- kamisole a écrit:
- Joseph Vacher un des plus grands tueurs en série français, voir le plus grand, fut guillotiné complètement inconscient a sa sortie du fourgon de Louis Deibler.
Comme quoi un des plus grand monstre du 19 ème siècle n'a pas supporté de faire connaissance avec la veuve, lui qui avait tué énormément de bergères et d'enfants.
Le 1er Janvier 1899, on doit le porter, comme un paquet, jusqu’à la guillotine.
Source: Vacher l’Eventreur
Auteur : Jean-Pierre Deloux
C'est inexact. Vacher avait bien averti que si on ne le laissait pas s'adresser à la foule sur le lieu d'exécution il refuserait de marcher, et que l'on serait obligé de le porter. Devant le refus, il a donc maintenu sa décision. La foule, abusée par la position couchée de Vacher, a cru que le courage l'avait abandonné, et ce pseudo manque de courage est devenu une légende que certains commentateurs continuent à diffuser.
Quant au fait que Vacher serait sorti évanoui du fourgon, il n'y a absolument rien qui le confirme. On se demande où Monsieur Deloux a "pêché" ces faits éronés ?
D'après les journaux de l'époque, et de certaines publications contemporaines, la déposition du Professeur Lacassagne déclarant que le prévenu était pleinement responsable de ses actes a pesé d'un poids très lourd sur le verdict final. Ce que l'on sait moins, c'est qu'après la condamnation le jury avait demandé une
commutation de peine, pour le motif qu'il considérait Vacher comme
irresponsable. En réalité, on s'aperçoit donc que la déposition du Professeur Lacassagne avait peu pesé sur les membres du jury.
Quel a donc été le raisonnement du jury lors de la délibération ?
S'il avait retenu l'irresponsabilité du condamné, le verdict ne pouvait être que l'internement, avec toutes les incertitudes d'une sortie possible et dans un laps de temps inconnu. Ne voulant pas prendre ce risque, le jury condamna donc Vacher à la peine de mort, mais voulant faire savoir au grand jour qu'il le considérait comme irresponsable il déposa une demande de commutation de peine, mettant la décision finale entre les mains de la commission des grâces et du Président de la République.
2011-12-22- par Adelayde, sur FlickrJoseph Vacher jeune
2011-12-22 par Adelayde, sur FlickrJoseph Vacher sous-officier
L'imaginaire des illustrateurs.
Le Professeur Lacassagne.
Vacher est responsable (rapport Lacassagne).
Le palais de justice de Boug-en-Bresse.
Salle de la cour d'assises.
2011-12-22 par Adelayde, sur Flickr
Sur le banc des accusés.
Joseph Vacher conduit à la guillotine.
2011-12-22 par Adelayde, sur FlickrLettre du maire au procureur de la République l’informant du lieu de l’exécution.
L'exécution de Vacher (31-12-1898).Transcription de l'article du journal
Le Gaulois. Bourg. — Hier matin a eu lieu sur la place d'Armes, l'exécution de Vacher. Vacher avait appris sans grande émotion le rejet de son pourvoi en cassation, il était convaincu que le Président commuerait sa peine. Cependant son attitude était bien changée, ses nuits étaient hantées de cauchemars atroces, il voyait toujours dans ses rêves la guillotine fatale et n'était devenu que l'ombre de lui même.
Depuis plus de quinze jours une foule nombreuse se massait chaque nuit près de la prison, réclamant la tête de Vacher. Hier la nouvelle de l'exécution avait amené une foule énorme. Un grand nombre d'habitants des villages du plateau des Dombes étaient accourus pour voir tomber la tête du célèbre bandit. Cette nuit la pluie tombait fine et glacée, malgré cela, des voitures de toutes sortes ne cessaient d'amener ce matin des spectateurs…
L'exécution doit avoir lieu sur la place d'Armes à une certaine distance de la prison, c'est sur cette place, qu'il y a trente ans, fut exécuté le dernier assassin jugé à bourg. La place d'Armes, comme le nom l'indique, est une grande place quadrilatérale située presque face de la préfecture. Dès quatre heures du matin la place a été entourée d'un cordon de troupes du 23ème * de ligne et de gendarmes à pied et à cheval. Les consignes sont des plus sévères. La pluie continue à tomber drue et serrée. Les fourgons funèbres, dont un contenant les bois de justice, arrivent à cinq heures, le montage se fait suivant l'usage, puis M. Deibler se rend à la prison.
