusé votre demande de recours en grâce. Nous allons vous exécuter ce jour." Le détenu l'apprenait le matin même. »
Une dernière volonté, quand même, avant la mort. « Gau a demandé à voir sa femme et ses enfants. Nous avions tout prévu, cigarettes, jambon, alcool, mais pas ça... » Les bourreaux, un père et son fils, venus de France, font tomber le couperet. Le fils présente la tête au petit comité invité... Gau fut le second et dernier exécuté du « 118 ».
Par la suite, Claude Perrot endossa des responsabilités syndicales. Peu à peu, la prison devint plus humaine. En 1971, le jeune surveillant se mit à la peinture « pour se débarrasser de ces images sinistres ». « Je pense y être arrivé aujourd'hui », raconte, à 69 ans, celui qui, depuis, n'a jamais cessé de réaliser des tableaux.
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