Cette petite note pour tirer de l’oubli un personnage qui s’est intéressé – comme la plupart d’entre nous – à la peine de mort, aux différents moyens de l’appliquer, aux exécuteurs, etc. Il s’agit de Charles-Emmanuel DUMONT (1802-1878) qui fut magistrat en Lorraine vers le milieu du XIXe siècle. Il exerça notamment comme vice-président du Tribunal de Saint-Mihiel (Meuse). Dans l’exercice de ses fonctions il eut l’occasion de rencontrer et d’interroger d’anciens bourreaux, dont certains avaient été en activité avant la révolution. Il a publié le fruit de ses recherches dans un ouvrage (en deux volumes) intitulé « Justice criminelle des duchés de Lorraine et de Bar du Bassigny et des trois évêchés (Meurthe, Meuse, Moselle, Vosges, Haute-Marne) » (Imprimerie de Dard, Nancy, 1848). Parmi les planches qui illustrent ce livre, il y a la célèbre « tortouse », c’est-à-dire la corde à nœud coulant avec laquelle on pendait encore au XVIIIe siècle.
Parallèlement, Charles-Emmanuel DUMONT avait rassemblé une collection extrêmement précieuse d’outils de bourreaux. Il en a représenté quelques uns dans son ouvrage. A sa mort, cette collection a été donnée au Musée Lorrain, à Nancy. Elle était exposée autrefois dans une annexe de celui-ci, dans la salle de garde de la porte de la craffe. Parmi ceux-ci, j’ai noté des fers à marquer les condamnés sur l’épaule (V = voleur, R = récidive, TPF : travaux perpétuels forcés, GAL = galères), un réchaud pour chauffer les fers à marquer, un billot avec anneau mû par une manivelle, avec laquelle l’aide du bourreau maintient la main du condamné à la mutilation, plusieurs « glaives de justice » servant à décapiter (un daté de 1650, un autre marqué « Heidenrich, pro fide et patria »), des grésillons pour les orteils, un long couperet pour couper le poing, des chaines avec carcans, un couteau de guillotine.