A six heures, M. Berriat, juge d'instruction, M. Verdal, juge MM. Morellet et Gerat, greffiers, le docteur Dupré, pénètrent dans la prison. Le directeur réveille Vacher.
— Vacher, votre pourvoi est rejeté, lui dit-il, ayez du courage.
— Ça m'est égal, répond le condamné, faites de moi ce que vous voudrez, je vais droit devant moi.
On l' habille avec l'aide d'un compagnon de cellule.
A ce moment, il s'écrie :
— Voila Mazoyer, qui se conduit comme un imbécile, on le gracie et on me tue, moi qui plaide mon innocence.
L'aumônier se présente.
— Je me confesserai à Dieu, lui répond Vacher, j'entendrai la messe devant Dieu, j'ai la conscience tranquille, je voudrais que tous soient comme moi.
Mais le temps presse, le jour pointe sur la place d'armes, la foule réclame la mort de d'assassin et est très difficilement maintenue par la police. Des hommes, des enfants, sont perchés sur des arbres, des voitures ont été amenées sur lesquelles s'étagent des grappes humaines.
Dès que la voiture est signalée, des cris éclatent :
« A mort ! à mort l'éventreur ! »
Dans le fourgon, Vacher s'entretient avec l'aumônier et les aides. Il refuse d'embrasser le crucifix et déclare de nouveau qu'il est une grande victime innocente.
— La voiture arrive sur le lieu du supplice. Vacher, qui a déclaré aux gardiens qu'il ne marcherait pas si on ne le laissait pas parler au public, est descendu de voiture, porté par les aides, qui tout de suite le couchent sur la planche.
Un gémissement échappe au misérable, aussitôt étouffé par le bruit du couperet qui tombe. Justice est faite. Il est sept heures moins trois minutes.
La foule crie : « Bravo » et bat des mains.
Le corps a été emmené tout de suite à l'hôpital de Bourg, où, par les soins et sur la demande de la famille de Vacher, l'autopsie sera faite par les docteurs Maldeuf, Taty, chef de clinique à Brou, représentant le docteur Pierret, et Chaumier, inspecteur départemental des aliénés du Rhône, représentant le docteur Rebatel. Plusieurs autres médecins y assisteront également.
Aucun autre incident à déplorer.
Paul Bartel
Début du compte-rendu de l'autopsie de Vacher.Le cadavre du décapité a été livré le 31 décembre, à 8h. 1/2 du matin.
La section du couperet a passé entre le 3ème et la 4ème vertèbre cervicale, a coupé un centimètre d'épiglotte et rasé le bord du maxillaire inférieure sans l'entamer.
On voit ici l'emplacement de l'épiglotte.
Les vertèbres cervicales.
Les examens psychiatrique sur Vacher ont été effectués le 16-12-97 à Bellay, puis à Lyon, à la prison prison Saint-Paul, aux mois de janvier, février, mars, avril, mai 1898, par les docteurs aliénistes, Rebatel et Pierret, et le Professeur de médecine légale, Lacassagne (non aliéniste). Conclusion du rapport LacassagneVacher n'est pas épileptique, ce n'est pas un impulsif.
C'est un immoral violent qui a été temporairement atteint de délire mélancolique avec idées de persécution et de suicide.
L'otite traumatique dont il est porteur semble n'avoir eu jusqu'à présent aucune influence sur l'état de l'inculpé.
Vacher, guéri, était responsable quand il est sorti de l'asile de Saint-Robert.
Ses crimes sont d'un anti-social, sadique, sanguinaire, qui se croyait assuré de l'impunité, grâce au non-lieu dont il avait bénéficié et à sa situation de fou libéré. Actuellement,Vacher n'est pas un aliéné : il simule la folie.
Vacher est donc un criminel, il doit être considéré comme
responsable, cette responsabilité étant à peine atténuée par les troubles psychiques antérieurs.[/b]
Lyon, le 23 juillet 1898.
En 1899, une autre équipe de médecins** a repris l'étude du cas Vacher.
Leur conclusion est la suivante : Vacher était
irresponsable.
* Le 23ème d'infanterie de ligne était caserné tout près du lieu d'exécution (caserne Aubry).
** Etude psycho-physiologique, médico-légale et anatomique sur Vacher, par J-V Laborde, L. Manouvrier, G. Papillault, Gellé.
(Publiée dans le Bulletin de la société d'anthropologie de Paris.
Année 1899 - IVème série - Volume 10 - N° 10. pp 453-495