Les crimes de la Bourgogne :
Le meurtre de Christelle Blétry élucidé ?Le matin du samedi
28 décembre 1996, un facteur de Blanzy (Saône-et-Loire) effectuant sa tournée en voiture, aperçoit une masse sombre sur le bas-coté d’une petite route qui mène à une ferme. En s’en approchant, il perçoit qu’il s’agit d’un corps humain. Il git à plat-ventre.
Les pompiers sont alertés les premiers, suivent le SMUR, puis la gendarmerie. La victime est identifiée. Christelle Blétry, une étudiante de 20 ans, résidant à Blanzy. C’est un meurtre. L’auteur s’est acharné sur sa victime, lui portant plusieurs dizaines de coups de couteau. Elle s’est âprement défendue. L’autopsie ne montrera pas de violence sexuelle.
L’enquête est confiée au SRPJ de Dijon. La thèse qui prévaut est celle où Christelle a été tuée en position assise. L’endroit où le corps a été retrouvé ne serait pas le lieu du crime. Il aurait été transporté ici à seule fin de le déposer. Une quinzaine de personnes sont suspectées. Les enquêteurs vont rédiger 800 procès-verbaux, auditionner plus de 150 personnes, analyser 50 véhicules et plusieurs profils génétiques seront établis. En vain. Les années passent, mais l’enquête n’en continue pas moins, sous la pression régulièrement renouvelée de la famille, des avocats de l’association CHRISTELLE, maitres Didier Seban et Corine Hermann, du Barreau de Paris.
2014. De nouvelles expertises sont effectuées sur les vêtements de Christelle, l’intégralité des scellés ayant été conservée. Avec les progrès sur la recherche de l’ADN « un profil génétique complet et fiable » peut être établi. Une comparaison avec le Fichier national automatisé des empreintes génétiques (FNAEG, crée en 1998, à Éculy) permet alors d’identifier un suspect. Il est fiché depuis 2004, suite à sa condamnation pour une tentative d’agression sexuelle, perpétrée le 14 décembre 2004, sous la menace d’un couteau.
C’est un père de famille de 56 ans, établi dans les Landes, Pascal Jardin. Le 9 septembre 2014, Il est arrêté à son domicile. Ramené à Châlons-sur-Saône, il est placé en garde à vue. Dans les premières heures il nie être le meurtrier, puis passe aux aveux. A l’époque du meurtre, il demeurait à Blanzy. Cette nuit là, dit-il, il a croisé Christelle par hasard. Elle marchait à pied le long de la route et aurait acceptée de monter dans sa voiture. Après une dispute, elle a quitté la voiture pour s’enfuir. Il l’a poursuivi, armé d’un couteau… Pascal Jardin est mis en examen et réitère ses aveux devant la juge d’instruction. Il est alors placé en détention à la maison d’arrêt de Varennes-le-Grand.
Jeudi, 25 septembre 2014. Coup de théâtre. Devant la juge d’instruction de Chalons-sur-Saône, Elsa Aussavy, il se rétracte. Selon son avocat, maitre André Laborderie, son client admet avoir eu une relation sexuelle avec cette jeune femme qu’il a fait monter dans sa voiture, la prenant pour une prostituée car elle était sur le bord de la route. Il lui aurait demandé de se déshabiller, ce qu’elle a fait, et ils auraient commencé à avoir une relation. Mais devant l’inconfort de la situation la relation n’est pas allée jusqu’au bout et il a demandé à sa partenaire de le masturber. Ce qui explique les traces génétiques retrouvées. [lors des dernières expertises]
Maitre Laborderie : « L’homme n’a pas le profil du tueur, loin de là. Il est calme et posé. Rien dans ce dossier ne le relie formellement au meurtre. Il fait partie des nombreuses erreurs de ce dossier.
Il était fatigué après 48 h de garde à vue et un trajet de 700km. Il voulait que cela s’arrête. Alors il a avoué. »
L’avocate de la famille Blétry,
Corinne Hermann, déclare après cette rétractation : « C’est évidemment une douleur absolue pour la famille. Ce n’est pas la rétractation, mais plutôt les termes employés par Pascal Jardin lors de ces nouvelles déclarations qui salissent la mémoire de la victime. » (la relation sexuelle acceptée par Christelle).
Le
procureur de la République de Châlons-sur-Saône, Chistophe Rode : « Ce que je constate c’est que lorsqu’il a été présenté devant le juge d’instruction il y a dix jours il a fait des aveux circonstanciés et détaillés. Il n’y avait aucune ambiguïté sur ce qu’il reconnaissait. Peut-être qu’il changera d’avis, mais lors de ces derniers interrogatoires il a maintenu ses aveux. »
6 octobre 2014. Pascal Jardin déclare de nouveau à la juge d’instruction qu’il n’a pas tué Christelle.
