Référence : http://www.criminocorpus.cnrs.fr/article117.html
"D’autant que, malgré la bonne mécanique de la guillotine, il y a parfois des ratés. On peut évoquer les bourreaux du début du XIXe siècle, parfois peu compétents dans quelques départements, n’entretenant pas leur machine consciencieusement, arrivant ivres au travail. Mais le danger est encore plus grand quand le condamné résiste, ce qui est le cas du braconnier de Claude Montcharmont, assassin d’un gendarme et d’un garde champêtre, exécuté à Chalon-sur-Saône le 10 mai 1851. Voici un extrait du récit du Courrier de Saône-et-Loire : « Le patient est au pied de l’échafaud. Une lutte s’engage entre lui et les exécuteurs. Deux fois ceux-ci cherchent à le porter sur la plate-forme. Deux fois il parvient à se soustraire aux exécuteurs. Il est à terre, on veut le lier plus étroitement. Il se débat avec violence comme un homme qui se révolte contre la mort. Il saisit l’aumônier et on ne parvient qu’avec peine à le faire lâcher. Enfin on le soulève de nouveau cette fois encore. Il tombe, mais il tombe entre les degrés de l’escalier, s’y cramponne avec force et on ne peut plus l’en faire sortir. Pendant cette lutte horrible qui n’a pas duré moins de trois quarts d’heure, la foule était vivement émue. Tout le monde avait le cœur brisé en entendant le cri de désespoir que poussait ce misérable. On dit qu’en ce moment, il a prononcé ces mots : « à moi mes amis ! ». Cependant un dernier essai est tenté, les exécuteurs qui ont arraché les marches dans lesquelles était engagé le patient veulent de nouveau le soulever. L’un d’eux est renversé. Nécessité est de le reconduire dans sa cellule et d’attendre du renfort... ». Il sera exécuté le lendemain. Le journal termine : « Telle a été la triste fin de cet assassin qui, pendant un mois, a tenu tout un arrondissement sous la terreur de son nom et de ses menaces ». Leçon qui n’a pas forcément été celle retenue par les spectateurs ni par le peuple de la région qui regardait avec sympathie la geste du braconnier.... "