Un témoignage de 1996 :
M. Paul, un agriculteur de la région, est persuadé d’avoir croisé le meurtrier au petit matin du 28 décembre 1996 :
Il était environ 5h 45. Comme chaque samedi, M. Paul circulait en voiture pour se rendre à Blanzy lorsqu’il a vu un véhicule venir en sens inverse, mettre son clignotant pour tourner et prendre une petite route perpendiculaire. M. Paul avait attentivement observé cette voiture, et son conducteur, car il ne croisait jamais de véhicule à cette heure matinale. Selon lui, le conducteur était seul. M. Paul l’a vu de face, puis plus près, de profil, quand le véhicule a viré pour s’engager sur cette petite route «
le chemin de l’étang d’0cle ».
Selon M. Paul, à ce moment là, les deux voitures se trouvaient à 1m 50 l’une de l’autre. Il décrit ainsi le conducteur : «
pas grand, bien coiffé, les cheveux bien coupés, bien rasé, la peau bien blanche, un petit minet, un jeune homme. » C’est sur le bas-coté de cette petite route que le corps de Christelle Blétry avait été découvert par le facteur de Blanzy ce même matin. Des traces de pneus, à proximité du corps de Christelle, avaient d’ailleurs été remarquées par les enquêteurs mais elles étaient inexploitables, le sol étant gelé. M. Paul précise que le véhicule qu’il a croisé était une petite cylindrée, de couleur foncée, peut-être bleue, peut-être noire.
Les enquêteurs ont recueilli le témoignage de M. Paul et lui ont présenté plusieurs photographies de suspects et autres. Il n’en a reconnu aucune.
Voiture blanche, M. Paul. La voiture foncée va s’engager sur le chemin de l’étang d’0cle.
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(Photo d’archives Florence Poli)
Marie-Rose Blétry.
Un combat de 18 années
pour connaitre la vérité.
La Fondation CHRISTELLE.
Marie-Rose Blétry, le mère de Christelle, à fondé l’association CHRISTELLE en 1998.
La mère de Christelle Maillery
* adolescente de 16ans assassinée en 1986 au Creusot, s’est jointe à elle pour mieux se défendre en action groupée. Plusieurs mères dont le meurtre de leur fille n’a pas été élucidé se sont jointes aussi à l’association :
- Sylvie Aubert (étranglée en 1986)
- Nathalie Maire (étranglée en 1987)
- Carole Soltysiak (violée et poignardée en 1990)
- Virginie Bluzet (tuée en 1997. Cause de la mort très incertaine)
- Vanessa Thiellon (droguée et battue à mort en 1997).
L’association a pour but d’aider les familles des victimes d’agressions criminelles en proposant:
Un soutien moral
Un soutien administratif
Un soutien financier
Elle a joué un rôle important, et continue, en intervenant auprès des différents procureurs de la République, dans les ministères etc. Elle fait aussi appel à des détectives privés pour essayer de faire progresser les enquêtes. Pour disposer de fonds financiers, elle organise des tournois sportifs, des ventes de brioches (40 000 à ce jour) des rencontres etc.
* En
1990, quatre ans après le crime, la justice classe l’affaire
Christelle Maillery en ordonnant un non-lieu. Les scellés sont détruits. Mais en
2005 une information judiciaire est réouverte suite à une information importante recueillie en 2003 par un enquêteur privé.
Six ans après, le 15 décembre
2011, le meurtrier présumé de
Christelle Maillery est arrêté dans un hôpital psychiatrique. Mis en examen pour homicide volontaire par le juge d’instruction il est incarcéré à la maison d’arrêt de Varennes-le-Grand (Saône-et-Loire).
En janvier 2012, il est placé sous contrôle judiciaire et mis en résidence surveillée, avec obligation de soins, au centre hospitalier spécialisé de Sevrey (psychiatrie). Le
15 septembre 2014, il s’absente du centre hospitalier pour n’en revenir que le lendemain. Il est arrêté et mis en garde à vue par la gendarmerie de Châlons-sur-Saône qui l’auditionne sur son absence.
Le 18 septembre 2014, le juge des libertés et de la détention révoque son contrôle judiciaire.
Il est alors placé dans l’unité psychiatrique du centre pénitentiaire de Dijon.
Sa comparution aux assises ne devrait pas se dérouler avant
2016. Il nie les faits depuis son arrestation.
* Sur l’affaire Christelle Blétry voir
Non Élucidé (
2009 - 1h30) : https://www.youtube.com/watch?v=PU5N3J5wDpk